Séquence III- Regards sur La seconde guerre mondiale

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Transcription de la présentation:

Séquence III- Regards sur La seconde guerre mondiale Croiser des regards d’artistes sur la seconde guerre mondiale, entre hommages et dénonciation Trois œuvres Le musée juif de Berlin Le monument contre le fascisme, de Jochen Gerz Oradour, de Tardieu

Le monument contre le fascisme. Domaine artistique : Art de l’espace Etudier la prise de position d’un artiste face à une idéologie. Le monument contre le fascisme. Problématique : la commémoration entre mémoire et oubli Œuvre du XXème siècle

I- Quelle commémoration?

Quel monument choisir pour que les hommes se souviennent? UN PEU D’ÉTYMOLOGIE Le mot monument vient du latin monumentum, dérivé du verbe « moneo » qui signifie avertir, faire songer à, faire se souvenir de… Pour Françoise Choay, dans L’Allégorie du patrimoine (1992): « Le monument a pour but de faire revivre au présent un passé englouti dans le temps. » Eriger un monument est donc en lien avec la mémoire, mais aussi avec l’oubli. Quel monument choisir pour que les hommes se souviennent?

Quels monuments? La Défense de Paris est érigée à la gloire des soldats ayant défendu la ville durant la guerre franco-allemande de 1870. Cette sculpture en bronze de Louis-Ernest Barrias, inaugurée en 1883 sur ce qui était le rond-point de Courbevoie, est toujours visible aujourd'hui à son emplacement initial, bien que le rondpoint où elle était implantée ait disparu.

Pour se souvenir de quoi ? Ce monument est classé comme « monument pacifiste ». Un concours est lancé dans l'immédiat après-guerre, avec, pour seule consigne, la sobriété. En 1923, l'architecte Bertin et le statuaire Yroudy sont retenus. Dans une seule masse de pierre, l‘oeuvre présente une femme, tête baissée, incarnation tout à la fois de la mère et de l'épouse, entourée de deux soldats, l'un agonisant, qui lèvent les yeux vers elle. Sur le socle, un jeune ouvrier rompt une épée, les armes brisées symbolisant la paix. Le préfet de la Seine fait savoir que la figure allégorique de l'ouvrier brisant un sabre « ne fait pas corps avec l'ensemble ». On passe outre. La polémique ne fait pourtant que commencer. Certains y voient une figure antimilitariste, ou encore la volonté de ne plus imaginer de guerre dans une Europe peuplée de « frères ouvriers », à tel point que la statue se voit mutilée une nuit de novembre 1926. Pour se souvenir de quoi ?

Multiplicité des œuvres de commémoration Mur pour la paix Champ de Mars Paris, 2000, de Clara Halter et Jean Michel Wilmotte Le Mur pour la Paix est constitué d’une charpente métallique habillée de bois, d’inox et de verre. Il mesure près de 16 m de longueur, 13 m de largeur et 9 m de hauteur. Sur les grandes façades de verre est écrit le mot « paix » en 49 langues différentes. Cette oeuvre s’inspire directement du Mur des Lamentations de Jérusalem puisque les visiteurs peuvent laisser un message de paix dans les fentes prévues à cet effet, ou envoyer un message de paix depuis le site web, les messages étant alors affichés sur des écrans situés dans le monument. Chaque œuvre nous mobilise différemment.

Pose une problématique Que peut être un monument contre le fascisme? Que représenter? Dans quelle volonté? Se souvenir pour ne pas recommencer? Refus d’oublier? Partir d’une définition du fascisme

II-Carte d’identité Le Monument contre le fascisme (dit le Monument de Harburg), Jochen GERZ et ESTHER SHALEV-GERZ, 1986.

L’artiste Jochen Gerz est né en 1940 à Berlin en Allemagne et vit actuellement en France. Il fait partie des artistes conceptuels,  c’est à dire qui s’attachent au concept, à l’idée que véhicule son travail. Il s’agit d’un courant artistique des années 1960. L'objet d’art n'est pas considéré pour sa forme, mais pour ce qu’il signifie; le discours devient matériau de la pratique. Plusieurs de ses œuvres ont un rapport avec la seconde guerre mondiale, comme le monument contre le racisme, dit « monument invisible ».

Inauguration le 10 octobre 1986 Quoi ? Au départ, il s’agit d’une colonne de un mètre large et de douze mètres de haut. Où ? Dans le quartier Harburg de Hambourg, en Allemagne.

Une œuvre participative Organisation : la colonne était recouverte d'une mince couche de plomb. À côté de cette colonne il y a avait quatre stylets et une inscription, dans sept langues à propos de ce monument contre le fascisme, invitant les passants à signer.

Une œuvre progressive Aussitôt que la surface disponible était totalement écrite, la colonne était abaissée pour cacher ce morceau.

Une œuvre progressive

Et aujourd’hui? Inauguration le 10 octobre 1986, et disparition totale le 10 novembre 1993. Cet enfouissement s’est déroulé en sept phases et, depuis 1993, seuls sont visibles, au centre de la place, le sommet de la colonne sous vitre et le panneau de textes en sept langues invitant les personnes à signer. Elle est désormais visible par fragment à travers une fenêtre-meurtrière. Une œuvre procédurale : c’est le processus qui fait celle-ci. Sans ce dernier, il n’y a pas d’œuvre.

II- Quelle signification?

Une œuvre participative Œuvre particulière car faite par ceux qui constituent normalement le public

Mais la colonne a été également couverte par des noms, des graffitis et des slogans ("x aime y" ou "les étrangers dehors"). Au cours des descentes successives, jusqu'à l'enfouissement complet, des traces de tir ont même été trouvées sur l'enrobage de plomb ; on a essayé aussi d'éliminer entièrement l'enrobage au pied de la colonne… des croix gammée ont aussi été gravées. Donc, ce monument ne rappelle pas seulement à la société le passé, mais en plus sa propre réaction face à ce passé. Sens voulu par l’artiste : les signatures, de personnes vivantes, sur la colonne devaient former une longue liste semblable à celles des noms de victimes de l’holocauste.

On érige un monument à la mémoire de quelque chose, ici le mouvement est inversé, de l’ordre de l’enfouissement comme étaient autrefois enfouies les “capsules temporelles”, sortes de conteneurs remplis d’objets divers d’une époque devant être exhumés à une date donnée. L’oeuvre de Gerz est une capsule temporelle, un témoignage dans le temps. Quelle interprétation donner à ce qu’on voit aujourd’hui? Volonté de passer à autre chose tout en gardant en mémoire les horreurs engendrées par le fascisme ? Peut-on oublier ? Comment oublier ? Le fait que l’on ait maintenant qu’un fragment du monument pointe du doigt le fait que l’on ne puisse pas se souvenir de tout. La question de l’oubli L’enfouissement dans le sol symbolise l’enfouissement du souvenir de ce carnage (shoah) dans nos mémoires. La participation du spectateur, accentue encore davantage le bouleversement que la référence à la shoah peut engendrer.

Une œuvre engagée Dans son œuvre collective, l’artiste invite le public à s’engager contre la dictature. Une œuvre finalement complexe vecteur de l’engagement de l’artiste, car le Monument contre le fascisme est certainement d’essence politique et pose la question de l’articulation de l’artistique et du politique.

« Nous invitons les citoyens de Harburg et les visiteurs de cette ville à ajouter ici leurs noms aux nôtres. Cela doit nous inciter à être et demeurer vigilants. Au fur et à mesure que les noms couvriront cette colonne de 12m, elle s’enfoncera progressivement dans le sol. Un jour elle aura complètement disparu et la place du Monument de Harburg contre le fascisme sera vide. Car rien ne peut au long cours s’ériger à notre place contre l’injustice »

III- Pour aller plus loin Monument contre le racisme, de Jochen Gerz Boltanski

Monument contre le racisme Aussi appelé « le monument invisible ».

Lieu de réalisation : en Allemagne, sur la place pavée Schlossplatz de Sarrebruck, devant le château, siège du Parlement régional et surtout ancien quartier général de la Gestapo. L'ensemble des communautés juives d'Allemagne (et de la RDA de l'époque) ont été invitées à mettre à disposition les noms de leurs cimetières existant avant le IIIème Reich. Avec huit étudiants Jochen Gerz, dans une action nocturne, a gravé sur le dessous des pavés, les noms de ces cimetières juifs puis il les a remis en place. L’idée de cette oeuvre est venue à Gerz après avoir visité les sous-sols du Château de Sarrebruck où se situait un musée d’histoire. Là, trois anciennes cellules étaient ouvertes au public. Il a été touché par les derniers mots gravés dans la pierre par les prisonniers juifs, avant leur départ pour les camps. Les cimetières - traces d’un passé - rendus présents par leur nom, redeviennent des traces invisibles par enfouissement de la face inférieure des pavés gravés.

Il s’agit donc d’une oeuvre invisible. Il faut avoir entendu parler de l’action effectuée par Gerz et les étudiants, pour savoir qu’elle existe. Seules des photographies des pavés gravés subsistent de l’action. Pose encore une fois la question de la commémoration, du souvenir gravé dans la mémoire et de l’oubli. Le spectateur se retrouve devant rien, devant l’absence de l’oeuvre , ressent le vide : celui formé par les juifs décédés ?

Les questionnements de Boltanski Réserve, 1990 En 1988, Boltanski s'empare d'un nouvel élément, le vêtement, qu'il utilise tout d'abord pour créer une œuvre profondément émouvante : Réserve, Canada. Il s'agit d'une pièce qui fait allusion aux entrepôts dans lesquels les nazis remisaient les effets des personnes déportées. L'usage du vêtement chez Boltanski est donc d'emblée lié au thème de la mort : le vêtement est une trace ou une empreinte qui témoigne d'une vie passée. Avec la Réserve de 1990, Boltanski tapisse les murs d’une salle entière de vêtements usagers, voire poussiéreux, qui répandent une odeur de grenier. Car la forte présence de l’œuvre ne se manifeste pas seulement visuellement, mais par une dimension olfactive trop rarement exploitée en arts plastiques. Comme les autres œuvres de la série, la Réserve de 1990 crée un environnement incitant à une méditation mélancolique sur la vanité et sur la mort. Les questionnements de Boltanski

Qu’est-ce qu’une installation C'est une forme d'expression artistique assez récente. L’installation est généralement un agencement d'objets et d'éléments indépendants les uns des autres, mais constituant un tout. Pour ne pas se réduire à une simple présentation des éléments qu’elle contient, l’installation est réalisée dans des conditions spécifiques qui prend en compte les tensions ou les conflits qui peuvent apparaître entre l’œuvre et l’espace environnant. Proche de la sculpture ou de l'architecture, l'installation peut être in situ, c'est à dire construite en relation avec un espace architectural ou naturel et uniquement celui-ci (c'est le cas dans cette oeuvre de Boltanski). Le mot désigne aussi l’œuvre ainsi obtenue.

Dans la verrière du grand palais : au sol 69 rectangles, carrés de cimetière, recouverts de vêtements usagés. S'y ajoute les grincements d'une grue qui prélève et rejette des vêtements sur une montagne de fripe. Le spectateur n’est plus placé devant une œuvre, il se promène à l’intérieur. Une installation qui raconte une histoire terrible Le grappin rouge vif de la grue saisit des pièces au hasard sur le sommet de la pyramide et les lâche, comme un dieu inconséquent, un dieu cruel qui prend des vies et en épargne d'autres, par pur caprice. Quelques couleurs vives réchauffent les parterres de vêtements. Déployés bras en croix (ou manche), ils parlent d'absence et de mort. On pense au Canada des nazis, ces entrepôts où s'entassaient les manteaux, les pantalons, les robes arrachés aux juifs qui entraient nus dans les chambres à gaz. On pense à tous les charniers et massacres où les morts sont alignés avant d'être ensevelis. Le bruit obsédant des coeurs anonymes, le mouvement constant de la grue, l'accumulation des corps déshumanisés et le froid voulu par Christian Boltanski sont oppressants. Monumenta

Après la mémoire, l’oubli? Bilan Se souvenir? De quoi? Comment? Après la mémoire, l’oubli?