Pour apprécier une œuvre d’art, faut-il être cultivé?
1. Une œuvre d’art relève souvent de la culture d’un pays a. Elle transmet quelquefois un message, et, pour ce faire, utilise un système de signes propre à une culture. -on a donc besoin des référents de cette culture (histoire, religion, politique, philosophie, etc.) pour penser l’œuvre, l’approcher.
Les Noces de Cana - Paolo Véronèse (1563)
Véronèse Les Noces de Cana Le Radeau de la Méduse 1819 de Théodore Géricault La Liberté guidant le peuple 1830 d’Eugène Delacroix On voit que l’œuvre d’art peut aussi interroger une époque, une société : « Observez-vous ! » « Regardez qui vous êtes ! »
Ou encore proposer une direction, un mouvement, une réponse à l’interrogation: « Il y a une solution. Elle est dans l’être humain lui-même, dans sa nature qui peut le pousser à changer, à évoluer, à rechercher la liberté. b. Elle est un rappel du passé.
Au rendez-vous des amis. Max Ernst, 1922
Elle nous permet de le mieux connaître: vêtements, coutumes, loisirs, artisanat, -Les Très riches heures du duc de Berry 1410-1486, commandé par Jean Ier de Berry aux frères Paul, Jean et Herman de Limbourg, terminé par Jean Colombe pour le compte du duc de Savoie. Ainsi, si nous ne sommes pas très cultivés, l’œuvre d’art est une invitation à développer notre culture.
2. Mais sans ces référents, peut-on, malgré tout, apprécier l’œuvre? a. une œuvre musicale. Elle peut nous émouvoir. Nous avons l’impression qu’elle traduit quelquefois les mouvements de notre âme. Elle est donc un langage universel. b. Il en est de même de beaucoup d’autres œuvres. -les paysages de Raoul Dufy, Visite de l’escadre anglaise au havre
Visite de l’escadre anglaise au Havre. Raoul Dufy
Routes transversales et routes parallèles. Paul Klee
Paul Klee ouvre son œuvre à tous, avec ou sans connaissances culturelles précises. Il peint toutes sortes de personnages, des animaux par exemple, que souvent les enfants reconnaissent avant les adultes. c. une fois l’œuvre créée, exposée, interprétée, elle n’appartient plus à son auteur. Elle dépend de son public. Or, il n’y a pas de public privilégié pour l‘œuvre qui échappe au temps : les jugements de valeur diffèrent selon les époques mais aussi selon les hommes pour une même époque. Une chose n’est pas belle en soi, c’est l’être du spectateur qui en fait ou non un objet beau ou désirable. La perception d’un objet n’est pas identique pour tous.
3. apprécier une œuvre ne veut pas forcément dire la juger, c’est en reconnaître le prix, la valeur, mais aussi porter, à son sujet, un jugement favorable. a. L’œuvre d’art échappe au temps, elle est éternelle. Et, ainsi, elle échappe aux critiques d’une époque. Les impressionnistes sont appréciés (aimés, reconnus) après leur mort. Les romantiques ne sont plus de méchants révolutionnaires au XXIème siècle. L’œuvre est quelquefois appréciée bien après la vie de son auteur (Van Gogh). Cela veut-il dire que l’on est plus ou moins cultivé selon les époques ?
b. Certaines œuvres ne sont pas faites pour être appréciées mais pour interroger, choquer, ou remettre en question Duane Hanson : les sans abris, la pauvreté, la guerre du Viet Nâm, les femmes battues, c. Le sujet de la dissertation suppose que l’on doive apprécier une œuvre d’art mais ce n’est pas forcément ce que recherche l’artiste. En ce sens, que l’on soit ou non cultivé importe peu.