Qu’est-ce que l’innovation ? L’innovation est le fait de passer d’un ensemble d’idées et de connaissances à la mise sur le marché d’un nouveau produit, d’un nouveau service ou un nouveau procédé au sens large du terme (procédé de fabrication, méthode, organisation…) Durant ce processus d’innovation, il peut y avoir invention ou découverte c’est à dire production de connaissances nouvelles, mais ce n’est pas obligatoire : on peut innover à partir de connaissances et technologies existantes. De même, une invention ou une découverte peut très bien ne jamais donner lieu à innovation ou simplement des années plus tard.
Ce qu’il faut bien retenir : L’innovation (pour l’entreprise) a par définition un point d’aboutissement sous forme de réalité économique. L’invention et la découverte ne constituent pas des innovations en tant que telles et ne conduisent pas automatiquement à des innovations. Par contre il est clair que plus la somme de connaissances et detechnologies disponibles est importante, plus nombreuses sont les opportunités d’innovations potentielles qui en découlent. L’invention et la découverte sont contributives mais ni nécessaires ni suffisantes à l’innovation
Quelles sont les motivations pour l’innovation ? La motivation finale est économique, elle consiste à accroître son pouvoir sur le marché par une partie ou la totalité des moyens suivants : Proposer des produits et services Produire dans de meilleures que les concurrents conditions économiques les ne savent pas proposer (*) produits ou services Toucher des clients ou segments de marché nouveaux (*) Produits ou services différents ou similaires mais avec un meilleur niveau de performance et de qualité perçue.
Pourquoi et quand a-t-on besoin d’innover ? Le seul cas, extrêmement théorique, dans lequel une entreprise pourrait se dispenser d’innover tout en garantissant sa survie à long terme combinerait les facteurs suivants: Une position de monopole dont la pérennité serait garantie. Une demande qui n’évoluerait pas qualitativement et ne diminuerait pas quantitativement. Un contexte économique où le coût et la disponibilité des facteurs de production seraient stables et garantis sur le long terme. Un environnement réglementaire figé Donc en pratique sur le long terme quasiment toute entreprise a besoin d’innover. Mais ce besoin est plus ou moins aigu et prend des formes différentes selon les secteurs d’activité, les périodes et la situation particulière de l’entreprise
Une seule certitude: cela va d’abord coûter Ne pas innover c’est : Innover, c’est structurellement faire un acte de nature entrepreneuriale, par opposition à gérer le quotidien : Innover c’est : Mobiliser des ressources aujourd’hui Pour mettre au point demain Qui rapporteront après (compétences,moyens techniques, (on espère) de nouveaux demain (on espère), du CA, moyens financiers…) produits, procédés, services… des parts de marché, de la productivité… Une seule certitude: cela va d’abord coûter Ne pas innover c’est : Continuer à faire ce que l’on fait En adaptant simplement Laquelle demande finit par se aujourd’hui comme on le fait quantitativement l’activité décaler à terme (nouveaux besoins aujourd’hui… et les moyens à la demande impacts de produits ou services concurrents…) Une seule incertitude: combien de temps pourra-t-on encore tenir ?
L’acte d’innovation s’apparente donc à un investissement avec risque : C’est un investissement: –Parce que l’on doit d’abord engager des ressources… –…dans l’espoir d’obtenir ultérieurement des gains relatifs plus ou moins élevés et plus ou moins pérennes. Il comporte un risque, pour deux raisons principales : 1. On n’a encore jamais fait et ceci induit des incertitudes à la fois sur les ressources à engager, la durée du processus et l’appréciation des gains escomptés. 2. Le processus prend un certain temps et pendant cette durée, des facteurs externes au processus d’innovation lui même peuvent évoluer défavorablement et compromettre son déroulement et/ou réduire les perspectives de gain.
La logique de l’innovation est celle d’un investissement avec risque : L’effort d’innovation entraine des dépenses et des incertitudes sur: Le coût final La durée finale La réussite technique. L’effort d’innovation procure une espérance de gains mais aussi des incertitudes sur: La valeur / réponse du marché. La durée / pérennité La date
Les missions de base de la fonction R&D : Prendre en charge l’effort de Veille et de réflexion Prospective, dans les domaines couverts par ses compétences (i.e généralement les domaines scientifiques et techniques). Contribuer à l’amont du processus d’innovation c’est à dire à la génération d’idées, en collaboration avec le marketing, la production et les autres fonctions. Acquérir et/ou développer les connaissances et technologies qui sont nécessaires pour l’innovation (produits, services, procédés) : Recherche appliquée et par exception recherche de base.
Les missions de base de la fonction R&D (suite) Contribuer dans ses domaines de compétences au Développement des produits, services, procédés nouveaux et à l’amélioration de ceux existants. Soutenir l’activité opérationnelle quotidienne (production, commercial…) par mise à disposition d’expertises ou de moyens techniques non disponibles dans les services opérationnels (Assistance Technique et Commerciale)
Vocabulaire et notions clés sur l’innovation et la R&D Le processus d’innovation est susceptible de comporter les activités de type suivant : Recherche de base Recherche appliquée Développement Déploiement Assistance technique Ces cinq types d’activités ne sont pas tous nécessairement présents et leur enchaînement est rarement purement séquentiel, même s’il l’est globalement.
La recherche de base (ou fondamentale) : La recherche de base a pour but premier la production de connaissances nouvelles (par découverte ou invention). La recherche de base est majoritairement réalisée par les universités et organismes publics, plus rarement par les entreprises seules, sauf sur des domaines jugés stratégiques et qui seraient mal couverts par la recherche publique. Ce type de recherche accroît le «stock» de connaissances et technologies disponibles, qui pourront être utilisées pour des innovations mais les projets de recherche de base sont rarement lancés en vue d’une application précise identifiée et décidée à l’avance.
La recherche appliquée : Ce type de recherche est dite finalisée c’est-à-dire que les projets sont lancés dès le départ avec un objectif précis ( = une finalité) : –Ex: mettre au point un nouveau matériau ayant telles caractéristiques, une nouvelle molécule ayant telle propriété, un nouveau procédé de collage, … Cette recherche est le plus souvent conduite par les entreprises qui cherchent alors à en protéger les résultats par le secret ou le brevet, en raison de leur caractère assez directement valorisable. Les résultats sont destinés à s’intégrer dans un ou plusieurs projets d’innovation qui sont connus (ou dont le type est connu), mais pas nécessairement déjà lancés lorsque l’on lance la recherche.
Le développement Il s’agit de réaliser des projets répondant à une demande ou un objectif bien précis (nouveau produit, amélioration d’un procédé…). Dans l’industrie de production de masse, on considère que le développement s’arrête lorsque l’on a validé un prototype et les moyens nécessaires pour le produire en série. Les projets de développement sont par essence des projets transverses dans lesquels le rôle de la R&D peut varier grandement selon les phases.
Le déploiement Il s’agit de diffuser les résultats de la phase de développement sur l’ensemble des sites qui auront à fabriquer le produit concerné ou à intégrer le nouveau procédé développé. En général, la R&D n’est pas leader sur les phases de déploiement mais sa contribution reste nécessaire : –Par exemple pour adapter finement les paramètres d’un procédé nouveau aux spécificités d’une usine donnée… –Pour assurer un transfert de compétences avec les futurs exploitants –Etc.
L’assistance technique : Ce terme général recouvre les interventions d’appui et d’expertise effectuées par la R&D, à la demande d’autres fonctions (production et commercial typiquement) ou de clients. Dans certains secteurs, l’A.T peut représenter une part non négligeable des activités d’une équipe de R&D (plus de 20%). Comme les prestations d’A.T. sont souvent réalisées en réponse à des sollicitations externes, elles sont peu planifiables à l’avance et finissent par perturber le fonctionnement global des équipes R&D. Leur grande vertu est de maintenir un contact entre la R&D et le quotidien opérationnel de la production, du commercial et des clients.
Dans l’industrie de masse, il est fréquent de segmenter la R&D en R&D «produit» et «process» : R&D «produit» : efforts visant à développer des produits nouveaux ou améliorer des produits existants (par extension, recouvre aussi le développement de services). Effets directs visibles par les clients Objectifs souvent offensifs R&D «process» : efforts focalisés sur l’amélioration des procédés industriels de fabrication et par extension tous les processus et méthodes mis en oeuvre dans l’entreprise. surtout par l’entreprise Objectifs offensifs ou défensifs
Une autre segmentation fréquemment utilisée : Offensif / Défensif R&D offensive R&D défensive Effort de R&D qui vise à améliorer Effort de R&D qui vise à préserver la position concurrentielle de les postions existantes dans un contexte l’entreprise. concurrentiel qui se durcit, ou à s’adapter à une nouvelle contrainte réglementaire par exemple. Les gains sont des gains absolus Les gains sont des gains relatifs « par par rapport à la situation actuelle à la situation où on ne ferait pas le (donc de la vraie création de valeur) projet » mais pas forcément des gains absolus (cela peut être des « non-pertes » des « moindres-pertes »)
Radical / Incrémental : Cette segmentation classique consiste à distinguer les innovations de rupture des simples améliorations ou combinaisons différentes de technologies existantes. Comme pour «offensif / défensif», une part non négligeable des projets se laisse classer aisément selon ce critère mais certains résistent et il faut alors être plus fin dans la segmentation. Le principal point faible de cette segmentation est de ne pas préciser si l’on se place du côté du fournisseur ou du client. Une innovation peut être une rupture vue du fournisseur et rester invisible pour le client. Réciproquement un produit peut être «révolutionnaire» pour le client tout en demeurant fabriqué avec des technologies parfaitement classiques et maîtrisées.
La notion générique / spécifique : L’idée de départ : –Certains projets R&D ne valent «que par eux mêmes» et n’auront pas ou peu de retombées indirectes. Par exemple un produit très particulier développé spécialement à la demande d’un client précis aura peu de chances de pouvoir être vendu à un autre. Les technologies et process développés spécifiquement à cette occasion ne seront pas ou peu réutilisables. Ces projets sont dits «spécifiques». –D’autres projets R&D vont produire des résultats réutilisables, par exemple un composant ou sous ensemble qui pourra être intégré dans plusieurs types de produits finaux différents, ou une technologie d’assemblage qui pourra servir pour plusieurs types de produits. Ces projets sont dits «génériques». Il est intéressant de distinguer générique / spécifique : –Les efforts de R&D se rentabilisent a priori plus rapidement lorsqu’ils sont au moins en partie génériques.
Deux tendances lourdes et durables affectent le processus d’innovation depuis plusieurs années : Élargissement du champ de l’innovation. Complexification et ouverture sur l’extérieur du processus d’innovation.
1) L’élargissement du champ de l’innovation : Innovation «Produit» et «Procédés» deviennent de plus en plus interdépendantes. Ceci remet un peu en cause la segmentation traditionnelle des activités de R&D mais surtout cela suppose des logiques de collaboration beaucoup plus intégrées entre hommes «produits» et hommes «procédés».
L’effort d’innovation s’étend du produit vers le service, du contenu technique vers le concept, de la fonction vers l’usage. Contenu Concept Fonction Usage Technique Produit Services Contenu technique, produit et fonction font partie du vocabulaire traditionnel des ingénieurs. Concepts, services et usages sont des notions qui empruntent à la fois au marketing et à la sociologie.
2) Complexification et ouverture croissante sur l’extérieur du processus d’innovation : Le processus d’innovation est de moins en moins le monopole d’une seule fonction particulière comme la R&D ou le Marketing Le processus d’innovation implique de plus en plus souvent et de plus en plus fortement des acteurs externes: fournisseurs, clients, laboratoires, parfois même concurrents… Passage à une logique de «réseau» ouvert sur l’extérieur. Le processus n’a pas de centre ou de leader naturel incontournable L’étincelle peut venir de chaque nœud du réseau, interne ou externe