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Introduction a l’economie du developpement

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Présentation au sujet: "Introduction a l’economie du developpement"— Transcription de la présentation:

1 Introduction a l’economie du developpement
3eme Baccalauréat en Sciences Economiques et de Gestion

2 Chapitre 1: Croissance et Convergence des Nations

3 1. Croissance et Convergence des Nations
1. Comment mesurer le ‘développement’? C’est quoi le développement? Qu’en pensez vous?

4 1. Croissance et Convergence des Nations
1. Comment mesurer le ‘développement’? Beaucoup de notions intuitives, mais peu opérationnelles. 2 vues contradictoires: Le développement est multidimensionnel: éducation, santé, espérance de vie, épanouissement affectif, droit politique,… sans relation claire au revenu. Paul Streeten (1994): « We should never loose sight of the ultimate purpose of the exercise, to treat women and men as ends, to improve the human condition, to enlarge people’s choices… A unity of interest would exist if there were rigid links between economic production as measured by income per head and human development. But these two sets of indicators are not very closely related.»

5 1. Croissance et Convergence des Nations
Le développement suit l’évolution du revenu par tête: les forces économiques influencent aussi les autres dimensions ‘socio-économiques’ que nous appelons développement: “By the problem of economic development, I mean simply the problem of accounting for the observed pattern, across countries and across time, in levels and rates of growth per capita income. This may seem too narrow a definition, and perhaps it is, but thinking about income patterns will necessarily involve us in thinking about many other aspects of societies too, so I would suggest that we withhold judgement on the scope of this definition until we have a clearer idea of where it leads us.” (Robert Lucas, 1988)

6 Inégalité, Pauvreté, Croissance
Regardons un peu ce qu’il se passe, et nous en tirerons quelques lecons systématiques par après. Parcourons ensemble le tres bel expose sur l’inegalite dans le monde que vous trouverez sur gapminder Use the flashplayer in (documents)

7 1. Croissance et Convergence des Nations
Il faut bien commencer quelque part. Etudions: Le niveau de revenu Sa distribution Les autres indicateurs importants La corrélation entre ces dimensions

8 1.2 Revenu et Croissance

9 1.2 Revenu et Croissance  Gapminder: income per head map
Les différences sont gigantesques: un rapport de 1 à 100 pour les extremes (la Zambie versus le Qatar) et de 1 a 20 pour les pauvres vs les riches (pe le Nepal versus la France). De 1960 à 1985, les 5% de nations les plus riches ont un revenu par tête 29 fois supérieurs aux 5% les plus pauvres. Les différences entre sous-continents/régions sont très importantes.

10 1.2 Revenu et Croissance Limites et biais de ces comparaisons
Dans les PVD, une part importante des revenus est sous-évaluée et non-comptabilisée: produits artisanaux, services locaux,… Une part importante de la production est auto-consommée, ce qui complique l’évaluation. Une part importante des services (et des biens) n’est pas ‘marchandisée’: si vous hébergez quelqu’un qui vous aide pour la cuisine et les enfants, cette ‘production’ n’apparaitra nulle part. Plus fondamentalement, une part importante du processus du développement implique que des biens ou services ‘auto-produits’ passent maintenant à travers le marché: garde des enfants, préparation repas, collecte du fuel, construction de l’habitation…

11 1.2 Revenu et Croissance Les prix ne sont pas directement comparables en utilisant les taux de change. les taux de change ne portent que sur les biens échangés internationalement. Les biens non-échangés (immobilier, services,…) ne sont pas affectés par le taux de change. Le problème est que plus un pays est pauvre, plus le prix de ces biens est faible. On corrige ce biais par un mesure de ‘parité de pouvoir d’achat’ (‘purchasing power parity’ = ppp).

12 1.2 Revenu et Croissance Purchasing Power Parity - Parité de Pouvoir d’Achat On collecte les prix de biens et services Chacun de ces prix est divisé par le prix correspondant aux USA. On classe les ‘biens et services’ en 150 catégories de dépenses, et on calcule un prix relatif moyen pour chacune d’entre elles. On reprend les comptes nationaux par catégories de dépenses, que l’on divise par les prix relatifs. On obtient ainsi l’équivalent de cette dépense de type i dans le pays j en dollar US:

13 1.2 Revenu et Croissance Conceptuellement, cela correspond à l’idée de ‘si j’avais du acheter ce bien aux Etats-Unis, combien aurais je payé?’ En faisant cela, on suppose que les goûts et la demande US sont de bons indicateurs des ‘goûts’ internationaux. Exemple: la nourriture est relativement moins chère aux USA, mais l’immobilier y est plus cher. En fait, on recalcule pour chaque dépense une moyenne pondérée des prix relatifs obtenus dans chaque pays, qui nous donne un ‘prix relatif international’ qui permet de contourner ce problème. (‘si j’avais du acheter ce bien au hasard dans le monde, combien aurais je payé?’)

14 1.2 Revenu et Croissance Cela nous donne les estimations en PPP qui réduisent considérablement les écarts entre pays (voir gapminder: GDP/capita versus GDP/capita en ppp)).

15 1.2 Revenu et Croissance On utilise des prix de marché, ce qui n’est ‘correct’ qu’avec des marchés parfaits, sans externalités: Beaucoup de marchés dans les pays pauvres sont monopolistiques, imparfaits,… Beaucoup de prix (administration, services publics, biens marchands) sont fixés par le gouvernement, sans refléter vraiment leur valeur pour le citoyen. On ignore les externalités (p.e. la pollution), les prix ne réflètent donc pas la valeur sociale des biens. Il existe cependant des méthodes de ‘shadow pricing’ qui visent a mieux mesurer la valeur sociale des biens.

16 1.2 Revenu et Croissance On ignore la valeur des ressources limitées que l’on exploite. C’est en fait un problème de mesure de stock (de richesse, y compris naturelle) par rapport à un problème de flux (le revenu). Il y a des méthodes de ‘green accouting’ qui intègrent les coûts et bénéfices environnementaux dans les comptes nationaux.

17 1.2 Revenu et Croissance Exemple: un pays pauvre ne produit que du bois tropical vendu pour 1000$ sur les marchés internationaux. La coupe de ce bois n’implique aucun coût, mais la forêt n’a plus aucune valeur par après. Le stock de bois national se réduit donc au fur et à mesure des coupes. Avec le produit de la vente, les habitants achètent du riz thailandais qu’ils consomment entièrement.

18 1.2 Revenu et Croissance Quel est PNB de cette économie?
Quel devrait être le produit national de cette économie? Quid si avec la moitie du revenu, les habitants achètent des machines industrielles? Quid si, avec la moitie du revenu, les habitants envoient leurs enfants faire des études avancées aux USA?

19 1.2 Revenu et Croissance PREMIER FAIT: La comparaison entre pays, même après correction, fait apparaître une forte polarisation. Il y a peu de pays à revenu ‘moyen’.

20 1.3 L’expérience historique
DEUXIEME et TROISIEME FAITS: Il y a une forte volatilité des expériences de croissance individuelle, meme si en moyenne les choses sont globalement stables. En moyenne, le revenu par tête croît au taux de 2% par an depuis les années 60, avec des expériences très contrastées: Forte croissance des économies Asiatiques (East and South East Asia, et plus récemment, des nouveaux émergents: Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du Sud,…). L’Amérique Latine et l’Afrique stagnent: chute en A-L dans les années 80, chute en Afrique dans les années 90 et croissance partielle depuis 2005.  Gapminder: croissance PNB/tete over the past ten years

21 1.3 L’expérience historique
Le taux de croissance est trompeur: petites différences, grands effets! Quel est le temps qu’il faut pour doubler le revenu à un taux de croissance de r?

22 1.3 L’expérience historique
Chine: r =  7.5 années A-L : r =  40.8 années Dans 40 ans, un Chinois aura un revenu par tête 33.8 fois plus grand que son revenu actuel! Maintenant, le revenu en A-L est 4 fois plus élevé qu’en Chine, en 2040, ce sera exactement l’inverse! Même si la distribution globale des revenus ENTRE nations reste plutôt stable sur le long terme, la situation des pays individuels a beaucoup changé. Prenons le taux de croissance du revenu/tête par rapport au revenu des Etats-Unis sur la période

23 1.3 L’expérience historique
Evolution de la richesse des nations par rapport aux Etats-Unis (croissance annuelle du revenu par tete en ppp, periode )

24 1.3 L’expérience historique
Interprétation: +2 veut dire que le revenu par tete de ce pays a cru de 2% plus vite que celui des Etats-Unis. Deux observations: La plupart des pays (81/115) ont vu leur position changer de plus de 1% par an. Pour plus d’un tiers d’entre eux, cette différence est supérieure à 3%. La distribution des évolutions est globalement symétrique.

25 1.3 L’expérience historique
Regardons la matrice de mobilité du revenu par tête entre pays. On convertit tous les revenus par tête nationaux en pourcentage du revenu par tête mondial. Par exemple, si un pays a un revenu par tête de 300, et le revenu par tete mondial est de 900, ce pays a un revenu relatif de 0.33. Comparons ces revenus par tête entre 1962 (en lignes) et 1984 (en colonnes)

26 1.3 L’expérience historique
1984 1962 <0.25 0.5-1 1-2 <2 76 12 52 31 10 7 9 20 46 26 24 53 >2 5 95 Mobilité des revenus entre nations de 1962 à 1984 (Quah, 1993)

27 Et de 1980 a 2000 (D. Ray)

28 1.3 L’expérience historique
On observe: Les pays a revenu moyen ont une mobilité beaucoup plus forte que les autres: plus de la moitié change de catégorie Les pays très riches, et les pays très pauvres ne changent pas de catégories. Beaucoup de pays moyennement pauvres redeviennent très pauvres

29 1.3 L’expérience historique
Bizarrement, un historique de pauvreté dans un pays tend à rendre moins probable le développement relatif de celui-ci (malgré la possibilité d’importer des technologies, la productivité élevée du capital,…)! Ceci suggère des trappes de pauvreté. Cette observation va complètement à l’encontre de l’idée simple que des pays avec beaucoup de main d’œuvre et peu de capital devraient croître très vite par l’investissement et la très haute productivité marginale du capital.

30 Note: les tables de mobilité sociale
Une table de mobilité est fondamentalement un tableau à double entrée où les lignes et les colonnes représentent des catégories sociales. La valeur aij à l'intersection de la i-ème ligne et de la j-ième colonne est le nombre de personnes issues de la catégorie i et positionnées dans la catégorie j (ou inversément). Les valeurs de la diagonale sont particulièrement intéressantes car elles représentent les personnes qui sont restées dans leur catégorie d'origine.

31 Mobilité sociale inter-générationnelle
Tableau des destinées de personnes nées en 1950 et 1955 (France 2003)  devenir de fils de telle ou telle catégorie Lecture: dernière ligne: 3,9% sont des agriculteurs au moment de l’enquête 51,9% des fils d’ouvriers nés entre 1950 et 1995 sont eux même ouvriers

32 1.4 La distribution des revenus
Rappelez vous les premières slides du cours. On peut aussi regarder de façon plus systématique la distribution intra-pays en utilisant GapMinder Evolution en fonction du revenu de: coefficient de Gini Part des 10 % les plus riches Part des 10% les plus pauvres

33 1.4 La distribution des revenus
Forte inégalité intra-pays: la part des 10% les plus riches est plus de 10 fois supérieure à la part des 10% les plus pauvres (35% vs 2.5%). Les 40% les plus pauvres obtiennent 15% du revenu national, les 20% les plus riches plus de 50%. A revenu égal, il y a de fortes différences entre pays. La distribution dans les pays pauvres est plus dispersée que dans les pays riches. Il est possible que l’inégalité croisse puis diminue avec le revenu par tête: c’est l’hypothèse de la ‘courbe de Kuznets’ (voir plus tard).

34 1.5 Les autres aspects du développement
Le développement humain est fortement corrélé avec le revenu: Espérance de vie à la naissance Gapminder: life expectancy and GDP per cap Child survival and GDP per cap.

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37 1.5 Literacy

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39 1.5 Les autres aspects du développement
Et des tas d’autres mesures… voyez sur gapminder…

40 1.5 Les autres aspects du développement
2. On serait tente d’utiliser un indice synthétique, comme l’Human Development Index: HDI = moyenne d’esperance de vie, du niveau d’education (lui-même un index composite: pour 2/3 alphabétisation adulte, pour 1/3 moyenne des taux d’inscription en primaire, secondaire, supérieur), et enfin du revenu par tête (avec un poids décroissant pour les revenus élevés). Poids décroissant car la plupart des pays riches sont dans un intervalle étroit, mais cela permet plus de variation à l’intérieur des pays pauvres

41 1.5 Les autres aspects du développement
Avantage: simplicité, lisibilité. Désavantage: 1. on a plus d’informations avec les mesures individuelles, et une meilleure compréhension des choses. 2. la pondération n’est pas particulièrement adéquate, et implique que ces caractéristiques sont des substituts parfaits (et une forme d’Um décroissante dans le revenu).

42 1.5 Les autres aspects du développement
3. A même revenu, les expériences individuelles varient très fort. Et ce n’est pas uniquement lié à l’inégalité dans le revenu. Les politiques sociales de l ’Etat, en matière de distribution, de santé ou d’éducation jouent un rôle clé.  GapMinder: etudions l’evolution de l’Uganda, du Pakistan, de l’Inde, du Sri Lanka, du Guatemala et de l’Afrique du Sud (par ordre croissant du revenu par tete en 2000) sur cinq dimensions: esperance de vie, mortalite, alphabetisation, IDH et acces a l’eau potable.

43 1.5 Les autres aspects du développement

44 1.5 Les autres aspects du développement
4.Les Aspects structurels: une extraordinaire réduction des heures de ‘travail’: Foley, 1999 vers 1880 vers 1995 vers 2040 Sommeil 8 Repas et hygiene 2 Taches domestiques Temps de parcours vers le lieu de travail 1 0.5 Travail 8.5 4.7 3.8 Maladie 0.7 Sous-total 22.2 18.2 16.8 Residu disponible pour le loisir 1.8 5.8 7.2

45 Une tendance qui se poursuit…

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47 1.5 Les autres aspects du développement
Une evolution démographique contrastée: Pays pauvres: taux de natalite (n), de mortalite (m) et croissance demographique (g=n-m) très élevés.  le revenu doit croître d’autant plus vite pour permettre une croissance du revenu par tête  la pyramide des âges est biaisée en faveur des jeunes générations.  Gapminder: population growth and GDPpercap

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52 1.5 Les autres aspects du développement
2.b La structure de production varie également très fort. L’agriculture domine les pays pauvres, tant en terme d’emploi que de part dans la valeur ajoutée. La part de l’agriculture diminue partout.  Gapminder Les revenus agricoles par tete sont très faibles: la part dans l’emploi est beaucoup plus grande que la part dans le GDP.

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55 The case of India

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58 L’emploi agricole reste important, même si la Valeur ajoutée est de plus en plus faible: faibles revenus par travailleur

59 1.5 Les autres aspects du développement
Forte croissance démographique + Agriculture en déclin relatif  exode rural massif et forte croissance de la population urbaine. Gapminder Un taux de 5% signifie un doublement de la population urbaine tous les 14 ans (T=.693/.05) et un quadruplement tous les 28 ans!

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63 1.5 Les autres aspects du développement
De plus, historiquement, la part des services augmente avec le revenu, et est égale à 70% de la force de travail dans les pays riches. La part des services est aussi très élevée dans les pays pauvres: 2/3 de l’emploi non-agricole! (Gapminder) = Employeur de dernier recours pour les migrants urbains, en attente d’un meilleur emploi. Conséquence du sous-développement industriel.

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67 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
Avec le processus de développement, on observe une réelle transformation structurelle dans l’économie, dans laquelle une part de plus en plus importante de la valeur ajoutée et de l’emploi se situe dans le secteur non-agricole. Avec le développement économique, les individus migrent du secteur rural vers le secteur industriel : l’agriculture fournit de la main d’œuvre a l’industrie.

68 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
Le modèle de Lewis illustre ce processus dans une perspective de dualisme, c’est a dire la coexistence d’un secteur moderne et d’un secteur traditionnel. La distinction entre ces deux secteurs n’est pas conceptuellement tres claire, mais ils se différencient sur un certain nombre de critères : la production pour le marché ou pour l’autoconsommation. L’agriculture dans cette perspective est assimilée au secteur traditionnel. la technique de production, plus intensive en travail et rudimentaire dans le secteur traditionnel l’organisation économique, d’avantage centrée sur la famille que sur le travail salarié et une logique de maximisation des profits.

69 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
Pour Lewis, le secteur traditionnel fournit du travail au secteur moderne, qui absorbe cette offre. Mais l’absorption du travail dans le secteur moderne n’est pas immédiate, car elle est limitee par le capital disponible. L’accumulation du capital dans le secteur moderne est le moteur du développement, alors que le travail est disponible en quantités presque illimitées dans le secteur traditionnel. ‘The central problem in the theory of economic development is to understand the process by which a community which was previously investing and saving 4 or 5 percent of its national income or less, converts itself into an economy where voluntary saving is running at about 12 or 15 per cent of national income or more.’

70 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
L’idee de base de Lewis est qu’il y a une offre de travail importante dans le secteur traditionnel que l’on peut absorber dans le secteur moderne sans réel coût pour l’économie. Le cout d’opportunité de ce travail est très faible, et ces travailleurs sont prêts a migrer et travailler dans le secteur moderne pour un salaire réel w. Il y a donc une phase du développement qui génère des emplois productifs à coût très faible: c’est la phase d’absorption de la main d’œuvre en surplus.

71 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis

72 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
Les courbes D1, D2 et D3 representent les courbes de demande de travail correspondant a des niveaux de stock de capital plus importants. La courbe d’offre de travail est d’abord horizontale, parfaitement élastique au salaire . Cette portion de courbe correspond au travail qui est en ‘surplus’, c’est a dire qui peut etre retire hors du secteur traditionnel sans hausse de salaire. Lorsque tout le travail en surplus est absorbe, les salaires commencent a s’élever car le cout d’opportunité du travail augmente maintenant : ce travail a une valeur productive au moins égale a w dans le secteur traditionnel. On a passe le ‘turning-point’ de Lewis, et l’accumulation du capital implique maintenant une concurrence entre les deux secteurs pour un facteur travail qui est devenu pleinement productif : on a quitté le sous-développement.

73 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
Pour répondre a la question initiale de Lewis, il est intéressant de remarquer que la zone des profits: correspond a la partie comprise entre la courbe de demande de travail et la courbe d’offre (c’est a dire au surplus du demandeur de travail), s’accroit au fur et a mesure du développement. Supposons que par unité produite dans le secteur moderne, le taux de profit soit constant, p. Le secteur traditionnel n’épargne pas. On définit le taux d’épargne en divisant S, l’épargne totale de l’économie, par Y, la production totale. Y= Ym + Yt, (la production dans le secteur moderne et dans le secteur traditionnel). On obtient: S/Y= p Ym /Y= p Ym /(Ym+Yt)

74 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
C’est Ym, l’expansion du secteur moderne, qui est a la source de l’augmentation du taux d’épargne au cours du processus du développement. Il y a donc là une force d’accélération du processus, qui est directement liée a la réallocation intersectorielle de la main d’œuvre : au plus la main d’œuvre est importante dans le secteur moderne, au plus la production et les profits y sont importants, et au plus l’absorption de la main d’œuvre dans le secteur moderne s’accélère. Ce processus se ralentit après le turning point, suite a l’augmentation généralisée des salaires. Mais cela suppose que les capitalistes réinvestissent l’essentiel de leurs profits.

75 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
Ce modèle résume de façon saisissante un certain nombre de mécanismes de développement économique. Mais c’est un modèle très stylisé qui ignore: La possibilité que le travail dans le secteur traditionnel soit productif. S’il l’est, l’expansion du secteur moderne s’accompagne de baisses de production dans le secteur agricole, qui rend le processus plus complexes, et pourrait augmenter les salaires beaucoup plus tôt que la simple absorption de la main d’œuvre ‘en surplus’. Dans une économie fermée, le développement du secteur industriel requiert suffisamment de production agricole. Il n’est pas clair que le secteur moderne soit compétitif sur le marché du travail (voir le modèle Harriss-Todaro).

76 1.5 Economie Dualiste: le modèle de Lewis
Sur un plan empirique, il n’est pas clair du tout que de la main d’œuvre soit disponible de cette façon, à un coût d’opportunité quasi-nul. (Il existe des conditions théoriques pour cela, mais qui paraissent très irréalistes.) Le modèle sous-estime l’importance de la croissance démographique. Par exemple, pour l’Amérique Latine, avec un taux de croissance démographique de 1.7% et une part de la main d’œuvre industrielle de 0.24 (mais hors agriculture de 0.75), le taux de croissance nécessaire pour absorber la croissance démographique devrait être de 7.1% dans l’industrie (2.3% dans le secteur non-agricole). Le taux de croissance réel de la production industrielle, g, a lui été de 2.5%. On peut montrer qu’aux taux actuels, il faudra à l’Amérique Latine 134 années pour que l’emploi non-industriel commence a diminuer. Il aura entretemps été multiplie par 3,01. En pratique, dans beaucoup d’expériences, le taux de chômage ou de sous-emploi dans les pays pauvres n’a pas diminué de façon importante.

77 1.5 Economie Dualiste Dans le secteur non-agricole, surtout en ville, on observe deux types de secteur: Il y a les firmes qui travaillent dans le cadre des regles et du cadre legal impose par le gouvernement. Elles sont soumises aux legislations du salaire minimal, la main d’œuvre est syndiquee, elles sont organisees en societes, avec des procedures comptables et fiscales modernes, … Elles appartiennent au secteur formel. Il y a d’autre part un ensemble d’organisations qui échappent a tout cadre legal et reglementaire, n’appliquent pas les normes de salaire minimum et sont souvent de petite taille. Les couts d’entree dans ce secteur sont souvent tres faibles. C’est le secteur informel, compose de tous les petits services et petits metiers, mais aussi des ateliers et fabriques qui se developpent hors du secteur formel.

78 1.5 Le modèle de Harris-Todaro
Essayons de rationnaliser le phénomène de migration urbaine, un peu à la suite de Lewis. Considèrons que chaque migrant potentiel prend une décision rationnelle d’émigrer en ville ou de rester au village. Supposons que le secteur moderne/public en ville offre un volume d’emploi donné fixe, LM, au taux de salaire wM qui est fixe, ‘institutionnel’. En restant au village, un travailleur gagne sa productivité moyenne en travaillant sur ses terres: wA=f(LA), f’<0.

79 1.5 Le modèle de Harris-Todaro
Le travailleur décide de migrer si le revenu attendu en ville est plus élevé qu’au village, et décide de rester au village si ce revenu est plus faible. A l’équilibre, les deux revenus doivent donc être égalisés. Le revenu attendu en ville dépend du chômage en ville, et de l’emploi. Supposons que le travailleur considère l’accès à l’emploi comme résultant d’une lotterie: A l’équilibre, f(LA) = E(wM). Cette équation détermine la force de travail agricole d’équilibre, et donc la force de travail totale en ville, employée ou au chômage.

80 1.5 Le modèle de Harris-Todaro

81 1.5 le modèle de Harris-Todaro
En l’absence de frictions (salaire urbain fixe), on aurait un équilibre de plein emploi, à l’endroit où les deux courbes M et A se croisent. Parce que le salaire urbain est fixe et élevé, l’équilibre est tel qu’il y a chômage, LU. LA travaillent dans l’agriculture et LM, dans l’industrie.

82 1.5 le modèle de Harris-Todaro
Une politique d’expansion ou de subsidiation des emplois urbains Fait chuter la proportion de chômeurs en ville (car le revenu agricole d’équilibre sera aussi plus élevé), mais augmente le nombre de chômeurs (sauf si le dernier migrant a une productivité marginale nulle dans l’agriculture) si la productivité agricole est peu sensible au nombre de travailleurs agricoles (f’ est proche de zéro). C’est le paradoxe de Todaro.

83 1.5 Le Modèle d’Harris-Todaro
Modèle élégant, rendant bien compte du sous-emploi urbain, et des effets contre-intuitifs de politique d’emploi public. Beaucoup d’arguments existent pour expliquer l’existence d’un salaire formel élevé et rigide: syndicats, secteur public, firmes multinationales, salaire d’efficience,… Peut etre généralisé à l’existence d’emplois à très bas salaires dans les villes (le secteur informel) et à une lotterie d’obtention d’un emploi un peu plus réaliste.

84 1.5 Le Modèle d’Harris-Todaro
Il est basé sur deux hypothèses: Le salaire urbain n’est pas à son niveau d’équilibre mais est fixé par d’autres forces au dessus de ce niveau. La migration est une décision économique. Les migrants potentiels le font par choix, en comparant des revenus espérés. C’est donc un modèle qui met en évidence les ‘pull factors’ des décisions de migration. Evidemment, dans beaucoup de situations, les ‘push factors’ (guerre, perte de terre,…) sont très importants pour expliquer les migrations.

85 1.5 Les autres aspects du développement: le commerce international
Enfin, peu de différences sur le plan de l’ouverture au commerce international (Gapminder), mais de fortes différences sur la composition des exportations, biaisée en faveur des produits primaires pour les PVD. Problèmes: - Forte instabilité du prix de ces exportations. - Tendance à la spécialisation. - Produits à faibles retombées technologiques. - Stratégie: Faut-il se concentrer sur les produits à forte ou à faible élasticité revenu?

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87 Structure d’exportation de l’Indonésie

88 Structure d’exportation du Chili

89 Chapitre 2: Croissance, Histoire et Complémentarités

90 2.1 La croissance économique moderne
Un taux de croissance du revenu par tete de 2-3% est un phénomène très récent: Hollande, de 1580 à 1820: 0.2 % Angleterre de 1820 à 1890 (la ‘Révolution Industrielle’): 1.2% Pays industrialisés de 1870 à 1913: 1.8% Etats-Unis de 1890 à 1989: 2.2 % France de 1913 à 1978: 1.9% Belgique de 1913 à 1978: 1.5% Japon de 1913 à 1978: 2.6% Etats-Unis de 1913 à 1978: 1.9% Taux Actuels (moyenne sur 20 ans): 3.2% dans les pays riches, 2.9 % dans le monde  Gapminder

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93 2.1 La croissance économique moderne
Le taux de croissance va en s’accélérant de façon générale. La variabilité des taux de croissance est très forte dans les pays a bas revenu. 2%, c’est beaucoup: on parle d’un doublement du revenu tous les 35 ans! Par exemple, en moyenne, dans les pays OCDE, le revenu a été multiplié par 1.8 entre 1870 et 1913 et par 6.7 entre 1870 et 1978, ce qui est gigantesque. Réduire l’inégalité entre nations implique des taux supérieurs à 2% pour les PVD.

94 2.2 Le modèle de Solow Modèle essentiel en analyse de croissance. Double rôle: Paradoxe ou question de base: peut on croître indéfiniment en accumulant du capital? Le développement ‘extensif’ mène-t-il à une croissance perpétuelle du revenu par tête? Descriptif: Comment l’épargne, la croissance démographique et l’accumulation du capital jouent-elles un rôle dans la croissance du revenu? Proposons un modèle simple, une représentation simplifiée et idéalisée des mécanismes principaux, pour analyser cette question. Suite: Slides tirés du cours de François Langot (Université Paris 1)

95 2.2 Le modèle de Solow: Accumulation de capital

96 2.2 Le modèle de Solow: Accumulation de capital
y0 k0

97 2.2 Le modèle de Solow: Accumulation de capital
y0 consommation épargne = investissement k0

98 2.2 Le modèle de Solow: Dépréciation
Deux aspects : Détérioration du stock de capitaux Croissance démographique (qui tend à réduire le stock par tête) En somme, donc, la dépréciation dépend du stock de capital par tête, de son taux de détérioration et du taux de croissance démographique. Postulons qu’une proportion constante du stock est perdue chaque année à cause de la détérioration (δ) et de la croissance démographique (n). Comment représenter tout cela sur le graphique ?

99 2.2 Le modèle de Solow: Dépréciation
y0 k0

100 2.2 Le modèle de Solow: Dépréciation

101 2.2 Le modèle de Solow: Aspects dynamiques
k0

102 2.2 Le modèle de Solow: Aspects dynamiques
i>D => Accumulation nette de capitaux => Croissance y0 k0

103 2.2 Le modèle de Solow: Aspects dynamiques
k1

104 2.2 Le modèle de Solow: Aspects dynamiques
D>i perte nette de capitaux contraction k1

105 2.2 Le modèle de Solow: Équilibre et état stable
y* D=i k constant y constant k*

106 2.2 Le modèle de Solow: Équilibre et état stable
L’équilibre dans le modèle de Solow peut se résumer comme suit : L’investissement est juste suffisant pour compenser la dépréciation, ce qui fait que… Le stock de capital par tête est stable, ce qui fait que… Le revenu par tête est, lui aussi, stable, ce qui veut dire que… La croissance du PIB par tête s’arrête ! Il n’est donc pas possible d’obtenir une croissance infinie par la seule accumulation du capital.

107 2.2 Le modèle de Solow: Équilibre et état stable
Le revenu total d’une économie a très long terme croit au rythme de sa croissance démographique. Plus n est eleve, plus y est faible, mais plus le revenu total augmente. Première Implication: le développement extensif (accumuler les machines et les usines) ne peut pas générer une hausse perpétuelle du revenu par tete. Le developpement intensif (utiliser des methodes de production de plus en plus avancées) est indispensable. Interprétation: il s’agit en fait d’un ‘théorème d’impossibilité’ qui souligne le rôle essentiel du progès technique.

108 2.2 Le modèle de Solow: Comment assurer une croissance de long terme?
Est-ce possible d’assurer une croissance au long terme par le biais d’une des mesures suivantes : Hausse du taux d’épargne (ou d’investissement) ? Baisse de la croissance démographique ? Progrès technologique ?

109 2.2 Le modèle de Solow: Le taux d’épargne
y* k*

110 2.2 Le modèle de Solow: Le taux d’épargne
y*1 y*0 k*0 k*1

111 2.2 Le modèle de Solow: Le taux d’épargne
Le modèle de Solow montre l’importance du taux d’épargne dans la détermination de l’état stationnaire: Si s augmente, alors l’investissement va devenir supérieur à la consommation de capital et l’équilibre stationnaire va s’élever. Si des économies diffèrent par leur taux d’épargne, les états stationnaires de ces économies devraient différer et « expliquer » les différences de niveaux de vie.

112 2.2 Le modèle de Solow: La croissance démographique
La croissance démographique induit une intensité capitalistique décroissante : k/l diminue si l augmente au rythme n. Pour simplement maintenir le capital par travailleur, il faudra accumuler au rythme n. Ceci revient à considérer une source supplémentaire de consommation du capital : la croissance de la population.

113 2.2 Le modèle de Solow: La croissance démographique
y* k*

114 2.2 Le modèle de Solow: La croissance démographique (Attention, ici n’<n  baisse de la croissance démographique) y*1 y*0 k*0 k*1

115 2.2 Le modèle de Solow Supposons qu’a cause du progrès technique ou de l’éducation, les travailleurs sont de plus en plus productifs. Le capital par travailleur peut rester constant, et le revenu va croitre au rythme du progrès technique.

116 2.2 Le modèle de Solow: formalisation simple (hors etude)
 S(t) = I(t)  K(t+1) = (1-d) K(t) + I(t) S represente l’epargne, I, l’investissement, K le stock de capital, t la periode consideree et d le taux de depreciation. Supposons que le taux d’epargne dans l’economie, s, est constant :  S(t) = s Y(t) ou Y représente le revenu. On obtient : K(t+1) = (1-d) K(t) + s Y(t) En divisant par la population P(t), et en supposant P(t+1) = (1+n) P(t), on obtient : (1) (1+n) k(t+1) = (1-d) k(t) + s y(t) où k represente le capital par tete, et y le revenu par tete

117 2.2 Le modèle de Solow (hors etude)
Y(t) = F( K(t), P(t)) qui a des rendements constants d’échelle (homogénéité de degré 1). En divisant par P(t), on obtient : y(t) = F( k(t), 1) = f( k(t)) croissante et concave (f’ > 0, f ’’ < 0 ) en fonction du capital par tete k(t). En remplaçant dans (1), on obtient: (1+n) k(t+1) = (1-d) k(t) + s f( k(t)) Ou (2) k(t+1) = (1-d) k(t)/(1+n) + s f( k(t))/(1+n) qui est l’expression fondamentale du modèle de Solow. Cette équation n’a qu’une seule solution stationnaire k* (obtenu en égalisant k(t) à k(t+1)). C’est la seule solution de ce système pour t tendant vers l’infini.

118 2.2 Le modèle de Solow (hors etude)
Implications: quel que soit son niveau de depart, l’économie converge vers le stock k*, qui correspond a un niveau constant de revenu par tete: Interprétation: il n’y a pas de croissance perpétuelle possible du revenu par tête en accumulant du capital à cause des Rendements décroissants. Comment le revenu par tete de long terme, y*, change-t-il avec s, n et d?

119 2.3 La convergence empirique
Deuxième implication importante du modèle de Solow. Si deux pays ont mêmes progrès technique, dépréciation du capital, taux d’épargne et croissance démographique, alors, à long terme, ils doivent converger vers le même revenu par tête. Ceci est vrai quel que soit le point de départ: les conditions initiales n’ont pas d’importance. C’est l’hypothèse de ‘convergence inconditionnelle’.

120 2. Le modèle de Solow Aspects empiriques : Convergence
y* « pays riche » « pays pauvre » k*

121 2. Le modèle de Solow Aspects empiriques : Convergence
y* « pays riche » « pays pauvre » k*

122 2.3 La convergence Test de Baumol, 1986: Japon, Finlande, Suede, Norvege, Allemagne, Italie, Autriche, France, Canada, Danemark, Etats-Unis, Hollande, Suisse, Belgique, Royaume Uni et Australie de 1870 à 1979

123 2.3 La convergence Corrélation négative entre revenu initial et croissance future. Faiblesse du test: Biais de sélection! Il n’a pris que les pays riches en Il faut prendre tous les pays qui, au départ, jouissaient de conditions comparables (épargne, population,…) et regarder ce qu’ils sont devenus. On doit donc ajouter: l’Argentine, le Chili, l’Allemagne de l’Est, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, le Portugal et l’Espagne. C’est ce que fait De Long en 1988 (on laisse de cote le Japon, car il aurait alors fallu inclure également des pays similaires en 1870, tels la Colombie, le Mexique,…) sur lesquels on n’a pas l’information.

124 2.3 La convergence

125 2.3 La convergence La tendance globale reste négative
Mais, la prévision est beaucoup moins bonne. Alternatives: prendre plus d’observations, sur une période plus courte. Mais, on a vu que, globalement, sur les 40 dernières années, la distribution des nations est restée plus ou moins la même. Prescott et Prescott (1993): prenons 102 pays sur la période Chaque année, ils calculent le revenu par tete d’un pays divisé par le revenu par tête des Etats-Unis. Pour chaque année, ils calculent alors l’ecart type du revenu par tete relatif entre tous les pays considérés. En 25 ans, l’ecart-type s’est accru de 18.5%.Il y a plutôt divergence inconditionnelle.

126 2.3 La convergence Barro (1991) etudie la correlation entre le revenu par tete en 1960 et la croissance en pour 120 pays.

127

128 Exemples de tests de convergence

129 Un des problèmes de l’hypothèse de la convergence inconditionnelle: son pouvoir prédictif dépend du fait que les pays que l’on compare ont les mêmes caractéristiques structurelles (épargne, population,…). Prenons les USA.

130 2.3 La convergence Selon Solow, si les pays diffèrent dans les paramètres essentiels: leur revenu de long terme peut être différent, même s’ils devraient croitre a long terme au rythme du progrès technique. Supposons le progrès technique commun a tous les pays: l’ensemble des choix technologiques est commun a tous les pays. (Cela n’implique pas qu’il fasse les mêmes choix techniques, ce qui serait inefficace.)

131 2.3 La convergence Alors, le taux de croissance de long terme du revenu par tete est identique entre pays (le niveau peut être différent, voir supra). Un pays en dessous de son équilibre stationnaire doit croitre plus vite Un pays au dessus de son équilibre stationnaire doit croitre moins vite Pour étudier cela, il faut connaitre la situation par rapport à l’équilibre stationnaire, et donc ‘contrôler’ pour tous les facteurs qui affectent cet équilibre stationnaire (population, épargne). C’est ce qu’on appelle la convergence conditionnelle. Méthodes plus sophistiquées. Mankiw, Romer et Weil montrent par exemple que croissance démographique et taux d’épargne expliquent 50% des variations de revenu par tête entre nations!

132 2.3 La convergence Par ailleurs, une des composantes importantes du progrès technique est le ‘capital humain’, directement lié à l’éducation et qui lui n’est pas transférable entre nations. Permet d’expliquer pourquoi les taux de rendements du capital dans les PVD sont faibles: il y a trop peu de capital humain par rapport au capital physique. Représente une ‘condition’ importante dans la convergence.

133 2.3 La convergence (Barro,1991)

134 2.3 La Convergence Le modèle de Solow doit être vu comme un guide pour l’analyse, qui laisse ouvertes un grand nombre de questions fondamentales: Taux d’épargne constant? Croissance démographique constante? D’où vient le progrès technique? Capital humain? … qui correspondent à des questions fondamentales en économie du développement.

135 2.4 Le progrès technique (Fogel 1999)

136 2.4 Le progrès technique Deux grandes catégories de progrès technique:
la création: investissement en vue d’accroitre la productivité dans le futur. la diffusion: transfert de l’innovation. Tension entre deux effets: Effet d’échelle: plus ce transfert est rapide, plus le progrès technique est important. Effet d’incitant: Mais la firme ‘innovante’ perçoit moins de profits, ce qui réduit ses incitants a innover. C’est l’idée essentielle derrière les brevets. Notons cependant que la diffusion peut aussi inciter les firmes leaders à développer plus rapidement de nouvelles innovations, pour maintenir leur avantage compétitif.

137 2.5 Les mesures du progrès technique
Mesure importante: la productivité totale des facteurs=hausse de production qui n’est pas liée à la croissance du capital ou du travail = croissance du revenu qui ne peut être prédite par la seule croissance des inputs. Si, durant une période donnée, Y=F(E, K, L), dY/Y=F’1dE/Y+F’2dK/Y+F’3dL/Y  F’1dE/Y=dlogY-g(K)dlogK-g(L)dlogL où g(K), g(L) représentent les parts dans le revenu national du capital et du travail (sous certaines hypothèses: rendements constants d’échelle, concurrence parfaite). Tous les éléments à droite sont mesurables, et l’on peut donc facilement mesurer F’1dE/Y, qui est une mesure en pourcentage. Il faut particulièrement bien mesurer L, car la qualité de la force de travail, mesurée par l’éducation, est bien sur essentielle.

138 2.5 Les mesures du progrès technique
Entre 1965 et 1990, l’Asie du Sud Est a crû de façon extraordinaire. Mais les taux d’épargne extrêmement élevés: 36% en Thailande, 33% a Hong Kong, 37% en Malaisie,… Le taux d ’épargne moyen en 1995 est de 39%! (contre 23% dans le monde). Les niveaux d’éducation de la main d’œuvre sont très élevés. En 1980, le taux d’inscription à l’école secondaire est de 78% en Corée, 64% à Hong Kong,… Beaucoup d’observateurs pensent que la cause principale du ‘miracle asiatique’ est le progrès technique, particulièrement l’adoption de techniques performantes développées ailleurs (comme pour le secteur automobile).

139 2.5 Les mesures du progrès technique
Young (1995) propose d’estimer la PTF en mesurant correctement tous les facteurs mesurables, y compris la croissance de la participation à la force de travail, le transferts de l’agriculture vers l’industrie, les changements dans les niveaux d’éducation des travailleurs,… La PTF fut en fait très faible: 1.7% à Taiwan, 2.3% à Hong Kong, -1% à Singapour, 2.1% en Corée du Sud. Pour comparaison, la PTF de la France est de 1.5%, de l’Allemagne 1.6%,… Il n’y a donc rien eu d’ extraordinaire dans le miracle asiatique: il s’agit d’une croissance classique, basée sur l’accumulation des facteurs, et en particulier sur la croissance de la participation à la force de travail.

140 2.4 Le progrès technique Les nouvelles théories de la croissance s’intéressent au progrès technique comme un acte délibéré d’investissement pour se créer un avantage compétitif. En développement, la question porte plutôt sur la diffusion, l’adoption du progrès technique. Une des questions importantes est celle des Externalités: lorsqu’une firme investit, cela a des conséquences sur l’ensemble de l’économie et de la société. Par exemple, une firme exportatrice développe une infrastructure portuaire; une firme de services informatise tous ses services et forme les personnes qu’elle recrute,… N.B.: externalités: les décisions d’un agent ont des conséquences directes sur les autres agents, sans que l’agent qui décide ne soit directement affectés par ces conséquences.

141 2.4 Le progrès technique Exemple: une firme décide de son niveau d’investissement. La rentabilité du projet dépend du niveau attendu des investissements totaux dans l’économie. Supposons que la rentabilité suive une courbe en S en fonction des investissements agrégés.

142 2.4 Le progrès technique Niveau d’investissement individuel S1 S2
Niveaux d’investissement agreges attendus

143 2.4 Le progrès technique Ajoutons l’ensemble des investisseurs dans l’économie, de sorte que les attentes correspondent effectivement aux investissements réalisés. Niveau d’investissement individuel S1 S2 Niveaux d’investissement agreges attendus

144 2.4 Le progrès technique On observe 3 équilibres: 0, S1 et S2. Deux sont stables. Si les firmes sont pessimistes, elles s’attendent à peu (<S1) d’investissements, elles n’investissent pas, et on est en 0. C’est une « trappe de pauvreté », un « équilibre de bas niveau ». Si les firmes sont optimistes, elles investissent toutes et on obtient l’équilibre de haut niveau S2. Des attentes différentes mènent donc à des situations très différentes.

145 2.5 Complémentarités et coordination
Echecs de coordination: le clavier AZERTY est largement dominé techniquement par le clavier DVORAK, mais continue à s’imposer. La même chose vaut pour l’utilisation de processeurs Intel dans les PC, ou de l’anglais comme langue internationale. Point commun: mon choix augmente l’utilité des personnes qui font le même choix. C’est une externalité, sous forme de complémentarité entre les choix individuels. Mais une fois un standard adopté, il est difficile d’en changer, sauf en se coordonnant: un mauvais standard (azerty) s’interprète comme un échec de coordination. C’est une autre forme d’équilibre de bas niveau, sous forme d’externalité technologique. Autre exemple: le sous-investissement des firmes dans la discussion du progrès technique.

146 2.5 Complémentarités et coordination
Etroitesse des marchés et ‘Big Push’. Le sous-développement pourrait être interprété comme un échec de coordination. Une des causes possibles est l’étroitesse des marchés: je n‘investis pas car je n’ai pas de marché pour vendre ma production. Par contre, si beaucoup de firmes investissaient en même temps que moi, nous nous fournirions des débouchés les uns aux autres, et nos investissements deviendraient mutuellement rentables. Cette idée fut à la base du Plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe de l’après-guerre. En créant un Big Push, on contre l’étroitesse des marchés et les attentes pessimistes des entrepreneurs. Une fois les investissements réalisés, tous les investissements deviennent profitables. L’externalité en question ici est une externalité de marché: les revenus et salaires générés par une firme produisent la demande pour les biens et services produits par les autres firmes.

147 2.5 Complémentarités et coordination
‘Let us assume that unemployed workers in Eastern or South-Eastern Europe are taken from the land and put into a large shoe factory. They receive wages substantially higher than their previous meagre income in natura. It would be impossible to put them into industry at their previous income standard, because they need more foodstuffs than they had in their agrarian semi-unemployed existence, because these foodstuffs have to be transported to towns, and because the workers have to pay for housing accommodation. If these workers spent all their wages on shoes, a market for the products of their enterprise would arise representing an expansion which does not disturb the pre-existing market, and 90 percent of the problem (assuming 10 percent profit) would be solved. The trouble is that the workers will not spend all their wages on shoes. If, instead, one million unemployed workers were taken away from the land and put, not into one industry, but into a whole series of industries which produce the bulk of the goods on which the workers would spend their wages, what was not true in the case of one shoe factory would become true in the case of a whole system of industries: it would create an additional market, thus realizing an expansion of world output with the minimum disturbance of the world markets. The industries producing the bulk of the wage goods can therefore be said to be complementary.’ (Rosenstein-Rodan, 1943)

148 2.5 Complémentarités et coordination
Jusqu’où cette idée est elle vraie? On peut montrer qu’avec des marchés concurrentiels, il n’est pas possible d’avoir un échec de coordination lié à l’étroitesse des marchés. En fait, un investissement à perte d’une entreprise ne peut que réduire les revenus disponibles et donc les dépenses pour les productions des autres firmes. (Murphy, Shleifer et Vishny, 1989). C’est lié au fait que si les profits sont négatifs, cela veut dire que la valeur de la production est inférieure à la valeur des inputs utilisés, et correspond bien à une réduction du pouvoir d’achat total dans l’économie. Il y a bien externalité de marché (mes profits accroissent la demande des autres firmes) mais elle ne génère pas nécessairement des équilibres multiples. Il faut donc un mécanisme supplémentaire, comme par exemple une prime salariale.

149 2.5 Complémentarités et coordination
Supposons que les firmes du secteur ‘moderne’ paient une prime salariale à leurs travailleurs, au dessus du coût d’opportunité de leur travail. En fait, la prime salariale correspond à un coût pour l’entreprise, mais pour les autres firmes, c’est comme si une partie des profits étaient distribués aux travailleurs. Supposons un grand nombre de firmes et de secteurs. Il y a deux technologies disponibles: moderne et traditionnelle, et les fonctions de production sont illustrées par les deux droites. Les couts de production dans le secteur moderne sont donnés par la droite en pointillé.

150

151 2.5 Complémentarités et coordination
Si la firme investit seule, sa demande reste au niveau Q1, et pour ce niveau de production, ses coûts excédent ses revenus (point A sur le graphe). Si tous les autres investissent, la demande pour la firme est Q2. A ce niveau là de demande, les recettes excédent les coûts et la firme va investir. D’autres mécanismes existent: par exemple le partage d’infrastructures communes; ou avec des marchés imparfaits du capital, la coordination des investissements pour convaincre des investisseurs avers au risque.

152 2.5 Complémentarités et coordination
Tous ces mécanismes requièrent un marché défaillant en plus de l’externalité de marché, typiquement le marché du capital : que se passe-t-il si une seule firme peut investir autant qu’elle le désire dans n’importe quel secteur? Des politiques de coordination des investissements peuvent donc être nécessaires: planification indicative, création de conglomérats, banque d’investissement, création de pôles de croissance, ou de relance de la demande comme le Plan Marshall. Ces politiques ont du sens en économie fermée. Les mécanismes discutés ci-dessus ne s’appliquent pas à une économie largement ouverte.

153 2.6 Filières industrielles
Relations complexes entre industries au sens large. Hirshman distingue les liaisons ‘en amont’, qui accroit la demande des secteurs situés en amont, et les liaisons ‘en aval’ qui facilite la production et l’offre des secteurs en aval. Un liaison en amont typiquement accroit le prix des produits en amont, une liaison en aval réduit les coûts en aval. L’idée est de concentrer l’effort d’investissement sur certains secteurs clés, en fonction des liaisons amont et aval qu’ils présentent. Il s’agit de créer des ‘déséquilibres’ qui favorisent la croissance des secteurs.

154 2.6 Filières industrielles
Le nombre de liaisons d’un secteur a de l’importance: le bois pour l’exportation a moins de liaisons que le développement du chemin de fer. La force des liaisons a de l’importance, les liaisons aval étant en général plus diffuses que les liaisons amont. Enfin, du point de vue des politiques publiques, il faut peut être choisir de favoriser les secteurs les moins rentables, ceux qui ont le moins de chances d’être visés par le secteur privé.

155 2.7 Les causes ‘Fondamentales’
Pourquoi le processus de croissance, de bien-être, de démocratie,… s’est il concentré dans certains pays et pas dans d’autres? Au dela de la démographie, de l’épargne, … y a-t-il des conditions ‘fondamentales’ à la prospérité économique. Prenons donc une perspective d’histoire comparée. Il y a trois types d’arguments dans la littérature: Les causes culturelles Les causes géographiques Les causes institutionnelles

156 2.7 Les causes Fondamentales: la culture
C’est une vieille idée, que l’on retrouve chez Weber dans sa discussion du protestantisme et du catholicisme et du développement du capitalisme. Plusieurs recherches actuelles investiguent cette question. Par exemple, des cultures plus ‘individualistes’ basées sur la famille nucléaire offriraient des conditions plus favorables à la performance économique (Roland).

157 2.7 Les causes Fondamentales: la culture
Critique des explications culturelles: Raciste ou ethnocentrique Renverse peut être le sens des causalités: les pratiques culturelles elles-mêmes peuvent être conçues comme le produit des institutions politiques, des incitants et de l’héritage historique. La culture est considérée comme fixe, ce qui rend difficile d’expliquer les changements de destinée économique, ou les différences de trajectoires pour des pays partageant les mêmes traits culturels.

158 2.7 Les causes Fondamentales: la géographie
Certaines recherches récentes font apparaitre des corrélations géographiques intéressantes du point de vue du développement économique. Par exemple, la qualité des sols a déterminé l’importance de la force physique dans l’agriculture, qui est corrélé avec le statut actuel de la femme. Ou des environnements de pasteurs nomades sont moins propices à l’établissement de villes et d’institutions politiques centralisées.

159 2.7 Les causes Fondamentales: la géographie
Critique des explications géographiques: Encore une fois, on a là du déterminisme géographique, qui est incapable de rendre compte de l ’évolution différente de pays également dotés. Difficulté d’expliquer les exceptions et les divergences entre pays de même caractéristique géographique, sans référence aux facteurs historiques, culturels ou institutionnel. Peu de relevance immédiate en termes de politiques. Comme pour les causes culturelles, il y a une tendance au déterminisme mono-causal, sans réelle attention aux mécanismes et au trajectoires. Ce n’est pas une approche très riche au niveau de la pensée et de la recherche.

160 2.7 Le rôle des institutions
Douglas North: ”Institutions are the humanly devised constraints that structure human interaction. They are made up of formal constraints1, informal constraints2 and their enforcement characteristics. Together they define the incentive structure of societies and specificially economies”. 1) règles, lois, Constitutions 2) normes et conventions … ou simplement ‘les règles du jeu’

161 2.7 Le rôle des institutions
Il est également utile de distinguer entre: Les institutions économiques: droits de propriété, droits des contrats (exécution, opposabilité), droits des brevets,... Les institutions politiques: démocratisation, règles électorales, importance des mécanismes de contrôle de l’exécutif,...

162 2.7 Le rôle des institutions
Il y a beaucoup de travaux montrant des corrélations intéressantes entre institutions et performance économique

163 2.7 Le rôle des institutions

164 2.7 Le rôle des institutions
Figure from Przeworski04 (’institutions matter?’)

165 2.7 Le rôle des institutions
Mais cela ne démontre pas un relation causale des institutions sur la performance économique. Le type de questions qui nous intéressent sont les suivantes: Si le Royaume Uni devait passer d’un système majoritaire à un système proportionnel, comment cela affecterait-il le budget de la sécurité sociale ou la gestion de la dette publique? Si l’Argentine abandonnait le régime présidentiel en faveur d’un régime parlementaire, cela faciliterait il l’adoption de politiques plus favorables au développement économique? Comment le Nigéria évoluerait-il si on lui implantait les institutions du Chili? Comment l’introduction du suffrage universel a-t-il affecté la redistribution du revenu en Europe occidentale? L’inégalité est elle la cause du sous développement?

166 2.7 Le rôle des institutions
Ce sont des questions difficiles sur le plan empirique: la corrélation est peu informative. Car les institutions sont elles mêmes le produit de la performance économique: La causalité va dans les deux sens Il y a des tas d’autres facteurs qui infuencent ces processus, que nous mesurons très mal (biais de variable omise). Les institutions ne sont pas aléatoires, ce qui permettrait d’étudier leurs effets de façon satisfaisante. Ainsi la démocratie n’est pas un hasard. Le véritable problème est que nous ne pouvons pas observer le contre-factuel: que seraient devenus les Etats Unis sans la guerre de Sécession ou la France sans Napoléon?

167 2.7 Le rôle des institutions
Correlation positive entre revenu et distance à l’équateur.

168 Revenu par tête et latitude

169 2.7 Le rôle des institutions
Selon Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson (AJR), cette corrélation est le produit de l’histoire. Les Européens ont adopté des politiques de colonisation différentes dans les colonies, en y établissant des institutions très différentes. Dans ce contexte, on distingue deux types d’institutions: Inclusives: Force de la loi Égalité de tous et droits de propriété bien établis Encouragement à l’entrepreneuriat Extractives Force de l’ élite Certains sont plus égaux que d’autres, et les intérêts de l ’élite prédominent Encouragement au clientélisme

170 2.7 Le rôle des institutions
Dans les endroits où les colons faisaient face a de forts taux de mortalité (liés à la presence de maladies tropicales), ils ne pouvaient pas s’installer de façon permanente, et ils établissaient donc des institutions extractives, qui ont persisté après l’indépendance. Là où ils pouvaient s’installer de façon permanente, les colons ont établis des institutions qui leur permettraient de prospérer, des ‘mini-Europes’. Ces institutions ont effectivement produit un meilleur développement. On retrouve dans cette approche ‘institutionnelle’ une approche fondamentalement géographique, mais avec un mécanisme institutionnel.

171

172 2.7 Le rôle des institutions
Cette histoire repose sur trois principes: Différentes politiques de colonisation ont créé des insitutions très différentes: Etats extractifs, par exemple au Congo, Nigeria, Tunisia Pas de protection de la propriété privée Pas de contrôle de l’exécutif. Taxation confiscatoire Les Neo-Europes, p.e. US, NZ, AUS. Protection de la propriété privée La loi et l’ordre La possibilité de s’établir de facçon permanente à déterminé le type d’institutions qui prévaut dans un pays donné. Les insitutions persistent dans le temps.

173 2.7 Le rôle des institutions
Dans les tropiques, 80% de la mortalité européenne est causée par la malaria et la fièvre jaune: Les européens en Afrique, en Inde et aux Caraibes sont confrontés à des taux de mortalité élevés. Mais les indigènes ont une mortalité beaucoup plus faible (développement d’immunité). Par exemple la fièvre jaune en Afrique de l’Ouest était une maladie ‘de l’étranger’ et avait peu d’effets sur la santé ou l’économie des locaux. Beaucoup des zones colonisées dans les régions tropicales étaient plus riches et plus densément peuplées en 1500 que les régions tempérées où vont s’établir les colons.

174

175 2.7 Le rôle des institutions
On prend une mesure de protection contre les risques d’expropriation Varie de 0 à 10, pour chaque pays et chaque année. AJR prend la moyenne entre 1985 et 1995. Un Etat extractif a une valeur faible de cet index. C’est une mesure ‘large’ de la force des droits de propriété. Ce sont des données élaborées par le ‘service des risques politiques’, qui est une société privée de conseil aux entreprises pour leurs investissements à l’étranger.

176

177 2.7 Le rôle des institutions
L’équation testée est la suivante:

178 2.7 Le rôle des institutions
L’analyse statistique montre une très forte association entre R et Y, même lorsque l’on contrôle pour des variables de continent (dummy) et de latitude. Pourquoi est ce que cela ne prouve cependant pas un effet causal? Les économies riches peuvent préférer adopter de meilleures institutions, ou peuvent se le permettre (causalité inverse) Des variables importantes déterminant les deux processus peuvent avoir été omises (par exemple la politique étrangère des Etats Unis). Les mesures d’institutions ici sont récentes. C’est une mesure particulière, et il y a donc des biais car elle ne capture pas l’ensemble des variations institutionnelles.

179 2.7 Le rôle des institutions
Solution: il faut traiter R comme une variable ‘endogène’, elle même déterminée par d’autres facteurs. On va donc estimer une ‘équation de première étape’: (il s’agit donc d’une approche 2SLS par variable instrumentale. Quelle est donc l’hypothèse d’identification?)

180

181 2.7 Le rôle des institutions
Cette approche suggère un effet tres important (et signicatif) des institutions sur les performances économiques. Les différences institutionnelles actuelles représentent 75% des variations de revenu par tête actuelles. Améliorer les institutions du Nigéria au niveau de celles du Chili causerait un accroissement de 7 fois le revenu actuel du Nigéria (la différence actuelle entre les deux revenus est de 11 fois). La géographie n’a aucun impact, une fois que les institutions sont ainsi mesurées et considérées comme des variables endogènes: ”These results suggest that Africa is poorer than the rest of the world not because of pure geographic or cultural factors, but because of worse institutions” (p AJR).

182 2.7 Le rôle des institutions
Ces résultats sont robustes à l’utilisation: De différents échantillons En contrôlant (prenant en compte) les continents et les variables géographiques. En contrôlant pour la prévalence actuelle de la malaria ou l’espérance de vie. En utilisant la fièvre jaune uniquement comme instrument (elle est éradiquée actuellement).

183 2.7 Le rôle des institutions
Un aspect clé de AJR est que ce n’est pas l’identité du colonisateur qui a de l’importance, mais les conditions environnementales initiales dans les colonies. (Certains auteurs montrent cependant que l’identité du colonisateur, notamment européen a eu de l’importance, mais de façon moins convaincante). De plus, l’identité du colonisateur n’explique pas des trajectoires très différentes de pays colonisés de façon similaire (Argentine/Pérou, Canada/Jamaique,...) Ces résultats sont liés aux travaux de Engerman and Sokolof (1997). Les Iles Caraibes illustrent les effects negatifs de la colonisation européenne, qui y établirent des régimes répressifs basés sur l’esclavage et le travail forcé. Les dotations en facteurs, y compris le climat, la géographie et les types de sol permettent d’expliquer l’établissement de ‘bonnes institutions’ en Amérique du Nord et de ‘mauvaises institutions’ en Amérique Latine.

184 2.7 Le rôle des institutions (ES 2000 JEP)

185 2.7 Le rôle des institutions
Pour Engerman et Sokoloff, la dotation initiale en facteurs (climat, sol, densité de population indigène): Ont prédisposé les colonies nord-américaines vers une disctribution relativement égalitaire de la propriété, avec des institutions correpondantes favorisant les activités commerciales et productives décentralisées. Ont prédisposé les pays d’Amérique Latine et des Caraibes à des distributions très inégales de la propriété et à l’établissement d’institutions qui protégeaient les élites dominantes. En particulier, la culture de canne à sucre et d’autres plantes de fortes valeurs, dont la culture est soumise à des rendements d’échelle importants, ont permis la concentration des terres et l’établissement de l’esclavage. Ce processus fut encouragé par la forte densité de population indigène au départ.

186 2.7 Le rôle des institutions: la persistence
”In those societies that began with extreme inequality, elites were better able to establish a legal framework that insured them disproportionate shares of political power, and to use that greater influence to establish rules, laws, and other government policies that advantaged members of the elite relative to non-members – contributing to persistence over time of the high degree of inequality”. (ES2000)

187 2.7 Le rôle des institutions
Un article récent d’Easterly (JDE 2007) développe l’argument d’Engerman et Sokoloff en intégrant l’inégalité comme dimension clé.

188 2.7 Le rôle des institutions
Les dotations en facteurs influencent une inégalité ‘structurelle’ qui va conditonner les institutions. La canne à sucre est très intensive en main d’oeuvre, privilégie des plantations et donc une inégalité structurelle élevée. Le blé est moins sujet à rendement d’échelle et plus intensif en capital, favorisant une inégalité structurelle beaucoup plus faible.

189

190

191 Chapitre 3 Inégalité, croissance et développement

192 3. L’inégalité Il faut distinguer inégalité dans le revenu et inégalité dans la richesse (flux et stock). Il faut aussi distinguer inégalité de court terme et de long terme. Il est essentiel de distinguer inégalité instantanée de la mobilité. Exemple. Comparons le pays A où la moitié des habitants gagnent 2000, l’autre 3000, et il n’y a aucune mobilité, au pays B, dans lequel la moitié des habitants gagnent 1000, et l’autre moitié 4000, mais chaque année, chacun change de catégorie de revenu.

193 3. L’inégalité L’effet de Tunnel d’Hirshman:
Vous êtes en voiture, coince dans un tunnel, sur la file de gauche. Apres un moment, les voitures de la file de droite commencent a avancer. Au depart, votre utilite augmente, car vous vous attendez a ce que votre file se mette aussi a avancer. Cependant, si la file de gauche reste bloquée trop longtemps, alors que la file de droite continue a avancer, vous allez commencer a vous sentir frustré. La tolérance pour l’inégalité change avec le temps, en fonction des perspectives de mobilité du revenu. Une stratégie de ‘croissance d’abord, distribution ensuite’ n’est réalisable que dans des sociétés relativement homogènes et mobiles socialement.

194 3.1 Les mesures d’inégalité
Quelles sont les propriétés désirables d’une mesure d’inégalité? Quels sont les critères d’une bonne mesure? Il y en a quatre. L’anonymité: l’identite de la personne qui obtient le revenu ne devrait pas importer. Une distribution des revenus telle que i gagne un revenu yi et j gagne yj est identique a une distribution telle que i gagne yj et j gagne yi. Le principe de population : l’inegalite de la distribution (y1, y2, y3, …yn) est identique a l’inegalite de la distribution (y1, y1, y2, y2, y3, y3, …yn). Doubler la population en dupliquant la meme distribution des revenus ne change pas l’inegalite. Ceci nous permet de normaliser et d’utiliser des pourcentages de population.

195 3.1 Les mesures d’inégalité
3. Le principe de revenu relatif : Pour mesurer l’inegalite, seul le revenu relatif importe, et non le niveau absolu du revenu. En d’autres termes, (1000, 2000) presentent le meme niveau d’inegalite que (2000, 4000) : seules les parts de revenu dans le revenu total importent. Mais : Le niveau absolu de revenu peut importer (par exemple en matiere de pauvrete) mais pas pour l’inegalite. Puisque nous voulons fondamentalement comparer des utilités relatives, nous supposons que les personnes ont des utilites comparables, et que celles-ci sont d’une certaine façon proportionnelles au revenu. C’est évidemment deux exigences extrêmement fortes. Mais, si nous ne pensons pas que les utilites soient comparables, alors les mesures d’inegalite n’ont aucun sens.

196 3.1 Les mesures d’inégalité
4. Le principe de Pigou-Dalton : Prenons une distribution des revenus (y1, y2, y3, …yn) et considerons yi < yj. Un transfert de revenu de i vers j est appele un transfert régressif. Le principe de Pigou-Dalton est que tout transfert regressif augmente l’inegalite. En consequence, si une distribution peut être obtenue a partir d’une autre a la suite d’un ensemble de transferts regressifs, alors la premiere distribution est plus égale que la deuxieme. Ainsi : I(2, 2, 4, 4) < I(0, 1, 3, 8) Notons egalement que ce principe implique que l’inegalite est transitive.

197 3.1 Les mesures d’inégalité
Comparez (2, 4, 4, 10) à (2, 7, 6, 5) (2, 4, 4, 10) à (8, 5, 6, 1) (2, 4, 4, 10) à (2, 3, 7, 8) (2, 4, 4, 10) à (20, 30, 50, 100) (2, 4, 4, 10) à (3, 2, 4, 4, 5, 6, 7, 9) En appliquant Pigou Dalton, et les autres principes. NB: en general, il faut s’assurer que les distributions sont comparables en utilisant l’axiome du revenu relatif. Par exemple, comment comparer (2, 4, 4, 10) à (4, 14, 12, 10)?

198 3.1 Les mesures d’inégalité
Une mesure d’inegalite est un index I portant sur toutes les distributions de revenu concevables (y1, y2, y3, …yn). Les quatre critères que nous jugeons souhaitables peuvent être re-exprimes de la facon suivante : Anomymite : I(y1, y2, y3, …yn) = I(y2, y1, y3, …yn) Population : I(y1, y2, y3, …yn) = I(y1, y2, y3, …yn, y1, y2, y3, …yn) Revenu relatif : I(y1, y2, y3, …yn) = I(ky1, ky2, ky3, …kyn), pour tout k> 0 Pigou-Dalton : I(y1, y2, y3, ., yi - d, ., yj + d, …yn) > I(y1, y2, y3, …yn) pour d > 0

199 3.1 Les mesures d’inégalité
Il y a des critères plus avancés, que nous ne retiendrons pas mais qui pourraient mieux réfléter notre comprehension de l’inegalite. Ainsi, Foster et Shorrocks ont developpe la propriete de sensibilite au transferts, en argumentant que les personnes pauvres sont plus sensibles aux transferts que les personnes riches. Ainsi, si nous avons une distribution des revenus initiale ( 2, 2, 4, 4) et deux distributions apres transferts ( 1, 3, 4, 4) et ( 2, 2, 3, 5), le principe de Foster-Shorrocks implique : I(1, 3, 4, 4) > I( 2, 2, 3, 5) > I( 2, 2, 4, 4).

200 3.1 Les mesures d’inégalité
La courbe de Lorenz décrit la part dans le revenu national des x% personnes les plus pauvres, pour tout x compris entre 0 et 100%. Il s’agit donc d’ordonner les individus du plus pauvre au plus riche sur l’axe des abcisses, et de calculer leurs parts dans le revenu. Dans l’exemple ci-dessous, les 60% les plus pauvres dans la population obtiennent 30% du revenu national. La pente de la courbe de Lorenz mesure l’augmentation de part lie a l’individu situe au point, ce qui représente aussi sa part de revenu individuel. La droite a 45° représente le cas de l’égalite parfaite dans laquelle chaque individu a la même part de revenu.

201 3.1 Les mesures d’inégalité

202 3.1 Les mesures d’inégalité
L’inegalite est plus élevée lorsque la courbe de Lorenz correspondante est systématiquement plus basse. C’est ce qu’on appelle le critère de Lorenz : Une distribution des revenus dans laquelle x% de la population gagne moins qu’une autre distribution, pour tout x compris entre 0 et 100% (et strictement moins pour au moins une valeur de x), est plus inegale. Une mesure quelconque d’inegalite satisfait le critere de Lorenz ssi cette mesure satisfait les quatre criteres definis plus haut. C’est une propriete extremement forte, puisqu’elle implique l’equivalence. Un transfert regressif implique necessairement que la nouvelle courbe se situe partout plus bas que la courbe initiale.

203 3.1 Les mesures d’inégalité
La courbe de Lorenz ne fournit pas un ordre complet: il y a des distributions non-comparables. Prenons une distribution (75, 125, 200, 600) et appliquons deux transferts : un regressif entre le premier et le deuxieme individu, de 50, et un progressif, de 200, du quatrieme vers le troisieme. On obtient : (25, 175, 400, 400). Ces distributions sont a priori non comparables, car elles ne satisfont pas le critere de Pigou-Dalton. Cela se marque au niveau du critere de Lorenz par le fait que les deux courbes se croisent:

204 3.1 Les mesures d’inégalité

205 3.1 Les mesures d’inégalité: quelques exemples

206 3.1 Les mesures d’inégalité: quelques exemples

207 3.1 Les mesures d’inégalité: quelques exemples

208 3.1 Les mesures d’inégalité
Autres mesures 1. L’etendue : R=(yn-y1)/E(y) Elle ne satisfait pas au principe de Dalton. 2. Les rapports (ratios) de Kuznets : rapport de la part dans le revenu des x% les plus riches a celle des y% les plus pauvres, où x et y prennent des valeurs-clés telles que 10, 20 ou 40. Ces rapports sont des morceaux de la courbe de Lorenz, et sont très utiles quand on manque de données exhaustives. Cependant, ils ne satisfont pas au principe de Dalton.

209 3.1 Les mesures d’inégalité
3. La deviation absolue moyenne : qui, elle, se base sur l’entièrete de la distribution. Cependant, si nous prenons deux revenus, yi et yj, situes tous deux du même cote de la distribution et opérons un transfert régressif entre i et j, cela ne change pas la mesure. Elle ne satisfait donc pas au principe de Dalton.

210 3.1 Les mesures d’inégalité
4. Le coefficient de variation : qui elle aussi se base sur l’entièreté de la distribution, mais est de plus consistante avec Lorenz : un transfert régressif de j vers k, avec yj < yk, accroit C. (vérifiez !)

211 3.1 Les mesures d’inégalité
5. Le coefficient de Gini : consiste a prendre les différences (en valeur absolue) entre toutes les paires de revenu que l’on peut comparer, et à en prendre la somme. C’est une des mesures les plus utilisées.

212 3.1 Les mesures d’inégalité
Gini satisfait Pigou-Dalton: Prenons un transfert regressif . A gauche de yj, la distance avec toutes les valeurs inferieures s’est reduite, mais c’est exactement contre-balance par l’accroissement de yk. De meme a droite de yk. Des lors seules comptent les valeurs comprises entre yj et yk, et leurs distances par rapport a yj ou yk augmentent.

213 Gini correspond precisement au rapport entre l’aire comprise entre la courbe de Lorenz et la droite a 45degres et l’aire du triangle delimite par la droite a 45degres et l’axe des abcisses. Prenons le batonnet correspondant a yi. Il mesure la distance entre la valeur prise sur la courbe de Lorenz, yi, et la valeur correspondante sur la droite a 45°. Mais cette droite correspond au revenu moyen dans l’economie que chacun aurait en cas de parfaite egalite. Mesurer cette distance pour yi, c’est calculer les n differences entre yi et toutes les autres valeurs possibles de y1 a yn, et diviser par n. Si on fait cela non seulement pour yi, mais aussi pour toutes les autres valeurs, on obtient la double sommation de toutes les distances.

214 3.1 Les mesures d’inégalité
En conclusion, outre la courbe de Lorenz, on ne devrait utiliser que G et C, qui satisfont le critère de Lorenz. Cependant, ces deux mesures peuvent donner des indications contradictoires lorsque les courbes de Lorenz se croisent. Des mesure d’inegalite peuvent donc satisfaire le critere de Lorenz et donner des résultats contradictoires quand les distributions ne sont pas comparables.

215 3.1 les mesures d’inégalité

216 3.1 Les mesures d’inégalité
Bien souvent, on ne dispose pas de toute l’information désirée, et on doit se contenter de mesures à la Kuznets, telle que la part des x% les plus riches ou les plus pauvres (voir Gapminder!). Ces mesures sont généralement disponibles sur de plus longues séries. Sur la dia suivante, vous trouverez l’evolution de la part des 10% les plus riches dans le revenu national en France au 20e siecle. Remarquez l’impact de la seconde guerre mondiale, et surtout le fait que les politiques sociales de l’apres-guerre n’ont jamais permis a l’elite economique de recuperer leur niveau d’avant-guerre.

217 Exemple: evolution de l’inégalité en France au 20ème siècle (Piketty, 2002)

218 3.1 Evolution internationale de l’inégalité (d’après Bourguignon, 2010)
‘Les riches deviennent plus riches et les pauvres, plus pauvres’… Beaucoup de critiques de la globalisation sont basées sur la montée inéluctable de l’inégalité globale. Que sait on? Au niveau national? International? Quelles sont les causes? Quelles sont les politiques possibles?

219 3.1 Evolution internationale de l’inégalité
Nous allons donc mesurer l’inégalité au niveau mondial: En considérant tous les individus (un homme, une observation) En comparant des pays (pondéré ou pas par leur population) On utilise des données d’enquête de ménage ( ), en ppp.

220 3.1 Evolution internationale de l’inégalité
Source: Bourguignon and Morrisson, 2002

221 3.1 Evolution internationale de l’inégalité

222 3.1 Evolution internationale de la pauvreté extrême
Source: World Bank

223 Mais l’inégalité inter-pays (1 pays, 1 observation) continue d’augmenter

224 3.1 Evolution internationale de l’inégalité
Si on pondère par la population des pays (un pays deux fois plus peuplé compte deux fois plus), l’inégalité entre pays diminue également, mais l’inégalité intra-pays n’a pas diminué. Pour cela, nous utilisons l’indice d’inégalité de Theil (non vu au cours) qui est décomposable et a un certain nombre d’autres qualités.

225

226 Note sur l’indice de Theil
L’indice de Theil est un indice de mesure d'inégalité fondé sur l'entropie de Shannon. Un indice de 0 indique une égalité absolue. Un indice de 0,5 indique une inégalité représentée par une société où 74 % des individus ont 26 % des ressources et 26 % des individus ont 74 % des ressources. Un indice de 1 indique une inégalité représentée par une société où 82,4 % des individus ont 17,6 % des ressources et 17,6 % des individus ont 82,4 % des ressources

227 Note sur l’indice de Theil
N = Nombre des quantiles Ei = ressources pour le quantile i, Ai = effectif dans le quantile i, Etotal = ressources pour tous les quantiles dans une société (une nation, etc.), Atotal = effectif de la société (de la nation, etc.).

228 Note sur l’indice de Theil
Si tout est exprimé en pourcentage: Un indice de 1 indique une inégalité représentée par une société où 82,4 % des individus ont 17,6 % des ressources et 17,6 % des individus ont 82,4 % des ressources Exemple: 1 = 0.176*ln(.176/.824)+0.824*ln(.824/.176)

229 Note sur l’indice de Theil
C'est l'inégalité par référence aux ressources. La partie à gauche correspond à une société sans inégalité distributive. Le partie à droite est l'entropie actuelle de la société, causée par l'inégalité distributive de cette société. Tres proche de Gini mais beaucoup plus sensible aux inégalités fortes. L’indice de Theil a le gros avantage d’être également décomposable. On peut donc comparer differents sous-groupes ou différentes régions, et calculer en quoi elles contribuent à l’inégalité globale d’une nation.

230 3.1 Evolution internationale de l’inégalité
On a donc une explosion historique de l’inégalité globale depuis 1820. La période récente est plus confuse: Réduction de l’inégalité globale, avec un vrai changement de tendance Mais l’inégalité entre pays, non ponderée, augmente. L’inégalité intra-pays augmente légèrement. La pauvreté absolue se réduit partout de façon spectaculaire. Les facteurs derrière cette évolution sont: La croissance asiatique La faible performance économique de nombreux pays africains Une croissance de l’inégalité à l’intérieur d’un certain nombre de pays.

231 3.1 Evolution nationale des inégalités
On observe d’abord une forte chute de la part du travail dans le PNB.

232 Chute de la part du travail dans le PNB

233 3.1 Evolution nationale des inégalités
On observe d’abord une forte chute de la part du travail dans le PNB. Dans les pays développés, il y a un brutal changement de tendance.

234 Recent increase on inequality in developed countries

235 3.1 Evolution nationale des inégalités
Dans les pays développés, il y a un brutal changement de tendance. Prenons les Etats-Unis: Impact de la WWII Récente montée de l’inégalité Cette remontée se concentre sur les 1% les plus riches! Les autres pays ‘développés’ suivent une tendance assez similaire.

236

237

238 Top incomes in developed countries: a trend reversal
Source: Top incomes

239 3.1 Evolution nationale des inégalités
On observe d’abord une forte chute de la part du travail dans le PNB. Dans les pays développés, il y a un brutal changement de tendance Il y a une inégalité croissante mais des expériences contrastées dans les pays émergents et en développement

240 3.1 Evolution nationale des inégalités (hors LAC)

241 3.1 Evolution nationale des inégalités: l’’Amérique Latine

242 3.1 Evolution nationale des inégalités: tendances divergentes dans les pays émergents
Source: Top incomes

243 3.1 Evolution nationale des inégalités: les causes possibles des changements
La Globalisation est un facteur important de ces changements Favorable au travail qualifié, au capital et aux ressources naturelles dans la plupart des pays Diffusion et accélération du progrès technique Développement du secteur financier Importance des facteurs spécifiques aux pays: Politiques centrées sur le marché domestique ou l’exportation Accumulation du capital humain Politiques de redistribution Autres: fécondité, marches du travail, … L’asymétrie entre pays développés et les autres est donc assez aisément explicable par un biais en défaveur du travail peu qualifié dans le Nord.

244 3.1 Evolution nationale des inégalités
Le processus de Catching-up (rattrapage) par les pays émergents va se poursuivre Tension au niveau de l’écart croissant entre pays émergents et pays pauvres Politiques de redistribution en faveur des pays pauvres au travers de: Aide officielle au développement Restrictions et préférences commerciales Les flux de capitaux (FDI-profit rappatriés) La migration Les transferts technologiques

245 3.1 Evolution nationale des inégalités
Sur le plan domestique, la protection Peut se justifier dans les pays pauvres, mais beaucoup moins dans les pays émergents La tendance protectionniste des pays pauvres et émergents risque de freiner la tendance à la globalisation sans corriger les inégalités Des politiques solides orientées vers la croissances ont un impact redistributif très important Les politiques de redistribution doivent revenir dans les politiques publiques.

246 3.1 Evolution nationale des inégalités
Sur le plan fiscal, cela implique des politiques de taxation notamment du capital, coordonnées et beaucoup plus aggressives dans les pays développés. Le développement d’une réelle capacité fiscale et de protection sociale efficace dans les pays émergents: La redistribution du revenu est possible dans les pays émergents, comme par exemple les programmes de transfers d’argent (CCT, FFE,…). Le développement financier permet un meilleur suivi des revenus individuels et de leur taxation. Egaliser les 'opportunités': Politiques de ‘capital humain’: éducation, santé publique,… Taxation de l’héritage Combat contre les discriminations identitaires.

247 3.1 Evolution nationale des inégalités: le cas du Brésil et le possible

248 3.2 Les mesures de pauvreté
Elles sont toutes toutes basées sur une ligne de pauvreté, un seuil qui décrit le minimum de biens et services auquel un individu doit avoir accès pour ne plus être pauvre. Ce seuil peut être défini comme un montant minimum de dépenses (par exemple un minimum calorique, converti en dépenses correspondantes). On peut aussi le définir comme un montant minimum de dépenses pour chaque type de bien qui constitue ce minimum (les dépenses en calories n’augmentent pas nécessairement avec le revenu). Ce seuil peut être défini de façon absolue, comme un ‘minimum vital’, ou de façon relative, comme le minimum nécessaire pour participer effectivement à la vie sociale d’un pays. Cela implique alors des lignes de pauvreté définies par pays.

249 3.2 Les mesures de pauvreté
Il faut distinguer pauvreté chronique et pauvreté temporaire. Il est vrai que les personnes à faible revenu tendent à subir des fluctuations plus importantes de leurs revenus, mais il est essentiel de distinguer ces deux composantes. Enfin, il faut réfléchir à la pauvreté à l’intérieur des ménages. Cela implique (1) de construire des échelles d’équivalence, qui tiennent compte de la taille et de la composition de ceux-ci; (2) de s’intéresser aux questions de distribution à l’intérieur du ménage, particulièrement par rapport aux femmes et aux personnes âgées.

250 3.2 Les mesures de pauvreté
Malgré ces problèmes de mesure, on doit pouvoir construire des indices qui permettent d’identifier des priorités et d’évaluer le succès de politiques publiques. Soit y le revenu; i, j, … les individus; p, la ligne de pauvreté, N le nombre total d’individus dans cette économie, et m le revenu moyen de l’économie. Il y a quatre indices principaux.

251 3.2 Les mesures de pauvreté
Le HCR (‘head count ratio’): mesure le nombre de pauvres divisé par le nombre total d’individus, N. C’est le pourcentage de pauvre dans l’économie. C’est une mesure qui biaise les décisions en faveur des individus les moins pauvres parmi les pauvres. Par exemple, si la ligne de pauvrete est 1000, qu’il y a 100 individus qui ont 500 et 100 individus qui ont 900, et que vous avez un budget de 10000, comment l’allouez vous? Le HCR, très utilisé, ne mesure cependant pas correctement la profondeur de la pauvreté.

252 3.2 Les mesures de pauvreté
2. Le poverty gap ratio: mesure le montant de ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté: PGR=Σyi<p(p-yi)/Nm. C’est le pourcentage de ressources de l’economie qu’il faudrait mobiliser pour éradiquer la pauvreté. Cette mesure peut ne pas refleter correctement l’importance de la pauvrete dans des economies riches mais tres inegalitaires.

253 3.2 Les mesures de pauvreté
3. L’Income Gap Ratio rapporte le montant de revenu necessaire pour eliminer la pauvrete par le revenu total que devraient avoir les pauvres pour ne plus etre en dessous de la ligne de pauvrete : combien manque-t-il en moyenne a chaque pauvre en pourcentage, pour atteindre le seuil de pauvrete ? IGR=Σyi<p(p-yi)/pHC. Cette mesure nous donne une bonne mesure de l’incidence de la pauvrete, mais par rapport au PGR ne nous donne aucune indication sur les capacites de la societe concernee a resoudre cette question. Elle ne permet pas non plus de se faire une idee de l’etendue de la pauvrete (nombre de personnes touchees) (exercice : dans l’economie decrite deux slides ci dessus, calculez l’IGR avant et apres intervention).

254 3.2 Les mesures de pauvreté
4. Foster, Greer et Thorbecke (1985) ont propose une mesure qui reflete le fait qu’un dollar manquant etait d’autant plus important que le menage etait pauvre : Pa=Σyi<p[(p-yi)/p)]a/N. Cette mesure montre une sensibilite aux transferts lorsque a > 1 : un ecart accru par rapport au seuil de pauvrete se marquera par une mesure plus elevee. Notons que lorsque a = 0, elle nous donne HCR, et lorsque a = 1, elle nous donne HCR*IGR. Les mesures utilisees emploient souvent a = 2. Pa s’utilise pour mesurer la pauvrete par groupes, ou p-yi represente l’’income gap’ d’un membre du groupe i, et ni le nombre de pauvres dans ce groupe : Pa=Σyi<p[Σi=1..ni[(p-yi)/p)]a]/N. Cette classe de mesure est importante, car elle est consistante en sous-groupe : je peux calculer cette mesure sur differents groupes, et puis les aggreger au niveau d’une societe, et obtenir la mesure correspondante au niveau de la societe. Je peux ainsi estimer la contribution de chaque groupe a la pauvrete totale, en ponderant par l’importance numerique de chaque groupe.

255 3.2 Les mesures de pauvreté
Exemple: en 1985, le groupe de personnes residant depuis longtemps a Nairobi n’est pas tres pauvre, c’est le groupe qui contribue le plus a la pauvrete globale, en raison de son importance numerique

256 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
La courbe de Kuznets: En 1965, Kuznets utilise le rapport de la part dans le revenu national des 20% les plus riches a la part des 60% les plus pauvres. Ce rapport etait de 1.96 en Inde, de 1.67 au Sri Lanka, de 2.33 au Porto Rico, de 1.29 aux Etats Unis et de 1.25 au Royaume Uni. Il en conclut que l’inegalite est plus forte dans les economies moins developpees. Il constate egalement que la part dans le revenu national des groupes a revenu eleve est egalement plus importante dans les PVD. Il propose alors l’hypothese suivante : tout se passe comme si le developpement economique entrainait d’abord certains groupes privilegies, les autres groupes ne beneficiant de la croissance que plus tard. Dans les phases initiales du developpement, l’inegalite s’accroit, mais diminue par la suite. C’est l’hypothese de l’ ‘inverted-U’, encore appellee courbe de Kuznets.

257 3.3 Inégalité, Croissance et Développement

258 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
2. Les tests de Paukkert Il propose une description plus systématique de la courbe de Kuznets, basee sur un plus grand nombre de pays. On observe donc une tendance a l’inverted-U, mais les intervalles de variation obtenus nous indiquent que ce phenomene, s’il se confirme, n’a rien d’inevitable.

259 3.3 Inégalité, Croissance et Développement : Deininger et Squire (1996) et Ahluwalia (1976)

260 3.3 Inégalité, Croissance et Développement : Deininger et Squire (1996) et Ahluwalia (1976)
On y trouve la part des 40% les plus pauvres, et des 20% les plus riches, pour un grand nombre de pays en On constate qu’effectivement, la part des plus riches tend a augmenter, puis a diminuer avec le niveau de revenu, tandis que la part des plus pauvres tend a diminuer, puis a augmenter. Ahluwalia en 1976 a analyse des donnees portant sur 60 pays, en regardant l’evolution des 5 quintiles de la distribution des revenus. Son modele de regression etait le suivant : Si = b0 + b1 y + b2 y2 + b3 SD + ei ou Si represente la part du quintile i, y le revenu par tete, et SD (‘socialist dummy’) est une variable 0-1, qui prend la valeur 1 si cette economie est centralement planifiee. Si l’hypothese d’’inverted-U’ est vraie, on s’attend a ce que b1 soit positif et b2 negatif pour les revenus eleves, et inversement pour les revenus faibles. Il obtient :

261 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
Tous significatifs au seuil de 1% ! Toutes ces estimations semblent donc confirmer l’hypothese de Kuznets.

262 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
Cependant, ces résultats amènent un certain nombre de remarques : Il y a beaucoup de variance, de bruit, et ce n’est donc nullement une ‘loi’ necessaire. Il s’agit plutôt d’une description ‘en moyenne’.

263 Un exemple de courbe de Kuznets

264 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
2. Dans une certaine mesure, il s’agit d’un artefact, lie a la reallocation inter-sectorielle de secteurs traditionnels a faible revenu vers un secteur moderne a revenu eleve. (Nous devons cette observation cruciale a Kuznets et a Gary Fields (1980).) Prenons l’evolution suivante de la distribution des revenus dans une economie : T0 : T1 : T2 : T3 : … Il y a hausse, puis baisse des coefficients de Gini ! Mais, en fait, les courbes de Lorenz se croisent tout au long du processus. Les etudes empiriques integrent donc souvent un ‘artefact’ statistique, et ne refletent pas correctement l’inegalite reelle.

265 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
3. Il y a egalement une tension dans notre analyse, car l’inegalite relative entre les revenus s’accroit peut etre, mais il y a simultanement amelioration paretienne. Et la plupart des jugements ethiques nous ferons preferer l’amelioration paretienne a la reduction de l’inegalite. C’est ici que notre axiome de ‘revenu relatif’ montre ses limites. 4. Dans l’etude d’Ahluwalia, les resultats dependent fortement de la forme fonctionnelle choisie (Anand et Kanbur, 1993). Par exemple, ces estimations ne sont pas robustes si j’estime a la place l’equation suivante : Si = b0 + b1 y + b2 (1/y) + b3 SD + ei Plus fondamentalement, nous supposons fondamentalement que toutes les economies suivent le meme processsus inegalite-revenu, qu’elles suivent toutes la meme courbe. L’alternative evidente est de supposer qu’elles suivent chacune son processus propre, et d’etudier alors chaque economie en particulier. C’est evidemment plus difficile a faire, puisqu’on a alors besoin de donnees de bonne qualite sur une longue periode. On estimerait alors : Sit = bi + bi1 yit + bi2 (1/yit) + eit

266 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
C’est ce qu’on fait Lindert et Williamson (1985) pour les Etats-Unis et quelques pays europeens. Ils obtiennent : Au Royaume Uni, il y a eu un processus de ‘inverted-U’, avec une forte croissance de l’inegalite durant la revolution industrielle. Dans les autres pays, on observe essentiellement une baisse de l’inegalite. C’est peut être du au fait que les informations sur ceux-ci sont toutes postérieures à leur ‘revolution industrielle’. Une alternative consiste a introduire des coefficients-specifiques pour des economies jugees relativement similaires. En les combinant a des donnees de panel, on peut alors obtenir des resultats tout a fait interessants.

267 3.3 Inégalité, Croissance et Développement
Ainsi, en 1996, Deininger et Squire testent le modele suivant : Sit = bi + b1 yit + b2 (1/yit) + eit ou le terme constant est donc specifique au pays i, les autres coefficients etant communs a tous les pays : la forme de la courbe de Kuznets est la meme partout, mais sa place peut etre plus ou moins elevee dans le plan. Ils testent ceci sur 58 pays, a partir de Ils obtiennent alors que les deux coefficients ont le mauvais signe, et ne sont pas significatifs. Les differences structurelles entre pays (non mesurees) sont donc suffisantes pour expliquer la courbe de Kuznets. Une des raisons de cela vient de l’impact des pays de l’Amerique Latine, tres inegalitaires mais a revenu moyen. Dans les comparaisons inter-etats (en coupe transversale), ces pays tirent l’inegalite pour les niveaux de revenu intermediaire vers le haut, creant une ‘fausse’ courbe de Kuznets. Ils ont egalement etudie l’evolution de chaque pays separement, et ils montrent que, pour 80% de ces pays, il n’y a pas de relations significatives entre le revenu et l’inegalite.

268 3.4 Inégalité et Croissance: les mécanismes
1. Les spill-overs de la croissance Sur le plan de l’inégalité, le processus de developpement pourrait etre decrit de la facon shematique suivante : 1. Un processus de transformation structurelle sous la forme de l’elargissement du secteur moderne (a la Lewis). 2. Un progres technique et de l’accumulation du capital qui touchent essentiellement le secteur industriel. Ce dernier est dans une economie en developpement tres petit et concentre. Par consequent, l’inegalite tend egalement a croitre. 3. Le progres technique peut meme reduire les revenus des travailleurs les moins qualifies, qui pourront dans le long terme compenser cette perte par l’education. 4. Les revenus en croissance se traduisent en investissements accrus, et aussi en demandes accrues pour un grand nombre de biens et de services de consommation, qui vont elles-memes se traduire en revenus accrus pour tout le monde.

269 3. 4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
Ce dernier mecanisme, connu sous le nom de ‘trickle-down’ est au cœur des strategies de developpement axes sur la croissance. Au mieux, cependant, il joue a tres long terme. Si l’emploi peut eventuellement augmenter assez vite, les salaires ne commenceront a croitre que dans le ‘très long terme’ car il y a dans ces économies énormément de travailleurs peu ou pas occupés. Notons egalement que si l’on prend ce processus comme une bonne approximation du ‘developpement’, alors on pourrait observer une suite de inverted-U qui se succedent dans une meme economie, au gre des avancees du progres technique. Cette description simple a malheureusement peu de pouvoir explicatif.

270 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
4. 2 Inegalite, epargne et Croissance Quelle est la relation entre le taux d’epargne moyen et l’inegalite des revenus ? En fait, il depend de la relation concave ou convexe entre l’epargne individuelle et le revenu. L’epargne moyenne croit avec l’inegalite si et seulement si cette relation est convexe.

271 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes

272 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
Dans la realite, qu’observe-t-on ? 1. Il y a des besoins de subsistance immédiate tels que, en deçà d’un certain seuil, l’épargne est nulle, voire négative. 2. Les individus extrêmement riches ont fréquemment des comportements de consommation tapageuse, qui reduit leur taux d’epargne moyen. 3. Les individus dans la classe moyenne developpent des aspirations de mobilite sociale qui les induisent a epargner beaucoup. 4. En combinant ces trois elements ensemble, on obtient, comme comportement probable d’epargne dans une economie en developpement :

273 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes

274 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
Par consequent, la relation peut être complexe, selon notamment que le pays soit pauvre ou moyennement riche. D’autre part, si la societe n’est pas tres inegalitaire, les individus tendent en moyenne a se comporter et a evoluer de la meme facon. Mais, si l’inegalite est tres forte, alors la societe peut evoluer vers une societe tres polarisee, ou les pauvres sont absorbes dans une trappe de pauvrete, et restent pauvres, alors que la classe moyenne arrive a progresser rapidement. En d’autres termes, l’inegalite initiale peut avoir un impact initial important, notamment en faconnant les aspirations a partir desquelles les comportements d’epargne se determinent a travers les differents groupes de la societe.

275 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
4. 3 Inegalite, politique de redistribution et croissance Une forte inegalite des revenus peut reduire les perspectives de croissance en induisant une demande importante pour la redistribution. Par exemple, une inegalite plus forte (a moyenne inchangee, ce que l’on appelle une ‘mean preserving spread’) rend l’electeur median (percentile 50) plus pauvre. Dans un systeme electoral democratique, cela peut conduire a des programmes politiques demandant d’avantage de redistribution (Alesina et Rodrik, 1994). En general, la redistribution directe de la richesse est extremement difficile. Politiquement, elle est difficile, car les classes riches font aussi partie de l’elite politique. Il est de plus extremement difficile de disposer d’une information fiable sur la propriete de la richesse. Enfin, le risque d’evasion et de transferts des composantes les plus importantes de la richesse vers des paradis fiscaux constitue une difficulte supplementaire.

276 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
Pour toutes ces raisons, les gouvernements preferent souvent taxer l’accroissement de la richesse, en appliquant de hauts taux marginaux de taxation sur les hauts revenus (accises, taxes sur le profit, …). Mais, ces politiques de taxation tendent a deprimer l’investissement au travers des effets de revenu et des effets de substitution. Faites attention ! Ce raisonnement est un raisonnement d’equilibre partiel, destine a illustrer les effets indesirables de la taxation, mais en equilibre general, les choses sont plus complexes. En particulier, notre discussion de la section implique que nous devons aussi nous demander l’impact du revenu accru des classes pauvres sur leurs décisions d’investissement. L’hypothèse implicite ici est qu’elles consomment tout ou une grande partie de leurs revenus. Il y a donc peu de mouvements compensatoires sur l’investissement a attendre de ce côté là.

277 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
Alesina et Rodrik (1994) proposent alors de tester cette hypothese. Le probleme est qu’il ne faut pas employer des donnees sur la croissance et sur l’inegalite qui soient contemporains, car l’estimation souffrirait alors d’un biais d’endogeneite important (à commencer par le lien causal de la croissance vers l’inegalite, ou de l’inegalite vers la croissance ?). Nous avons donc besoin de données sur l’inegalité au départ d’une période de temps suffisamment longue, suivie de données sur la croissance sur cette période. Il faut aussi une ‘bonne’ mesure de l’inegalite. Dans une economie exclusivement agraire, l’inegalite dans la distribution des terres apparaît comme une mesure raisonnable.

278 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
On obtient (les t-statistiques sont donnees entre parentheses) : Croissance annuelle du revenu par tête de = 6.22 (4.69) – 0.38 (3.25) revenu par tete en 1960 (2.66) taux d’inscription a l’ecole primaire en 1960 – 3.47 (1.82) Gini du revenu en 1960 – 5.23 (4.38) Gini de la distribution des terres en 1960

279 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
L’inegalite initiale a bien un impact sur les taux de croissance futurs d’une economie. En particulier, une baisse du coefficient de Gini de 1.5 ecart-type (soit 0.16) accroit le taux de croissance de 0.8 par an. Le resultat obtenu sur l’inégalité dans la distribution des terres s’avère très robuste : il se maintient dans beaucoup de spécifications alternatives. Sur le plan des illustrations individuelles, il est bien sur tentant de comparer la Corée, ou Taiwan, qui ont connu des reformes agraires tres tôt, et présentaient des Gini(terre) égaux a 0.34 et 0.31, à des pays tels l’Inde ou les Philippines (Gini egal a 0.50), ou encore au Brésil et à l’Argentine (Gini egal a 0.80).

280 3.4 Inégalité et Croissance : les mécanismes
Il faut cependant signaler que si nous incluons en plus dans cette regression une variable muette de democratie, que l’on interagit ou pas avec le Gini(terre), les resultats ne changent pas. Cela fournit un faible argument a l’encontre de la causalite suggeree par Alesina et Rodrik : si l’on suit leur argument, on s’attend a ce que le Gini(terre) n’ait d’impact que dans les démocraties, c’est-à-dire que le Gini hors democratie ait un coefficient nul et non-significatif.

281 3.4 Inégalité et Croissance: les mécanismes
3.4.4 Inegalite et composition de la demande Dans une économie fermée, l’inegalite des revenus influence la composition des demandes, qui elles memes se traduisent dans des remunerations de facteurs, qui eux-mêmes déterminent la distribution des revenus: par exemple, aux Etats-Unis au 19e, la demande la plus importante dans l’economie trouvait son origine dans la classe moyenne, et portait sur les biens de production de masse, dont le développement accroissait le revenu de la classe moyenne. Mais, il est aussi possible que des revenus eleves consomment des biens de luxe, qui sont plus intensifs en capital, et accroissent ainsi les rendements du capital, et, partant, l’inegalite. De Janvry et Sadoulet (1986) ont etudie la composition de la demande pour 80 secteurs au Bresil. Ils montraient une tres forte correlation entre les hauts revenus, et les demandes pour les secteurs dans lesquels ces hauts revenus travaillaient, qui produisait une sorte de cercle vicieux d’enrichissement auto-alimenté d’une classe restreinte d’individus, ce qu’ils ont appele la ‘desarticulation sociale’.

282 3.4 Inégalité et Croissance: les mécanismes
Un autre mécanisme est que les revenus plus élevés tendent à surenchérir la demande de biens indispensables à la productivité des travailleurs pauvres. Pensons par exemple à la demande en école primaire versus supérieur dans une économie où les ressources en enseignement sont très limitées. Une inégalité plus grande peut ainsi réduire le bien être des plus pauvres. Ces hypothèses permettent de prendre un recul critique par rapport a l’hypothese du ‘trickle-down’. Cette derniere en effet implique qu’en l’absence d’interventions, les benefices de la croissance et du developpement finissent toujours par atteindre les plus pauvres, a travers les demandes pour les biens et services que ceux-ci peuvent offrir. Les mécanismes que nous décrivons indiquent que cela peut dépendre crucialement du contexte d’inégalité dans lequel cette croissance a lieu.

283 3.4 Inégalité et Croissance: les mécanismes
3.4.5 Inegalite, Marche du Capital et Developpement (Galor and Zeira, Banerjee and Newman) Add lewis and fei ranis model of development? See previous notes


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