Cicéron Vème partie
La raison de la loi naturelle est difficile à établir. Les philosophes évoquent souvent « la » raison et en font d’une certaine manière, un être à part. Plus Cicéron répète cette idée et plus celle-ci nous semble fragile. La raison n’existe pas, seules les raisons des hommes s’affirment et leur nombre vient infirmer la vérité de la formule de Cicéron : « La droite raison est effectivement la loi vraie, elle est conforme à la nature, répandue chez tous les êtres raisonnables, ferme, éternelle. »
Cette affirmation est plus un idéal qu’un principe. Son erreur vient de sa formulation au singulier : il y a autant de droites raisons que de natures humaines. Mais Cicéron entend plutôt sous l’acception de « nature », la nature universelle, que, bien entendu, nous pouvons difficilement connaître. Cicéron pense que ce n’est pas le cas et qu’elle nous est accessible aussi bien qu’aux dieux.
« La vertu est la même dans l'homme et dans Dieu, et elle n'est dans aucun autre esprit. Or, la vertu n'est pas autre chose que la nature perfectionnée en elle-même, et conduite à son dernier terme. Il y a donc une ressemblance de l'homme avec Dieu; et s'il en est ainsi, quelle parenté plus étroite et plus certaine? » Cicéron n’explique pas en quoi la raison, qui se conforme à la nature, peut s’envisager comme un critère de vérité
« Il n'y a point d'homme d'une nation quelconque qui, ayant une fois pris la nature pour guide, ne puisse parvenir à la vertu.» La nature, selon Cicéron nous serait naturellement accessible. Elle est ainsi donnée comme réalité et non comme projet de l’être qui doit œuvrer à la constituer, la construire ou la découvrir. Cicéron n’a pas conscience de ce que le droit naturel peut avoir de subjectif. Par là- même sa définition est variable, donc fausse
Puisque c’est de droit qu’il s’agit, il est nécessaire d’envisager des lois qui puissent être reconnues par tous, discutées, énoncées, votées. Or, nous sommes déjà dans le droit positif.