Sujets de devoirs. L’inconscient.
1. L’hypothèse de l’inconscient rend-elle vaine toute aspiration à la liberté ? L’énoncé du sujet remet en question la découverte de Freud. Les progrès de la psychanalyse ont bien montré que l’inconscient ne saurait être considéré comme une hypothèse. -Il a des manifestations dans notre comportement. -La cure analytique a permis d’aider beaucoup de personnes. C’est donc bien la preuve que l’inconscient n’est pas une hypothèse. -Ce n’est pas parce qu’on ne voit toute la lune que ce qui ne nous apparaît pas n’existe pas. L’expression « l’hypothèse de l’inconscient » n’est donc pas valable. De fait, la question n’a plus de sens.
Quant à savoir si, malgré cela, l’inconscient peut nous servir de prétexte à refuser d’œuvrer à être libre, ce n’est pas précisément la question posée. Il s’agit de savoir si notre aspiration à la liberté (à l’exercice de la liberté) est vaine puisque notre inconscient dirige nos actes, nos pensées, nos relations. Nous sommes en quelque sorte soumis à l’empire de « sa majesté le Moi ». Mais, cette fois encore, la question n’a pas de sens puisque l’on n’aspire à être libre que si l’on ne l’est pas.
Et cette force souveraine, comme tout pouvoir coercitif, a certainement ses limites que l’on peut apprendre à dépasser quelquefois. -par l’analyse, la cure analytique, -par l’observation de cas, d’autrui, par exemple, on apprend à mieux se connaître, Mais dépasser certaines limites ne signifie en aucun cas que l’on puisse contrôler la puissance de l’inconscient. Comment contrôler quelque chose qui ne se laisse jamais connaître mais seulement approcher ? C’est sans importance. On ne contrôle pas le mécanisme de l’ordinateur et pourtant, on l’utilise.
De même, les artistes surréalistes utilisent l’inconscient sans le contrôler et ainsi, leur liberté de création est véritablement à l’œuvre. De même, nous mettons de côté la connaissance forcément incertaine de l’inconscient pour chercher à penser et à agir librement par nous-mêmes. Si cela paraît dérisoire, il serait navrant de ne plus agir parce que reconnaître que l’on ne peut être libre, c’est non seulement accepter d’être esclave mais aussi rechercher cet état, vouloir être esclave.
La pierre de la lettre à Schüler est ridicule parce qu’elle n’a pas connaissance de la cause qui la propulse. Nous avons l’intuition de l’inconscient, ce qui nous rend un peu moins ridicules qu’elle. 2. Puis-je invoquer l’inconscient sans ruiner la morale ? Il faut chercher à comprendre la question, son sens, ses enjeux.
L’inconscient est le lieu du refoulement des interdits et en particulier de ceux dictés par la morale (qui peut être celle d’un groupe humain, d’une société ou d’une cellule familiale). Quand on commence à explorer l’inconscient, les désirs les moins moraux apparaissent au grand jour, les pensées les plus honteuses se font jour, et l’être humain, dans ce grand dévoilement de désirs secrets, apparaît le plus nu, le plus faible. Il est nu parce qu’il n’a plus cette morale qui l’habille, qui le couvre, chaque jour, dans la vie quotidienne. La morale est une valeur humaine qui n’a de sens que dans la conscience de soi, de ses actes, de ses pensées. L’inconscient est, bien au contraire, un lieu des plus sauvages.
a. La morale relève du langage, de la conscience de soi, de notre souci d’autrui. L’inconscient n’a pas un langage clair, pensé. Il est le lieu d’interdits moraux et sociaux refoulés. Morale et inconscient sont deux mondes très différents, presque antagonistes. L’inconscient nous révèle que les interdits moraux ne sont pas naturels à l’homme. Anneau de Gysès.
b. La morale n’est donc nullement ruinée par l’inconscient b. La morale n’est donc nullement ruinée par l’inconscient. Elle n’y a tout simplement aucune place, aucun lieu. Invoquer l’inconscient, c’est l’appeler à l’aide. Dans quel but ? de vivre mieux, donc de pouvoir vivre en bonne intelligence avec autrui, et, de fait, de respecter des codes moraux.
Que peut-on demander à l’inconscient. En quoi pouvons-nous l’invoquer Que peut-on demander à l’inconscient ? En quoi pouvons-nous l’invoquer ? Nous cherchons à voir clair en nous-mêmes. L’être qui surgit, qui se montre dans la cure, semble parfois sauvage, n’avoir aucune morale mais il est symbolique et ses actes sont symboliques. Il représente nos pulsions, nos désirs, nos angoisses. Le moi essaie de composer avec lui et avec le surmoi, siège de l’intériorisation des interdits. Dès lors, l’être crée un moi idéal, parfait, auquel on souhaite ressembler. Et ce moi nouveau ne peut être parfait que s’il est pur, débarrassé des problèmes, des pensées honteuses. L’idéal du moi est nécessairement moral et libre, c’est-à-dire que sa morale est naturelle, non pas imposée par des codes culturels ou religieux mais bien son œuvre, une morale en acte.