Les banques : est-on à la veille d’une nouvelle crise financière ?

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Transcription de la présentation:

Les banques : est-on à la veille d’une nouvelle crise financière ? Pôle européen 16 novembre 2016 Les banques : est-on à la veille d’une nouvelle crise financière ? François Morin

Introduction Nous avons changé de planète et celle-ci est en multi-crise Les conflits géopolitiques se radicalisent (guerres de religions, terrorismes, conflit palestinien) et provoquent des flux migratoires impressionnants La montée des replis identitaires, en Europe, et maintenant aux Etats-Unis n’est plus marginale L’enjeu environnemental et énergétique se précise La crise économique n’en finit pas, avec une montée croissante des inégalités

Plus précisément, sur le plan économique, on observe : Une croissance économique de la Chine qui faiblit nettement La reprise de l’économie américaine qui s’essouffle (récession ?) Une baisse du prix du pétrole plus ravageuse que bénéfique Des injections massives de liquidités par les banques centrales Des taux d’intérêt à long terme en territoire négatif La résurgence des désordres en zone euro (la Grèce toujours, le Brexit et ses incertitudes).

Une nouvelle crise financière ? provoquée par l’éclatement d’une bulle financière : celle des actions (celle-ci est amorcée), ou celle des dettes publiques (elle est en cours) ; en cause plus particulièrement , selon nous, l’action des plus grandes banques internationales, celles que l’on appelle « systémiques » Question : nos démocraties pourront-elles subir de tels chocs alors qu’elles soufrent de déficits démocratiques très graves ?

Que sont ces banques « systémiques » ? - La reconnaissance officielle du caractère « systémique » des plus grandes banques mondiales, date du G 20 de Cannes, le 4 novembre 2011. - « Ce sont des institutions dont la faillite désordonnée, en raison de leur taille et de leurs interconnections complexes et systémiques, pourraient causer d’importantes perturbations du système financier et de l’activité économique ».

L’idée que nous défendons : en raison de leurs interdépendances multiples et de leur taille, ces banques forment un oligopole. 3 arguments peuvent être avancés : - leur taille démesurée - leurs interconnexions financières et institutionnelles - leurs positions dominantes sur les principaux marchés monétaires et financiers Avec un argument supplémentaire et caractéristique propre à tout structure de marché oligopolistique : - le risque d’ententes (qui s’est malheureusement avéré)

Les banques : est-on à la veille d’une nouvelle crise financière ?   1 – Au coeur de l’instabilité financière mondiale, l’oligopole bancaire et sa dimension systémique 2 – Face au danger systémique de l’oligopole, la nécessité d’une stratégie de rupture

1 – Au coeur de l’instabilité financière mondiale, l’oligopole bancaire et sa dimension systémique Origine, composition et taille de l’oligopole Ses interconnexions systémiques Ses positions dominantes

L’origine de l’oligopole bancaire Après les mouvements de déréglementation et de libéralisation du système financier, et notamment de la libéralisation des mouvements de capitaux : - la globalisation des marchés de capitaux intervient au milieu des années 1990, - les plus grandes banques dimensionnent alors leur taille au nouvel espace qui s’offre à elles.

Les 29 banques « systémiques » selon le G20 de Cannes La composition de l’oligopole bancaire Les 29 banques « systémiques » selon le G20 de Cannes (novembre 2011) - Bank of America - Bank of China - Bank of New York Mellon - Banque Populaire CdE - Barclays - BNP Paribas - Citigroup - Commerzbank - Credit Suisse - Deutsche Bank - Dexia - Goldman Sachs - Crédit Agricole - HSBC - ING Bank - JP Morgan Chase - Lloyds Banking Group - Mitsubishi UFJ FG - Mizuho FG - Morgan Stanley - Nordea - Royal Bank of Scotland - Santander - Société Générale - State Street - Sumitomo Mitsui FG - UBS - Unicredit Group - Wells Fargo

Les 29 banques « systémiques » selon le G20 de Cannes La composition de l’oligopole bancaire Les 29 banques « systémiques » selon le G20 de Cannes Etats Unis Europe Asie 8 Américaines 4 Britanniques 3 Japonaises 1 chinoise 5 Françaises (puis 4) 2 Allemandes 1 Espagnole 1 Pays Bas 1 italienne 2 suisses 1 suédoise UE Zone euro

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21 - L’action systémique à travers les abus de positions dominantes TAUX de change Enquête de la FCA sur la manipulation du marché des changes

Les banques du Libor (18) impliquées par la plainte du FDIC

2 – Face au danger systémique de l’oligopole, la nécessité d’une stratégie de rupture 21 – Une stratégie de rupture dans la conception et la mise en oeuvre des politiques économiques 22 –Une stratégie de rupture monétaire à l’échelle de l’Europe et de l’économie mondiale

- la recapitalisation massive des banques La question du surendettement des Etats devient critique le surendettement est devenu insoutenable depuis 2007 Les raisons : - la recapitalisation massive des banques (4 505 milliards d’euros entre 2008 et 20011 en Europe seulement) - le soutien des Etats à l’activité économique - le rôle des stabilisateurs automatiques (moindre recettes fiscales, augmentation des dépenses publiques) .

Ce n’est pas en prônant des politiques budgétaires restrictives que l’on résoudra la crise qui se prolonge Certes la dénonciation du dogmatisme budgétaire est nécessaire : cf. déclaration d’Athènes, ou encore le nouveau plan Juncker, ou le bras de fer à Bratislava Entre l’Italie et l’Allemagne Mais c’est en s’attaquant aux causes de la crise financière, que l’on peut espérer retrouver les chemins d’un développement économique moins erratique. Or c’est bien l’oligopole bancaire et ses comportements spéculatifs qui a été au coeur de la crise. C’est donc cet oligopole qu’il faut démanteler. .

- Une loi de séparation des activités bancaires qui soit réelle et qui scinde patrimonialement les activités bancaires (et surtout en séparant les activités de tenue de marché des activités de dépôts-crédit). - Une taxe Tobin qui s’attaque sérieusement aux transactions sur produits dérivés et surtout qui puissent en outre s’appliquer aux transactions sur le marché des changes (6 000 milliards de $ de transactions par jour). .

22 –Une stratégie de rupture monétaire à l’échelle de l’Europe et de l’économie mondiale

La question monétaire est devant nous La création monétaire et sa gestion échappe totalement aux Etats. La monnaie est devenue un bien privé. Ne doit-on pas revenir à une souveraineté qui a été progressivement abandonnée depuis 1971 ?

Le résultat : l’instabilité financière et les crises systémiques désormais récurrentes L’exercice du « pouvoir de marché », de l’oligopole et de ses abus est à la source de l’instabilité financière internationale. Ce pouvoir de marché s’exerce principalement à travers les deux prix fondamentaux de la finance : le taux de change et le taux d’intérêt. Ces prix sont également présents dans toute la gamme des contrats de produits dérivés. Or, ces deux prix ont été libéralisés durant les années 1970 et 1980 par des abandons de souveraineté des Etats.

Quel contenu d’une nouvelle stratégie monétaire ? Premier scénario : ne rien faire et le risque d’une nouvelle catastrophe Deuxième scénario : soulever sur le fond la question monétaire

Premier scénario : ne rien faire et le risque d’une nouvelle catastrophe, par - le défaut de paiement d’un Etat (ce qui peut se produire pour la Grèce et a failli se produire à Chypre) en raison notamment des politiques déflationnistes menées actuellement avec la « baisse du coût du travail ». - le défaut de paiement d’une banque systémique (ce qui s’est produit pour Lehman Brothers). Entre 2008 et 2011 aux Etats-Unis, 386 faillites ou défauts de paiement bancaires ). Aujourd’hui, les risques se concentrent sur les banques italiennes et la Deutsche Bank Conséquence …

Le scénario noir de l’éclatement de la bulle obligataire Quand ? Impossible à dire, mais possible dès maintenant Le cataclysme financier sera violent et probablement de très courte durée La suite logique est malheureusement trop prévisible : - blocage complet des marchés monétaires - « crédit crunch » - chute brutale de la croissance économique - développement d’un chômage de masse Cette période sera redoutable sur les plans social et politique, Car les Etats sont exsangues ; les nationalismes et les replis identitaires seront exacerbés. Les Etats fermeront leurs frontières, et nationaliseront leurs systèmes bancaires.

Deuxième scénario : soulever sur le fond la question monétaire Création d’euro-monnaies (euro-drachme , euro-francs etc.) à côté de l’euro, monnaie commune (thèse d’économistes de plus en plus nombreux). Maintien de l’euro émis par la BCE pour gérer les transactions externes avec, à sa disposition, les réserves de change de la zone. Mise en place d’un contrôle des changes (sur les capitaux les plus courts). Retour à la souveraineté monétaire des Etats et notamment en matière de politique monétaire (taux d’intérêt et taux de change)

Dans le prolongement, une réforme du système monétaire international serait indispensable Avec, là aussi, la création d’une monnaie commune de type « bancor » Pour réduire les dettes souveraines, il s’agirait d’organiser à l’échelle internationale une politique de relance massive, et son financement par emprunts internationaux dans la nouvelle monnaie, pour assurer notamment la transition écologique dont la planète a tant besoin. Ces emprunts pourraient aussi racheter les actuelles dettes souveraines. Qui pourraient alors empêcher la communauté internationale d’annuler en partie, voire totalement, dans certains cas, les dettes ainsi rachetées ?

Plus fondamentalement, la question monétaire est intimement lié à l’enjeu démocratique La monnaie-dette est aussi une monnaie-crédit La monnaie a donc la faculté de pouvoir financer des projets dont les résultats ou l’efficacité ne sont pas immédiats. Ces projets peuvent avoir : une dimension locale, avec des monnaies locales ou complémentaires une dimension nationale avec des monnaies souveraines (Etats ou Unions d’Etats) une dimension internationale avec une monnaie commune (et non unique)

Pourquoi la question monétaire est intimement lié à l’enjeu démocratique ? A chaque niveau de cette maille (locale, nationale, internationale) la crédibilité d’une monnaie repose sur la confiance que les citoyens peuvent lui accorder. Cette confiance peut être d’autant plus grande que les citoyens participent aux principes d’émission de cette monnaie et de sa gestion : - quelle quantité de monnaie à créer (il faut éviter l’inflation et la déflation) ? - pour quels types de projets (choix collectifs) ?

L’enjeu est donc considérable : il faut lier la question démocratique à la question monétaire. Mais il faut probablement aller plus loin si l’on veut sortir réellement de ce monde en multi-crises. Non seulement il faut refonder la monnaie et la démocratie, mais aussi refonder le travail. La valeur-capital supplante aujourd’hui la valeur-travail. La grande question qui se pose devant nous est : comment faire pour que la valeur-travail échappe aux logiques délétères du profit et donc d’une valeur-capital financiarisée et globalisée? C’est un grand défi politique intellectuel et pratique auquel il faut s’atteler de façon urgente.

FIN