Le désir d’autrui

Si nous sommes avant tout des êtres de désir, nous avons compris, grâce à Spinoza, que nous devons chercher à découvrir, déterminer ce qui nous pousse à agir puisque nous ne pouvons être libres si nous sommes ignorants de la cause de nos actes. Nos besoins peuvent être naturels (aimer, être aimé) ou artificiels.

1. Les besoins artificiels suscitent notre désir Nous vivons dans une société. Le regard d’autrui nous influence. Nous nous projetons dans l’avenir en fonction de ce que nos amis, notre famille, pensent de nous. Nous désirons ressembler à un être idéal qui serait reconnu, aimé, admiré par nos proches. Cet être idéal est artificiel mais indispensable. Cet artifice, ce vernis, sont des marques d’appartenance à un groupe.

2. Nous recherchons le désir d’autrui Si nous désirons être désirés par autrui, nous recherchons aussi ses désirs. Nous souhaitons obtenir ce qu’il a désiré et obtenu, seulement parce qu’il le possède. La société de consommation développe une industrie de facticité et d’éphémère absolument inutile et attirante : les parfums, les objets, accessoires, vêtements de luxe, smartphones, etc. Ce que nous recherchons est encore le regard d’autrui, mais aussi ses rêves, ses aspirations, son être et ce qui le fonde, c’est-à-dire son désir.

Beaucoup de personnes travaillent sur ce que nous pourrons désirer en fonction des changements de la mode, de notre vision du monde. L’industrie étudie les comportements humains pour créer des désirs différents, nouveaux. Nous sommes peut-être portés à désirer ce qu’autrui désire. Le désir, selon René Girard est mimétique. Ce que le plus grand nombre désire devient ce que nous désirons.

3. La conscience de soi pour autrui. Notre conscience de nous-mêmes n’est rien d’autre que celle que nous pouvons avoir en fonction d’autrui puisqu’elle ne se constitue que par son instance. C’est par l’intermédiaire d’autrui que notre conscience s’affine. Nous souhaitons qu’il nous reconnaisse, nous considère. L’amour-propre n’existe pas sans autrui. Pour Rousseau, il n’y a apparition du désir que dans la société civile. A l’état de nature, l’homme n’a que des besoins.

4. La négation du désir d’autrui Les interdits génèrent des désirs. Barbe-Bleue, Adam et Eve. La mise à l‘écart de l’objet du désir le rend encore plus désirable pour finalement l’interdire. Et les désirs génèrent des conflits. Les guerres de conquêtes Les guerres de religion manifestent le refus du désir d’autrui, sa négation. On refuse à autrui le droit de désirer, d’aimer, de reconnaître et d’honorer qui il veut. Ne pouvant le contraindre par la force, on le supprime.

5. Le désir d’autrui Quand autrui est lui-même objet de désir, la situation n’est pas très simple : On souhaite posséder son corps, son être, et en même temps, on voudrait orienter ses désirs, et donc influencer sa liberté. Ce n’est pas parce que c’est impossible qu’on le recherche moins.