La première Renaissance en Italie Contexte et terme La sculpture de la première renaissance: « Qu’est ce qui renait avec la renaissance? » Donatello
La Renaissance et l’Humanisme Qu’est ce que la Renaissance? La Renaissance est la redécouverte des styles de l’Antiquité gréco-romaine, leur re-naissance, ponovno rođenje... Il ne s’agit pas toutefois de copier les antiques, mais de faire comme eux, en regardant de ses propres yeux… La Renaissance et l’Humanisme La Renaissance est tout d’abord, avec les poètes Pétrarque et Boccace, une volonté de retour aux textes en grec et en latin (« regarder de ses propres yeux »= lire en grec et en latin…); Dans ces textes en grec et en latin, qu’il s’agisse de littérature ou de philosophie, et contrairement aux textes médiévaux, ce n’est pas Dieu, mais l’Homme qui est au centre des réflexions; La foi de ces érudits en la grandeur de l’homme leur vaut le nom d’humanistes, et à leur idées d’humanisme. La philosophie de la Renaissance redécouvre Platon dont la pensée peut bien accompagner, ou même remplacer, la foi chrétienne: c’est le néoplatonisme.
L’humanisme et le néo-platonisme: raison humaine déchiffreuse du cosmos… La philosophie de la Renaissance redécouvre Platon dont la pensée peut bien accompagner, ou même remplacer, la foi chrétienne. Qualifié « christianisme des savants », le néo-platonisme oppose à la théologie et à la scolastique médiévale un théisme plus rationnel, et une confiance dans la puissance de la raison humaine à déchiffrer le cosmos, dont le livre, selon Galilée, est "écrit en caractères mathématiques". Le néoplatonisme de la renaissance est cette redécouverte de Platon, dans un contexte chrétien. un théisme plus rationnel où cohabitent une théorie de l'amour universel et de la beauté,
Qu’est ce que la Renaissance en sculpture? Nous avons dit que la Renaissance est la redécouverte des styles de l’Antiquité gréco-romaine, leur re-naissance; En sculpture, elle est une volonté de retour aux modèles de la sculpture antique, mais aussi une volonté de regarder, de voir de ses propres yeux. Donatello, David, 1430, bronze, h. 185cm
Donatello, Le prophète Habakkouk Donatello, St Marc Donatello, St Marc, St Georges, Le prophète Habakkouk (Tête de citrouille) Donatello, St George Donatello, Le prophète Habakkouk Donatello, St Marc
« Qu’est ce qui renait avec la renaissance? » David, Donatello, 1430 Éphèbe de Marathon, (Praxitèle ou son école, Ivème s. av. J.C.) trumeau du portail Saint Pierre de Moissac, Expliquey qu’est-ce qui se passe ici? Éphèbe de Marathon, IVème s. av. J.C. Prophète Jérémie, début XIIème
Au cours dernier, nous avons vu les caractéristiques de la sculpture de la première Renaissance: La sculpture s’émancipe de son cadre architectural et s’inspire des modèles antiques. Nous avons vu, sur l’ exemple des œuvres de Donatello, réapparaitre, renaître: la sculpture libre du mur, en « ronde bosse », « en pied »; le contrapposto classique; le nu classique; le portrait réaliste (comme le réalisme des portrait romains); Et la reprise des modèles antiques, comme les statues équestres (dans l’antiquité romaine à la gloire de l’empereur, ici pour la gloire d’un citoyen de mérite).
Émancipation du cadre architectural, ronde bosse, contrapposto, corps d’athlète, portrait. St Marc, St Georges, Prophète
Statue libre, indépendante, en pied, « en ronde bosse », destinée à être vue de tous les côtés. Contrapposto. Nu « au sens classique » du terme, et non plus « au sens médiéval » (avec un sens symbolique, moral, un vice ou une vertu). Grandeur nature. Donatello, David, 1430, bronze, h. 185cm
Donatello, Statue équestre de Gattamelata, érigée à la gloire d’un citoyen de mérite (Padoue, 1445-50)
Mini test: Quelles qualités de la sculpture classique font renaitre ces deux statues de Donatello? Comparez avec cet exemple de sculpture romane:
L’architecture de la première Renaissance en Italie: Brunelleschi L’Italie et le style gothique La Renaissance Le sens civique et le dôme de la cathédrale de Florence Brunelleschi
L’humanisme, le sens civique et l’architecture L’Humanisme, s’inspirant des philosophies antiques, admet que Dieu a instauré et maintenu le Cosmos ordonné, mais qu’il appartient à l’Homme d'instaurer et de maintenir l’ordre social. Par l’Humanisme, le sens civique, le respect et la participation au maintien de l'ordre social s’imposent comme les nouvelles marques de citoyenneté: Ainsi la construction de chacun des huit segments de la coupole la Cathédrale de Florence, par Brunelleschi, avait été payée par un quartier différent de la ville.
Le premier projet d’architecture postmédiévale: Le Dôme de la cathédrale de Florence, 1419 par Brunelleschi Première œuvre d’architecture postmédiévale, non par son style (projet conçu un demi siècle auparavant) mais par son « esprit »: l’innovation technique pour la construction de la coupole, différant des solutions traditionnelles et « procédés ancestraux » des bâtisseurs gothiques, financement participatif… Construction de la coupole: Innovation technique plutôt que « procédés ancestraux »
Le premier exemple d’architecture de la renaissance est la Basilique San Lorenzo, Florence, 1420, par Brunelleschi.
Gothique: Cathédrale de Léon, 1205-1301, Espagne
Renaissance vs Gothique Renaissance: Brunelleschi, La Basilique San Lorenzo, Florence, 1420 Gothique: Notre Dame de Chartres, XIIème-XIIIème s.
L’Italie, l’architecture romaine, le style gothique et la Renaissance L’Italie n'adopta jamais entièrement le style gothique. La présence sur le sol italien des vestiges des édifices romains témoignant de la grandeur du style classique, a toujours influencé les artistes. La renaissance va être ce retour à l’architecture romaine, déjà bâtie sur l’héritage grec, son renouveau. Ce renouveau va s’effectuer à la fois à partir de l'observation des ruines romaines, et du déchiffrement du « De Architectura », un traité de Vitruve (architecte et ingénieur romain, 1er siècle av. J.C.).
Souvenez-vous: l’ordre, le style du temple grec Le terme « ordre » concerne avant tout la forme des colonnes. Nous parlons aussi de « style » qui dérive de stylos, colonne. Dans l’architecture des temples grecs nous distinguons l’ordre dorique, l’ordre ionique et l’ordre corinthien. Les ordres déterminent aussi les rapports de taille entre différentes parties d’un édifice, leurs proportions. Le terme « ordre » concerne avant tout les parties « en élévations »: les colonnes, l’entablement qu’elles soutiennent et le tympan Chapiteaux des colonnes des trois ordres
Filippo Brunelleschi (1377-1446), architecte On attribue généralement à l’architecte Filippo Brunelleschi (1377–1446) le mérite d'avoir inauguré la Renaissance en architecture. En étudiant l’architecture antique romaine, il s’aperçoit que, contrairement aux constructions gothiques contemporaines, les monuments de la Rome antique respectaient des règles mathématiques simples, comme l'emploi systématique d’arcs en plein-cintre et de voûtes en berceau et le respect des proportions des ordres classiques. (celui qui formula les règles de la perspective linéaire) Basilique San Lorenzo, 1420, La chapelle Pazzi,
Le premier exemple d’architecture de la renaissance est la Basilique San Lorenzo, Florence, 1420, par Brunelleschi.
Brunelleschi rejette la verticalité du style Gothique pour la simplicité et les proportions équilibrées du style classique, reprenant l’arc en plein cintre, les voûtes en berceau, les coupoles et les éléments et proportions des ordres classiques. Renaissance: Brunelleschi, La Basilique San Lorenzo, Florence, 1420 Gothique: Notre Dame de Chartres, XIIème-XIIIème s.
La basilique San Lorenzo de Florence ressemble aux églises paléochrétiennes et à l’ancien roman toscan car pour Brunelleschi, ces monuments illustraient l’architecture religieuse de l’Antiquité classique. Brunelleschi, La Basilique San Lorenzo, Florence, 1420 Basilique paléochrétienne: St Paul Hors les Murs, Rome, IVème siècle
Roman Toscan: Intérieur de la cathédrale de Pise, Toscane, Italie (XIème-XIIème, plafond XVIIème) Renaissance: Brunelleschi, La Basilique San Lorenzo, Florence, 1420
La Basilique San Lorenzo, Florence, 1420, par Brunelleschi Si San Lorenzo ressemble aux églises paléochrétiennes et à l’ancien roman toscan, l’impression que donnent ces trois intérieurs diffèrent: C’est que les proportions (rapports entre les mesures) des éléments important de l’édifice est différent chez Brunelleschi: La Basilique San Lorenzo, Florence, 1420, par Brunelleschi
Si le Plan de San Lorenzo n’est pas nouveau, l’est l’importance donnée à la symétrie et aux proportions. Nous voyons que Brunelleschi a conçu San Lorenzo comme un assemblage d’unités abstraites, les plus grands étant des multiples d’une unité standard (éléments carrés: les quatre grands, un pour le chœur, un pour la croisée de transept et un pour chaque des deux bras du transept. La nef est composée de 4 de ces grands carrés. Les chapelles des bas cotés et du transept sont de quarts de ce carré). basilical, avec le transept formant avec la nef le forme de la croix latine…
Proportions et Harmonie d’Origine Divine Terminologie: La proportion est un rapport entre deux mesures. Par exemple, un rectangle mesurant 2m sur 1m a la même proportion entre ses côtés (qui est de 2:1) qu’un rectangle mesurant 4m sur 2m.. Brunelleschi: « rapports arithmétiques exprimés en nombres entiers entre toutes les dimensions importantes d’un édifice sont le secret d’une bonne architecture. » Cette conception va être clairement annoncée une dizaine d’années plus tard par un autre architecte, Alberti, dans son traité d’architecture, à savoir que les proportions arithmétiques déterminant l’harmonie musicale devaient aussi régir l’architecture, car elles se retrouvent dans tout l’univers, ce qui prouve leur origine divine (Pythagore, Platon, le néoplatonisme).
La Chapelle Pazzi, commencé vers 1430 La plus originale des créations de Brunelleschi, elle reste inachevée de son vivant.
La Chapelle Pazzi, commencé vers 1430 Un porche rappelant le narthex fait de la façade un écran. L’arc central reliant les deux colonnades classiques encadre le portail et attire le regard sur la coupole…
L’architrave supporte deux voûtes en berceau qui à leur tour supportent une coupole sur pendentifs au-dessus de l’ouverture centrale.
Chapelle Pazzi: Coupe, plan, intérieur
Chapelle Pazzi: intérieur Nous retrouvons le même motif de deux voûtes supportant une coupole centrale à l’intérieur de la chapelle. La lumière entre par les hautes lucarnes de la coupole (une au centre et 12 autour = le Christ avec ses 12 apôtres) par lesquelles on ne voit que le ciel. Chapelle Pazzi: intérieur
Le plan de l’église Sainte Marie des Anges: La première église de plan centré à coupole, l’idéal de la Renaissance La première église de plan centré à coupole de la Renaissance (s’inspirant des édifices ronds et polygonaux des églises paléochrétiennes), elle est un exemple de ce que va être l’idéal des édifices sacrés (tels que décrits plus tard par un autre architecte, Alberti): Le cercle (ou les formes dérivés du cercle: carré, hexagone, octogone) est la figure la plus parfaite, la plus naturelle, et, de ce fait, l’image même de la Raison divine.
Brunelleschi: L’église Sainte Marie des Anges, Florence (1434-1437, inachevée) Alberti: Le cercle (ou les formes dérivés du cercle: carré, hexagone, octogone) est la figure la plus parfaite, la plus naturelle, et, de ce fait, l’image même de la Raison divine.
Résumé: La renaissance, l’humanisme, le néoplatonisme et la Raison Divine Humanisme, Néoplatonisme: retour aux textes grecs et latins, redécouverte de Platon par une société chrétienne, confiance dans la puissance de la raison de l’homme, déchiffreuse du cosmos, où se lit la Raison Divine. Proportions: rapport entre deux dimensions : « les rapports arithmétiques exprimés en nombres entiers entre toutes les dimensions importantes d’un édifice sont le secret d’une bonne architecture » (Brunelleschi). Alberti (traité d’architecture): « les proportions arithmétiques déterminant l’harmonie musicale doivent aussi régir l’architecture, car elles se retrouvent dans tout l’univers, preuve de leur origine divine. », « Le cercle (ou les formes dérivés du cercle: carré, hexagone, octogone) est la figure la plus parfaite, la plus naturelle, et, de ce fait, l’image même de la Raison divine. »
L’architecture de la première renaissance en Italie: Brunelleschi Les architectes de la Renaissance rejettent la verticalité du style Gothique pour la simplicité et les proportions équilibrés du style classique, reprenant l’arc en plein cintre, les voûtes en berceau, les coupoles et les proportions des ordres classiques. Le premier architecte de la renaissance est Filippo Brunelleschi (1377–1446) . Les premier exemples d’architecture post-médiévale sont le dôme de la Cathédrale de Florence, et la Basilique San Lorenzo de Florence, exécutée en 1420.D’autres exemples d’œuvres de Brunelleschi: la chapelle Pazzi et l’église Sainte Marie des Anges, la première église à plan centré de la Renaissance.
Le premier exemple d’architecture renaissance est la Basilique San Lorenzo, (Florence, 1420), par Brunelleschi.
Brunelleschi, Chapelle Pazzi, commencée vers 1430
Chapelle Pazzi: Coupe, plan, intérieur
Bruneleschi: L’église Sainte Marie des Anges, Florence (1434-1437, inachevée) Alberti: Le cercle (ou les formes dérivés du cercle: carré, hexagone, octogone) est la figure la plus parfaite, la plus naturelle, et, de ce fait, l’image même de la Raison divine.
Pour en savoir plus: Proportions des colonnes des ordres grecs Suivant Vitruve, les architectes, ayant remarqué que le pied de l’homme était la sixième partie de la hauteur du corps, transportèrent cette proportion dans leurs colonnes de style dorique: « Quelle que fut la grosseur d’une colonne à son pied, ils lui donnèrent une hauteur sextuple, y compris le chapiteau. C’est ainsi que la colonne dorique prit l'empreinte des proportions, de la force et de la beauté du corps de l’homme. » Plus tard, voulant élever un temple à Diane, ils cherchèrent à instaurer un nouvel ordre, l’ordre ionique : ils lui donnèrent quelque chose de la grâce de la femme et portèrent la hauteur des colonnes à huit diamètres, afin que celles-ci paraissent plus sveltes. Ils y ajoutèrent des bases avec des enroulements, à l’imitation des chaussures et ils placèrent des volutes au chapiteau pour représenter les grandes boucles de la chevelure, enfin des cannelures creusées le long du fût imitèrent les plis d’une robe. Le troisième ordre, que nous appelons corinthien, imite la grâce d’une jeune fille : il en a les proportions délicates.