La signification Quine: dans le domaine de la sémantique nous sommes dans la situation de ne pas savoir de quoi nous parlons! Auroux: Tu parles!
Aristote « Les sons émis par la voix sont des symboles des états de l’âme, et les mots écrits des symboles des mots émis par la voix. Et de même que l’écriture n’est pas la même chez tous les hommes, les mots parlés ne sont pas non plus les mêmes, bien que les états de l’âme dont ces expressions sont les signes immédiats, comme sont identiques aussi les choses dont ces états sont les images » De l’interprétation, 16a, 1-8
Approche technique Pôle 1 (relations entre mots) Définition de/du nom Synonymie Antonymie Homonymie Figures (= tropes, dont métaphore et métonymie) Traduction Autonymie Sens Acception Signification Intension Compréhension Idée Concept
Axiome de Girard-Prodikos Dans une même langue, il ne peut y avoir de synonymes parfaits. La valeur saussurienne.
Analytique/Synthétique . La propriété exprimée par l’épithète est déjà contenue dans la signification du substantif (« corbeau noir »). .La propriété exprimée n’est pas contenue (« homme pieux »)
Approche technique . Pôle 2 (relations entre mots et entités externes) Définition de chose (adéquation extensionnelle) Sujet Supposition Etendue Extension Classe Référence Dénotation Modèles Objets Individus Choses
La théorie des modèles = théorie sémantique de la logique formelle Le théorème de Löwenheim-Skolem (1915): Si une formule du calcul des prédicats du premier ordre (les prédicats ne s’appliquent qu’à des objets, pas à d’autres prédicats) est valide dans un univers non vide, alors elle est vraie dans l’univers des entiers positifs. Interprétation de Quine: toutes les ontologies (les systèmes d’entités) admissibles pour un univers non vide sont réductibles à des univers dénombrables et ceux-ci à des ontologies composées de nombres naturels; par conséquent, on ne pourra pas distinguer entre un univers non dénombrable et une partie dénombrable de cet univers.
Le triangle sémiotique Mot (son) Signification ------------- Référence
Les problèmes ontologiques et cognitifs En quoi consiste la signification? Réalisme aristotélicien des formes; Incorporel stoïcien; mentalisme moderne (idées, concepts). Comment atteindre « les choses »? Langage et perception. Quels rapports entre le sens et la référence (entre le pôle 1 et le pôle 2). La thèse de l’intentionnalité (Husserl) est-elle valide: « Les formations logiques (…) sont données exclusivement de l’intérieur grâce aux activités spontanées et en elles » (Logique formelle et logique transcendantale)
Signification et supposition Significatio: « présentation de la forme de quelque chose à l’entendement » (G. de Sherwood); c’est la signification liée au mot (vox), par l’imposition originaire. Appelatio: « l’appellation est l’acception (acceptio) d’un terme pour une chose qui existe » (Pierre d’Espagne); autrement dit, c’est la réalité externe à quoi renvoit le mot. Suppositio: « propriété d’un terme qui est déjà composé d’un son vocal et d’une signification » (Pierre d’Espagne); autrement dit, c’est ce que signifie le mot en dehors du concept.
Une théorie limitée à la supposition Les logiciens terministes ont travaillé à distinguer les différents types de suppositions possibles; ainsi la supposition peut-être matérielle (autonymie) ou formelle; dans ce cas, elle peut être discrète (nom propre) ou commune; dans ce cas elle peut être « naturelle » (supposition hors contexte) ou accidentelle; dans ce cas, elle peut être simple (on suppose pour la forme de la chose) ou personnelle, lorsqu’elle vaut pour des individus. Etc. Ce travail avait un enjeu technique considérable (validité des inférences, théorie de la quantification), mais aussi ontologique (peut-on admettre la supposition simple?). On ne trouve aucun texte qui s’intéresse au rapport entre « signification » et « supposition ». De fait, ontologie et théorie aristotélicienne de la perception, ne supposent pas de différence de nature entre les deux: ce sont des formes des choses que reçoivent notre esprit.
La digitalisation cartésienne de l’esprit . Matière et esprit sont des « substances » totalement distinctes, sans interaction directe possible. . Par idée, « j’entends la forme de nos pensées par laquelle nous avons immédiatement conscience de ces mêmes pensées » (Descartes). . « L’idée de cercle n’est pas ronde » (Spinoza). . Les mots signifient les idées (et par là, les choses que représentent ces idées).
Compréhension et extension La digitalisation de l’esprit provoque une « cassure » entre les deux pôles qui constituent les constituants « techniques » de ce que « veulent dire les mots ». On va désormais « nommer » distinctement ces deux pôles (Port-Royal): - COMPREHENSION : ensemble des idées qui entrent dans la définition d’une autre idée (« animal » et « rationnel » font partie de la compréhension de l’idée d’homme). - ETENDUE : ensemble des idées ou sujets dont l’idée peut-être affirmée
Loi de Port-Royal -Déf. 1: Compréhension et étendue varient en proportion inverse (on se déplace sur les branches d’un arbre de Porphyre). NB: l’étendue est composée d’idées. Déf. 2 (Beauzée, 1784): « Tout changement fait à la compréhension d’un nom appellatif, suppose et entraîne un changement contraire dans la latitude de l’Etendue; […] par exemple, l’idée d’homme est applicable à plus d’individus que celle d’homme savant, par la raison que celle-ci contient plus d’idées partielles que la première ». NB: l’étendue est composée d’individus; la latitude est le maximum d’étendue d’une expression, dont le contenu actuel peut varier en fonction des contextes (quantificateurs).
La dualité entre les idées et les classes En concevant l’étendue comme une classe d’individus, la loi de Port-Royal (version Beauzée) introduit une « dualité » entre un « calcul » sur les idées (Pôle 1) et un calcul sur les classes (pôle 2). L’addition de deux idées correspond à l’intersection des classes correspondantes et le fait qu’une idée soit plus générale qu’une autre au fait que son extension contient celle de la seconde. Cette dualité s’exprime dans la théorie classique de la prédication: le sujet est dans l’extension du prédicat, le prédicat dans la compréhension du sujet.
La faillite de la loi de Port-Royal ou les limites de la dualité De façon technique, on doit associer les maximum des idées au minimum sur les classes puisqu’il y a inversion; associer l’idée d’être à la classe vide n’est guère plausible; Identité sur les idées et identités sur les classes ne sont pas duales, à toutes les idées qui sont des non-sens, on ne peut qu’associer la classe vide, tandis qu’il arrive que des groupements d’idées différentes soient associées à la même classe. De manière générale, on ne peut associer négation sur les idées et négation sur les classes (il n’y a pas d’idée négative, la négation n’est pas une opération interne sur les idées).
Résultats L’ensemble des idées muni d’une loi de composition interne (addition) et d’une relation d’ordre (« être contenue dans ») manifeste une dualité avec l’ensemble des classes muni de l’opération d’intersection et d’une relation d’ordre analogue. Si l’on ajoute sur chacun des ensembles une relation d’identité, une opération de négation et des éléments minimaux et maximaux, il n’y a plus de dualité. INTERPRETATION: i) la loi de PR est fausse; ii) l’intentionnalité ne suffit pas à atteindre la signification; iii) il est nécessaire de maîtriser les deux pôles qui constituent l’approche technique de la signification.
Des résultats concordants - Frege, reprend la question à partir de la relation d’identité, dont il se sert pour distinguer sens et référence; mais, il n’est pas en notre pouvoir de dire si de tout sens donné, il convient ou non à cette dénotation. - Russell, introduit une dualité entre les classes et les fonctions (concepts): Pour un individu x, satisfaire à la fonction f(…) = déf. pour un individu x appartenir à la classe F. Malheureusement, cette définition mène au paradoxe de l’ensemble de tous les ensembles et il faudra bien admettre qu’il y des prédicats qui ne correspondent à aucun ensemble. .
La relation entre pôle 1 et pôle 2 n’est pas calculable Propriétés qui doivent être reliées à ce résultat: Indécidabilité de la question de l’origine des langues; Impossibilité d’une langue universelle; Arbitraire linguistique. Interprétation philosophique: Les langues sont multiples et la facticité linguistique est indépassable.