Les troubles des apprentissages Marie-Pierre VERNIER-HAUVETTE C.R.T.L.A. - C.H.U. Amiens
Quelques précisions Echec scolaire : 16 à 24% des enfants en Europe (étude de «European Association for Special Education ») 3 catégories selon l’origine principale des difficultés : Ceux dont l’essentiel des troubles d’apprentissage provient d’une déficience avérée (sensorielle, motrice, mentale), d’un traumatisme, d’un TED : soit 2 à 3 % de la population scolaire Ceux qui présentent des « troubles spécifiques des apprentissages » selon le DSM IV et où l’on trouve dyslexies, dysorthographies… : soit 4 à 6 % de la population scolaire Ceux qui sont d’origine culturelle, sociale, économique, pédagogique et/ou psychologique : soit 10 à 15 % de la population scolaire Marie-Pierre Vernier-Hauvette - Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages – CHU d’Amiens
Troubles spécifiques des apprentissages Déficit d’une ou d’un groupe limité de fonctions cognitives Origine supposée développementale Considérés comme « primaires » càd : Indépendants de l’environnement socio-culturel Critères d’exclusion Causes psychogènes, éducatives, sociales pas de déficience mentale pas de déficit sensoriels en lien direct avec une pathologie neurologique Marie-Pierre Vernier-Hauvette - Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages – CHU d’Amiens
Troubles spécifiques des apprentissages Troubles spécifiques du langage : Oral: retard de langage fonctionnel, retard de langage structurel :dysphasie Ecrit: dyslexie, dysorthographie Troubles spécifiques non verbaux Dyscalculie Trouble déficitaire d’attention Trouble d’Acquisition de la Coordination ou Dyspraxie développementale
Le T.A.C. plus en détail … Praxies : Réfèrent à la coordination volontaire des mouvements orientés vers un but (mettre ses chaussettes, tracer des lettres…) Supposent une gestion complexe de nombreux mouvements élémentaires ayant chacun une composante spatiale et temporelle Sont le fruit d’un long apprentissage nécessitant entraînement et répétition. De cet apprentissage va résulter l’élaboration d’un programme moteur : Une fois élaboré, il permettra, à partir de la simple évocation du projet du geste, une réalisation gestuelle automatisée, harmonieuse et efficace (i.e., effectuée sans contrôle volontaire de la part du sujet). Les praxies sont obligatoirement apprises et, une fois acquises, elles ne s’oublient pas (e.g.: le vélo) même si le niveau de compétence dépend de l’entraînement.
Elaboration et développement des praxies L’élaboration des praxies s’appuie sur : Informations externes : La vision Le toucher L’audition Sensations internes : Kinesthésiques : afférences motrices permettant le déplacement dans l’espace Proprioceptives : afférences sensorielles en provenance des articulations qui informent sur la position des membres dans l’espace Vestibulaires : afférences provenant des canaux semi-circulaires de l’oreille interne donnant des informations sur l’équilibre postural au cours du mouvement Nécessité d’une bonne intégration sensorielle Praxies matures vers 11-12 ans
Quelques points de repères (1) Développement des praxies constructives : 3 ans : fait un petit pont avec 3 cubes, peut encastrer par ordre de grandeur 5 ans : fait une pyramide de 6 cubes Développement du graphisme : 3 ans : dessine un rond, une croix, dessine un bonhomme têtard 4 ans : dessine un carré 5 ans : dessine un triangle, écrit son prénom, commence à recopier 7 ans : dessine un losange 12 ans : dessine un cube
Quelques points de repères (2) Développement des repères topologiques : 3 ans : connaît devant-derrière, dessus-dessous, grand-petit 6 ans : respecte le sens des flèches 9 ans : accède à des notions de perspectives comme le cube en 3 dimensions Développement des repères corporels : 3 ans : dessine un bonhomme têtard 6 ans : Commence à se latéraliser, nomme les doigts de la main 7 ans : est latéralisé
Dyspraxies Trouble de l’acquisition et de la gestion des gestes volontaires, finalisés. Les praxies s’élaborent mal et il en résulte des difficultés dans la réalisation des gestes pour lesquels l’enfant doit mettre en œuvre des stratégies volontaires, contrôlées, et effectuer une succession de mouvements séquentiels Réalisation lente, malhabile et très coûteuse en ressources attentionnelles Le trouble praxique s’accompagne le plus souvent de troubles de l’organisation spatiale : Dyspraxie visuospatiale
Causes des dyspraxies Dyspraxies idiopathiques = dyspraxie développementale = TAC: S’observe en dehors de tout antécédent pathologique Trouble spécifique de l’apprentissage : évoqué pour des enfants qui ne construisent pas normalement leurs fonctions praxiques alors que les autres fonctions cérébrales sont normales Concernerait 5 à 6 % des enfants d’âge scolaire ATTENTION : Dyspraxies symptomatiques : Suppose la présence de lésions cérébrales plus ou moins localisées
Critères diagnostiques des TAC Absence de troubles neuromoteurs ou neuromusculaires Absence de déficits sensoriels Absence de déficience intellectuelle globale Absence de trouble envahissant du développement Présence de déficit de la coordination motrice et de la motricité fine
Quels signaux d’alarme ? Signes neurologiques discrets, presque toujours présents (trouble du tonus, syncinésies) Maladresse gestuelle Lenteur dans les réalisations Peu d’intérêt pour les puzzles et les jeux de construction Retard dans les acquisitions des gestes de la vie quotidienne (manger, s’habiller) Retard graphique, difficulté d’utilisation des outils et du matériel pédagogique Difficultés de repérage temporo-spatial, difficultés de latéralisation Contraste avec un langage normal et une communication normale
Incidence sur la vie affective Passivité dans les situations nouvelles : manque de débrouillardise, craintes Image de paresseux, d’incompétent Sentiment d’insécurité secondaire à l’attitude surprotectrice de l’entourage : dépendance accrue envers l’adulte Recherche de relations avec les plus jeunes Perte ou diminution de l’estime de soi Repli sur soi
Evaluation Globale : A la recherche d’une dissociation entre capacités verbales et non verbales Plus spécifique : Habiletés motrices manuelles et digitales (imitation de position de mains, encastrement de chevilles…) Traitement perceptif et visuo-spatial (reconnaissance de formes dégradées ou de figures enchevêtrées, jugement d’orientation de lignes …) Praxies visuo-constructives (Copie de formes géométriques complexes, constructions diverses, puzzles) Mémoires visuo-motrice et visuo-spatiale (reproduction de mouvements de mains, mémorisation de positions spatiales) Attention visuelle (barrages)
Illustrations Productions de Yannick : 7 ans, 9 mois Illustrations Vidéos : Cas d’Antoine (5 ans) et de Julie (8 ans)
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Quelles prises en charge? Psychomotricité : Rééducation de la motricité globale et fine Travail sur le schéma corporel Travail sur l’orientation temporelle et spatiale… Ergothérapie : Adaptation du matériel Apprentissage du clavier… Orthoptie : Rééducation du balayage visuel, de la poursuite oculaire… Orthophonie : renforcement des performances académiques Travail sur la lecture, l’orthographe Travail sur le raisonnement logicomathématiques… Psychologique : Travail sur l’estime de soi Travail sur le rapport aux autres …
Et surtout Aménagements pédagogiques Informations claires aux parents, mais aussi à tout l’entourage de l’enfant et à l’enfant lui-même pour qu’il retrouve une image positive de lui-même !