Conférence-atelier du 30 août 2012

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Transcription de la présentation:

Conférence-atelier du 30 août 2012 par Fondation Neuchâtel Addictions (FNA) www.fondation-neuchatel-addictions.ch Manon Mendez / CENEA Valérie Wenger Pheulpin / Drop-in / FNA-prévention Rue des Poudrières 137 / CP 174 Fausses-Brayes 5 2006 Neuchâtel 2000 Neuchâtel 032 889 62 10 032 724 60 10 manon.mendez@ne.ch valerie.wengerpheulpin@ne.ch

FONDATION NEUCHATEL ADDICTIONS Neuchâtel – Le Locle – La Chx-de-Fds Neuchâtel CAPTT Centre d’aide, de prévention et de traitement de la toxicomanie La Chaux-de-Fonds …et son antenne Fleurier

Trois des quatre piliers de la politique fédérale Prévention Traitement Réduction des risques Répression

Quatre niveaux d’action Promotion de la santé Prévention Traitement Réduction des risques

Prestations pour Addictions aux substances légales et illégales (excepté tabac = Vivre sans fumer) Addictions sans substances, (comportementales) principalement jeux d’argent et cyberaddiction-mésusage

Publics Préadolescents (Râteau, Balise, Cenea) Adolescents (Râteau, Balise, Cenea, Captt) Adultes consommateurs / usagers Adultes « proches de » (parents, famille) Adultes « soutenants » (employeurs, enseignants, personnel soignant) Autres professionnels de la santé, du social et de l’éducation Population en général

Objectifs de la présentation Connaître les différents types de consommateurs et de produits Connaître le processus de dépendance/vs addiction Connaître les outils à disposition pour prévenir et traiter les situations problématiques Se familiariser avec l’Intervention Précoce

Notions d’alcoologie On peut classer les consommateurs selon leurs modalités ou à leurs manières de boire : 5 groupes peuvent être distingués : Les non-consommateurs ou abstinents les consommateurs modérés Les consommateurs à risque Les consommateurs à problèmes Les consommateurs dépendants

Les non-consommateurs Conduite à l’égard des boissons alcooliques et/ou alcoolisées caractérisée par une absence de consommation. Le non-usage peut être : Primaire quand il s’agit d’un non-usage initial (enfants, préadolescents) ou d’un choix durable, voire définitif (préférences personnelles et/ou culturelles chez l’adulte) Secondaire quand il advient après une période de mésusage, alors généralement désigné par le terme abstinence

Les consommateurs modérés Toute conduite d’alcoolisation ne posant pas de problème pour autant que la consommation reste modérée, inférieure ou égale aux seuils définis par l’OMS et prise en dehors de toute situation à risque ou de risque individuel particulier. Les seuils définis par l’OMS sont les suivants : Jamais plus de 4 boissons standards par occasion pour l’usage ponctuel Pas plus de 21 boissons standards par semaine pour l’usage régulier chez l’homme (3 bs/jour en moyenne) Pas plus de 14 boissons standards par semaine pour l’usage régulier chez la femme (2 bs/jour en moyenne)

Qu’est-ce qu’un verre standard? 1 verre de vin rouge (1 dl) = 10 grammes 1 verre de vin blanc (1 dl) = 10 grammes 1 bière (3 dl) = 12 grammes 1 eau de vie (0.2 dl) = 7 grammes 1 grande eau de vie (0.4 dl) = 14 grammes

Les consommateurs L’alcool est un puissant psychotrope, désinhibiteur, anxiolytique, antidépresseur, euphorisant, ce qui explique son pouvoir de séduction. Mésusage Catégorie générique qui rassemble toutes les conduites d’alcoolisation caractérisées par l’existence d’un ou plusieurs risques potentiels, ou par la survenue de dommages induits, alcoolodépendance incluse. - Les consommateurs à risque, à problèmes, dépendants

Les consommateurs à risque Toute conduite d’alcoolisation où la consommation est supérieure aux seuils définis par l’OMS et non encore associée à un quelconque dommage d’ordre médical, psychique ou social (dépendance incluse), mais susceptible d’en induire à court, moyen et/ou long terme. Cette catégorie inclut également les consommations égales et ou même inférieures aux seuils de l’OMS quand elles sont associées à une situation à risque et/ou un risque individuel particulier.

Les consommateurs à problèmes Toute conduite d’alcoolisation caractérisée par : - l’existence d’au moins un dommage d’ordre somatique, psychique ou social induit par l’alcool, quels que soient la fréquence et le niveau de consommation, et par : - l’absence de dépendance à l’alcool Conséquences physiques et psychiques de l’alcool : diabète, cholestérol, maladies cardio-vasculaires, troubles gastriques et digestifs, troubles neurologiques, dépression, anxiété, perte de la motivation, troubles mémoire et concentration...

Les consommateurs dépendants Présence de 3 ou plus de ces critères sur période d’un an Toute conduite d’alcoolisation est caractérisée par la perte de maîtrise de la consommation Développement d’une tolérance au produit : augmentation de la quantité consommée et effet diminué Manifestation de symptômes de sevrage Produit souvent pris en quantité plus importante ou dans une période plus prolongée Continuation de la consommation malgré les problèmes psychologiques ou physiques causés par le produit. Activités sociales, professionnelles, de loisirs abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation du produit

Trop c’est combien? 5% 10% 60% 15% dépendance usage à problème usage à risque consommation modérée abstinence

Quand la consommation d’alcool par les jeunes devient-elle problématique? Environ 80% de la population suisse (15 ans et plus) boivent de l’alcool, la plupart sans problème. Chez les adolescents de sexe masculin, la consommation problématique est un peu plus répandue que chez les jeunes femmes et elle augmente avec l’âge. Les formes de consommation problématique d’alcool sont : Les bitures expresses – binge drinking La consommation chronique d’alcool La consommation d’alcool inappropriée à la situation Les limites de ces formes de consommation sont mouvantes

Biture expresse ou binge drinking Consommation excessive épisodique Nous parlons de biture expresse lorsque dans une courte période 4 verres standard* pour les femmes ou 5* pour les hommes sont consommés. Lorsqu’elle se produit au moins 2 fois par mois cela est considéré comme néfaste et problématique. Quelques chiffres : 31% des écolières de 15 ans et 35% des écoliers du même âge, 40% chez ceux de 16 ans, s’enivrent au moins une fois par mois. Avec l’âge la tendance à la biture expresse diminue. *Un verre standard correspond à environ 3dl de bière, 1dl de vin ou 2cl de liqueur

Consommation chronique d’alcool Consommation excessive régulière Il s’agit de la consommation régulière d’alcool. La fréquence et la quantité causent des problèmes de santé et sociaux. La consommation chronique commence chez les hommes avec un apport quotidien de 4 verres standards et avec 3 verres standards chez les femmes. Quelques chiffres : 4% des jeunes entre 13 et 18 ans ont une consommation chronique d’alcool. Avec l’âge cette dernière augmente de manière significative.

Consommation d’alcool inappropriée à la situation La consommation d’alcool – même en petites quantités – est problématique dans certaines situations. Par exemple, l’alcool et la circulation routière/navale, sur le lieu de travail, dans le sport, pendant la grossesse ou lors de prise de médicaments. Boire de façon inappropriée met sa propre santé en danger mais également celle d’autres personnes.

L’alcool désinhibe et conduit à la perte de contrôle Les jeunes ayant une consommation problématique d’alcool ont nettement plus de contacts sexuels et à risques (sans protection, IST, grossesse…). Ils ont plus souvent recours à la violence ou sont victimes de violence. Les nuisances sonores et déprédations diverses sont également souvent liées à des états d’alcoolisation. Quelques chiffres : Chez les jeunes 25 à 50% de tous les actes de violence sont perpétrés sous l’influence de l’alcool.

L’alcool affecte la perception Même de petites quantités d’alcool perturbent l’estimation de la vitesse et de la distance. Elles affaiblissent la capacité motrice et le temps de réaction. La consommation d’alcool augmente le risque de blessures et d’accident. Les buveurs excessifs ont le risque d’accident le plus élevé.

Quel est l’impact de la consommation problématique? La consommation problématique nuit à la santé. Chez les jeunes l’alcool cytotoxique produit de plus grands dégâts que chez les adultes, car les organes des jeunes sont encore en développement. La consommation d’alcool peut ralentir le développement du cerveau. La biture expresse affecte la mémoire quotidienne et interfère avec la croissance des cellules. Parallèlement l’on constate aussi des comorbidités psychiques comme l’anxiété et la dépression. Chez les jeunes qui consomment de l’alcool régulièrement et en grande quantité le risque de devenir dépendant est plus grand.

La consommation problématique provoque des problèmes sociaux Une consommation problématique affecte non seulement la santé physique et mentale, mais a aussi un impact sur l’entourage : problèmes dans la famille, école, apprentissage, relations et porte préjudice aux perspectives d’avenir. Quelques chiffres : Environ 20% de tous les accidents de la circulation se produisent sous l’influence de l’alcool. Chaque jour, 6 adolescent-e-s/jeunes adultes sont soignés dans les hôpitaux suisses suite à une intoxication alcoolique ou d’autres diagnostics liés à l’alcool.

La consommation problématique a des répercussions au sein de l’entreprise Les problèmes liés à la consommation d’alcool ou de drogues illégales, qui peuvent dès lors apparaître au sein du travail, génèrent des coûts économiques considérables pour les entreprises : absentéisme, maladies plus fréquentes, perte de productivité, fiabilité réduite et bien d’autres conséquences chargeant inutilement les coûts de fonctionnement de l’entreprise. La proportion de personnes ayant une consommation problématique d’alcool dans la population active est de 5%. En 2011 le coût pour les entreprises suisses s’est élevé à 8 milliards.

Pourquoi les jeunes boivent-ils, consomment-ils des produits psychotropes? La majorité des jeunes boit de l’alcool pour profiter au mieux d’une soirée, avoir du plaisir, ne pas faire bande à part ou parce que l’on est alors perçu comme étant plus drôle. La consommation d’alcool ou d’autres produits devient problématique quand elle est utilisée pour faire face à des sentiments négatifs ou à gérer ce qui pèse. Cela concerne environ 10% des jeunes.

Consommation de cannabis

Consommation de cannabis (2)

Développement de l’addiction Comment ça se passe? Pourquoi la prévenir particulièrement à l’adolescence?

Une substance : 2 modes d’action 2. Spécifique en fonction du produit Altération physiologique par piratage des fonctions du cerveau Modifications des perceptions et des comportements + dépendance physique 1. Commune à toutes les substances Altération de la réponse du système de la récompense Addictions

Le cerveau : comment ça marche ? Le cerveau est formé de cellules nerveuses (neurones) qui communiquent entre elles par un « réseau câblé » (axone) grâce à des signaux électriques (influx nerveux) et des éléments chimiques (neurotransmetteurs). Ces neurotransmetteurs activent le neurone suivant en occupant des récepteurs spécifiques. Récepteurs à sérotonine, à adrénaline, nicotinique , à opiacés endogènes, à dopamine, cannabinoïde endogène, etc.

Le cerveau : comment ça marche ? Le système limbique : Structures très anciennes du cerveau. Fonction primordiale : renforcer les comportements essentiels à la survie de l’espèce. Hippocampe mémorisation des souvenirs liés à une expérience. L’amygdale qui aide à évaluer la valeur émotionnelle d’un évènement. Le cortex préfrontal : Structure des fonctions « nobles », élaborées : fonctions cognitives impliquées dans la prise de décision, la planification et la motivation. Le circuit de la récompense : Aire tegmentale ventrale et noyau accumbens

Système de récompense Cette partie du cerveau concentre les informations concernant la satisfaction des besoins fondamentaux (respiration, élimination, maintien de la température, repos et sommeil, activité musculaire, intégrité corporelle, contact social, sexualité). Le neurotransmetteur utilisé est la dopamine. Grace à ce système, les actions intéressantes sont repérées et stockées dans le but d’inciter l’individu à les reproduire dans un même contexte. L’augmentation de la dopamine en circulation signale au cerveau l’importance d’un évènement ou d’un comportement : c’est un véritable signal d’apprentissage. Toutes les substances addictives agissent sur cette partie du cerveau en modifiant le taux de dopamine.

Addiction Les substances addictives miment l’effet des substances naturelles (neurotransmetteurs) produites par notre organisme et leurrent le cerveau du consommateur. Action plus violente, durée de l’effet plus longue = signal d’apprentissage puissant. Altération des mécanismes cérébraux = difficultés à contrôler les comportements de consommation. Les mécanismes vitaux primordiaux (gestion du plaisir et de la souffrance, gestion des émotions, du contact social, etc.) sont altérés. Modification des interactions complexes au niveau neurobiologique, génétique, environnementale, etc.

L’addiction En résumé, l’addiction, se caractérise par : L’impossibilité répétée de contrôler un comportement La poursuite d’un comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives Un comportement qui vise à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise …ce qui désigne l’addiction, ce n’est pas le produit mais l’utilisation qu’en fait la personne…

La dépendance C’est le résultat d’une tentative d’adaptation du cerveau à l’agression des substances psychotropes (alcool, cannabis, cocaïne, héroïne, etc.). Consommation adaptation tolérance diminution de effet augmentation des doses etc. Toute diminution de l’effet crée un sentiment de mal-être (trouble de sevrage)

Le risque de développer une addiction … augmente lorsque les facteurs de risque (faible estime de soi, incapacité à résoudre des problèmes…) prennent le dessus sur les facteurs de protection. Par exemple : de bonnes relations, la capacité de gérer les conflits, de bons rapports avec les parents, un climat positif en classe, dans le lieu de formation/travail.

Que pouvons-nous faire? Intervention Précoce source: pyramide IP GREA

IP phases I et II Promouvoir un bon climat Maintenir la communication et une bonne relation Etablir des règles claires et les appliquer de manière conséquente Rendre des expériences de réussites possibles pour renforcer l’estime de soi Lorsque des signes sont constatés : parler sans attendre, faire la distinction entre les faits et les conjectures, formuler des attentes concrètes, documenter les anomalies, en parler et chercher de l’aide en cas de nécessité.

IP se distingue par: Le type de la démarche: • Démarche volontaire (mise en réseau) • Compétence en matière d’annonce • Contraintes (droit pénal, autorités tutélaires) Le champ dans lequel elle prend place (Setting): • Espace public (Police, TSHM) • Hôpitaux, urgences, médecins • Ecoles • Travail

Lstup Art 3c : compétence en matière d’annonce pour les troubles liés à l’addiction 1 Les services de l’administration et les professionnels oeuvrant dans les domaines de l’éducation, de l’action sociale, de la santé, de la justice et de la police peuvent annoncer aux institutions de traitement ou aux services d’aide sociale compétents les cas de personnes souffrant de troubles liés à l’addiction ou présentant des risques de troubles, notamment s’il s’agit d’enfants ou de jeunes, lorsque les conditions suivantes sont remplies: a. ils les ont constatés dans l’exercice de leurs fonctions ou de leur activité professionnelle; b. un danger considérable menace la personne concernée, ses proches ou la collectivité; c. ils estiment que des mesures de protection sont indiquées.

Art 3c (suite) 2 Si l’annonce concerne un enfant ou un jeune de moins de 18 ans, son représentant légal en est également informé à moins que des raisons importantes ne s’y opposent. 3 Les cantons désignent les institutions de traitement ou les services d’aide sociale qualifiés, publics ou privés, qui sont compétents pour prendre en charge les personnes annoncées, notamment s’il s’agit d’enfants ou de jeunes en situation de risque. 4 Le personnel des institutions […] n’est pas tenu de témoigner en justice ni de donner des renseignements si les déclarations qu’il pourrait faire concernent la situation de la personne prise en charge ou une infraction visée à l’art. 19a. 5 Les services de l’administration et les professionnels visés àl’al. 1 qui apprennent qu’une personne qui leur est confiée a enfreint l’art. 19a ne sont pas tenus de la dénoncer

Le 3c, en bref Promotion de l’Intervention précoce (IP) pour l’ensemble des troubles liés à l’addiction (y compris alcool, jeux, etc.) Levier pour impliquer un cercle élargi de professionnels dans l’IP Restrictions pour l’annonce (danger considérable, mesure de protections indiquées)

Le 3c, une responsabilité cantonale Les cantons restent souverains. Ils décident de l’offre à mettre en place et du modèle à poursuivre La Confédération n’a pas de base légale pour agir directement (y compris recommandations) …Peut être vu comme une opportunité pour améliorer/légitimer l’existant (≠contrainte)…

Vignette Johann Johann, 17 ans, apprenti de première année employé de commerce. C’est un jeune homme jovial, sociable, motivé par sa formation. Il fait preuve de volonté pour apprendre et comprendre. Il est bien intégré dans sa classe, parfois arrogant avec les professeurs. Sur la place de travail malgré sa bonne volonté et son implication, il lui arrive d’être en retard voire absent sans justification. Il a aussi de la peine à se concentrer et son humeur n’est pas toujours égale, toutefois son enthousiasme est généralement apprécié aussi bien à l’école qu’au travail. Il a de la peine à exprimer ses difficultés d’apprentissage et de compréhension et s’énerve facilement dans ces moments-là. Il coupe court à la discussion et cela peut prendre du temps pour rétablir le dialogue. Il se plaint souvent de maux de tête ou de ventre. Il boit beaucoup de boissons caféinées. Il décrit des relations houleuses avec ses parents. Il semble sortir beaucoup le week-end et dit aimer la fête et se mettre la tête à l’envers. Il fume des cigarettes et semble-t-il du cannabis.