Le médecin, le philosophe et le malade Introduction à l’histoire et à la philosophie de la médecine
En guise d’introduction -Que faut-il entendre par philosophie de la médecine ? % histoire de la médecine. -Délimiter le domaine de la philosophie de la médecine / philosophie de la biologie et par / à la bioéthique. -L’identité hybride des médecins-philosophes où comment penser le dialogue entre médecine et philosophie aujourd’hui ?
L’étendue du domaine de la philosophie de la médecine ? - « La médecine est l’art de conserver la santé et éventuellement de guérir la maladie survenue dans le corps ». Avicenne (Xe-Xie s), Poème de médecine, éd. H. Jahier et A. Noureddine, Paris, Les Belles Lettres, Philosophie de la médecine : questions épistémologiques, éthiques et bioéthiques.
Comment réunir les différentes orientations de la médecine ? « La philosophie implicite de l’acte médical se résume en trois propositions simples : 1/ Il y a du mal dans le monde. 2/ On peut y porter remède, 3/ Il faut y porter remède ; même si les efforts pour y porter remède sont finalement dérisoires, il faut les poursuivre, « pour l’honneur ». La première assertion porte en elle toute une métaphysique, la seconde appelle une épistémologie et une méthodologie des sciences et des techniques, la troisième sous-tend une morale ». Anne Fagot- Largeaut, Médecine et philosophie, Paris, Puf, 2010.
Un sens large de la philosophie de la médecine Philosophie de la médecine abordée ici selon un double point de vue « historique et critique ». -La « pensée médicale » (J. Pigeaud). Les médecins n’ont pas attendu les philosophes pour développer une réflexion sur leur pratique. -Les objets communs de la réflexion philosophique et de la pratique du médecin.
Ce sens large suppose de revoir notre conception de la philosophie et de la médecine « Les philosophes contemplent les choses et leur nature abstraitement, et non pas par rapport à un problème donné, et se contentent de ce genre de contemplation et de spéculation. Les médecins par contre, considèrent les dispositions du corps humain et d’autres choses naturelles par rapport à un problème et à une application donnés ; ils ne s’arrêtent pas toujours comme les philosophes aux racines, mais à force de chercher et de faire de grands efforts, parviennent aux branches ». Johannes Agricola Ammonius, Commentarii in librum artis medicinalis, Bâle, 1541.
La philosophie comme pratique de l’examen ou médecine de l’âme Platon, Apologie de Socrate. « Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue ». Porphyre, fragment 221, citant une sentence d’Epicure, cité par. A. J. Voelke, La philosophie comme thérapie de l’âme, Etudes de philosophie hellénistique, Paris, Le Cerf, 1993, p. 24 : « Il est vide le discours du philosophe qui ne soigne aucune passion humaine. De même en effet que la médecine ne sert à rien si elle ne soigne pas les maladies du corps, de même la philosophie non plus ne sert à rien si elle ne chasse pas la passion de l’âme ».
La médecine comme point de départ d’une réflexion philosophique L’exemple de la respiration chez Galien. Chez Locke, Respirationis Usus, L’identité hybride des médecins-philosophes. “ (…) l’hybride de philosophe et de médecin que je suis. Cette double formation n’est pas rare. Au-delà de ma personne, je suis heureuse qu’en créant cette chaire de philosophie des sciences biologiques et médicales le Collège de France honore une communauté de philosophes-médcins ou médecins-philosophes qui tire fierté de grands anc$etres : Avicenne et Averroës, La Mettrie et Cabanis, Emile Littré et Karl Jaspers, sans oublier Galien.”. A. Fagot-Largeault, Leçon inaugurale, Chaire de philosophie des sciences biologiques et médicales, Collège de France, 2001, p. 6.