DOSSIER Niveau I Joseph HAYDN ( ) Symphonies Hob.I:6 “Le Matin” et Hob.I:7 “Le Midi” Partitions de référence : Éd. Eulenburg n°536 et 513, enregistrement conseillé : Concentus musicus Wien, dir. Nikolaus Harnoncourt (Teldec). À écouter aussi : Haydn Die Schöpfung (1 ère partie), Beethoven 3 ème symphonie (Eroica op.55 de 1805, 1 er mouvement) On lira avec profit l’ouvrage de Marc VIGNAL : Haydn (Paris : Fayard, 1988), notamment le chapitre “ La symphonie vers le milieu du XVIII e siècle ” p
1. Questions générales Situez ces deux œuvres dans la production de Joseph Haydn. Alors qu’en 1761 Haydn, âgé de 29 ans, venait à peine d’être embauché au service du prince Paul Anton Esterhàzy (il allait rester plus de trente ans au service de la famille) et qu’il n’était que vice-maître de chapelle —en charge de la “chambre” et non de “l’ église”— la symphonie et le divertimento dominaient sa production. Les sonates pour piano, trios, quatuors à cordes, opéras et oratorios virent le jour plus tard. Portant les n° 6 et 7 sur un total connu de 104 classées chronologiquement (la symphonie concertante n°105 est antérieure), ces deux symphonies se situent donc au début d’une œuvre immense dans ce genre Pourquoi des titres — authentiques — à ces symphonies ? Citez au moins 4 autres surnoms donnés à des symphonies de Haydn, et 4 à celles de symphonies postérieures d’autres compositeurs. Selon Dies, biographe de Haydn, c’est le prince Paul Anton qui lui suggéra les heures du jour comme thème de (4 ?) symphonies. 26 symphonies de Haydn portent des surnoms, rarement attestés sur les manuscrits et souvent apparus au XIXe siècle ; “Le distrait”, n°60 est en fait une musique de scène pour une pièce de même titre ; “Les Adieux”, n°45 est ainsi surnommée en raison de l’érosion de l’orchestre dans le finale —un avertissement au prince qui voulait licencier des musiciens; “Laudon”, n°69, surnom approuvé par Haydn, est lié au nom du dédicataire de la réduction pour piano; “La Poule”, n°83 doit son surnom au 2 ème thème du 1 er mouvement. La 41 e et dernière symphonie de MOZART (1788) porte le surnom de “Jupiter” à cause de la majesté de son thème final et de l’éclat de son contrepoint ; “Eroica” la 3 ème symphonie op.55 de BEETHOVEN dédiée dans un premier temps à Bonaparte (1805); “Tragique” 3 e de SCHUBERT (1815) ; “Rhénane” 3 e de SCHUMANN (1850) ; “Titan” et “Résurrection” les symphonies n°1 et 2 de MALHER ( et ) ; 1 ère symphonie “Les Cloches de Zlonice” et 9 e dite “du Nouveau Monde” de DVORÀK (1865 & 1893) ; symphonie “Mathis le peintre” d’Hindemith (1934) ; “Turangalîla-Symphonie” de MESSIÆN ( ) ; “Le Double” 2 e symphonie de DUTILLEUX ( )…
2. Hob.I:6 “Le Matin” Généralités Dressez un tableau d’ensemble de la symphonie (nombre de mouvements, tempo, métrique, tonalités, orchestration) Erreur fréquente : les solistes du trio n’ont pas été notés
3. 1 er mouvement 3. 1 Comparez l’introduction Adagio avec le début du récitatif de La Création (oratorio de Haydn de 1798 Die Schöpfung Hob.XXI :2) qui voit apparaître le soleil, puis la lune et les étoiles. Trouvez au moins 4 points communs. N°12 Recitativ Uriel “In vollem Glanze steiget jetzt die Sonne strahlend auf” (p.102 éd. Eulenburg) Tonalité de RÉ Majeur, métrique à C, entrée progressive des instruments, gamme ascendante (ornée dans la symphonie), grand crescendo renforcé par l’instrumentation et l’écriture : pp-cresc-f-ff, couleur orchestrale proche au début : cordes / flûte(s) / hautbois / basson(s) / cors, tutti atteint sur ff (mes.10 Andante / mes.5 Adagio). Erreur fréquente : le récitatif du «soleil» a été confondu avec l’introduction «le Chaos» de La Création (qui n’a rien à voir !) 3. 2 La première partie de l’Allegro (mes.7-47) fait appel à 2 régions tonales principales : lesquelles ? quelle note assure le passage vers la 2 ème région ? quelle mesure ? où est-on sûr d’avoir modulé ? quelle nouveauté dans l’écriture permet de l’affirmer ? RÉ et LA majeur ; le Sol# mes.15 assure ce passage ; le repos mes.20 est souligné par les premiers silences depuis le début de l’œuvre. Erreur fréquente : le «vrai» 2ème thème n’apparaissant que mes.35, c’est cette mesure qui a été avancée. Matin LA=415Hz Création LA=440Hz
3. 3 Recopiez la partie de flûte des mes.7-10 et Comparez. Les mes sont la transposition à la dominante (au-dessus, alors que les violons qui l’accompagnent transposent en dessous) des premières mesures. Une variante fait entendre la gamme par mouvement contraire (sûrement aussi pour des raisons techniques, le suraigu du traverso de l’époque n’étant pas très puissant) 3. 4 Comparez les mesures et (sur le plan tonal et sur la circulation des motifs de 4 x ) LA M.ob2 ob1fl fg2ob von2, alto, basse & fg.arpège RÉ M.ob1 fl ob2 fgfl/ob1 id. id. sauf la 5te de la dernière mesure Erreur fréquente : les hautbois 1 & 2 se distinguent par le sens des hampes et la place des silences…
3. 5 Dressez le plan tonal des mesures en faisant apparaître les proportions. Comment s’appelle cette partie dans la forme générale du mouvement ? mes.48 - LA Majeur : 10 mes. -57 mes.58 zone modulante (chromatismes des violons 1) : 9 mes. -66 mes.67 si mineur : 10 mes. -76 mes.77 marche d’harmonie modulante puis V/RÉ : 9 mes. -84 Il s’agit du développement. Notons qu’il commence par le 1 er thème au ton de la dominante : c’est un trait de la forme sonate “primitive” qui permet parfois l’économie de la réexposition de ce 1 er thème à la tonique Recopiez sur 2 portées (clefs de fa et sol, en simplifiant le rythme en valeurs longues) les parties de cordes des mes er temps. Indiquez d’une flèche les notes à mouvement obligé (sensible, 7 e, 9 e ). Chiffrez les degrés en faisant apparaître les dominantes secondaires.
3. 7 Quelle est la fonction de la formule de basse de la mesure 84 (et arrivée 1 er temps de 85) ? où la trouve-t-on reproduite dans d’autres mouvements de cette œuvre? Sa fonction est d’assurer la «retransition» vers le ton initial et d’amener la réexposition On la trouve à l’identique dans le menuet mes.22, moins strictement avec la même fonction mes.56 du trio, plus du tout strictement et précédant cette fois la réexposition du 2 e groupe thématique mes.86 de l’Andante II et mes.91 du Finale. La symphonie «le Midi» use aussi du même lieu-commun cadentiel
3. 8 Mesure 85, le cor solo commence la réexposition (correspondant au retour de la tonique et du 1 er thème) avant tout le monde… Beethoven utilise le même procédé dans sa symphonie héroïque avec cependant une grande différence sur le plan des degrés ; laquelle ? Chez Haydn le 1 er cor solo fait entendre la tonique à sa “juste place” (nécessité amenée par la formule de basse de la mes.84), or, chez Beethoven, le 2 ème cor (pp, dans le grave) fait entendre son arpège de tonique sur la dominante, on a vraiment l’impression d’une blague, que le corniste s’est trompé en comptant les mesures et est entré 4 mesures trop tôt… Erreur fréquente : le cor est un instrument transpositeur… chez Beethoven, c’est du cor en Mib : donc, quand il lit DO, on entend MIb 3. 9 En vous aidant de vos réponses précédentes, dressez le plan général de l’Allegro. modul. ab1b1 b2b2 a a’ si min. cor b2b2 Exposition Développement Réexposition RÉLA Eroica (MIb) LA=440Hz Matin< (RÉ) LA=415Hz
4. 2 ème mouvement Deux adagios encadrent un Andante et utilisent des gammes en valeurs longues. Recopiez-les (sur 2 portées, avec la ligne de basse au besoin) mesures 9-13 (chiffrez degrés, accords, fonctions) et (chiffrez les degrés). Erreur fréquente : place en notes réelles de l’alto à revoir (souvent noté sous la basse)
5.1 Où et comment se fait l’introduction des cordes solistes dans cette symphonie? Où trouve-t-on les vents seuls ? Le 1 er violon solo entre mes.3 de l’Adagio II, puis mes.18 de l’Andante ; le violoncelle concertant se joint à lui mes.29. La contrebasse solo arrive au début du trio du menuet III (en ré min., associée au basson solo mes.35), puis l’alto et le violoncelle solo prennent le relais mes.43, toujours associés au basson. C’est donc une entrée très progressive de ces solistes. Les vents apparaissent seuls et à découvert au début de la 2 ème partie du Menuet mes.17 (sur une pédale de dominante) Erreur fréquente : la contrebasse solo n’a pas été repérée (pas entendue?) 5.2 Finale Puisqu’il n’y a qu’une seule flûte dans cette œuvre, pourquoi indiquer solo mes.1 et tutti mes.9 ? Sans doute un héritage du concerto grosso baroque où l’on distingue le concertino du ripieno … 5. Orchestration
5.3 Faites un schéma faisant apparaître le plan tonal du finale IV, sa structure, et le traitement des soli / tutti Erreur fréquente : schéma remplacé par de longues explications…
Hob.I:7 “Le Midi” 6. Généralités Dressez un tableau d’ensemble de la symphonie (nombre de mouvements, tempo, métrique, tonalités, orchestration). Quelles remarques pouvez-vous tirer de la comparaison avec votre premier tableau ? Trouvez-vous des erreurs dans la partition par rapport à l’interprétation du Concentus musicus [en qui on peut avoir toute confiance!]? Un mouvement de plus, une introduction lente beaucoup plus longue Contrairement à la symphonie “le Matin”, on a très vite l’impression de symphonie concertante (l’entrée des solistes est moins progressive). L’entrée des 2 flûtes est tout à fait extraordinaire dans l’Adagio III Le trio du menuet est bien confié à une contrebasse solo (et non pas à un violoncelle) ; il y a plusieurs erreurs de notes dans l’Adagio III (mes.35 : dernier temps absent ; : notes graves du vc.) et dans le Finale V (mes.119 : fl. 2 ème temps = DO comparer avec la mes.45) Erreur fréquente : les solistes n’étant pas notés à la 1ère page des mouvements, mais seulement quand ils arrivent, ils ont été bien souvent oubliés…
7. Recitativo II 7. 1 Indiquez les principaux appuis tonals de ce mouvement. Mes (26)29 ut min.MIbsol min.ut min.sol min.ré min.(la min.)si min On trouve habituellement “recitativo” dans le contexte de la musique vocale… proposez une réalisation pour piano et voix de ce mouvement (avec paroles ! en respectant la prosodie et le caractère de la musique ; une certaine latitude rythmique est autorisée pour le français, langue où la dernière syllabe est accentuée). Par exemple… La prosodie laisse souvent à désirer, il suffit de le chanter pour s’en rendre compte 7. 3 Citez au moins un autre exemple de musique instrumentale pure traitée comme un récitatif. HAYDN : Finale de la symphonie concertante Hob.I :105 BEETHOVEN : 9 e symphonie (op.125 de 1824 unifiant les différentes parties du finale vocales / instrumentales), Sonate op.110 Dans une moindre mesure, Tzigane de Maurice RAVEL (pour violon et orch.) peut évoquer une improvisation ou un récitatif.
Un exemple de réalisation : © Barbosa
8. Adagio III À la lumière de vos réponses aux questions 3. 3, 3. 5 et 5. 3 sur la forme- sonate utilisée par Haydn, trouvez où pourrait se situer la double-barre de reprise dans ce mouvement. Justifiez votre réponse. A la fin de la mesure 16 : l’exposition vient de se terminer au ton de la dominante (par un tutti) le développement commence mes.17 par une reprise au ton de la dominante du 1 er thème. C’est aussi le cas dans le finale du “Matin” mes.56 (au violon solo au lieu de la flûte), dans le finale du “Midi” comme dans l’Allegro initial (avec toutefois de grandes différences de timbre et d’intensités).
Mettez en évidence les carrures de ce menuet. 9. Menuetto IV Après avoir utilisé une étrange carrure de 6 mesures dans la 1 ère section, Haydn revient de façon très habile à des carrures plus conventionnelles (multiple de 4) en agençant autrement sa réexposition en UT Erreur fréquente : le mot carrure est souvent confondu avec structure
Comparez les mes à Que se passe-t-il ? Comment nomme-t-on ce passage terminal ? Même matériau conclusif (47-52 : fin de l’exposition en SOL —ton de la dominante, : fin de la réexposition en UT) mais c’est aussi la fin du mouvement et de la symphonie tout entière, alors Haydn ajoute 5 mesures ( ) de coda : 2 mes. de fanfare aux cors et 3 mes. tutti, unissono reprenant l’incipit du thème. Les 5 mesures ajoutées n’ont pas été repérées Erreurs fréquentes : le vocabulaire de la forme sonate n’est pas bien maîtrisé Réexposition : ne s’applique qu’au retour de la tonique (un thème entendu au ton de la dominante se doit d’être réexposé à la tonique) ne pas confondre avec développement ou répétition. Coda : ne s’applique qu’à la fin de la réexposition 10. Finale Allegro