La croyance religieuse et la raison

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Transcription de la présentation:

La croyance religieuse et la raison

La croyance religieuse est une croyance prérationnelle. 1.1. la conception positiviste de la religion 1.1.1. le progrès de l’esprit humain 1.1.2. une conception positiviste de la rationalité humaine 1.1.3. un usage rationnel (pratique) de la religion 1.2. une marque d’infantilisme ? Freud

2. La raison, et encore plus la rationalité scientifique, ne sont pas toute puissante. Une place pour la foi 2.1. la raison théorique est limitée 2.2. la raisonabilité de la confiance en l’autorité dans nos vies pratiques 2.3. un intérêt à croire : le pari Objection : croire en quoi ? N’y a-t-il pas des croyances foncierement déraisonnables ?

La raison : un terme équivoque. • sens ordinaire : -avoir raison : être dans le vrai -une raison : un motif, un argument, une cause -la raison: connotation morale : suivre la raison = être raisonnable (ex : ne pas boire ou avec modération) • Sens philosophique : capacité de justifier une idée ou une action.

La croyance : fait de tenir quelque chose pour vrai sans avoir nécessairement de preuve La croyance religieuse : … en ce qui concerne les choses religieuses : le(s) dieu(x), l’immortalité de l’âme, un au-delà, une origine et une destinée du monde. Seulement croire ? Non : agir en conséquence. fait de considérer comme vraie et objet de vénération l’existence d’entités immatérielles (et immortelles), et de suivre certaines règles de vie en conséquence. Synonyme : foi : confiance accordée dans des personnes, des écrits, etc., dans la bonté de certains actes.

Question de la compatibilité croyance / raison du point de vue « théorique » (point de vue des idées) Vrai ? Possible ? Impossible ? du point de vue éthique et politique (point de vue des conduites) obligatoire ? Recommandé? Juste tolérable ? Intolérable?

Problématique : • La croyance religieuse peut-elle être justifiée par un examen rationnel, propre à distinguer le vrai du faux ? Point de vue « théorique » • adopter ses principes de vie, ou au moins les tolérer, cela peut-il être justifié d’un point de vue rationnel ? Point de vue éthique et politique

« État scientifique ou positif » 1. les croyances religieuses seraient prérationelles 1.1. la conception positiviste de la religion 1.1.1. le progrès de l’esprit humain loi des trois états (Auguste Comte) : l'esprit humain, dans l’individu ou dans l’humanité, passe par 3 états successifs, progressifs « État scientifique ou positif » « État métaphysique » « Etat théologique »

•L'état théologique ou fictif. L'esprit humain se représente les phénomènes comme produits par l'action directe et continue d'agents surnaturels. (ex) la tempête est expliquée par un caprice du dieu Eole.

Stade fétichiste (animiste) • ce stade est lui-même marqué par une progression Stade monotéiste Progrès dans la rationalité Stade polytéiste Stade fétichiste (animiste) • L'état théologique ou fictif est lui-même marqué par une progression Stade fétichiste (animiste) : les objets sont animés par des esprits : ont une vie, une pensée, des intentions. Prédominance de l’affectivité. b)      Stade polythéiste : objets animés par des dieux, êtres fictifs, personnels et invisibles. c)      Stade monothéiste : phénomène dirigé par un être surnaturel, un seul Être suprême

Histoire de l’humanité Un exemple de théorie positiviste de la magie et religion : Frazer, Le Rameau d'or (1898)  (T1) Les rituels religieux sont tous nés de la magie. (T2) La religion est une invention humaine qui vient prendre la place des rituels magiques lorsque les hommes s’aperçoivent de leur inefficacité. (T3) La religion n’est qu’une stupide superstition appelée à disparaître à l’âge de la science. L’allégorie des trois fils qui font l’étoffe dont est faite l’histoire : Fil noir : la magie Fil rouge : la religion Fil blanc : la science James Frazer 1854-1941 Histoire de l’humanité

Conception magique de la guérison : - Chez les enfants : la guérison par le bisous - les adultes : thérapie des « guérisseurs » (prières, manipulation, etc.) jugement positiviste: c’est le stade infantile de la médecine. On croit que cette pratique guérit alors que ce n’est pas le cas - ou peu de succès thérapeutique - ou erreur sur la cause de la guérison (suggestion)

• L'état « métaphysique » Les agents surnaturels sont remplacés par des forces ou entités non observables. Le concept d’âme (psychè, anima) en psychologie, de l’antiquité jusqu’au 18ème siècle La notion de « vertus » ou de « faculté » dans la science médiévale (ex : la tempête s’explique par la « vertu dynamique » de l’air ) Polémique autour de la force gravitationnelle de Newton

• L'état scientifique ou positif. L'esprit humain renonce à la question du « pourquoi ? » (les causes des phénomènes) Pour seulement répondre à la question « comment ? » par l'usage unique du raisonnement et de l'observation On se contente de trouver les lois qui régissent les phénomènes (leurs différents aspects, leurs rapports) ex : - Le vent est un déplacement d’air des hautes vers les basses pressions de l’atmosphère. - réduction du concept de force gravitationnelle à la valeur calculable par la loi de la gravitation deux corps ponctuels s'attirent avec des forces de mêmes valeurs (mais vectoriellement opposées), proportionnelles à chacune des masses, et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare. Cette force a pour direction la droite passant par le centre de gravité de ces deux corps.

État Théologique « métaphysique » scientifique Question typique Pourquoi ? Comment ? Objet de recherche Agents surnaturels ou divins Causes inobservables des phénomènes Lois de la nature, immanentes aux phénomènes Faculté et méthode mobilisée imagination Raisonnement pur (spéculation) Raisonnement basé sur l’ observation Exemple de la gravitation Force gravitationnelle Loi de la gravitation Exemple du vent La colère d’Eole La vertu dynamique de l’air Déplacement d’air des hautes vers les basses pressions de l’atmosphère.

1.1.2. une conception étroite de la rationalité Dans ce cadre positiviste, qu’est-ce qui est rationnel ? • sur le plan théorique, est rationnelle une croyance justifiée par une méthode scientifique (observations, induction, déduction) • sur le plan pratique, est rationnelle une idée ou un jugement qui réussit conformément à nos anticipations, voire qui permet des applications techniques

1.2. une marque d’infantilisme ? Les croyants seraient de grands enfants. Et les peuples croyants seraient au stade infantile de l’humanité Freud, matérialiste et athée, soutient une telle idée à l’aide de ses arguments psychologiques

Ces idées religieuses, qui professent d'être des dogmes, ne sont pas le résultat de l'expérience ni celui de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité; le secret de leur force est la force de ces désirs. (...) l'impression terrifiante de la détresse infantile [ éveille] le besoin d'être protégé - protégé en étant aimé - besoin auquel le père a satisfait; la reconnaissance du fait que cette détresse dure toute la vie a fait que l'homme s'est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant. L'angoisse humaine en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine, l'institution d'un ordre moral de l'univers assure la réalisation des exigences de la justice, si souvent demeurées irréalisées dans les civilisations humaines, et la prolongation de l'existence terrestre par une vie future fournit les cadres de temps et de lieu où ces désirs se réaliseront. Des réponses aux questions que se pose la curiosité humaine touchant ces énigmes : la genèse de l'univers, le rapport entre le corporel et le spirituel, s'élaborent suivant les prémisses du système religieux. Et c'est un formidable allégement pour l'âme individuelle que de voir les conflits de l'enfance émanés du complexe paternel - conflits jamais entièrement résolus - , lui être pour ainsi dire enlevés et recevoir une solution acceptée de tous. (...) Nous le répéterons : les doctrines religieuses sont toutes des illusions, on ne peut les prouver, et personne ne peut être contraint à les tenir pour vraies, à y croire                                       L'avenir d'une illusion  (1927)

une logique inconsciente religieuse… basée sur une prémisse illusoire Désir d’être protégé satisfait par une première figure paternelle Désir refoulé, inconscient→ croyance en l’existence d’un père plus puissant et provident Proposition intermédiaire Mais : problème de ma souffrance, semble incompatible avec un père bon et provident… D’où les autres dogmes : Propositions conclusives : Il existe un Dieu créateur de l'univers il récompense les justes et punit les injustes Pour cela il a crée des âmes immortelles distinctes des corps C‘est dans l‘au-delà que la justice régnera → les dogmes principaux des religions monothéistes se „déduisent“ du désir refoulé d‘un père protecteur .

le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans un univers hostile. On peut appeler cela « l'éducation en vue de la réalité » Idéal d’autonomie opposé à l’hétéronomie religieuse (soumission à des autorités extérieures ; soumission de la raison au cœur…)

Objections : Le positivisme considère que la croyance religieuse est en manque de justification : mais une croyance a-t-elle universellement besoin de preuve ? N’est-ce passer transposer une manière de penser et de vivre sur une autre ? « Notre savoir forme un large système. Et c'est seulement dans ce système que l'élément isolé a la valeur que nous lui conférons. » « Supposons que nous rencontrions des gens qui ne considèrent pas [les énoncés scientifiques] comme des raisons plausibles. Au lieu du physicien, ils consultent disons un oracle. (Et pour cela nous les considérons comme primitifs.) Ont-ils tort de consulter un oracle et de se régler d'après lui ? — Si nous appelons cela un « tort », ne sommes-nous pas en train de sortir de notre jeu de langage et d'attaquer le leur ? »   Wittgenstein

2. La raison, et encore plus la rationalité scientifique, ne sont pas toute puissante. Une place pour la foi 2.1. la raison théorique est limitée La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent; elle n'est que faible, si elle ne va jusqu'à connaître cela. Que si les choses naturelles la surpassent, que dira-t-on des surnaturelles ? Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point; on le sait en mille choses. • l’habile et le demi-habile • la grandeur de l’homme • les bornes et les limites • l’intuition, faculté intellectuelle directe ≠ la raison logique, déductive

S’il y a un Dieu, il est infiniment incompréhensible, puisque, n’ayant ni parties ni bornes, il n’a nul rapport à nous. Nous sommes donc incapables de connaître ni ce qu’il est, ni s’il est. (…)  Qui blâmera donc les chrétiens de ne pouvoir rendre raison de leur créance, eux qui professent une religion dont ils ne peuvent rendre raison ? Ils déclarent en l’exposant au monde que c’est une sottise, stultitiam, et puis vous vous plaignez de ce qu’ils ne la prouvent pas. S’ils la prouvaient, ils ne tiendraient pas parole. C’est en manquant de preuve qu’ils ne manquent pas de sens.                                                                        Pascal, Pensées LG397 (1662) • Conception de Dieu comme un être transcendant Infini Donc inatteignable par nos facultés Ces dogmes rendent la position chrétienne immunisée. Ils n’ont pas à rendre raison de leur croyance, sans quoi ils se contrediraient. • objection et réponse Objection néo-positiviste : une telle théorie; improuvable ni réfutatable est arbitraire, donc dénuée de sens. - Réponse wittgensteinienne : les positivistes se trompent de jeux de langage. Il n’est pas question ici d’explication du monde mais de donner un sens à sa vie.

2.2. la raisonabilité de la confiance en l’autorité dans nos vies pratiques • la confiance dans des autorités intellectuelles • la confiance dans des autorités morales Augustin : prendre la mer Pascal La croyance au sens strict consiste à adhérer à un contenu non pas en raison de ce qui est dit mais surtout en raison de celui qui le dit (Saint-Augustin) : repose sur la confiance accordée en un tiers En ce sens, il est souvent rationnel – raisonnable (sur le plan pratique) de renoncer à chercher des raisons (théoriques)

2.3. un intérêt à croire : le pari

Objection : croire en quoi et en qui Objection : croire en quoi et en qui ? N’y a-t-il pas des croyances foncièrement déraisonnables ?

3. La raison doit réguler la religion 3.1. sur le terrain pratique : les pratiques religieuses doivent se conformer à des obligations morales et légales laïques (critères kantiens ou utilitaristes) • il est normal que le croyant suive une morale religieuse (morale de renonçant ou morale séculière) ou suive une morale pour des motifs religieux. • mais la modernité est largement définie par la nécessaire tolérance religieuse (histoire occidentale : réforme puis guerre de religion puis libéralisme et républicanisme) - nécessaire tolérance morale - tolérance légale : soit pluralité des religions dans l’espaces publics, soit laïcité Ni la politique ni le droit ne doivent se réclamer d’une religion particulière. Le croyant vivant dans une société moderne doit l’accepter. Donc éventuellement réviser ses principes religieux En bref, l’exercice public des croyances doit respecter des règles de la raison universelle : compatibilité avec d’autres croyances et cultes suivant une Loi (universelle, sans discrimination)

3.2. sur le terrain théorique : interpréter les énoncés religieux • à l’aune des connaissances scientifiques • en fonction des règles d’exégèse religieuse inspirées des sciences humaines et de l’histoire. 18_ Puisque donc cette révélation est la vérité, et qu’elle appelle à pratiquer l’examen rationnel qui assure la connaissance de la vérité [ce que prouvent maints versets du Coran], alors nous, musulmans, savons de science certaine que l’examen [des choses] par la démonstration n’entraînera nulle contradiction avec les enseignements apportés par le Texte révélé : car la vérité ne peut être contraire à la vérité, mais s’accorde avec elle et témoigne en sa faveur. 19_S’il en est ainsi, et que l’examen aboutit à une connaissance quelconque à propos d’un étant quel qu’il soit, alors de deux choses l’une : soit sur cet étant le Texte révélé se tait, soit il énonce une connaissance à son sujet. Dans le premier cas, il n’y a même pas lieu à contradiction (…). Dans le second, de deux choses l’une : soit le sens manifeste de l’énoncé est en accord avec le résultat de la démonstration, soit il le contredit. S’il y a accord, il n’y a rien à en dire ; s’il y a contradiction, alors il faut interpréter le sens obvie. 20_ce que l’on veut dire par « interprétation », c’est le transfert de la signification du mot de son sens propre vers son sens tropique, sans infraction à l’usage tropologique de la langue arabe d’après lequel on peut désigner une chose par son analogie, sa cause, son effet, sa conjointe    (…)                                                                                                                                      21_Nous affirmons catégoriquement que partout où il y a contradiction (…) cet énoncé est susceptible d’être interprété suivant des règles d’interprétation de la langue arabe. C’est là une proposition dont nul musulman ne doute et qui ne suscite point d’hésitation chez le croyant.                                                               Ibn Rushd, dit Averroès, Discours décisif (XIIème siècle) d

Conclusion C’est sans doute une erreur de considérer les croyances religieuses comme prérationnelles, comme une tentative préscientifique d’expliquer le monde (illusion rétrospective). L’attitude d’explication positive du monde n’est pas religieuse. La religion est avant tout une attitude face à la vie. Un ensemble de valeur et de normes qui forme un lien social au sein d’une communauté, et qui fournit des buts aux individus. Ces valeurs s’inscrivent dans une vision du monde mythique : attaquer celle-ci pour elle-même, indépendamment de la forme de vie qu’elle informe, n’a pas de sens. Le croyant même n’a pas forcément à adhérer en tout point à la notion scientifique de vérité (outre les exigences de sa vie pratique qui lui commande d’adhérer à des vérités et preuves pragmatiques, et outre la position éventuelle de sa religion sur la question de la science). En revanche, dans une société moderne, c’est-à-dire libérale, l’exercice de sa croyance doit être compatible avec les autres croyances suivant une loi rationnelle, universelle.