Rappelons nous: L’art byzantin Introduction, périodes, Premier âge d’or L’Empereur Constantin le Grand déplace en 323 la capitale de l’Empire Romain dans la ville grecque de Byzance, devenue Constantinople (aujourd’hui Istanbul, en Turquie). Jusqu’à la fin du siècle, l’Empire Romain se divise en Empire Romain de l’Ouest et L’Empire Romain de l’Est. Le schisme religieux va suivre. Sous des influences différentes, l’art chrétien se développe différemment dans l’Empire Romain de l’Ouest et de l’Est: nous appelons l’art byzantin l’art de l’Empire Romain de l’Est, à partir du VIème siècle. Nous distinguons plusieurs périodes dans l’art byzantin. Nous appelons le premier âge d’or de l’art byzantin le temps du règne de l’Empereur Justinien (527-565) 395: L’Empire Romain se divise en Empire Romain de l’Ouest et L’Empire Romain de l’Est. Le schisme religieux va suivre: la Chrétienté se divise en Église occidentale ou catholique et Église orientale ou orthodoxe. De plus, les deux parties de l’Empire romain subissent des influences très différentes, qui font que l’art chrétien se développe différemment dans l’Empire Romain de l’Ouest et de l’Est: nous appelons l’art byzantin l’art de l’Empire Romain de l’Est, à partir du VIème siècle.

Le premier Age d’Or de l’art byzantin Le premier âge d’or de l’art byzantin correspond au règne de l’Empereur Justinien (527-565). Les monuments subsistants de cette période sont rares à Istanbul (la plupart ont été détruits), le plus important en est l’Église de Sainte Sophie (l’Église de la Sainte Sagesse). C’est à Ravenne, en Italie que nous trouvons le plus de monuments du premier âge d’or de l’art byzantin préservés, dont l’église de Saint Vital, bâtie entre 526-547. Justinien, détail de la mosaïque de l’abside de l’Église Saint Vital, Ravenne Justinien, détail de la mosaïque de l’Église Saint Vital, Ravenne

Sainte Sophie, L’église da la Sainte Sagesse, Constantinople (Istanbul) Sainte Sophie, l’église da la Sainte Sagesse (bâtie entre 532 et 537, devenue mosquée, aujourd’hui musée) est le plus important des monuments subsistant du règne de Justinien à Constantinople; Son plan est unique: la nef au centre est formée d’une partie carrée, surmontée d’une coupole sur pendentifs, à laquelle s’ajoutent deux demi-coupoles, faisant de la nef un grand ovale. Ainsi nous voyons Sainte Sophie combiner de façon originale le type basilical et le type central d’églises.

Ravenne, Italie, l’église de Saint Vital C’est à Ravenne, au nord de l’Italie, que nous trouvons le plus de monuments du premier âge d’or de l’art byzantin préservés, car la plupart de ceux de Constantinople ont été détruits. Le plus important en est l’église de Saint Vital, bâtie en 526-547, au plan central (octogonal), et ses mosaïques. Sous Justinien, Ravenne, capitale des empereurs romains d’occident (empereur Théodoric), est la principale place forte du gouvernement de Byzance en Italie.

Plan central – monde orthodoxe Plan basilical – Occident médiéval À partir de l’époque de Justinien les églises à coupole et au plan centré vont dominer le monde chrétien orthodoxe, de même que le plan basilical va dominer l’architecture de l’Occident médiéval. Saint Vitale, Ravenne, 526-547; Saint Pierre de Rome, 333 – coupe et plan

Nous avons, en comparant l’extérieur de l’église de Saint Vital avec son intérieur…

… vu que l’extérieur est sobre, en brique, alors l’intérieur est richement décoré de marbres et de mosaïques. Nous y retrouvons le contraste entre extérieur sobre et intérieur richement décoré des églises chrétiennes primitives.

Voyons maintenant ces mosaïques de plus près, que représentent-elles et comment?

Les mosaïques du Premier âge d’or Les mosaïques de Saint Vital (vers 547)

Les mosaïques de Saint Vital Dans les mosaïques de Saint Vital nous retrouvons les thèmes de l’art paléochrétien: les symboles de l’église chrétienne primitive et les scènes de la Bible. Dans la manière de représenter, nous retrouvons aussi l’art paléochrétien avec ses héritages: de la peinture romaine, orientales. Mais nous y voyons aussi apparaitre un nouveau idéal byzantin… Nous retrouvons l’agneau en clé de voute de l’autel, le Christ jeune philosophe dans l’abside mais aussi la figure de Christ Pandokrátor .

Les scènes de l‘Ancien testament, les symboles paléochrétiens… Mur nord du chœur: (L’hospitalité d’Abraham, Sacrifice d’Isaac, En clé de voûte: Christ agneau Le Chi ro

Les plus célèbres mosaïques de Saint Vital sont les mosaïques des murs de l’abside, exécutés vers 547. Saint Vital, vue vers l’est: les mosaïques l’abside

Les mosaïques les plus célèbres sont celles des murs de l’abside, montrant d’un côté l’empereur Justinien avec sa suite, et de l’autre son épouse, l’impératrice Théodora avec ses dames.

Justinien et sa suite, (l’archevêque Maximien et les dignitaires du clergé d’un côté, les soldats de l’autre) vers 547, Saint Vital, Ravenne, mur nord de l’abside

Théodora avec ses dames, Saint Vital, Ravenne, mur sud de l’abside

Comment sont représentés ces personnages?

La représentation du corps Les corps sont représentés tous similaires, grands et minces, vêtus de costumes somptueux, avec des petites mains et de petits pieds, les visages à peine individualisés (en amande, avec un nez long et mince et une petite bouche mais avec de grands yeux au regard fixe);

Souvenez vous: la fin du portrait romain (réaliste&idéalisé): La représentation symbolique L’idée chrétienne que le corps n’est qu’une apparence grossière de l’âme véritable, et que la ressemblance physique n’est pas importante (« pourquoi conserver l’apparence de l’apparence »)? annonce la fin du portrait romain: la colossale tête de Constantin n’est ni réaliste ni idéalisée, elle est symbole. premier empereur chrétien Empereur Constantin, vers 324–337

La représentation du corps: le nouveau idéal C’est un nouvel idéal pour la représentation du corps humain que nous voyons apparaitre ici: ces corps à peine individualisés sont des symboles du corps, non pas des corps réels représentés. De plus, ce sont ses parties « charnelles » ont été amoindries (corps, nez, bouche) alors que les parties « spirituelles » (« les yeux sont les fenêtres de l’âme) ont été agrandies.

« Un éternel présent » Les mouvements aussi sont similaires, réduits au minimum, solennels, cérémoniaires: il ne s’agit pas d’un événement précis mais d’un « éternel présent ».

Comment l’espace est-il représenté?

L’espace: fond uni, doré La profondeur de l’espace n’est pas représenté, mais remplacée par un fond uni et doré. Il ne s’agit pas d’un espace réel.

Les corps similaires, visages à peine individualisés, les habits somptueux, les mouvements réduits, l’ « éternel présent » de la cérémonie, la profondeur de l’espace remplacée par un fond uni et doré, nous indiquent qu’il ne s’agit pas du temps et de l’espace réels.

De plus, la similitude entre cette représentation de Justinien avec ses compagnons, avec celle du Christ accompagné de 12 apôtres nous dit que c’est une cour plus céleste que terrestre, et nous donne l’idée de la « royauté divine » de Justinien. Cette manière de représenter l’empereur reflète le concept byzantin de l’union de l’autorité temporelle et spirituelle en la personne de l’Empereur de Byzance, en même temps chef d’État et de l’Église.

Autres mosaïques de Saint Vital Dans les autres mosaïques de Saint Vital nous pouvons voir les différentes influences qui ont forgé l’art byzantin: nous y retrouvons toutes les influences qui ont forgé l’art paléochrétien (peinture romaine, influences orientales) mais aussi l’apparition de ce nouveau idéal byzantin. Nous y retrouvons aussi les thèmes paléochrétiens: d’un côté les symboles de l’église chrétienne primitive, d’autre les scènes de la Bible. Et cette nouvelle représentation du souverain. Nous retrouv Nous retrouvons l’agneau en clé de voute de l’autel, le Christ jeune philosophe dans l’abside mais aussi la figure de Christ Pandokrátor .

Les scènes de l‘Ancien testament, les symboles paléochrétiens… Mur nord du chœur: (L’hospitalité d’Abraham, Sacrifice d’Isaac, En clé de voûte: Christ agneau Le Chi ro

Nous y trouvons les différentes représentations du Christ: l’agneau, le poisson, le Chi-Ro (anagrammes du nom du Christ), Christ jeune homme (« jeune philosophe », influence classique) et le Christ mature (« maître de l’univers », Pantocrator (Svedržitelj, Pantokrator).

Christ agneau (Agnec)

Le Chi-Ro, la roue à huit rayons, anagramme du nom du Christ

L’abside – Christ jeune homme, « jeune philosophe »

Christ Pantokrator, maître de l’univers (entouré de poissons…)

Les apôtres Pierre et Paul sont aussi entourés de poissons, ici symboles de la religion chrétienne…

…les évangélistes avec leur symboles (Saint Marc et le lion, Saint Jean et l’aigle, Saint Luc et le taureau, Saint Matthieu et l’homme…), ainsi que les scènes de l‘Ancien testament. Mur nord du chœur

Les scènes de l‘Ancien testament (l’hospitalité d’Abraham, Sacrifice d’Isaac)

Et autres symboles de l’art chrétien primitif: le paon, les colombes…

Résumé L’Art Byzantin Le Premier Age d’or de l’art byzantin (durant le règne de l’empereur Justinien, 527-565)

Les mosaïques de Saint Vital Si l’extérieur de Saint Vital est sobre, en brique, l’intérieur est richement décoré de mosaïques: nous retrouvons ici le contraste entre extérieur sobre et intérieur richement décoré des églises chrétiennes primitives. Les plus importantes des mosaïques de Saint Vital sont les mosaïques de l’abside exécutés vers 547 montrant L’Empereur Justinien avec sa suite d’un côté et l’Impératrice Théodora avec ses dames de l’autre.

Nous y avons vu apparaitre un nouvel idéal pour la représentation du corps: grands et minces, habillés de costumes somptueux, les visages à peine individualisés, aux grands yeux au regard fixe. Le fond est doré, les gestes solennels et cérémoniaires, tout autre mouvement est évité.

C’est une cour plus céleste que terrestre C’est une cour plus céleste que terrestre. La ressemblance de la représentation de Justinien et de sa suite avec le Christ avec ses apôtres représente visuellement l’idée de l’union de l’autorité temporelle et spirituelle de l’Empereur de Byzance.

Dans les autres mosaïques de Saint Vital cohabitent les différentes influences qui vont constituer l’art chrétien byzantin: la peinture paléochrétienne (et à travers elle, les influences de la peinture romaine), les symboles paléochrétiens, et le nouvel idéal byzantin de représentation.