Les mutations de la société française depuis 1945 AMÉLIORATION DU NIVEAU DE VIE ET MONTÉE DES INÉGALITÉS L'AFFIRMATION DE VALEURS NOUVELLES LA TRANSFORMATION DE L'ESPACE Depuis 1945, la France a connu des mutations importantes. La croissance jusqu’en 1975 puis la « crise » ont bouleversé la société. La création de l’Etat Providence et la politique sociale ont accompagné ces transformations. Ces transformations ont-elles été profitables à tous ?

LA PYRAMIDE DES AGES EN 2005 (Résultats pour la France entière Métropole+DOM) 65 ans ou plus 10,21 millions 16,2 % De 20 à 64 ans 36,90 millions 58,7% Moins de 20 ans 15,77 millions 25,1% Total 62,88 millions 100 % Source : INSEE / Déficit des naissances (classes creuses) Déficit des naissances Baby boom Fin du Baby boom Les transformations démographiques L’évolution socioculturelle

En 1950, 1 Français sur 10 avait plus de 65 ans, 1 sur 6 aujourd’hui. Une évolution due à la fois à la hausse de l’espérance de vie et au tassement de la fécondité. Le recul des maladies infectieuses grâce aux antibiotiques, les progrès médicaux, la protection sociale, la hausse du niveau de vie et l’amélioration des conditions de travail expliquent l’allongement de l’espérance de vie. Une population vieillissante (papy boom)

Jusqu’en 1965, une forte fécondité (2,9 / baby boom) puis un déclin (1,8 / baby krach) Une baisse rapide de la mortalité (protection sociale, progrès sanitaire et médical) Un vieillissement de la population (baisse de la fécondité et allongement de l’espérance de vie). L’augmentation de la population résulte pour 75% de la croissance naturelle et pour 25% du solde migratoire. Une nouvelle famille Le modèle devient la famille de deux enfants La nuptialité s’est effondrée Le divorce a augmenté (plus du 1/3 des mariages) L’âge du mariage recule (plus de 27 ans pour les hommes, plus de 25 ans pour les femmes) Recul de l’âge de la mère à la 1ère naissance (27 ans) Augmentation des naissances hors-mariage (30% en 1992) Le nombre de familles monoparentales augmente

Le recours à l’immigration dans un contexte de plein-emploi pour compenser le déficit de main d’œuvre non qualifiée dans l’industrie. A partir de 1954, appel à l’immigration. Après 1974, un coup de frein

Graphique présentant, à différentes époques, la composition des flux migratoires vers le territoire français. On observe, durant la première moitié du XX e siècle, une forte proportion d'immigrés en provenance de l'Europe du Sud et de la Pologne. À partir des années 1960, ce furent surtout les Portugais et les ressortissants des pays du Maghreb qui fournirent l'essentiel des contingents d'immigrés. BlackBlancBeur

L’évolution des modes de vie Une société de consommation Elle apparaît dans les années 60 puis se diffuse dans les années 70. Elle résulte de l’augmentation du niveau de vie, de la croissance de l’offre, de l’envol du crédit et de la publicité. Elle repose sur des consommations privilégiées (automobile, électroménager, télévision) Elle entraîne une standardisation des modes de vie et une uniformisation.

Elle entraîne une standardisation des modes de vie et une uniformisation de la structure des dépenses (réduction de la part de l’alimentation, des vêtements et hausse de celle des transports, des loisirs et de la santé).

Une société de loisirs Elle apparaît dans les années 70 au moment où les rapports des Français avec le travail se modifient. Elle résulte de la baisse de la durée du travail, de l’augmentation du pouvoir d’achat et de la baisse du prix des transports. Les vacances et les « week-ends » deviennent des signes indispensables d’appartenance aux classes moyennes.

Une société dans laquelle les rôles se modifient Les rôles liés au sexe se transforment avec l’émancipation des femmes Les rôles liés à l’âge changent depuis les années 60 : les jeunes (moins de 20 ans) et les « vieux » (plus de 60 ans) travaillent de moins en moins. La consommation des jeunes et des plus âgés augmente et se singularise. Les jeunes imposent des goûts, des modes et des valeurs.

L’évolution culturelle et morale Il commence dès la fin des années 50 (obligation scolaire jusqu’à 16 ans). Il s’amplifie dans les années 70 (loi Haby de 1975) et s’accélère dans la décennie suivante (loi Jospin 1989) Ouverture des lycées : en 1985, 36% d’une classe d’âge arrive en terminale, plus de 60% en Les études supérieures accueillent de plus en plus d’étudiants L’enseignement de masse

La culture de masse Développement des médias depuis les années 60 qui diffusent des modèles culturels stéréotypés et homogénéisent les opinions. La télévision est devenue le loisir numéro un des Français.

De nouvelles sensibilités Dans les années 60 et 70, une volonté de rupture avec l’ordre ancien et les traditions. Revendication de libertés individuelles et collectives. Dans les années 80, affirmation des valeurs de l’argent, de la réussite, de recherche du bonheur individuel et de l’épanouissement personnel au détriment des valeurs collectives. Baisse de la pratique religieuse. Une baisse de l’engagement et du militantisme Mais une hausse de sportifs affiliés à des clubs.

L’évolution socioéconomique L’évolution socioprofessionnelle La population active a augmenté de 20% depuis 1945 surtout après 1974 (arrivée des classes nombreuses du baby boom et des femmes. Le taux d’activité reste cependant inférieur à 50% du fait du raccourcissement de la vie de travail.

Le développement de l’activité féminine. Il est lié à la scolarisation de masse, la volonté ou la nécessité d’une indépendance financière ou d’une augmentation des revenus.

Les mutations des activités En moins de trente ans, les structures quasi immobiles de la population active sont bouleversées au bénéfice des cols blancs, qui occupent aujourd’hui 3 emplois sur 4. Depuis les débuts de la Révolution industrielle, les services ont toujours assuré la majeure partie des richesses créées. Au temps des Trente Glorieuses, c’est la croissance De l’industrie qui est le phénomène le plus spectaculaire. Depuis 1973, les services assurent l’essentiel de la croissance.

Déclin du secteur primaire (modernisation et gains de productivité) Déclin du secteur secondaire (modernisation et crise des industries anciennes) Essor du secteur tertiaire (les services)

L’évolution du cadre de vie L’urbanisation Années % de la pop. totale % pop. urbaine

75% des Français vivent en ville. Les communes urbaines et rurbaines regroupent 90% de la population. Une métropolisation du territoire qui s’accentue. Une amélioration de l’habitat (installations sanitaires, eau courante…). La surface moyenne des logements augmente et le nombre de personnes par logement diminue.

L’évolution du niveau de vie L’élévation des revenus et du pouvoir d’achat Elle résulte de l’augmentation des salaires et des prestations sociales. Après 1974, un ralentissement et un certain « rattrapage » des ouvriers et des employés grâce à la création du SMIC en L’accession à la propriété de la résidence principale (50% des Français possèdent leur logement).

Une évolution inégalitaire Au niveau des conditions de vie Inégalités de logement Avant 1970, il existe des logements insalubres et des bidonvilles (même dans la région parisienne) Aujourd’hui, 12% des Français sont mal logés, sans compter les SDF.

Inégalités devant la santé Inégalité de l’espérance de vie entre les hommes et les femmes Inégalité entre les catégories sociales : la mortalité augmente au fur et à mesure que l’on descend dans la hiérarchie sociale.

Inégalités devant les loisirs 60% des Français en moyenne partent en vacances, mais 83,5% des cadres supérieurs et 52% des ouvriers. Les inégalités en ce qui concerne les types de loisirs ont grandi malgré la généralisation de l’enseignement secondaire. Causes de non partance – Choix multiples – source DT/ SOFRES – 1997.

Au niveau des conditions de travail Chômage et précarité

De 1945 à 1967, les Français ont connu le plein emploi. En 1974, le chômage ne touchait que 2,5% de la population active mais près de 11% en Le chômage est devenu un fait de société. Les plus touchés sont les jeunes, les femmes, les immigrés.

Inégalités de salaires et de revenus Les salaires en France selon la catégorie socioprofessionnelle et le sexe en 2004 (sources Dares, à partir des données Insee et DADS). Ces inégalités tiennent à la qualification, à la branche d’activité et au sexe.

Pendant les Trente Glorieuses, certaines catégories sont exclues de la prospérité (les retraités, les handicapés, les immigrés…). En 1970, 20% de la population est exclue de la société de consommation. Les « années douteuses, rugueuses ou piteuses » (la crise) créent les « nouveaux pauvres » et grossit le Quart monde. La création du RMI en 1998 ne constitue qu’un palliatif. Des progrès sociaux En pouvoir d’achat, le salaire ouvrier annuel a plus que triplé de 1949 à 1983, pour plafonner ensuite. Le patrimoine moyen a presque quintuplé. Part des prestations sociales dans les revenus des ménages Mais aussi des écarts qui se creusent

Au niveau culturel L’école ne réduit pas les écarts sociaux. ¼ des fils d’ouvriers ont le BAC contre ¾ des fils de cadres supérieurs. 20% des Français sont touchés par l’illettrisme Des hiérarchies sociales consolidées

Une crise des valeurs ? Les grandes institutions ont perdu de leur prestige Les idéologies et les Eglises traditionnelles sont remises en cause. Les sectes et les intégrismes gagnent du terrain. Les doutes et les inquiétudes tendent à s’ancrer : peur de la maladie, du chômage, de l’autre… Les conduites déviantes (drogue, délinquance, suicide) tendent à se multiplier.

Les politiques sociales peuvent-elles réduire la société duale qui se constitue tout en gardant les acquis de la majeure partie des Français ?

La société française depuis 1945 La famille entre 1945 et la fin des années 60 La montée des contestations à partir de mai 1968 La société depuis les années 70 La société de consommation pendant les 30 Glorieuses Forte natalité (baby boom) Beaucoup de femmes restent au foyer Forte immigration La famille traditionnelle avec une forte autorité du père Afflux d’élèves dans les établissements scolaires Augmentation du niveau de vie (salaires/prestations sociales) Les congés payés s’allongent Les Français partent davantage en vacances Les ménages s’équipent en biens de consommation Les jeunes contestent la société de consommation Les jeunes veulent être écoutés Les jeunes veulent une libération des mœurs Rejet de l’autorité paternelle Le MLF (mouvement de Libération de la Femme) revendique l’égalité des droits et la possibilité d’avorter. Poursuite de la transformation de la condition féminine Espérance de vie de plus en plus longue Montée du chômage et de l’exclusion Limitation de l’immigration

Chronologie 1945 – 1965 : de la reconstruction au renouveau Le renouveau démographique Baby boom / politique nataliste et familiale (allocations familiales, sécurité sociale) Scolarisation obligatoire (1959 / 16 ans) Accession à la culture (ministère en 1958) Recours à l’immigration (main d’œuvre non qualifiée dans l’industrie) L’intervention de l’Etat en matière sociale Sécurité sociale / SMIG / HLM en : droit de vote des femmes Etat Providence L’Etat Providence Expression qui désigne l’extension de l’intervention de l’État dans le domaine économique et social. Celui-ci est responsable de la croissance économique qu’il doit réguler (politique conjoncturelle) et du bien être social qu’il doit assurer (assurances sociales). Dans un sens plus restreint, cette expression désigne uniquement l’intervention de l’État dans le domaine de la protection sociale (l’État intervient pour protéger les individus contre les risques liés à l’emploi, la vieillesse, la santé et à la famille). Sécurité Sociale (créée en 1945, généralisée par Giscard D'Estaing), création du SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) en 1950, allocations familiales, retraites, congés payés (3 semaines en 1956, 4 en 1969). Sécurité sociale : financée par des cotisations sociales obligatoires versées par les travailleurs et les entreprises, la Sécurité sociale est un système d'assurance qui garantit un revenu aux travailleurs et à leur famille en cas de maladie, d'accident du travail, de maternité… Affirmation de nouvelles valeurs et modification des structures de la société Valeurs traditionnelles (famille, épargne, économie rurale) sont bousculées, remplacées par : Confort et modernisme (4CV en 1946) Mobilité (exode rural, banlieues, 3e semaine congés en 1956) Entrée dans la société de consommation (hausse du niveau de vie / 1er Supermarché en 1957, 1er hypermarché en 1963) Extension du salariat (80% de la population active) Les valeurs de la jeunesse (musique, vêtements…) Engagement des intellectuels dans le débat politique et social

1965 – 1975 : le temps des premiers doutes Le renversement démographique Diminution de la fécondité (baby krach) : changement de mentalité, libération des femmes (1965 : droit d’exercer une profession sans le consentement du mari, loi Neuwirth en 67, Loi Veil sur IVG en 75) Essoufflement de la croissance (chômage) Une société plus contestataire 1965 : de Gaulle mis en ballottage à la présidentielle Mai 1968 : crise surtout de la jeunesse Conséquences : Recomposition des forces de gauche (programme commun en 1972) Volonté de réformes avec VGD (48 ans)

Depuis 1975 : crise et mutations Le chômage et ses conséquences sociales Il est l’indicateur essentiel de la crise. Augmentation des exclus malgré des mesures comme le RMI en 1988 Conséquences de la « crise du travail » : Recul du syndicalisme Baisse de la fécondité (peur de l’avenir) Défiance envers la classe politique (abstentions, extrême droite) De nombreux débats de société Une perte de repères et des difficultés d’adaptation à un monde nouveau L’enjeu scolaire contre la « fracture sociale » La question de l’intégration Les difficiles réformes des régimes de retraite et de l’assurance-maladie Le problème de la laïcité Le débat autour du PACS / du mariage homosexuel / de l’adoption… La France semble donc en proie à une crise d’identité qui s’inscrit aussi dans une peur de l’avenir liée à un contexte de mondialisation souvent vécu comme une contrainte qui rend la France impuissante à décider de son propre destin.