POTENTIELS EVOQUES AUDITIFS Aurélie BIET DES ORL et CCF Amiens, 27 janvier 2007.
Introduction Examen de pratique courante en audiologie. Indolore et anodin. Evaluation objective de l’audition du patient.
Principes physiologiques Tout stimulus sonore engendre une activité électrique au niveau cochléaire et rétrocochléaire enregistrable par des électrodes de surface. EEG = activité électrique complexe résultant de l’activité intrinsèque du SNC et des potentiels engendrés par les systèmes sensitifs et sensoriels. Principe d’un enregistrement PEA: extraire de cette activité électrique complexe, le signal provenant du système auditif.
Sommation du signal électroencéphalographique en le synchronisant sur le début de la stimulation. Plus le nombre de sommations (n) est grand, plus on améliore le rapport signal/ bruit de fond. Generalement n=2000
Nécessité de stimuli brefs pour permettre la stimulation synchrone et importante de toutes les fibres du nerf auditif et donc la sommation. Utilisation de clics. Spectre: ensemble large de fréquences avec maxi entre 2000 et 5000Hz. Possibilité de filtrage.
Potentiels évoqués auditifs précoces - Les plus utilisés en audiométrie courante. - Enregistrés dans les 10ms suivant la stimulation.
Onde I: nerf cochléaire. Onde II: noyau cochléaire. Onde III: olive supérieure. Ondes IV et V: lemnisque latéral / colliculus inférieur. Parfois onde VI: 1er relai thalamique
Intensité de stimulation Amplitudes des courbes de l’ordre du micro volt. Amplitude onde V = double de onde I. Latence des ondes dépend de l’intensité de stimulation. Intensité de stimulation Onde I Onde II Onde III Onde IV Onde V 100 dB 1.26 2.45 3.48 4.60 5.25 90 dB 1.32 2.50 3.49 4.62 5.29 80 dB 1.40 2.56 3.59 4.71 5.38 70 dB 1.56 2.66 3.72 4.93 5.50 60dB 1.76 2.79 3.86 5.07 5.73 50 dB 2.05 2.89 4.10 5.32 6.05 40 dB 6.52 30 dB 7.03 20 dB 7.70 10 dB 8.41
Potentiels évoqués semi précoces. Enregistrés entre 10 et 50 ms. Ondes N0 (10ms), P0 (12ms), Na (16ms), Pa (25ms), et Nb (36ms). Potentiels évoqués tardifs - Enregistrés entre 50 et 250 ms.
Principes techniques Mise en condition du patient Chambre insonorisée. Lumière douce. Nécessité d’un patient calme et détendu : avant 6 mois, période post prandiale. entre 6 mois et 5 ans, prémédication ou anesthésie générale. Après 5 ans et chez adulte, parfois sédation par benzodiazépine.
Matériel STIMULATION: Générateur couplé à un casque. Clics produits par stimulation alternative d’un transducteur. Fréquence 20Hz. Couplage à un moyenneur pour la synchronisation. RECUEIL 4 électrodes (mastoïdes D et G, front et vertex) Amplificateur (coeff 50 000 à 100000), filtres, moyenneur, processeur pour le traitement du signal
Indications
Détection d’une pathologie rétrocochléaire. Exploration d’une surdité de perception asymétrique, d’une hypo ou aréflexie unilatérale, d’une PFP inexpliquée. Etude des latences des ondes III et V et particulièrement des intervalles I-III et I-V. >Analyse des différences interaurales. Pathologie rétrocochléaire à suspecter si latences I-III et I-V augmentées de >0.3ms.
Mme L. 61ans, sans antécédent. AVP en sept 2002 : TC sans PCI. Cs en nov 2002 pour hypoacousie G depuis l ’accident associée à des vertiges rotatoires intermittents. Tympans normaux. Nystagmus horizontal droit au head shaking. FRACTURE du ROCHER G SUSPECTEE > Bilan: audiogramme, épreuves caloriques et TDM rochers.
Surdité de perception gauche 30 dB. Hyporeflexie G
TDM rochers normaux. > Etiologie ?
> Réalisation d’un enregistrement PEA : OD: I-V 3,90ms OG: I-V 4,40ms Int à 0,50ms, donc suspicion de pathologie rétrocochléaire.
IRM des conduits auditifs internes: Découverte d’un neurinome intra canalaire (grade I)
Limites et inconvénients: > PEA impossibles en cas de surdité >70 dB. > Faux négatifs Détection de 100% des neurinomes extracanalaires et intracanalaires >1cm de diamètre mais seulement 63% à 90% des intracanalaires < 1cm. PEA NORMAUX NE DISPENSENT PAS D ’UN BILAN IRM. > Risque de traumatisme sonore.
Evaluation objective du seuil auditif Recherche du seuil de détection de l ’onde V. Méthode utilisée essentiellement chez l ’enfant, mais aussi pour les adultes non coopérants ou simulateurs.
PEA automatisés reconnus pour le dépistage néonatal des surdités. Immaturité des voies auditives de l ’enfant de moins de 1 an donc latences augmentées.
Camille, 26 mois. Adressée par le médecin traitant pour suspicion de surdité. Retard important de parole et langage. Retard psycho moteur (marche à 23 mois) Audiométrie: conditionnement impossible. Aucune réaction aux jouets sonores. Pas de réponse à l ’appel du prénom. OSM bilatérale. Tympanogrammes plats.
Audio 1
Pas d ’onde V à 100 dB à droite et à gauche Programmation au bloc pour PEA sous AG et pose bilatérale d ’ATT. Pas d ’onde V à 100 dB à droite et à gauche
Nouveau bilan audiologique à 3 mois avec ATT en place
Seuil de l’onde V: 70dB à droite et à gauche. SURDITE de PERCEPTION SEVERE BILATERALE
Bilan étiologique > TDM rochers. Dilatation bilatérale de l ’aqueduc du vestibule. Possible syndrôme de Pendred> bilan thyroïdien et génétique en cours. Appareillage bilatéral.
Limites et inconvénients > approximation du seuil à 10-20 dB près. > pas de distinction possible entre surdité de transmission et surdité de perception. > Seuil évalué uniquement pour les fréquences aigues (2000 à 4000Hz). DONC PRUDENCE SUR LES CONCLUSIONS ! > dans cadre du dépistage, test plus long et spectre testé moins large que OEA.
Diagnostic d ’atteinte du tronc cérébral SEP, AVC, tumeur. Onde I anormalement ample par rapport aux ondes IV et V qui sont diminuées voir absentes.
Surdité d’origine centrale Tests audiométriques spécifiques (test d’écoute dichotique, test d’interaction binaurale…) Recherche en cours sur l’interêt des PEA semi précoces et tardifs dans diagnostic des surdités centrales et localisation des zones pathologiques. Dépistage précoce de démence ?