Leçon 11 Religion et spiritualité: la religion en mouvement.

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Leçon 11 Religion et spiritualité: la religion en mouvement

1 e partie: Protestantisme et catholicisme

Références principales Donegani J.-M. (1993), La liberté de choisir: pluralisme religieux et pluralisme politique dans le catholocisisme français contemporain, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques. Campiche R. (dir.) (1997), Cultures jeunes et religions en Europe, Paris, Cerf.

Une vision ‘transversale’ sur les religions Cannon, Dale (1996), Six ways of being religious: a framework for comparative studies of religion, Belmont, Cal.: Wadsworth Publishing Company. ChristianismeIslamBouddhismeEtc. Ritualisme Emotionalité Intellectualisme Etc.

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes AA BB Modèles intégralistes CC DD EE Modèles intermédiaires FF GG

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes (foi min.)  A (individualisme min.)  B (individualisme max.) Modèles intégralistes (foi max.)  C (individualisme min.)  D  E (individualisme max.) Modèles intermédiaires  F (individualisme min.)  G (individualisme max.)

Modèle C (intégraliste) Le moi s’inscrit dans une histoire collective Cette histoire à forger appelle un engagement personnel

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est  B : ‘Etre catholique, c’est Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est  E : ‘Etre catholique, c’est Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est  G : ‘Etre catholique, c’est

Modèle D (intégraliste) Acquiescement Préoccupation de son propre salut Rôle fondamental de la famille

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est  B : ‘Etre catholique, c’est Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’  E : ‘Etre catholique, c’est Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est  G : ‘Etre catholique, c’est

Modèle E (intégraliste) Choix  (Héritage) Continuité entre sacré et quotidien

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est  B : ‘Etre catholique, c’est Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est  G : ‘Etre catholique, c’est

Modèle A (marginaliste) Le poids de l’évidence Vie communautaire et partage

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’  B : ‘Etre catholique, c’est Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est  G : ‘Etre catholique, c’est

Modèle B (marginaliste) La religion comme système culturel Un individualisme marqué

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’  B : ‘Etre catholique, je ne crois pas que ça ait beaucoup d’importance’ Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est  G : ‘Etre catholique, c’est

Modèle F (intermédiaire) Le catholicisme comme question Une religion perçue comme ‘infantile’ Isolement par rapport à la religion organisée

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’  B : ‘Etre catholique, je ne crois pas que ça ait beaucoup d’importance’ Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est un gros problème pour moi’  G : ‘Etre catholique, c’est

Modèle G (intermédiaire) Le catholicisme comme système culturel

Typologie des modalités de l’appartenance religieuse de Donegani Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’  B : ‘Etre catholique, je ne crois pas que ça ait beaucoup d’importance’ Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est un gros problème pour moi’  G : ‘Etre catholique, c’est un des reflets de notre humanité’

Campiche: les ‘non-religieux’ (23%) Tendances les plus marquantes  Il est important de sacraliser la mort par une cérémonie religieuse: 17%  Plutôt urbain  Masculin (56%)  Tendance à vivre en couple sans être mariés  Relativisme moral  Intérêt pour la politique: tendance gauche

Comparaison des typologies de Donegani et de Campiche Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’  B : ‘Etre catholique, je ne crois pas que ça ait beaucoup d’importance’ Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’ Religieux: 11%  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est un gros problème pour moi’  G : ‘Etre catholique, c’est un des reflets de notre humanité’ Non religieux: 23%

Campiche: les ‘religieux’ (11%) Tendances les plus marquantes  Assistent à un office religieux au moins une fois par mois: 80%  Plutôt rural  Féminin (57%)  Tendance au mariage  Rejettent le relativisme moral  Orientation politique nettement droite

Campiche: 4 groupes intermédiaires Croyants hétérodoxes (10%) R+ Ritualistes (24%) R± Tièdes (23%) R± Humanistes non-religieux (10%) R-

Campiche: les ‘croyants hétérodoxes’ (10%) Tendances les plus marquantes  Croyance au diable (92%)  Croyance en la réincarnation (47%)  Assistent à un office religieux au moins une fois par mois: 80%

Comparaison des typologies de Donegani et de Campiche Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’  B : ‘Etre catholique, je ne crois pas que ça ait beaucoup d’importance’ Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’ Religieux: 11%  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est un gros problème pour moi’  G : ‘Etre catholique, c’est un des reflets de notre humanité’ Non religieux: 23% Croyants hétérodoxes: 10%

Campiche: les ‘ritualistes’ (24%) et les ‘tièdes’ (23%) Ritualistes  Assistent à un office religieux au moins une fois par mois: 3% Tièdes  Croient en la résurrection des morts: 32% (contre 89% chez les ‘religieux’)

Comparaison des typologies de Donegani et de Campiche Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’ Ritualistes (24%)  B : ‘Etre catholique, je ne crois pas que ça ait beaucoup d’importance’ Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’ Religieux: 11%  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est un gros problème pour moi’  G : ‘Etre catholique, c’est un des reflets de notre humanité’ Tièdes (23%) Non religieux: 23% Croyants hétérodoxes: 10%

Campiche: les ‘Humanistes non religieux’ (10%) Tendances les plus marquantes  Accent sur l’aspect ‘social’ de l’Eglise  Forte politisation (nettement à gauche)

Comparaison des typologies de Donegani et de Campiche Modèles marginalistes  A : ‘Etre catholique, c’est être comme tout le monde’ Ritualistes (24%)  B : ‘Etre catholique, je ne crois pas que ça ait beaucoup d’importance’ Modèles intégralistes  C: ‘Etre catholique, c’est s’engager pour construire un monde’ (Version ‘laïque’… Humanistes non religieux: 10%)  D : ‘Etre catholique, c’est avoir la foi et suivre la doctrine chrétienne’ Religieux: 11%  E : ‘Etre catholique, c’est lire l’Evangile dans les très petites choses de la vie quotidienne’ Modèles intermédiaires  F : ‘Etre catholique, c’est un gros problème pour moi’  G : ‘Etre catholique, c’est un des reflets de notre humanité’ Tièdes (23%) Non religieux: 23% Croyants hétérodoxes: 10%

Une approche plus ‘dynamique’ Hervieu-Léger D. (1999), Le pèlerin et le converti: la religion en mouvement, Paris, Flammarion. L’idéal de l’Institution religieuse: intégrer en son centre les quatre dimensions  La disparition de cette possibilité signale la faiblesse de l’Institution Quatre voies d’entrée dans la religion, qui sont aussi quatre voies de sortie

Communautaire (Marqueurs du particulier, du local, du singulier) Ethique (Valeurs universelles, conscience individuelle) Emotionnel (Conscience affective du nous) Culturel (Mémoire du groupe, savoirs et savoirs-faire) Christianisme affectif Christianisme patrimonial Christianisme humanitaire Christianisme politique Christianisme humaniste Christianisme esthétique

2 e partie: Bouddhisme, New Age et individualisme religieux

I. Le New Age Champion F. (1990), "La nébuleuse mystique- ésotérique: orientations psycho-religieuses des courants mystiques et ésotériques contemporains", in D. Hervieu-Léger et F. Champion, De l'émotion en religion : renouveaux et traditions, Paris, Centurion, Domergue B. (1992), Le Nouvel-Age, Paris, Editions de l'Emmanuel. Heelas P. (1996), The New Age movement, Cambridge, Blackwell.

Trois éléments fondamentaux du New Age selon Heelas Constat personnel: la vie que nous menons n’est pas satisfaisante  Raison fondamentale: nous sommes soumis à des ‘systèmes de croyance’ plutôt que de nous fier à notre expérience personnelle Sous les couches de notre ego se trouve caché un être spirituel Le moyen de retrouver cette spiritualité intérieure est ‘simple’: lâcher prise

Monisme du New Age Champion: l’expérience recherchée est le ‘sentiment océanique’ Domaines dans lesquels s’exprime ce monisme  Médecines ‘holistiques’  Refus du morcellement des connaissances  Refus de l’opposition entre religions

La diversité des sources historiques Joachim de Flore ( ) Courants mystiques chrétiens Théosophie (Helena Blavatsky)  Anthroposophie (Rudolf Steiner) Contre-culture  Néo-chamanisme  Carlos Castaneda  Mantras

Formes concrètes dans le monde actuel Instituts: Findhorn (Ecosse, 1962); Esalen Institute (Big Sur, Cal., 1962) Séminaires: est (Erhard Seminar Training, disparu en 1984) Médias: Pauwels et Bergier, Le Matin des magiciens; Bohm et Capra: Le Tao de la physique  Bandes dessinées (Thorgal)  TV (Aux frontières du réel; X-Files)  Jeux de rôles, etc

II. Le bouddhisme occidentalisé Lenoir F. (1999), Le bouddhisme en France, Paris, Fayard. Lenoir F. (1999), La rencontre du bouddhisme et de l'Occident, Paris, Fayard.

1. Le bouddhisme en France Bouddhistes d’origine française uniquement Définition de 3 ‘cercles’  ‘Sympathisants’: en affinité Environ 2 millions de personnes  ‘Proches’: engagement sans fréquentation régulière de centres bouddhistes Environ 100’000 personnes  ‘Pratiquants’: fréquentation régulière de centres bouddhistes Environ 12’000 personnes

Caractéristiques socio-culturelles des ‘pratiquants’ 60% de femmes  (sauf bouddhisme zen: 40%) ans Bac+2: 60% (contre 14%) Forte présence de professions libérales et médico-sociales Forte proportion de célibataires et de personnes vivant seules Politique:  Ecologistes 32%  Gauche 24%  Droite 11%

2. La rencontre du Bouddhisme et de l’Occident Epoque romantique  Début du XIX e Epoque de l’ésotérisme  Deuxième moitié du XIX e Epoque de la contre-culture  Années 1960 Epoque de la médiatisation  Années 1990

Romantisme Un mouvement de philosophes, écrivains et artistes  La réincarnation (1780: L’Education du genre humain, Lessing)  Le ‘bon sauvage’ (Rousseau, Herder)  La centralité de la souffrance (1818: Le Monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer)

Esotérisme Un mouvement de prophètes modernes détenteurs d’une ‘nouvelle révélation’ Ex.: 1830, Joseph Smith fonde les Mormons 1875: Helena Blavatsky fonde la théosophie  Premier exemple de ‘bricolage religieux’  Intégration de la notion occidentale d’individu au bouddhisme  Détentrice d’une version ésotérique du bouddhisme

Contre-culture Frustrations nées de la conception utilitariste de l’individu

Médiatisation 1989: Le Dalaï Lama reçoit le prix Nobel de la paix 1993: ‘Little Buddha’ de Bertolucci

III. L’individualisme religieux Elias N. (1991 [1987]), La société des individus, Paris, Fayard. Trilling L. (1971), Sincerity and authenticity, Cambridge, Mass., Harvard University Press.

L’individu comme croyant Point de départ: L’individu moderne trouvera d’autant plus la force de s’affirmer comme individu qu’il croira plus fortement en sa propre individualité William I. Thomas: ‘ce qui est socialement défini comme réel est réel dans ses conséquences’ Comment expliquer que l’individu le plus émancipé est l’être le plus croyant’

Individualisme, intériorité et authenticité Elias: l’individualisme moderne s’explique par deux mécanismes complémentaires Répression et contrôle des affects  Différenciation de la personnalité en une couche extérieure et intérieure Différenciation sociale  Moratoire prolongé de la jeunesse

Le lien entre intervention sur soi et intervention rôle du regard d’autrui Giddens A. (1991), Modernity and self-identity : self and society in the late modern age, Stanford, Calif., Stanford University Press.  Systèmes experts  Séquestration de l’expérience  Sécurité ontologique  Relation pure Ehrenberg A. (1995), L'individu incertain, Paris, Calmann-Lévy.  ‘Techniques de soi qui multiplient les capacités d’action’  ‘Mises en scène de soi qui rendent visibles les dilemmes de l’individualité et les ressources interprétatives pour y répondre’

Proposition de définition de la religion Constat: Une situation universellement partagée  Un être qui agit en fonction d’intentions, mais qui vit dans un monde dont il n’est pas évident de savoir s’il les événements qui s’y produisent correspondent également à des intentions ou sont le produit de forces aveugles Eliade M. (1965), Le sacré et le profane, Paris, Gallimard.

Deux hypothèses largement partagées Nos semblables agissent en fonction d’intentions L’univers est pétri d’une intentionnalité semblable à la nôtre  ‘Ce qui est considéré comme important pour soi-même ou pour le groupe … est perçu comme intentionnel et, exactement comme une action humaine, soulève des questions relatives à son intention et à son but’ (Elias 1993: 96).  ‘ La religion peut être considérée comme une extension du champ des relations sociales au-delà de la société purement humaine’ (Horton 1993: 31-32). Horton R. (1993 [ ]), Patterns of thought in Africa and the West: essays on magic, religion and science, Cambridge, Cambridge University Press.

Croyance (en soi) et autonomisation Dumont L. (1983), Essais sur l'individualisme: une perspective anthropologique sur l'idéologie moderne, Paris, Seuil.  Les ‘individus-hors-du-monde’ Didier B. (1976), Le journal intime, Paris, PUF.  ‘Le journal intime est à la fois une bonne affaire et une bonne action. Le diariste augmente chaque jour son capital-écriture, tout en ayant le sentiment d’accomplir un exercice spirituel qui lui permet un progrès intérieur’ (1976: 56).