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Publié parRomain Meunier Modifié depuis plus de 8 années
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Drogues et addictions nous changeons de paradigme quelles conséquences pour nos pratiques et nos organisations ? Docteur Alain Morel Psychiatre Directeur Général de l’Association Oppelia Président de l’Association pour la Recherche et la Promotion des Approches Expérientielles, Vice-Président de la Fédération Française d’Addictologie Vice-Président de la Fédération Française d’Addictologie Conférence – Addict’O Normand & ONM – Dieppe – IFSI – 4 octobre 2016
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La question des addictions : des enjeux sociaux, éducatifs et de santé Les addictions « parlent » des problèmes de l’homme dans la modernité : Une mise en question de notre mode de vie : comment jouir de la vie et bien vivre ensemble en sachant utiliser les objets de la modernité tout en nous protégeant de leurs risques « addictogènes » et destructeurs ? Une question au cœur de l’éducation = apprendre le bon usage de soi et des objets, dans son contexte Une question au cœur de la santé = maîtriser les facteurs de risques et diminuer les dommages La question n’a plus grand chose à voir avec celle de « la drogue » comme il y a 40 ans, pourtant on a gardé les mêmes logiciel et conceptions du siècle dernier...
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les conceptions du XX ème ne nous permettent plus de penser les addictions Il y a de mauvais et de bons produits : « la drogue » (stupéfiants) et les autres C’est la drogue (le produit) qui est la cause des problèmes Une fois dépendant, on est pris au piège. Une seule solution : rompre avec le produit (l’abstinence) La drogue est un fléau, il faut lutter contre (la drogue v les abus) et interdire/pénaliser Pour prévenir, il faut dissuader : informer sur les dangers/faire peur et rappeler la loi
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Ce que nous avons appris (1) Abandonner le pharmacocentrisme : le comportement d’usage est au moins aussi important que le produit utilisé et il existe des addictions sans drogue Abandonner les catégories de bonnes ou mauvaises drogues : les données scientifiques montrent qu’elles provoquent toutes des méfaits et des bienfaits. Abandonner la stigmatisation des usagers : nous sommes tous usagers et plus on stigmatise plus on aggrave L’usage de produit ne fait pas l’addiction, et la dépendance n’est pas en soi une maladie, cela dépend du contexte et de l’attente de l’usager
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Les 5 facettes du changement de paradigme « nous sommes tous des usagers ! » Changement / place du produit -> addictions et société addictogène Changement / objectifs des interventions -> gestion et réduction des risques (RdR) Changement / relation aux usagers -> reconnaissance de l’expérience, du pouvoir d’agir et collaboration Changement / définition du problème -> perte de la satisfaction et de l’autonomie -> Changements des objectifs et modalités de prévention, de soins et de politique des drogues
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Le changement de paradigme, nous oblige à... Refonder la prévention : développer l’éducation préventive et l’intervention précoce (sortir de la prévention donneuse de leçon, élever les compétences collectives pour faire face aux risques addictifs dans une société addictogène) Refonder les soins : développer des programmes d’accompagnement thérapeutique intégratifs (sortir du dogme de l’abstinence, réduire les risques, élargir la palette...) Refonder la politique des drogues et des addictions : sortir de la stigmatisation, de la surmédicalisation/surpénalisation : favoriser l’inclusion sociale (SCMR...), les parcours de santé, dépénaliser, réguler l’offre de produits...
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Comment peut s’opérer cette « refondation » ? Nous sommes dans l’entre-deux -> représentations contradictoires, confusions, messages très généraux ou incohérents. Trois impératifs : 1 1- construire un projet politique de prévention à la mesure des nouveaux enjeux 2- élaborer de nouvelles représentations partagées = un langage commun 3- faire émerger de nouvelles pratiques Le rôle du politique est déterminant pour entériner les changements, celui des acteurs l’est pour ouvrir des voies nouvelles et montrer leur efficience
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Pour fonder une nouvelle politique de prévention : sortir des impasses de la prévention conventionnelle « L’addiction est une maladie » => la prévention par les dangers et la peur « l’addiction est un fléau et une déviance » => la prévention par l’interdit et la stigmatisation = Négation de la part de satisfaction et d’adaptation des conduites addictives, et des capacités d’autocontrôle => la prévention conventionnelle chez les jeunes intervient à contretemps (quand le problème ne se pose pas) et à contre- courant (alors que l’usager en tire des bénéfices) Si soigner et contrôler vise les souffrances provoquées, prévenir devrait s’intéresser surtout aux satisfactions recherchées (plaisir, soulagement, socialisation) et à mieux maîtriser/limiter les risques = la prévention est avant tout EDUCATIVE
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Le projet éducatif de la prévention des addictions repose sur deux objectifs -Renforcer le pouvoir de chacun sur soi et son environnement (autonomie/auto-changement) => pas seulement des informations mais aussi un dispositif relationnel, d’implication et de coopération -Construire de nouvelles représentations collectives, un langage commun et une façon de poser ensemble le problème qui tienne compte de l’expérience de tous
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Comment renforcer le pouvoir sur soi et son environnement ? Toutes les approches ne se valent pas pour porter ce projet éducation/prévention : Les approches de promotion de la santé Les approches de réduction des risques Les approches expérientielles, motivationnelles et centrées sur le pouvoir d’agir Les approches associant les familles Les approches communautaires L’éducation à la gestion expérientielle : l’expérience traduit la recherche de satisfaction et d’adaptation entre soi et son milieu, elle est riche de connaissances et de ressources... C’est, pour nous, le fil rouge de toute action...
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Comment construire un langage commun ?
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QUELS SONT LES DANGERS DES DROGUES ? Les drogues sont des -Substances psychoactives qui modifient le fonctionnement du cerveau -> Trois types de dangers : Le potentiel de dangerosité toxique (atteinte physiologique, intoxication, surdose...) (atteinte physiologique, intoxication, surdose...) Le potentiel de modification psychique (ivresse, excitation, insensibilité, angoisse,troubles psychiatriques...) Le potentiel de risque addictif (apparition d’une dépendance psychique et physique) -> LE CUBE DE LA DANGEROSITÉ PHARMACOLOGIQUE
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Le cube de la dangerosité pharmacologique
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POURQUOI CONSOMME-T-ON DES DROGUES ? l’usage des drogues correspond à une recherche de bien (ou de mieux) être : l’usage des drogues correspond à une recherche de bien (ou de mieux) être : Le plaisir (sensations psychocorporelles, euphorie, déréalisation..., d’où la relation avec la fête) La socialisation (entrer des des codes sociaux d’un groupe, d’une société..., d’où la relation avec la culture) Le soulagement (propriétés médicinales, apaisement du stress, de la déprime, améliorations des performances, auto-traitement..., d’où la relation avec le dopage, la souffrance et la médecine)
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Les satisfactions recherchées
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FAIRE ÉMERGER DE NOUVELLES PRATIQUES Prévenir/éduquer ce n’est pas seulement diffuser des messages, c’est intervenir avant la demande d’aide : L’INTERVENTION PRÉCOCE L’intervention précoce est une stratégie d’action entre la prévention et l’accès aux soins dont l’objectif est de raccourcir autant que possible le délai entre l’apparition des premiers signes d’une pathologie chronique et la mise en oeuvre de traitements ou de prises en charge adaptés.
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Développer l’intervention précoce est une condition d’efficacité de la prévention Parce que l’intervention précoce c’est : Aller au plus près des personnes en situation de risque, dans leur contexte Aider à leur repérage (et non dépistage) et les aider à gérer leur vulnérabilité Renforcer leur pouvoir d’agir sur elle-même et leur environnement Mobiliser tous les acteurs, accroître leurs compétences et améliorer leur coordination
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Refonder les soins En finir avec le dogme de l’abstinence L’abstinence n’est pas la seule option, la consommation contrôlée doit être valorisée, y compris par des programmes thérapeutiques spécifiques (TSO, Baclofène...) Intégrer la RdR dans les soins, y compris pour l’alcool et le tabac Une pédagogie du pas à pas, une valorisation concrète du « prendre soin » Renforcer le pouvoir d’agir des personnes et de la collectivité « Ne pas faire obstacle » : empowerment, inclusion sociale, rétablissement Traiter les deux faces de la problématique addictive Le comportement addictif et le mal-être
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Les 2 objectifs des soins Les 2 objectifs des soins Face à l ’ addiction/dépendance : apporter des outils et renforcer les capacités d ’ auto-détermination et de contrôle Face au mal être : créer les conditions d’une meilleure maîtrise de ses émotions et de sa situation pour trouver du bien être C ’ est un accompagnement de l ’ expérience et non une simple exposition du sujet à une thérapeutique -> de la relation + des outils, des supports (ex médicaments, logement, thérapie...)
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REFONDER LA RELATION AVEC LES USAGERS L’addiction est la perte de l’autonomie du sujet par rapport à un produit ou un comportement. Elle se caractérise par la souffrance de la personne et des changements de son rapport au monde (Suisse) L’addiction engage la personne dans ses différentes dimensions : biologiques, sociales et psychologiques L’addiction perd son sens fonctionnel pour le sujet s’il en a perd la satisfaction Le sujet est le premier/meilleur expert de sa vie et de son éventuel problème
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REDÉFINIR LES 3 PÔLES DU DISPOSITIF DE SANTÉ FACE AUX ADDICTIONS RÉORGANISER LE DISPOSITIF AUTOUR DE LA NOTION DE PARCOURS DE SANTÉ/SOIN -Les établissements médico-sociaux en addictologie CSAPA/CAARUD comme Centres ressources et coordinateurs des parcours -Les services hospitaliers (services d’addicto, SSR etELSA) pour les phases aigües et les complications -La ville (médecine et organismes d’inclusion sociale) comme pôle d’accompagnement
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CONCLUSIONS La prévention des addictions est d’abord éducative et expérientielle => formations, moyens, politique Les soins en addictologie sont médico-psycho- sociaux et expérientiels. Ils doivent donc être transdisciplinaires => décloisonner les disciplines et les pratiques, former les intervenants/thérapeutes La prévention, les soins, les politiques doivent intégrer la diversité, la complexité, renforcer le pouvoir d’agir et l’autonomie => Travailler avec les populations. Ne jamais rien faire envers l’usager qui ne soit fait avec lui. Se préoccuper non seulement de la « participation » mais surtout coopérer ensemble
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POUR ALLER PLUS LOIN contact@oppelia.fr info@arpae.org Formations :
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