Cannabis: drogue douce? Docteur Degani BANZULU – UNIKIN Kinshasa 2015

Définition légale : Les termes drogue licite et drogue illicite =selon les diverses législations sur les psychotropes. Une drogue illicite est une drogue dont la consommation et la vente sont interdites par la loi d'un pays. Le caractère illicite de certaines drogues varie d'une législation (et donc d'un pays) à l'autre. Le cannabis, illicite en France mais autorisé sous réglementation stricte à la vente et à la consommation aux Pays-Bas. Distinction valable pour les substances psychotropes consommées dans un but non-thérapeutique et susceptible d'induire une dépendance en les différenciant sur leur statut légal. Les drogues licites = les substances psychotropes dont la consommation et la vente ne sont pas interdites par la loi d'un pays. Comme l'alcool, le tabac, le café, les médicaments psychotropes ou les solvants organiques sont désignés. Cette distinction ne saurait induire en aucune manière une distinction de fait entre « drogue dangereuse » (et/ou potentiellement létale) et « drogue inoffensive » (et/ou non potentiellement létale). En d'autres termes, une drogue licite peut être tout aussi dangereuse (ou pas) qu'une drogue illicite.

Définition médicale de « drogues douces » : Peu d’effet renforçant dans des modèles animaux Peut être consommée longtemps sans induire d’assuétude Dépendance physique peu marquée Peu toxique en usage aigu (peu d’overdose) Peu toxique sur le long terme

C’est quoi le cannabis? Sous forme d’herbe,- artisanale ou sous forme de résine Principe actif =THC (8 à 10%, si >25%=hyperdosé) Les effets recherchés : Euphorie Relaxation Facilitation de la communication Perception particulière de la musique Augmentation de l’appétit Induction du sommeil

La consommation de cannabis, drogue douce? Ou doit-on parler de consommation douce ou dure des drogues?

Chez l’adolescent : Trois situations sont considérées comme à risque : l’initiation aux rapports sexuels, la consommation de drogues et alcool, et la dépression (étude dans 53 pays)

Nette augmentation de la consommation de ces substances, le cannabis étant la première dans la liste. Effets nocifs parfois sous-estimés, méconnus et ignorés par ces jeunes consommateurs. Les risques de la consommation des substances psychoactives augmentent avec le plus jeune âge (pour un âge inférieur ou égal à 14ans) Les risques augmentent lorsque l’utilisation de cannabis dévient régulière, c’est-à-dire hebdomadaire voire journalière

La dépendance au cannabis : un phénomène sous-estimé chez les jeunes ? En outre, quand on emploie du cannabis si tôt on augmente le risque de ne plus pouvoir s’en passer. Même si la dépendance au cannabis est souvent un phénomène sous-estimé Les jeunes qui essayent d’arrêter peuvent reporter des symptômes dus au manque, problèmes rencontrés chez 80% des garçons et 60% des filles. Avec le risque accru de développer une dépendance, les jeunes adolescents qui utilisent le cannabis plusieurs fois par semaine, augmentent aussi la probabilité d’utiliser un jour d’autres drogues et de développer des psychoses

Le cannabis pourrait être une porte d’entrée pour les autres drogues ? Pourquoi la consommation de cannabis chez les jeunes ouvre-t-elle la porte à l’utilisation d’autres drogues telle la cocaïne ou l’héroïne ? Il existe des explications d’ordre pratique et logistique : les gens et les endroits où les jeunes se procurent le cannabis peuvent parfois être tout simplement les mêmes qui proposent des drogues plus lourdes. Mais certaines hypothèses suggèrent aussi l’existence d’un mécanisme neurobiologique qui encourage la prise d’autres substances psychotropes, une fois commencé avec le cannabis. Des expériences chez les animaux montrent une relation de causalité entre le cannabis et le désir d’autres drogues. Toutes ces substances agissent sur les mêmes centres cérébraux, ceux qui donnent une sensation agréable de récompense. Il est ainsi probable qu’une fois stimulé par le cannabis, le cerveau en demande encore. L’utilisation d’autres stupéfiants, qui activent les mêmes zones cérébrales, met ainsi en route une boucle périlleuse qui en demande toujours plus. = mécanisme de sensibilisation comportementale croisée

Le cannabis pourrait-il augmenter le risque de psychose chez les jeunes ? Le cerveau à l’adolescence est encore jeune et en pleine transformation. L’utilisation de psychotropes peut donc induire des altérations importantes sur la maturation de cet organe. Une des psychoses qui est le plus fréquemment mise en relation avec le cannabis est la schizophrénie. En effet, on trouve un nombre important de personnes atteintes de cette maladie qui en consomme. On peut avoir : Des réactions psychotiques aigues Un état amotivationnel (chronique) Psychose chronique induite par le cannabis? (direction causale claire?)

Cannabis – schizophrénie : La consommation de cannabis augmente le risque relatif de schizophrénie de 1,5 pour une consommation de 1 à 10 fois et de 2,3 pour une consommation de plus de 10 fois L’interaction Cannabis-Consommation à l’adolescence et Présence de la forme de l’enzyme COMT à mutation Valine/Valine en position 158 augmente le risque de schizophrénie Le cannabis augmente le risque de schizophrénie : dose-dépendant, âge-dépendant et gène-dépendant Le cannabis, un des stresseurs qui favorise le déclenchement de la schizophrénie? Sur l’évolution de la schizophrénie : le cannabis a un effet négatif : plus de symptômes positifs, plus de rechutes, plus de réhospitalisations, résistance au traitement

Impact du cannabis dans l’échec scolaire : Via ses effets immédiats et chroniques sur le système nerveux : psychoses, altérations des capacités de mémorisation, d’attention et d’apprentissage? Via un contexte multifactoriel favorisant l’échec scolaire? Conséquence de l’échec scolaire? Les deux problématiques comme conséquence d’autres problèmes comportementaux ou familiaux?

Impact sur la vie sociale Entrée douloureuse et difficile dans l’âge adulte. Expériences sexuelles précoces et douloureuses  mariages immatures et voués à l’échec ou à des grossesses inattendues. Dangers pour leur fœtus, car les jeunes filles n’arrêtent pas de fumer. Difficultés à trouver un emploi, Relations de plus en plus compliquées avec les parents  parfois fugue de la maison. Augmentation de la criminalité?

Ainsi, parfois cause, parfois conséquence, parfois simplement cofacteur, la consommation de cannabis est associée à plusieurs problèmes dans le développement psychosocial des adolescents. Toutefois, sa dangerosité est un paramètre variable et difficilement quantifiable qui dépend, en grande partie, du contexte social ainsi que de l’histoire personnelle de chaque jeune utilisateur