Dr H. Bouakline Laboratoire d’anatomie pathologique HMRUO

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Transcription de la présentation:

Dr H. Bouakline Laboratoire d’anatomie pathologique HMRUO Introduction à l’anatomie pathologique lésions élémentaires des cellules et des tissus Dr H. Bouakline Laboratoire d’anatomie pathologique HMRUO

place de l’anatomo-cytopathologie dans la médecine moderne L'anatomo-cytopathologie (ou pathologie) est une discipline médicale qui étudie les lésions provoquées par les maladies ou associées à celles-ci, sur les organes, tissus ou cellules, en utilisant des techniques principalement basées sur la morphologie macroscopique et microscopique. L'étude des organes sains constitue l'objet de l'anatomie pathologique et de l'histologie. Au cours des maladies, la structure des cellules, des tissus et des organes se modifie souvent : l'étude de ces modifications constitue l'anatomie pathologique Lésion : toute altération morphologique décelable par un quelconque moyen d'observation et qui constitue la cause ou la conséquence d'un processus morbide (maladie) Lésion élémentaire: catégorie de lésion que l'on peut décrire en faisant l'analyse d'une image pathologique ; elle dépend de l'organe et de l'étiologie, et n'est pas toujours connue Ensemble lésionnel : résultat de l'association et de l'évolution des différentes lésions élémentaires, qui réalise une image histologique permettant habituellement le diagnostic. Processus lésionnel : évolution et enchaînement des lésions élémentaires au cours d'un processus pathologique.

Les causes des lésions sont variées : anomalies génétiques constitutionnelles ou acquises, agents infectieux (bactéries, virus, parasites, champignons prions), agents chimiques (toxiques, caustiques, médicaments) agents physiques (agression thermique, radiations, modifications de pression atmosphérique, traumatismes), déséquilibres circulatoires, nutritionnels ou hormonaux, troubles immunitaires innés ou acquis, sénescence. La démarche de l’anatomie pathologique est basée sur une analyse sémiologique qui compare les tissus normaux et les tissus pathologiques. Les lésions sont confrontées aux données cliniques, biologiques et d'imagerie : c’est la corrélation anatomo-clinique qui est indispensable pour permettre une interprétation synthétique qui aboutit à un diagnostic. Les buts de l'anatomo-cytopathologie dans la pratique médicale sont : • de contribuer à l'élaboration du diagnostic par la démarche anatomo-clinique : les lésions sont analysées et décrites dans un compte-rendu puis l’anatomo-pathologiste doit intégrer l'ensemble des faits morphologiques et des renseignements cliniques pour, en conclusion du compte-rendu, affirmer un diagnostic ou proposer une hypothèse diagnostique. • d’apporter des éléments utiles pour préciser le pronostic, en particulier dans le domaine de la pathologie tumorale. • de contribuer à évaluer l'effet des thérapeutiques : les examens anatomocytopathologiques sont renouvelés au cours d’un traitement afin de juger de la disparition, de la persistance ou de l’aggravation des lésions.

Les différents types de prélèvements Les prélèvements cytologiques Les cellules isolées, ou les petits amas cellulaires, peuvent être obtenus de diverses façons : • Recueil des liquide spontanément émis (urine, expectoration, fistule, drain,…) • Raclage, brossage, écouvillonage, aspiration de cellules desquamant spontanément (col utérin, bulle cutanéo-muqueuse, bronches, voies biliaires, aspiration après lavage bronchoalvéolaire) • Ponction à l’aiguille d’un liquide (épanchement de séreuse ou articulaire, liquide céphalorachidien, kyste, collection,…) avec ou sans contrôle écho-ou scannographique • Ponction à l’aiguille d’un organe ou d’une tumeur (ganglion, nodule thyroïdien ou mammaire,…) avec ou sans contrôle échographique ou scannographique • Apposition d’un organe (pièce opératoire, biopsie) sur une lame Les différents types de prélèvements

Les prélèvements tissulaires Ils sont effectués selon trois modalités : a) La biopsie consiste à prélever un fragment de tissu sur un être vivant en vue d'un examen anatomo-pathologique. Par extension, ce terme peut désigner le fragment tissulaire. La biopsie peut être effectuée selon plusieurs modalités : • par ponction à l'aide d'une aiguille coupante ou d'un trocart (foie, rein, os...) : on obtient des cylindres de tissu de quelques mm à quelques cm de long. Les ponctions sont effectuées "à l'aveugle" lorsque l’ensemble de l’organe est malade ou sous repérage (échographie, scanner) lorsque la ponction doit être dirigée sur une lésion focale visible en imagerie. • par biopsie chirurgicale après anesthésie locale ou générale et sous contrôle de la vue : biopsie partielle, ou biopsie exérèse enlevant la totalité de la lésion. • au cours d'une endoscopie (pince montée sur l'endoscope) : fragments de 0,5 mm à 2 mm

b) Les pièces opératoires : exérèse partielle ou complète d'un ou de plusieurs organes, séparés ou en monobloc. c) L'autopsie (ou nécropsie) correspond à l'examen anatomo-pathologique pratiqué sur un cadavre. Les autopsies médicales sont distinctes des dissections anatomiques qui sont pratiquées dans les Laboratoires d'Anatomie des Facultés de Médecine pour l'enseignement des étudiants en anatomie et pour la recherche, sur des cadavres qui sont des "dons de corps à la Science". Les autopsies médico-légales sont pratiquées sur ordre de la justice (réquisition du procureur ou ordonnance d’un juge d’instruction). Elles les ont habituellement par un médecin expert inscrit sur les listes de la Cour d’Appel, mais tout médecin peut être désigné. Il n’existe pas de réelles exigences de compétences techniques. Les autopsies sont pratiquées dans tous les cas de mort suspecte, notamment lorsqu’il n’y a pas eu délivrance de permis d’inhumer sur les certificats de décès. Les autopsies à but scientifique sont pratiquées dans les hôpitaux, généralement par les médecins anatomo-pathologistes, à la demande des médecins qui ont soigné le patient pendant son séjour à l'hôpital, éventuellement à la demande d'un médecin traitant pour un patient décédé à son domicile.

Techniques d'étude morphologique des prélèvements cellulaires et tissulaires La qualité des prélèvements conditionne la qualité de l'étude anatomopathologique. Le médecin préleveur et prescripteur a une responsabilité dans l'acte anatomopathologique en s'assurant de la bonne réalisation technique du prélèvement, de son acheminement dans de bonnes conditions au laboratoire (dans des délais brefs, en respectant les règles de fixation, accompagné d'une demande d'examen correctement renseignée). Enregistrement Techniques d’étude des cellules Techniques d’étude des tissus : La technique de base comporte plusieurs étapes : la fixation, l’inclusion en paraffine, la confection de coupes et leur coloration. Avant la fixation, il est possible d’effectuer sur le tissu frais des appositions sur lames pour une étude cytopathologique, et des prélèvements pour des techniques particulières : congélation, fixation adaptée à la microscopie électronique, mise en culture pour étude cytogénétique ou en suspension cellulaire pour étude par cytométrie en flux… En ce qui concerne les pièces opératoires, une étape d'analyse macroscopique est indispensable, avant (idéalement ) ou après la fixation de la pièce.

Etude macroscopique L'examen macroscopique détaillé est une partie essentielle de l'étude d'une pièce opératoire : la pièce est examinée, mesurée, pesée, palpée puis disséquée. Chaque lésion est repérée sur un schéma et éventuellement photographiée. Ces constatations sont confrontées aux documents cliniques et/ou radiologiques d’où l’importance des renseignements écrits fournis par le médecin clinicien. En cas de pièces opératoires complexes (exérèse monobloc de plusieurs organes ou pièce de résection selon une méthode non conventionnelle), le chirurgien devra adresser la pièce avec des indications de repérage topographique. Il peut être utile de marquer les berges d'une pièce de résection de tumeur avec une encre indélébile : ceci ne nuit pas à l'étude histologique et permet d'apprécier exactement la distance entre la tumeur et la limite chirurgicale de la pièce. Après le choix des prélèvements destinés à l'analyse microscopique, les restes de la pièce opératoire sont conservés pendant quelques jours ou semaines afin de pouvoir en cas de nécessité effectuer des prélèvements complémentaires.

Fixation Imprégnation et inclusion Coupes et colorations Fixation Imprégnation et inclusion Coupes et colorations. La coloration usuelle associe un colorant basique nucléaire (hématéine, hématoxyline) et un colorant acide cytoplasmique (éosine, érythrosine, ou phloxine) ; on y ajoute souvent du safran qui se fixe sur le collagène. La coupe colorée est protégée par une lamelle de verre collée ou par un film plastique transparent. Elle est analysée au microscope par un médecin anatomo-pathologiste qui établit un compte-rendu. Les blocs et les lames sont ensuite archivés. Techniques particulières morphologiques Examen histologique extemporané Colorations histochimiques spéciales Des colorations spéciales ont pour but de mettre en évidence des constituants particuliers des cellules (glycogène, mucus, pigments…) ou de la matrice extracellulaire (collagènes, fibres élastiques, amylose...) ainsi que des agents infectieux (bactéries, parasites, champignons). Ces colorations sont très variées et leur mise en oeuvre, le plus souvent manuellement, rallonge le processus technique. Histoenzymologie Immunohistochimie Techniques de biologie moléculaire in situ Autres techniques morphologiques : Certaines techniques plus spécialisées (microscopie électronique, histomorphométrie, microscopie confocale, cytométrie en flux), rarement utilisées en routine.

Les résultats. Le compte-rendu anatomopathologique : Les résultats sont donnés sous la forme d'un compte-rendu écrit, dans lequel les lésions sont décrites, puis interprétées, avec le cas échéant une description des méthodes complémentaires utilisées (techniques immunohistochimiques par exemple), pour aboutir à une conclusion synthétique: diagnostic lésionnel ou hypothèses de diagnostic en fonction des renseignements fournis et des lésions observées. Chaque fois que cela est nécessaire (en particulier pour des tumeurs) des éléments de pronostic doivent être fournis. L'usage de terminologies et classifications nationales et internationales est recommandé. Le diagnostic morphologique doit toujours être confronté avec la clinique et, le cas échéant, la radiologie et l’imagerie.

Lésions élémentaires des cellules, tissus et organes Introduction : Lorsque l'environnement d'une cellule ou d'un tissu est modifié (exigences physiologiques plus importantes, circonstances pathologiques), il existe des possibilités d'adaptation cellulaire et tissulaire, avec un nouvel équilibre: atrophie, hypertrophie, hyperplasie…Ces phénomènes peuvent être réversibles lors du retour aux conditions antérieures. Si les limites de la réponse adaptative sont dépassées, ou que celle-ci est impossible, on observe alors des lésions cellulaires.

Endommagement réversible/irréversible l’endommagement cellulaire est un conti-nuum et il n’est pas possible de determiner à quel moment il devient irréversible. Néanmoins, des manifestations microsco-piques optiques et électroniques accom-pagnent l’endommagement. Une fois le stade irréversible atteint, la cellule/tissu montre une nécrose de coagulation, qui est la manifestation microscopique de la mort cellulaire.

Endommagement réversible gonflement hydropique (tuméfaction trouble) ondulations de la membrane cellulaire (blebs) dissociation des ribosomes gonflement des mitochondries aggregation du nucleole

Gonflement hydropique/ tuméfaction trouble

Les ribosomes libres

Adaptation: Réactions morphologiques de la cellule au ‘stress’ persistant l ’endommagement irréversible mène à la mort de la cellule. Le stress persistant (sous-létal) mène à des adaptations cellulaires: manifestations morphologiques en grande partie réversibles, si on enlève le facteur étiologique. Adaptation cellulaire et tissulaire Lors de modifications durables de l'environnement, la cellule peut s'adapter, ce qui conduit à certaines transformations structurales de la cellule ou de certains de ses constituants. Les principales réponses adaptatives d'une cellule et d'un tissu sont l'atrophie (ou hypotrophie), l'hypertrophie, l'hypoplasie et l'aplasie, l'hyperplasie, la métaplasie, la dystrophie.

Atrophie (hypotrophie) L'atrophie cellulaire est la diminution de la masse fonctionnelle d'une cellule habituellement liée à une diminution de son activité. Elle se traduit par une diminution du volume cellulaire en rapport avec une diminution de nombre et de taille de constituants normaux de la cellule (myofibrilles ..). La cellule atrophiée est donc souvent une cellule dédifférenciée. L'atrophie d'un tissu ou d'un organe est due à l'atrophie cellulaire et/ou à la diminution du nombre des cellules. Un organe atrophique présente une diminution de son volume et de son poids. Conditions d'apparition, exemples : Atrophie physiologique Elle est liée le plus souvent à une involution hormonale: atrophie du thymus après la puberté, atrophie des ovaires et de l'endomètre après la ménopause. Atrophie pathologique Atrophie musculaire par suppression de l'innervation Atrophie des adipocytes lors des états de dénutrition

L’atrophie: microscopie

Atrophie musculaire

Hypertrophie L'hypertrophie cellulaire est une augmentation réversible de la taille d'une cellule en rapport avec une augmentation de la taille et du nombre de ses constituants. Cette hypertrophie va habituellement de pair avec une augmentation des stimuli et de l'activité de la cellule. L'hypertrophie tissulaire est une augmentation du volume d'un tissu ou d'un organe liée, soit à une hypertrophie cellulaire, soit à une hyperplasie, soit aux deux à la fois. Conditions d'apparition, exemples : L'hypertrophie relève de deux mécanismes: • augmentation de l'activité mécanique ou métabolique de la cellule: hypertrophie cardiaque, par hypertrophie des cellules myocardiques (réponse à une surcharge de pression ou de volume) , hypertrophie des muscles squelettiques du sportif , hypertrophie musculaire lisse du myomètre au cours de la grossesse. • stimulation hormonale accrue: hypertrophie thyroïdienne par hypersécrétion d'hormone thyréotrope. L'hypertrophie est à distinguer d'autres causes d'augmentation de la taille d'une cellule ou d'un organe, liée à la dilatation de cavités ou l'accumulation d'un tissu interstitiel fibreux, lipomateux ou d'une substance anormale comme l'amylose (ex: lipomatose pancréatique, gliose cérébrale, amylose cardiaque). Ces modifications du tissu interstitiel peuvent masquer une réelle atrophie (ex: lipomatose musculaire).

L’hypertrophie: macroscopie n

L’hypertrophie: microscopie

Aplasie et Hypoplasie L'aplasie est l'absence d'un organe provoquée par l'absence de développement de son ébauche embryonnaire, et par extension, l'arrêt transitoire ou définitif de la multiplication cellulaire dans un tissu qui devrait normalement se renouveler en permanence. L'hypoplasie est un développement embryologique anormal d'un viscère ou d'une partie d'un viscère aboutissant à un organe fonctionnel mais trop petit, et par extension le développement insuffisant d'un tissu lorsque les stimuli assurant sa trophicité normale diminuent ou cessent. Conditions d'apparition, exemples : • Aplasie ou hypoplasie de la moelle hématopoïétique après action des radiations ionisantes • Hypoplasie endométriale et testiculaire au cours de la sénescence (de pair avec une atrophie)

Hyperplasie L'hyperplasie est l'augmentation de la masse d'un tissu, d'un organe, ou d'une portion d'organe due à une augmentation anormale du nombre de ses cellules, sans modification de l'architecture, habituellement témoin d'une hyperactivité fonctionnelle. L'hyperplasie reste contrôlée par les mécanismes de régulation de la prolifération cellulaire. Elle est souvent associée à une hypertrophie cellulaire Conditions d'apparition, exemples : Elle survient surtout dans les tissus capables de renouvellement (épiderme, épithélium intestinal, parenchyme hépatique..) et ne s'observe pas dans les tissus à renouvellement lent ou stables (myocarde, muscle squelettique, tissu neuronal) Hyperplasie physiologique, par exemple hyperplasie compensatrice d'un organe après chirurgie (hyperplasie compensatrice du foie après hépatectomie partielle) ou hyperplasie mammaire par stimulation hormonale au cours de la grossesse. Hyperplasie pathologique, par exemple hyperplasie surrénalienne au cours d'un hypercorticisme hypophysaire. L'hyperplasie peut n'intéresser qu'une région limitée d'un organe et former dans l'organe une masse arrondie (nodule) (exemple: hyperplasie nodulaire du foie ; hyperplasie nodulaire de la prostate).

Sein normal

Sein lactifère

Métaplasie La métaplasie est une anomalie acquise résultant de la transformation d'un tissu normal en un autre tissu normal, de structure et de fonction différentes, normal quant à son architecture, mais anormal quant à sa localisation. Il s'agit d'un changement dans la différenciation cellulaire en réponse à un agression chronique pour aboutir à un tissu mieux adapté à l'agression que le tissu d'origine Conditions d'apparition, exemples : Elle intéresse surtout les tissus épithéliaux, particulièrement les muqueuses, et s'observe aussi dans les tissus conjonctifs. Physiologique, métaplasie déciduale du chorion cytogène de l'endomètre Pathologique, le plus souvent, secondaire à une cause toxique, chimique, hormonale ou inflammatoire. La nouvelle différenciation se fait le plus souvent par modification de la maturation des cellules souches. Métaplasie malpighienne d'un revêtement cylindrique dans les bronches ou l'endocol utérin

Métaplasie g g oe Métaplasie gastrique de l’œsophage: l’épithelium de type gastrique (à gauche) remplace l’epithelium de l’eosophage (à droite)

La dysplasie Dans le cas d’une dysplasie, l’activité proliférative d’un épithélium est augmentée, la différentiation est perturbée et la morphologie est anormale: gros noyaux, anomalies architecturales. La dysplasie est une condition pré-cancéreuse

Le col utérin normal

Dyslasie du col utérin L’architecture ordonnée de l’épithélium à gauche se trans- forme et devient désordonnée à droite (flèches). Une dysplasie peut progresser vers le cancer.

Dystrophie La dystrophie désigne toute altération cellulaire ou tissulaire acquise, liée à un « trouble nutritionnel »(vasculaire, hormonal, nerveux, métabolique). Conditions d'apparition, exemples : La dystrophie d'un organe peut combiner les lésions d'atrophie, d'hypertrophie de métaplasie. La dystrophie fibrokystique du sein constitue un bon exemple de cette complexité. L'architecture de l'organe est globalement préservée. On trouve côte à côte des lésions d'atrophie des canaux galactophores, des territoires de régénération, parfois une métaplasie idrosadénoïde canalaire et une fibrose interstitielle.

Mort cellulaire et tissulaire La réponse cellulaire à une agression dépend du type de l'agression, de sa durée et de sa sévérité. Les conséquences sur la cellule dépendent de son type, de son état et de ses capacités d'adaptation Dans la cellule quatre systèmes sont particulièrement vulnérables aux agressions et liés entre eux: le maintien de l'intégrité des membranes cellulaires, la respiration aérobie, les synthèses protéiques et la préservation de l'intégrité de l'appareil génétique. La mort cellulaire est le terme ultime de la lésion cellulaire. On distingue deux types de mort cellulaire: la nécrose et l'apoptose, qui s'opposent sur beaucoup de points. Les différents types de mort cellulaire, nécrose ou apoptose, sont à distinguer de l'autolyse qui est une autodestruction cellulaire ou tissulaire qui survient après la mort ou par défaut de fixation.

Dégénérescence cellulaire La nécrose peut être précédée de lésions réversibles, dites lésions dégénératives. Celles ci sont réversibles et peuvent aussi conduire à un retour à la normale. La dégénérescence cellulaire est l'ensemble des lésions élémentaires cellulaires, réversibles, pouvant précéder l'apparition de modifications cellulaires irréversibles correspondant à la nécrose. Conditions d'apparition, exemples : Les causes sont les mêmes que pour la nécrose, souvent d'origine toxique, métabolique, hypoxique Les lésions sont cytoplasmiques, sans atteinte nucléaire, et s'observent d'abord en microscopie électronique: dilatation des organites cellulaires, désagrégation des ribosomes, accumulation de lipides, protéines… En microscopie optique, les modifications sont plus tardives, parfois difficiles à détecter, et correspondent à des lésions plus importantes. On reconnaît différents types de lésions dégénératives: • Dégénérescence hydropique, par œdème intracellulaire, avec clarification et/ou vacuolisation cytoplasmique • Dégénérescence graisseuse, par impossibilité par la cellule d'utiliser les triglycérides, par exemple la stéatose hépatique. Entre la dégénérescence cellulaire et la mort cellulaire, il existe "un point de non retour" qui semble correspondre à deux modifications mitochondriales visibles en microscopie électronique : • Survenue d'une dilatation brutale, de grande amplitude des mitochondries. • Apparition de densifications matricielles mitochondriales

Nécrose cellulaire La nécrose cellulaire désigne les modifications morphologiques irréversibles coïncidant avec la mort cellulaire. Ces modifications touchent aussi bien le noyau que le cytoplasme. Elles sont observables lorsque la cellule morte reste dans un environnement vivant, et doit donc être distinguée de l'autolyse. Causes de la nécrose • Anoxie, en particulier ischémie • Agents physiques, trauma mécanique, thermique, radiations • Agents chimiques et médicamenteux • Agents infectieux: virus, bactérie, champignon, parasite • Réactions immunologiques • Déséquilibres nutritionnels Aspects de la nécrose Les modifications observables en microscopie optique traduisent la dénaturation protéique et la digestion des organites par les enzymes protéolytiques des lysosomes. La nécrose n'est manifeste que plusieurs heures après la mort cellulaire. Nécrose cellulaire Les lésions élémentaires: • Le cytoplasme de la cellule nécrosée est habituellement éosinophile, par diminution de l'ARN cytoplasmique (responsable de la basophilie cytoplasmique) et par augmentation de la liaison de l'éosine aux protéines cytoplasmiques dénaturées. Il peut être homogène ou vacuolaire (par digestion enzymatique des organites).

• Les modifications nucléaires sont constantes et prennent plusieurs formes: o Pycnose : condensation avec rétraction du noyau et agglutination des amas chromatiniens contre la membrane nucléaire. o Caryolyse : dissolution nucléaire avec perte des affinités tinctoriales o Caryorrhexis : fragmentation de la masse nucléaire Nécrose tissulaire La nécrose cellulaire concerne habituellement des groupes de cellules, soumises aux mêmes agressions, par exemple lors d'un infarctus du myocarde après thrombose coronarienne, d'une nécrose œsophagienne après ingestion de caustiques…, et non pas des cellules isolées, comme pour l'apoptose.

Pycnose: microscopie optique

Pycnose: microscopie electronique

Caryorrhexis: microscopie électronique

Corps denses dans les mitochondries

Les différentes formes de nécrose • nécrose de coagulation, fréquente, lorsque la dénaturation protéique est l'événement essentiel, au cours de l'ischémie, par exemple : nécrose ischémique rein nécrose ischémique de brûlures, de l'action de caustiques , par exemple : nécrose caustique de l'oesophage nécrose gastrique caustique L'architecture tissulaire est préservée, fantomatique, les cytoplasmes sont éosinophiles et les noyaux pycnotiques ou en caryolyse. • nécrose de liquéfaction , lorsque la digestion enzymatique domine, comme dans les infections à pyogènes. Elle correspond à une perte totale de l'architecture tissulaire.

Nécrose de coagulation du cœur: infarctus aigu

Nécrose de coagulation Rubin & Farber,1997

Nécrose de coagulation Perte de noyaux, hyper-éosinophilie et alteration du cytoplasme (perte de striations) sont les manifestations clé de l’infarctus du myocarde au stade précoce.

Infarctus: nécrose suite à une ischémie

Nécrose de coagulation (infarctus rénal) A gauche les cellules ont subi une mort par anoxie et apparaissent comme des phantomes. Au centre il y a une zone hémorragique où les cellules sont en train de mourir (peut-être encore au state réversible). A droite le tissue est normal.

La cause: thromboembole de l’artère rénale

Microscopie de l’artère

Gangrène: nécrose suite à une ischémie

Liquéfaction Rubin & Farber, 1997

La liquefaction: macroscopie Fishback J, 2000

La liquéfaction: macroscopie Fishback J, 2000

Nécrose de liquéfaction: microscopie Abcès hépatique

La liquéfaction: microscopie Fishback J, 2000

• autres formes particulières de nécrose o nécrose caséeuse: elle est caractéristique de la tuberculose. Macroscopiquement, elle rappelle le lait caillé, d'où son nom de caséum. Histologiquement on observe un matériel nécrotique grumeleux, éosinophile, sans architecture cellulaire ou tissulaire o nécrose gangréneuse : elle est liée aux effets combinés de l'ischémie et de germes anaérobies o stéato-nécrose : c'est la nécrose du tissu adipeux, qui est habituellement observée au cours de la pancréatite aiguë, par libération des enzymes pancréatiques lors de la nécrose du tissu exocrine (lipase). Macroscopiquement la stéatonécrose a un aspect caractéristique crayeux, blanchâtre o nécrose fibrinoïde : homogène, très éosinophile et prend les mêmes colorations que la fibrine (exemple périartérite noueuse)

Stéatonécrose: macroscopie Fishback J, 2000

Stéatonécrose: microscopie Les contours des adipocytes sont encore préservés mais les noyaux ne sont plus visibles et le cytoplasme se transforme en une masse rose amorphe

Nécrose caséeuse Rubin & Farber, 1997

Nécrose caséeuse: macroscopie Fishback J, 2000

Nécrose caséeuse: microscopie

Nécrose fibrinoïde Rubin & Farber, 1997

La nécrose fibrinoïde: microscopie