Le paris-dakar de l’intergénérationnel: des relations séparées, subies ou choisies? Sadio Ba GNINg (ceped- INED)
Plan exposé Intérêt du sujet Contexte Le problème Les objectifs Méthodes Résultats
Intérêt du sujet « Que le cadet suive son aîné, que le fils suive son père » Cette domination patriarcale semble occulter des formes d’individualisation du lien intergénérationnel, plus particulièrement dans les fratries complexes où les parents ont connu des mobilités matrimoniales. Depuis Claude Meillassoux,(1964), l’étude de la relation d’aînesse a été privilégiée, laissant de coté la relation entre les générations
Le problème : Vers une individualisation du lien intergénérationnel? La migration « janus bifrons » On a tendance à parler souvent de l’aide des enfants de manière univoque comme si les parents sont toujours ensemble, en n’intégrant pas les mobilités matrimoniales. Or, la normativité qui sous-tend les représentations autour des liens intergénérationnels renvoyant à la famille classique est de plus en plus remise en cause par les ruptures conjugales et les autres formes d’arrangements sociaux qui se mettent en place. Encore peu étudiées, les relations identifiées dans la fratrie complexe témoignent d’une grande diversité Comment la migration favorise t-elle le choix de liens dans la fratrie? Déjà tous les enfants ne sont pas égaux pour jouer le jeu de la solidarité (différence d’âge, de ressources, sexe, ect.). Avec la migration, ils sont plus sélectifs dans l’aide qu’ils apportent à la famille. Ils sont de plus en plus nombreux à ne pas se soumettre aux réquisits tous azimuts de la famille. Sont-ils plus sélectifs parce qu’il sont migrants ou parce que les sollicitations sont intenables?
Objectifs Montrer que les mobilités migratoires et matrimoniales modifient le lien intergénérationnel dans les fratries complexes ou recomposées.
Résultats Une grande diversité d’IGR coexiste Des liens contraints ou obligés avec les parents et dans la fratrie (hiérarchiques) Des liens électifs négociés au jour le jour Des liens qui se veulent choisis alors qu’ils sont subis Des liens séparés privilégiés ou distantes 1 Avec des obligations différents suivant la filiation, la parenté et l’alliance. 2 Entre frère et sœurs de lits différents (consentis) 3 Surtout on tient compte des représailles sociales, genre si je le fais pas, ils vont encore parler 4 Avec l’un des parents avec l’un des parents ou un des enfants- les pères avec leur (s) enfant (s) et inversement les mères et leur (s) enfant (s)
Exemple 1 : Kiné Des liens électifs négociés au jour le jour Privilégiés avec le père négociées avec les coépouses de la mère ou les épouses du père Electifs avec les frères et sœurs utérins avec l’homonymie et le parrainage Le cas de la polygamie On aurait pu croire que les liens se tissaient dans les fratries recomposées suivant la consanguinité ou le principe de l’aînesse sociale. Or, les liens électifs qui se tissent entre frères et sœurs dépendent des affinités qui se sont construites autour d’un vécu, d’une histoire commune dans la sphère familiale qui a pu les rapprocher ou les éloigner. Elles peuvent être favorisées par la proximité par rapport à l’âge, au sexe et à la génération tout comme elles peuvent les traverser
Exemple 2: Modou & Oumy Des liens séparés privilégiés ou distants Privilégiés séparément avec la mère et une sœur Distants avec les épouses de leurs pères Séparés avec les frères et sœurs utérins Le cas de recomposition familiale après divorce La tendance des enfants à favoriser une seule lignée, maternelle ou paternelle, se confirme dans la migration. Les relations peuvent être bonnes avec le père et mauvaises avec la mère. De même ils peuvent valoriser les liens entre leurs frères et sœurs germains
Exemple 3: Daouda Des liens plus ou moins obligés par l’alliance et la filiation « électifs » avec le frère utérin Privilégiés avec la belle-mère, Le cas des enfants confiés partagés entre deux lignées Les frères et sœurs utérins avec qui ils ont partagé des souvenirs d’enfance et ont construit des affinités dans un même environnement social, en étant élevé par la même personne. Nos entretiens montrent tous l’importance du rôle de la coépouse dans la construction des liens dans les fratries L’absence de germain et sentiment de dette vis-à-vis des tuteurs éducatifs Mais le fait de retrouver ses frères et sœurs germains plus tard l’a rapproché au fil du temps plus de sa lignée maternelle
Des relations intergénérationnelles socialement déterminées par l’histoire conjugale des parents, mais est subjectivement construites à partir d’affinités électives renouvelées. Les trois exemples précédents illustrent l’importance du contexte familial dans la construction du lien fraternel et plus particulièrement du rôle de la mère, de la belle-mère ou de la coépouse. Tous ont reçu une éducation différente, mais partagent les mêmes logiques d’élection affinitaires qui leur permettent de choisir leurs relations dans la fratrie recomposée : Le partage d’une histoire commune autour d’une figure parentale constitue l’un des premiers facteurs déterminants de cette élection
Reconfiguration de la famille et Individualisation CONCLUSION GENERALE Reconfiguration de la famille et Individualisation En reconnaissant les évolutions relatives de la construction des liens hors du ménage, il est permis de dire que le lien fraternel qui résulte avant tout d’une contrainte assignée par l’histoire conjugale des parents est devenue avec la migration un lieu de « libre choix » que favorise. Il lui confère son aspect affinitaire et électif que tend à cacher la domination patriarcale. En définitive, les configurations changeantes de la famille, laissant plus de marge de manœuvre à l’individu, annoncent des formes de modernisation du lien intergénérationnel.