Notre Héritage grec 1.La démocratie (2 à 22).

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
L’education et la philosophie grecque
Advertisements

Les formes de gouvernement en Grèce antique
LES INSTITUTIONS ATHENIENNES
Les lieux de la démocratie à Athènes au V° siècle avant JC
Les armées et les guerres des grecs
Platon Platon est un des plus grands philosophes du temps. Il était convaincu qu’il y a des caractéristiques essentielles de connaissance. Il croyait.
L'art et l'architechture grecque
La Grèce Ligne de temps page 1
Grèce: La Gloire d ' A t h è n e s 5e siècle avant Jésus-Christ.
La plaine de Marathon aujourd’hui…
LA CITE DES ATHENIENS (V-IV e siècles): citoyenneté et démocratie
Le Parthénon est un monument qui se situe au centre d Athènes, sur l Acropole, un point culminant de la ville à 156 m d altitude. Pour accéder au Parthénon,
LA FETE DES PANATHENEES
LES STYLES DES TEMPLES GRECS
AUX SOURCES DE LEUROPE Situation historique Club Ecologie 4EME COLEGE DE NEA SMYRNE.
(Les fondements du monde grec)
Correction du document de préparation 3 Religion, politique et culture en Grèce classique ainsi que le système politique canadien.
Aperçu de la sculpture grecque antique
Grèce.
Correction du document de préparation 2
cité, citoyenneté et démocratie
LES JEUX OLYMPIQUES.
LE GOUVERNEMENT DE LA CITE ATHENIENNE au Ve siècle avant J.-C
Le carré de lhypoténuse. (c'est à dire dont le côté est l'hypoténuse)
La Grèce antique Deux grandes guerres
LES STYLES DES TEMPLES GRECS
La Grèce antique.
JEUX OLYMPIQUES antiques. JEUX OLYMPIQUES antiques.
Grèce Ancienne.
Antiquité grecque De la proto-histoire à la période archaïque
La cité d’Athènes.
La Grèce antique.
Par: Yasmine Lamrioui. Évolution du système politique à Athènes en Antiquité. Groupe : 206.
VI. Le monde grec : la période classique (Ve – IVe s. av. J.-C.)
Athènes, un grand centre culturel
Chapitre 1 La subversion grecque.
Leçon 2 : Athènes : une cité riche et prestigieuse :
Troisième partie: La culture à Athènes
LES GRECS UNITÉ 3.
Les Panathénées. C'est une fête en l'honneur d'Athéna, déesse protectrice de la cité d'Athènes. Tous les citoyens mais aussi les métèques y participaient.
ATHENES (Présentation).
Si Dieu existait, ça se saurait
Les premières civilisations
VI. Le monde grec : la période classique (Ve – IVe s. av. J.-C.)
ATHENES (Présentation).
ATHENES (Présentation).
Première partie: Le territoire et le militaire
ATHENES (Présentation).
ATHENES (Présentation).
Période mycénienne 1600 à 1100 a.v. J.C. Grèce continental
ATHENES (Présentation).
Méthode de la composition
Les Jeux Olympiques.
Aperçu de la sculpture grecque antique
ATHENES (Présentation).
Quiz de révision La gloire de la Grèce.
Kroisos, héros mort sur le champ de bataille, 525 av. J.C.
Statue représentant Périclès
ATHENES (Présentation).
Chapitre d’histoire n°2 : Le Monde grec
Grèce Antique Système politique
VI. Le monde grec : la période classique (Ve – IVe s. av. J.-C.)
A. des problèmes de la terre aux RéFORMES DEs législateurs
Nous voici dans la Grèce antique
LES JEUX OLYMPIQUES.
La sculpture grecque du Vème siècle avant J. C
Histoire de l’art Cours n°2: Le complexe de Zeuxis Le tournant de l’art grec Aurélie Ledoux Université Conventionnelle Aurélie Ledoux Université Conventionnelle.
Chap.2b: LA CITE DES ATHÉNIENS (Vème – IVème SIÈCLE avt JC )
Le sport dans l’Antiquité
Les Jeux Olympiques antiques
Transcription de la présentation:

Notre Héritage grec 1.La démocratie (2 à 22). 2.Le parachèvement de l’alphabet (23 à 24). 3.Les fondements de tous les arts : architecture (25 à 42), sculpture (43 à 63), peinture (64 à 72), littérature (73 à 85). 4.Les fondements de notre système éducatif : formation du corps (sports : 86 à 113) et de l’esprit (114 à 115). 5.Le développement de la philosophie et des sciences: 1. Les Présocratiques (117 à 134) 2. Les Guerres médiques, tremplin des Sophistes (135 à 143) 3. Les Sophistes (144 à 149) 4. Socrate, Platon, Aristote, Hippocrate, Archimède (150 à 154) En Grèce, l'esprit secoue le joug des contraintes sociales, des dogmes religieux, des vérités étatiques, pour se déployer avec le maximum de liberté. Les philosophes élaborent une méthode de penser qui tend à rapporter toutes choses à l'homme. Fils de Protagoras ou de Socrate, ils décident de se prendre pour source et arbitre de toute valeur en matière de connaissance. Qu'il s'agisse de physique ou de métaphysique, ils imaginent les hypothèses les plus audacieuses, parfois les plus fantaisistes.

(de ὁ δημος « dèmos » : le peuple et το κρατος « kratos » : la domination, la puissance .) Le pouvoir, pour la première fois, n’est plus dans les mains d’un monarque ou d’une caste au pouvoir absolu, mais dans celles du peuple. La démocratie

LE CADRE GEOGRAPHIQUE DE CETTE DEMOCRATIE Dias 4 à 8

La « polis » (Ἡ πολιϛ) (Depuis quand?) Au fil des millénaires, la civilisation s'est étendue d'Est en Ouest. Dès la fin du -IVème millénaire, la Mésopotamie (Babyloniens et Sumériens) et l'Egypte voient naître les premières civilisations.

La « polis » (Ἡ πολιϛ) (Depuis quand?) Dans le courant des -IIIème et première moitié du -IIème, la Crète s'affirme avec brio, développant sa civilisation dans de petits royaumes organisés autour de palais : Cnossos, Phaistos, Mallia... .

La « polis » (Ἡ πολιϛ) (Depuis quand?) C'est à cette époque, que se répandent en Grèce des populations parlant un grec archaïque, se structurant, aussi, dans le sud du pays (le Péloponnèse) en petits royaumes administrés et protégés par un palais (Mycènes, Tirynthe, Pylos), et dont la civilisation, dite mycénienne (aristocratique et guerrière : expéditions de rapine, ce qui fut sans doute le mobile réel de la guerre de Troie), influencée dans un premier temps par celle de la Crète, finira par la supplanter (apogée de -1450 à -1350) avant de disparaître, victime (on ne sait trop, car différentes thèses s'affrontent) de nouvelles invasions ou de dissensions internes..., vers -1150. On entre ainsi dans la période des "siècles obscurs" qui prend fin au -VIIIème siècle.

La « polis » (Ἡ πολιϛ) (Depuis quand?) Apparaît, à cette époque, une organisation politique : la "Πολις" (Polis) ou "Cité-Etat" : un territoire dominé par une ville, sur lequel vit en autarcie (autant que possible) une communauté avec ses institutions, ses dieux, ses cultes; une organisation politique, donc, qui n'est, somme toute, que le prolongement de ce qui a toujours existé dans le monde égéen sur le plan des ressources (Les palais crétois et mycéniens ont largement vécu sur les productions agricoles de leur zone d'influence). A titre d'exemples significatifs dans la Grèce continentale : Athènes, Thèbes, Chalcis, Corinthe, Sparte, Argos... Toutes n'avaient pas la même étendue : une centaine de kilomètres carrés en moyenne, avec deux exceptions : Sparte : 8500 km2 (+/- le 1/4 de la Belgique) et Athènes 2500 km2 (+/- 1/15ème). A titre de comparaison, la province de Namur occupe une superficie de 3666 km2. Vivre en autarcie complète n'était guère réalisable. La structure du sol, les conditions climatiques influaient largement sur les productions agricoles. D'où la nécessité d'établir des échanges et la tentation d'entrer en conflit pour agrandir le territoire.

La « polis » (Ἡ πολιϛ)-Athènes (Structure géographique) Campagne Campagne Campagne Campagne Le territoire d'une "πολιϛ" se décline en trois zones : 1. La campagne (ἡ χωρα) comprenant les terres de culture et de pâture. 2. La ville (το ἀστυ) entourée de murailles. 3. L'acropole (ἡ ἀκροπολιϛ) : la ville haute ou citadelle, lieu primitivement occupé et fortifié, lieu de refuge, par la suite, et, au fil du développement, lieu sacré comprenant les principaux sanctuaires. Campagne

Grèce et colonisation grecque Du –VIIIème s. au –VIème, pendant la « période archaïque », l’essor des cités va provoquer une « mise à l’étroit » et générer un vaste mouvement de colonisation qui étend l’hellénisme sur tout le pourtour des mers Noire, Egée et Méditerranée. Les occupations sur les côtes méridionales de la péninsule italienne et en Sicile, formeront un ensemble désigné sous le nom de Grande Grèce.

LE CHEMINEMENT VERS LA DEMOCRATIE Dias 11 à 22

Attique Le cheminement vers la démocratie prit deux siècles. Dracon L’apparition de la démocratie ne s’est pas faite en un jour. Entre le début du VII° et la fin du VI° siècle, dans toutes les cités d'Asie Mineure ou de Grèce continentale, les anciennes monarchies héritées de la période mycénienne et des "siècles obscurs" disparaissent. A Athènes, après une période oligarchique et un bref retour à la monarchie, un régime de nature démocratique verra le jour au -V° siècle. Le régime oligarchique :   Le pouvoir est aux mains de magistrats : les archontes (οἱ ἄρχοντες) , au nombre de 9, appartenant à la classe des Eupatrides (οἱ Εὐπατρίδαι, "ceux qui sont de bonne naissance"), élus par leurs pairs, ayant en charge la religion, la guerre, la justice, l'établissement et la garde des lois. Ils sont nommés et contrôlés par l'assemblée de l'Aréopage (ὁ Ἄρειος πάγος: la colline d'Arès, proche de l'Acropole, cf. dia 8) dont les membres appartiennent aux grandes familles aristocratiques et regroupent les anciens archontes. Comme, en plus, cette assemblée promulgue les décrets, le pouvoir est aux mains des plus puissants. Propriétaires des terres sur de grands domaines, ces aristocrates exploitent les paysans qui, incapables de payer leur fermage (un sixième de la récolte) et contraints de s'endetter en mettant en gage leur personne, deviennent, de par la loi, avec toute leur famille, les esclaves de leurs créanciers. Situation explosive, génératrice de mouvements de révolte qui vont provoquer, par étapes, au fil des réformes, la chute de l'oligarchie. Trois grands noms, auteurs d'une "eunomia" (ἡ εὐνομία) : "bonne législation, équité, justice") sont associés à ces réformes, les deux premiers Dracon et Solon précédant un retour momentané au pouvoir absolu d'un tyran : Pisistrate. Dracon (fin du -VIIème s.) Son mérite, selon la tradition, est d'avoir imposé une rédaction des lois ce qui eut pour effet de rendre le droit intangible, inscrit dans la durée, connu et identique pour tous. Progrès énorme sur le plan de la justice, mais sans effet sur le plan économique, l'exploitation des pauvres (de plus en plus nombreux) par les riches connaissant toujours les mêmes belles heures. Solon (début du -VIème s.) Solon va se faire le défenseur des pauvres en : - annulant les dettes publiques et privées. - abolissant l'esclavage pour dettes, avec effet rétroactif, les victimes réduites en esclavage retrouvant leur liberté et leurs droits civils, mais sans récupérer les biens qui leur avaient été confisqués. - libérant les propriétés hypothéquées. - interdisant de recourir à la pratique du prêt sur gage de corps. - répartissant les citoyens en quatre classes, selon leur fortune, les trois premières existant sans doute depuis la période monarchique, mais la quatrième, celle des plus pauvres, étant une innovation permettant à ces derniers d'entrer à l'Ecclésia (ἡ Ἐκκλησία : l'assemblée du peuple (accessible jusqu'alors aux seuls citoyens capables de s'armer comme hoplites, donc cossus, et dont le rôle était purement consultatif). créant la première Βουλη « Boulè » (Conseil) composé de 400 membres (100 par tribu), dont le rôle est de préparer les réunions de l’Ecclésia retirant à l'Aréopage (ce qui lui fait perdre une bonne partie de ses prérogatives) : le pouvoir de désigner les magistrats pour le confier à l'Ecclésia . le pouvoir judiciaire pour le confier à un nouveau tribunal : l'Héliée (ἡ Ἡλιαία) (composé de 6000 citoyens tirés au sort parmi toutes les classes sociales) et ainsi mettre la justice entre les mains de l'ensemble des citoyens (chacun ayant désormais aussi bien le pouvoir de juger que le droit d'intenter des actions en justice au nom de la cité). - faisant graver les lois dans la pierre et en les faisant exposer sur l'Agora de façon à ce qu'elles soient connues de tous. Cependant, la réforme agraire avec redistribution des terres et la réduction des inégalités (à chaque classe censitaire correspondent des différences qu'il s'agisse de droits ou de charges) vont rester lettre morte, ce qui ne pouvait que déboucher sur des troubles. Dracon Solon

Pisistrate La tyrannie (de -561 à -510). (Le tyran, chez les Grecs, est le détenteur d'un pouvoir absolu qu'il a conquis par la force, contre la loi, avec l'appui du peuple.)   Pisistrate (au pouvoir de -561 à - 528) Dès le milieu du -VIème s., les Eupatrides, mécontents d'avoir perdu leurs privilèges, mais toujours détenteurs des terres, et les petits paysans, dont les dettes ont été abolies, dont les droits en matière de justice ont été assurés et dont la participation à l'Ecclésia a été acquise, mais qui sont toujours sans terre, entrent en conflit. A ces deux catégories s'en est ajoutée une troisième : une classe de commerçants et d'artisans installés avant tout en zones urbaine et côtière. Chaque parti a son champion, Pisistrate défendant la cause des petits paysans. Il s'impose, écarte les aristocrates et, distribuant aux moins fortunés les terres publiques et les propriétés confisquées aux Eupatrides exilés (quelques opposants irréductibles), ramène à la terre des milliers d'oisifs et rétablit une classe paysanne aisée. Ceci d'autant plus facilement que, la situation étant stable sur le plan extérieur, la production agricole n'a fait qu'augmenter. Pour secourir les plus besogneux, il fait exécuter de grands travaux publics : aqueducs, routes, grands temples. Le commerce n'est pas en reste, grâce aux traités de commerce qui sont conclus avec de nombreux Etats. Bref, toutes les classes de la société s'enrichissent, les pauvres devenant moins pauvres sans que les riches soient pour cela moins riches. Mais tout cela a un prix. La loi du monarque prend le pas sur la loi écrite. Les magistrats sont nommés par le palais, l'Ecclésia n'est plus convoquée et l'Héliée ne siège plus. Qu'à cela ne tienne! "Dans son administration, dit Aristote, il se montra modéré et plus homme d'Etat que tyran". Bref, il fit si bien régner l'ordre dans une ville il y a peu déchirée par les factions, il gouverna si sagement qu'il sut se faire aimer et qu'on disait partout qu'il avait ramené l'âge d'or. Pisistrate mort, en -527, le régime ne survécut que jusqu'en -510, ses fils Hipparque, puis Hippias, faibles et incompétents, empêtrés dans des intrigues de bas étage, confrontés à un désir de liberté de plus en plus fort de la part des Athéniens, s'étant faits chasser du pouvoir. Au terme de la tyrannie, Athènes avait pris le goût de l'ordre public et la Constitution de Solon était toujours en place. L'extension du confort et des possibilités de s'enrichir allait constituer la base économique sur laquelle reposerait la démocratie athénienne.

LES REFORMES DE CLISTHENE 2ème moitié du –VIème siècle La prise du pouvoir. Au terme d'une conspiration qui coûta la vie à Hipparque, Hippias, qui en avait réchappé, fit égorger les conspirateurs et installa un régime d'espionnage et de terreur. Si les Athéniens appréciaient la prospérité dont ils jouissaient depuis une génération, la liberté dont ils avaient été privés, privation que le durcissement du régime rendait de plus en plus amère (et qui donnait au terme "tyran" le sens que nous lui connaissons de nos jours), leur faisait chaque jour plus envie. Les Alcméonides (puissante et noble famille d'Athènes longtemps au pouvoir dans le régime oligarchique, aristocrates exilés, comme d'autres, par Pisistrate et établis à Delphes où ils s'étaient réfugiés) pressentant le moment favorable pour rentrer à Athènes, recouvrer leurs biens et reprendre le pouvoir, levèrent une armée, obtinrent l'appoint d'une armée lacédémonienne (la "Pythie", corrompue, avait déclaré aux Spartiates venus la consulter qu'ils devaient concourir à la suppression de la tyrannie à Athènes), forcèrent Hippias à abdiquer et à s'exiler. Le retour fut celui de tous les aristocrates exilés avides de reprendre possession de leurs biens et du pouvoir. A leur tête, Clisthène, petit-fils du tyran de Sicyone, parent de Solon, homme cultivé et informé par ses voyages de la constitution d'autres cités grecques. La victoire à peine acquise, l'élection qui suivit, le priva du pouvoir pour le confier à Isagoras, le représentant et défenseur des intérêts des aristocrates. Clisthène, s'appuyant sur le peuple, renversa Isagoras et eut dès lors toute liberté pour instaurer un régime démocratique. La réforme. Jusqu'à lui, personne (ni Dracon, ni Solon, ni Pisistrate) n'avait osé toucher à la structure clanique en place de puis le -VIIIème siècle : 4 tribus regroupant une masse de clans (ensembles de citoyens basés sur les liens de parenté) à la tête desquels (les clans) et donc desquelles (les tribus), se trouvaient les plus anciennes et les plus riches familles et dans lesquelles se trouvaient les citoyens (nés d’un citoyen et d’une femme fille d’un citoyen) dotés de droits et constituant le "dèmos" (δημος) : le peuple et non la population. Pour briser ce carcan, Clisthène va doubler le "dèmos" en incluant dans les citoyens plusieurs milliers d'hommes libres mais issus d'unions illégitimes, de métèques, d'étrangers et mêmes d'esclaves, devenus tous membres de plein droit de l'Ecclésia et, on l'imagine aisément, ardents défenseurs du régime démocratique naissant. Pour empêcher la réapparition des "blocs" basés sur la géographie ou sur les professions et de la ville, tels les anciens partis de la Côte (marins et pêcheurs), de la Plaine et de la ville (eupatrides; commerçants, artisans), et de la Montagne (les petits paysans sans terre), il répartit les citoyens en dix tribus, chacune devant comprendre un nombre égal de dèmes pris dans la zone urbaine, rurale et côtière. En l'espace de cinq ans, tout le pouvoir politique fut transféré à l'Ecclésia et l'Héliée retrouva tous les pouvoirs que la réforme de Solon lui avait acquis. De plus, chaque tribu avait le droit de nommer un des dix strategoi ou généraux qui secondaient le polémarque ou général en chef. Clisthène la zone urbaine :τὸ ἄστυ (astu) la zone rurale : ἡ μεσόγεια (χώρα) (mésogée) la zone côtière : ἡ παράλια (χώρα) (paralia)

Agora et Pnyx (les sites de la démocratie) La démocratie s’exerçait sur deux sites : 1. L’« agora » (Ἀγορα) : la place publique. 2. La « Pnyx » (Πνύξ) : colline en forme de demi-cercle, du centre d’Athènes, située à l'ouest de l'acropole et surplombant l'agora. Elle était le siège de l’Ecclésia, l’assemblée des citoyens, qui y votait les lois et le budget, et y désignait les membres de la Boulè et de l’Héliée (1) ainsi que les magistrats. (1) Dans l'Athènes classique, le tribunal de l'Héliée possède une compétence très large, il est amené à connaître à peu près toutes les questions de droit qui se posent, publiques comme privées. Il est composé de 6000 membres : les héliastes, tirés au sort parmi tous les citoyens de plus de trente ans, au nombre de 600 par tribu et sans distinction de fortune ou de classe. Cette désignation se déroulait selon un procédé fort complexe. Les 6 000, bien sûr, ne siégeaient pas tous ensemble, mais selon des jurys spécialisés

Agora « Agora » : place publique où se trouve le « Bouleuterion » : lieu de réunion de la « Boulè » (commentaire à la dia 14).

Bouleuterion sur l’agora (La Boulè) Le terme de " Βουλή" (Boulè) se traduit généralement par "Conseil" ou « Conseil des Cinq-Cents »  (remplaçant du "Conseil des Quatre-Cents" de Solon) : cinquante bouleutes (οἱ βουλευταί) par tribu (Les habitants de l’Attique sont regroupés en dix tribus). Ce " Conseil" siégeait dans le Bouleutèrion (τὸ βουλευτήριον), situé sur l'Agora. Contrairement à l'assemblée générale des citoyens (ἡ ἐκκλησία), le Conseil des 500 est, comme son nom l'indique, un organe représentatif qui n'a pas de réel pouvoir législatif. Il peut proposer des décrets, les promulguer, mais en aucun cas les discuter ou les voter. Ce pouvoir appartient exclusivement à l'Ecclèsia. 2. Les" bouleutes" ne sont pas élus. Ils sont tirés au sort parmi les citoyens âgés de plus de trente ans qui font acte de candidature dans leur dème ( disons « commune » dirigée par une assemblée et des magistrats) . 3. Les bouleutes ne constituent pas une élite. Tous les citoyens peuvent en faire partie (et cela leur arrive nécessairement un jour ou l'autre s'ils respectent leurs obligations civiques), indépendamment de toute distinction sociale ou critère de fortune. 4. Les seules restrictions d'accès sont l'honorabilité et la limite d'âge. Si cette dernière garantit une meilleure connaissance de la vie politique, elle ne fait pour autant de la Boulè ni un "conseil des anciens" ni un "comité des sages", le recrutement par tirage au sort laissant entrevoir de grandes disparités dans les compétences et les enthousiasmes de ses membres. En réalité, il faut plutôt voir la Boulè comme l'organe permanent du gouvernement, une sorte de Conseil des ministres. C'est elle qui prépare les projets de lois et détermine l'ordre du jour des sessions de l'Ecclèsia. Elle examine les comptes des sortants. En fin d'exercice, la Boulè rend elle-même ses comptes à l'Ecclèsia. Elle a aussi le contrôle des Magistrats, Archontes, Stratèges et Trésoriers , et les juge s'ils sont accusés. Les prytanes, au nombre de 50 (soit une des dix tribus) assurent la permanence de la Boulè ( les 500 bouleutes ne peuvent pas être sur place continuellement) et en président les réunions générales pendant la dixième partie de l'année, soit pendant trente-six jours environ. La période correspondant à cette fonction s'appelle la prytanie (ἡ πρυτανεία). Pendant leur prytanie, les prytanes résident jour et nuit (aux frais de la cité) au Prytanée, bâtiment en forme de rotonde : la Tholos (ἡ θόλος), contigu au Bouleutèrion (τὸ βουλευτήριον), afin de se tenir prêts à entrer en séance à tout moment. Contrairement à l'Ecclèsia qui ne siège que périodiquement, la Boulè fonctionne donc sans interruption, jour et nuit, toute l'année, le système de la prytanie permettant une rotation mensuelle entre ses membres (en effet, le calendrier grec a dû s'adapter à la vie politique ! C'est à cause de la division en dix tribus, chacune au pouvoir à tour de rôle, que les Athéniens ont institué un calendrier de dix mois de 35 ou 36 jours, au lieu des douze mois que l'observation des astres impose à l'esprit) .   Les attributions: 1. Convoquer les séances plénières de la Boulè pour discuter et rédiger les probouleumata (προβούλευμα, ατος (τὸ) : le décret) à soumettre à l'Ecclèsia. 2. Préparer et organiser la session de l'Ecclesia (au moins une par prytanie), soit : - convoquer les citoyens. - contrôler l'accès à la Pnyx. - veiller au bon déroulement des débats. - comptabiliser les suffrages (au -V° siècle, car au -IV° siècle, ce rôle fut attribué aux proèdres, tirés au sort parmi les membres des neuf autres tribus.). - entretenir le feu sacré de la cité. La flamme, qui ne devait jamais s'éteindre, brûlait dans la Tholos. L'un de ces prytanes, tiré au sort, exerçait pendant une journée la fonction d'épistate (ὁ ἐπιστάτης). Il faisait fonction de "président" du Conseil, c'est-à-dire de chef de l'État mais aussi de garde des sceaux : sceau de la cité, clé du trésor, clés des temples. Il dirigeait les travaux de la Boulè et présidait la séance plénière de celle-ci, voire la séance de l’Ecclèsia, s'il y en avait une ce jour-là.

Tholos : extérieur On appelle tholos tout bâtiment de plan circulaire, qu'il soit à usage religieux ou à usage civique comme la tholos de l'Agora d'Athènes

Tholos : intérieur La tholos de l'Agora d'Athènes servait d'hôtel aux Prytanes, qui y résidaient. Au centre, le foyer de la cité qu'on ne laissait jamais s'éteindre.

Maquette de l’agora La Tholos. Le Bouleuterion. Le mètrôon, ou temple de la Mère des dieux. C'est dans ce sanctuaire que l'on déposait solennellement le texte des lois qui venaient d'être votées, pour les enregistrer aux Archives. C'est également là qu'étaient déposés les registres de l'état-civil.

La Pnyx (L’ecclèsia) http://www.musagora.education.fr/citoyennete/citoyennetefr/ecclesia-pouvoirs.htm L' Ἐκκλησία (Ecclèsia) est l'assemblée générale de tous les citoyens. Elle se tient, selon des règles précises, sur la Pnyx (l'endroit où les gens sont "serrés, nombreux : jusqu'à 6 000 personnes, le quorum fixé et toujours atteint pour un total d'environ une trentaine de milliers de citoyens) à des dates fixées par les prytanes ( en moyenne 4 par prytanie, donc par mois politique de 35 à 36 jours), et communiquées publiquement. Espace de discussion et de décision, l'Ecclèsia se définit comme l'instance démocratique par excellence, souveraine, dans laquelle tous les citoyens décident du destin de leur cité et , de ce fait, du leur. Il lui appartient, sur le plan intérieur, de désigner les magistrats et de gérer les finances publiques et, sur le plan extérieur, de décider des alliances, de l'envoi des ambassades et, souvent, de la paix ou de la guerre. Sur le plan législatif, l'Assemblée ne peut voter que des décrets (ψηφίσματα : psèphismata), les lois (οἱ νόμοι) (archivées dans le mètrôon), qu'elles remontent à Clisthène, Solon, voire Dracon, étant institutionnalisées (au-dessus de la volonté des citoyens) et considérées comme intangibles. Et ces décrets, sous peine d'ouverture d'une action judiciaire, devaient rester conformes aux lois. Si l'Héliée assurait le plus clair du pouvoir judiciaire, l'Ecclèsia pouvait avoir à lancer une inculpation ou prononcer un jugement lorsque la sûreté de la cité apparaissait menacée. Par quelles procédures? 1. La graphè para nomôn (ἡ γραφή παρά νόμων : une "action en justice publique dans l'intérêt des lois" (γραφή (graphè) désigne une action en justice à caractère public, par opposition à ἡ δίκη (dikè) qui définit une action en justice privée). Elle s'en prenait (à la demande de tout intervenant qui estimait que les lois fondamentales de la cité étaient mises en danger) à tout citoyen ou magistrat auteur d'une proposition de décret ou d'une action politique jugées contraires à la loi et elle pouvait aussi viser l'épistate qui présidait l'Assemblée ce jour-là et qui, par respect de l'iségorie (ἡ ἰσηγορία : l'égalité de parole), avait, sans doute hâtivement, autorisé l'intervention. Et cela, sur le champ, c'est-à-dire, au moment-même où la proposition était faite, débattue et mise aux voix ou au terme d'un réflexion qui pouvait prendre un an. Si la procédure judiciaire débutait sur la Pnyx, le jugement revenait à l'Héliée, la sanction allant de la simple annulation du décret à une amende, voire, dans les cas graves, à une peine d'atimie (suppression totale ou relative des droits civils et politiques) ou même à la peine capitale. 2. L'eisangélie (ἡ εἰσαγγελία : l'"annonce") : dénonciation publique d'un citoyen ou d'un magistrat auteur d'une action politique ou d'un délit jugés suffisamment graves pour porter atteinte aux intérêts de la cité. Elle faisait l'objet d'un vote de refus ou d'acceptation. Dans le second cas, le dossier était transmis à la Boulè qui rédigeait un probouleuma (το προβουλευμα ) : décret définissant le délit et proposant une sanction. A charge alors de l'Ecclèsia de prononcer souverainement le jugement ou de transmettre l'affaire à l'Héliée. 3. L’ostracisme. Ce mot désignait le bannissement de toute personne censée constituer un danger pour l'Etat. Ainsi les ambitieux et les meneurs étaient-ils amenés à faire preuve de circonspection et de réserve, et les conspirateurs étaient-ils promptement écartés. Ce mot vient de ostrakon (το ὀστρακον : coquille d'huître; tesson). Quand un citoyen estimait que tel ou tel grand personnage avait une influence démesurée dans la cité, il pouvait exiger qu'il soit exilé pour dix ans. Il lui suffisait, pour obtenir gain de cause, dans une assemblée dont le quorum de 6000 membres était atteint, de soumettre son accusation au vote qui se faisait par l'inscription du nom de l'accusé (qui pouvait, par un retour de flamme, être l'auteur de la motion) sur un tesson. La peine qui n'entraînait ni la confiscation des biens ni le déshonneur de l'exilé, mais permettait de trancher les "épis qui dépassaient les autres", ne fut appliquée qu'à dix personnes en l'espace des nonante ans pendant lequel l'ostracisme fonctionna. Dix personnes, mais qui n'étaient pas des moindres, entre autres : Miltiade (le vainqueur des Perses à Marathon), Aristide (général présent dans l'état-major à Marathon, Salamine et Platées), Thémistocle (le vainqueur de Salamine), Périclès, Protagoras (condamné pour avoir mis l'existence des dieux en question).

Jetons de vote Tessons de vote d'ostracisme. Jetons de vote à l'Héliée.

Bilan (Retour au sommaire) Ayant débuté par une révolution profonde, et en luttant contre l'ordre de choses établi, Clisthène avait réussi à bâtir, malgré l'opposition des puissantes familles de l'aristocratie, une constitution démocratique qui, sauf des changements de détail, demeura en vigueur tant qu'Athènes conserva son indépendance. Ce n'était pas la démocratie intégrale, car ses avantages étaient réservés aux seuls hommes libres; encore exigeait-on des candidats à certaines fonctions publiques qu'ils justifiassent de la possession d'un certain capital, à la vérité assez modeste. Mais, en tout cas, cette constitution donnait tous les pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire, à une assemblée (Ecclèsia) et à une cour (Héliée) composées de citoyens, à des magistrats nommés par l'assemblée et responsables devant elle et à un conseil (Boulè) dont les membres étaient désignés par tirage au sort et aux travaux duquel beaucoup de citoyens participaient au moins pendant douze mois de leur existence. Les Athéniens connurent la joie de pouvoir agir, parler et penser librement. Ils apprirent à respecter des institutions qui étaient le produit de leur libre volonté et à aimer passionnément un Etat qui assurait l'unité de la nation, sa puissance, et qui leur procurait toutes facilités pour donner libre cours à leur activité. Quand le souverain le plus puissant de l'époque se mit en tête d'anéantir ces petites cités éparses auxquelles on donnait le nom de Grèce, ou du moins de les placer sous sa dépendance, il oubliait qu'en Attique il allait se heurter à des hommes qui étaient propriétaires du sol qu'ils cultivaient, et maîtres du gouvernement auquel ils obéissaient. Ce fut un vrai bonheur pour la Grèce, et sans doute pour l'avenir de l'Europe tout entière, que Clisthène ait pu compléter l'œuvre de Solon et achever sa propre tâche douze ans avant la bataille de Marathon. (Will Durant, Histoire de la Civilisation, La Vie de la Grèce).

L'alphabet

L’alphabet (Retour au sommaire) Alphabet latin archaïque Les Grecs ont parfait la fantastique invention des Phéniciens. Dans l’alphabet phénicien, en effet, seules les consonnes étaient notées ; il fallait donc, quand on lisait un texte, à partir des consonnes, suppléer les voyelles qui s’imposaient pour comprendre chaque mot et le texte. Ce système prêtait à des différences d’interprétation. En ajoutant les voyelles, les Grecs ont doté le monde d’un moyen de communication révolutionnaire. Tout jusque là devait être préservé par mémorisation (œuvres littéraires, chargement d’un bateau…). L’écriture va permettre de conserver de façon bien plus précise le résultat des découvertes dans tous les domaines, va faciliter les échanges commerciaux ( établissement de contrats, de billets de payement, de bons de commande, de reçus…) et va faciliter l’administration (établissement des propriétés, jugements des tribunaux, publication des lois…)

L'architecture

Les trois ordres architecturaux L’ordre dorique. Simple et sévère. La colonne n’a pas de piédestal. Elle repose sur un stylobate (Terme d'architecture grecque désignant l'assise supérieure de la crépis (ou plate-forme à degrés) sur laquelle reposent les colonnes d'un édifice. À cause de ses importantes dimensions, le stylobate donnait l'impression de s'affaisser vers le milieu et les architectes grecs corrigèrent cette illusion optique en lui donnant une ligne légèrement bombée. Ce raffinement avait pour avantage secondaire de faciliter l'écoulement des eaux de pluie qui auraient pu stagner sur le sol de l'édifice.) de 3 degrés. Elle est robuste et trapue. Le fût est creusé de cannelures à arêtes vives. Le chapiteau, très simple, se compose d’une échine et d’un tailloir. Sur le tailloir repose l’architrave ou poutre maîtresse. La frise présente une alternance de parties cannelées : les triglyphes et de parties plates : les métopes, souvent ornées de sculptures. L’ordre ionique. Plus riche et plus élégant La colonne, élancée et à cannelures adoucies aux angles, repose sur une base. Le chapiteau est décoré de volutes en forme de cornes de bélier, réunies par un coussinet qui semble s’infléchir sous le poids de l’architrave. L’artiste a parfois remplacé les colonnes par des statues de jeunes filles : les caryatides (cf. dia 38). L’ordre corinthien. Il diffère du précédent par la richesse de son chapiteau formé d’une corbeille ornée de feuilles d’acanthe (plante du midi). Dorique Ionien Corinthien

Le Theseion Le Théséion dont l'architecture s'inspire du Parthénon, a été construit de 440 à 410 avant J-C au bord de l’agora. Ce lieu sacré a été appelé ainsi en l'honneur du roi mythique d'Athènes, Thésée. Mais il fut consacré à Héphaïstos, le dieu du feu et des forgerons. L'art dorique s'exprime avec éclat. Les colonnes sont faites d’une succession de tambours assemblés par tenons et mortaises. A l’intérieur de la colonnade : la cella : maison du dieu où se trouve sa statue. Le temple, en effet, n'est pas conçu comme lieu de réunion de fidèles. Il est surtout un objet de prestige pour la communauté qui doit consentir un effort financier considérable pour en mener la construction à bien. Les sacrifices se faisaient devant le temple.

Acropole d’Athènes Mythologie. Alors qu’Athènes était encore un petit village, deux dieux luttaient pour le pouvoir à Athènes : Athéna, déesse de la guerre et de la sagesse, et Poseidon, dieu du monde marin. On raconte que, pour mettre fin à la querelle, Athéna et Poseidon se livrèrent à un concours : celui qui impressionnerait le plus les Athéniens obtiendrait le pouvoir. Poseidon, en frappant sur un rocher de l’Acropole avec son trident, fit jaillir une source d’eau salée. Athéna, quant à elle, offrit un olivier aux Athéniens. Ceux-ci choisirent l’olivier. Ce fut ainsi qu’Athéna obtint le patronat de la cité. À l'époque mycénienne, alors que les grandes métropoles du monde mycénien construisaient leurs remparts, Athènes dota elle aussi l'Acropole d'un mur puissant et imposant. Dans ce temps là, les Acropoles ne servaient pas seulement de refuge, mais elles étaient la demeure du chef du gouvernement. Il en était de même à Athènes, où se trouvait un palais dans la partie nord de l'Acropole. Ce palais servait également de lieu de vénération des dieux de la religion mycénienne. Athènes ayant su repousser les peuples primitifs qui avaient envahi tous les autres territoires mycéniens, put continuer à prospérer. On mit fin à la monarchie par la même occasion, le roi Codros étant mort au combat. Ce fut le début de la démocratie. C'est ce changement qui a entraîné la conversion de l'Acropole en un lieu de culte exclusivement, puisque les nouveaux dirigeants avaient transporté le centre politique dans la basse ville, là où se développera l'agora. L'époque géométrique et archaïque. L'Acropole étant devenue un lieu de culte uniquement depuis un bon moment, de nouveaux monuments virent le jour sur cette colline sacrée. Le plus important fut le "vieux temple" d'Athéna. Sa construction débuta au milieu du VIIe s. av. J.-C. Il remplaçait le vieux sanctuaire géométrique et avait des dimensions imposantes pour l'époque. Quelques dizaines d'années plus tard, probablement au début du VIe s. av. J.-C., cet édifice fut entièrement refait et ses dimensions furent encore plus imposantes. Le nouvel édifice était fait en grande partie de tuf (sorte de pierre blanche et tendre, qui devient plus dure et plus blanche lorsqu'elle est employée ); seuls quelques éléments du toit étaient en marbre. Finalement, sous le règne du tyran Pisistrate, vers 525 av. J.-C, le vieux temple fut rénové. Ses fondations sont aujourd'hui visibles entre le Parthénon et l'Érechthéion. Ce temple que l'on appelait aussi Hékatompedon (« temple de cent pieds »), était fait, cette fois ci, en grande partie de marbre, mais certaines parties étaient en tuf traditionnel. Les frontons étaient en marbre et leurs décors consistaient en une innovation : on y représentait un mythe. Pendant les Pisistratides, on construisit aussi les anciennes Propylées. Malheureusement, pendant les guerres médiques, les Grecs ayant laissé seuls les vieux pour défendre l'Acropole afin d'avoir toutes leurs ressources à Salamine, la haute ville fut prise et les Perses saccagèrent tout. Cependant, après la victoire des Grecs à Salamine, les Perses qui occupaient l'Acropole durent s'enfuir. L'époque classique : le projet de Périclès. L'Acropole demeura en ruines pendant près de 30 ans. C'est Périclès, le chef démocratiquement élu d'Athènes, qui, vers 450 av. J.-C., détourna l'argent du trésor de Délos qui devait être utilisé à des fins militaires, pour rénover l'Acropole. Pour ce faire, Périclès fit appel à son ami Phidias qui rassembla autour de lui toute une équipe de collaborateurs : les architectes Callicratès, Ictinos, Mnésiclès et Coroïbos, les sculpteurs Paionos, Alcamène, Agoracritos et Crésilas, les peintres Polygnotos et Colôles. Le plus admirable fut la rapidité d'exécution du travail. Ce qui, aux yeux de beaucoup, aurait dû prendre plusieurs générations consécutives pour être achevé, le fut pendant la période d'apogée d'un seule carrière. On commença par construire le temple d'Athéna la vierge, le Parthénon. Ensuite ce fut le tour de l'entrée monumentale, les Propylées. Puis il y eut le petit temple d'Athéna Niké. Finalement, on remplaça le vieux temple complètement détruit par l'Érechthéion.

Reconstitution de l’Acropole 1. Les propylées, entrée de l'Acropole. 2. Le temple d'Athéna Nikê ("victorieuse") 3. Réplique en bronze du cheval de Troie. 4. Temple d'Artémis Brauronia (Artémis Brauronia était vénérée comme l'ancienne Déesse Mère, maîtresse des animaux, de la nature, de la fécondité, de la vie comme de la mort.) 5. Le chalcothèque, où étaient déposés les offrandes en bronze (armes, armures....) 6. Le Parthénon, temple d'Athéna Parthénos ("vierge") 7. La voie sacrée, empruntée lors de grands pélérinages. 8. Temple d'Auguste et de Rome (à l'époque romaine) 9. L'autel d'Athéna Polias (« Protectrice de la cité") 10. L'Erechthéion, temple d'Athéna et de Poseidon. 11. Maison des Arréphores, jeunes filles tissant le péplos (tunique brodée en or pour la statue d’Athéna par les Athéniennes et remise à la déesse lors des fêtes des Panathénées) d'Athéna Polias. 12. Statue en bronze d'Athéna Promachos ("guerrière")   .

Vue aérienne de l’Acropole

Parthénon Le Parthénon — en grec ancien Παρθενών / Parthenốn, proprement dit le « local des vierges » (παρθένος / parthénos) est, pour son raffinement architectural, la perfection de ses proportions et la qualité de sa décoration, considéré depuis l'Antiquité comme le modèle achevé du temple dorien. Le Parthénon a été bâti en onze ans, de -447 à -436, sur l'emplacement d'un édifice détruit lors du sac de l'Acropole par les Perses, en -480, pendant les guerres médiques. Phidias en a conçu les plans et la décoration sculptée, l'architecte étant Ictinos et l'entrepreneur, Callicratès. Sa construction a nécessité le travail de centaines d'artisans-artistes (les deux notions n'étaient pas clairement séparées chez les Grecs de l'Antiquité) Au VIe siècle, le Parthénon est transformé en église consacrée à la Vierge Marie. La reconversion en église a conduit à la destruction des colonnes intérieures et de quelques murs intérieurs. Certaines statues de dieux païens ont probablement été retirées et détruites délibérément à cette époque. En 1456, Athènes est conquise par les Ottomans qui transforment le Parthénon en mosquée. Hormis un minaret qui lui est ajouté, il est peu modifié à cette époque. De nombreux visiteurs du XVIIe siècle ont témoigné du bon état de conservation du bâtiment. Contrairement à la réputation que leur firent les Européens plus tard, les Ottomans étaient généralement respectueux des monuments anciens qui se trouvaient sur leur territoire. En 1687, le Parthénon subit l'une de ses plus terribles blessures. Les Vénitiens attaquent Athènes et les Ottomans se fortifient sur l'Acropole, en utilisant le Parthénon comme poudrière. Le 26 septembre, un boulet vénitien touche le bâtiment, qui explose sur le coup. Les structures internes et ce qui restait du toit sont détruits, et une bonne partie des piliers sont décapités, notamment dans la partie sud. Les sculptures sont gravement endommagées. De nombreux débris de décor jonchent le sol et sont emportés par les visiteurs successifs, comme souvenir de voyage. Au cours du XVIIIe siècle, de nombreux Européens visitent Athènes. Les ruines du Parthénon sont alors abondamment dessinées et peintes. La sympathie pour la cause de l'indépendance grecque gagne toute l'Europe, qui s'inquiète de la conservation des monuments anciens. En 1801, Lord Elgin, l'ambassadeur britannique à Constantinople donne comme objectif à son équipe de mesurer, mouler et dessiner les antiquités athéniennes, et plus particulièrement celles sur l'Acropole. En dix mois, la moitié des sculptures furent enlevées, ainsi que sept métopes et vingt dalles de la frise, que l'on sciait en deux et dont on abandonnait le dos à cause de leur poids. Durant l'été et l'automne 1802, deux autres métopes et six dalles de la frise furent descendues de l'Acropole. En Septembre 1802, Lusieri écrivit à Elgin : « J'ai le plaisir, My Lord, de vous annoncer que nous possédons maintenant la huitième métope, celle avec le Centaure portant la femme. Elle nous a causé beaucoup de problèmes et j'ai été obligé d'être un peu barbare. » Ces pièces se trouvent aujourd'hui au British Museum. La Grèce en réclame la restitution, mais le British Museum, dont les collections sont inaliénables, ne veut pas en entendre parler. Le musée du Louvre possède aussi trois fragments, la plupart des restes étant conservés au musée de l'Acropole, à Athènes. Le Parthénon mesure 69,5 mètres sur 30,88 mètres, dimensions colossales pour un trésor. En effet, contrairement à l'idée généralement répandue, le Parthénon ne serait pas un temple mais un trésor. Ce n'est pas un édifice de culte mais un monument destiné à abriter l'ex-voto colossal qu'est la statue d'Athéna Parthénos, œuvre de Phidias. Il fut conçu par ce dernier tout entier dans cette perspective. Sa fonction secondaire, comme trésor, fut d'accueillir les réserves de métal monnayé d'Athènes et le trésor de la Ligue de Délos (-478 : Formation de la Ligue de Délos. Sous l’impulsion de Thémistocle et Aristide, quelques cités grecques s’associent en une ligue dont le commandement revient à Athènes. Cet accord est passé à Délos et en gardera le nom. Il ne concerne que la flotte et non l’armée de terre et a pour but de prévenir toute nouvelle attaque des Perses.).

Métope du Parthénon Ordre dorique oblige, la frise extérieure est faite de triglyphes (trois bandes verticales) alternant avec des métopes (parties plates) sur lesquelles sont sculptées des scènes traditionnelles : Sac de Troie (façade nord : 32 métopes ; trois métopes sont conservées) ; Centauromachie (façade sud : 32 métopes) ; Cette métope est issue de la centauromachie. Les centaures étaient des êtres légendaires, moitié-cheval, moitié-homme. Ils vivaient sauvagement en Thessalie, région du Nord de la Grèce. Le combat légendaire des centaures et des Lapithes (peuple semi-légendaire de Thessalie) symbolise les guerres médiques. Gigantomachie (façade est : 14 métopes). Explication sur la dia suivante avec, en illustration, deux photos qui ne sont pas des métopes. Amazonomachie (façade ouest : 14 métopes). Amazones : peuple mythique de femmes guerrières, censées vivre au-delà des Scythes, opposées, entre autres, aux héros suivants : Thésée qui captura leur reine Hippolyte (ou Antiope selon les auteurs), Achille victorieux de Penthésilée, qui s’était portée au secours des Troyens, ou encore Héraclès.

Titanomachie et Gigantomachie Les premiers enfants d'Ouranos et de Gaïa étaient les trois Hécatonchires, chacun ayant cinquante têtes et cent mains, et les trois Cyclopes, chacun ayant un œil unique. Les douze Titans vinrent après. Cependant, Ouranos, premier maître du monde, considérant sa progéniture comme monstrueuse et craignant pour sa couronne, expédia les Hécatonchires et les Cyclopes dans le Tartare, la région la plus basse des Enfers. Puis, il s'unit à Gaïa et, restant collé à elle, empêcha ses autres enfants, les Titans, de sortir du ventre de leur mère. Furieuse, Gaïa incita les Titans, prisonniers de son ventre, à renverser Ouranos, mais seul Cronos (le plus jeune) réagit. Il coupa le pénis de son père avec une faucille que Gaïa avait fabriquée dans son ventre. Ouranos se détacha de Gaïa. Les Géants naquirent de Gaïa fécondée par le sang d'Ouranos. Avec l'aide des Hécatonchires et des Cyclopes qu'il avait libérés du Tartare, Cronos renversa Ouranos et devint ainsi maître du monde et des cieux ; mais, craignant à son tour qu'un de ses proches ne lui ravît la place, il les renvoya dans le Tartare. Il prit aussi l'habitude d'avaler ses propres enfants mis au monde par sa sœur Rhéa car sa mère, Gaïa, avait prophétisé que, comme son père, il serait détrôné par un de ses enfants. À nouveau enceinte, Rhéa se réfugia en Crète et mit au monde son dernier né, Zeus, dans une caverne du Mont Ida, et afin de le protéger de son père, elle donna, à avaler, à celui-ci une pierre enveloppée d'un lange en prétendant qu'il s'agissait là du dernier-né. Zeus, bébé, fut nourri par la chèvre Amalthée et élevé par les nymphes Ida et Adrasthée. Les Curètes devaient faire un bruit permanent afin que Cronos n'entende pas son fils pleurer. Devenu adulte, Zeus se révolta contre la tyrannie de son père. Il demanda tout d'abord à l'Océanide Métis de l'aider ; celle-ci fit avaler à Cronos un puissant vomitif et ce dernier se mit à rendre d'abord la pierre puis les enfants qu'il avait avalés. Ensuite, avec l'aide de ses frères, Zeus engagea la guerre contre Cronos et les Titans qui lui étaient restés fidèles , gagna la Titanomachie et enferma ses adversaires dans le Tartare. Durant cette guerre, Zeus avait sauvé les Hécatonchires et les Cyclopes, toujours détenus dans le Tartare, depuis que Cronos, bien peu reconnaissant pour leurs services, les y avait replongés. Il fut aidé en cela par Argès, Brontès et Stéropès, qui lui fournirent la foudre. Après sa victoire, Zeus partagea le monde avec ses frères Poséidon et Hadès. Zeus obtint le Ciel, Poséidon la Mer et Hadès le Monde des ombres. Mais une autre guerre se préparait, la gigantomachie, l'affrontement entre les Dieux de l'Olympe et les Géants. Confiant en leur force et leur taille monstrueuse, ceux-ci, à l'instigation de Gaia, leur mère, outragée par le traitement infligé aux Titans ( ses enfants) tentèrent de détrôner Zeus pour venger la défaite de ces derniers. Comme les Géants étaient immortels face aux dieux, Zeus s'unit à Alcmène (une mortelle) et de cette union naquit Héraclès. Les dieux rassemblés essuyèrent un premier assaut. Les Géants s'avancèrent en brandissant des torches faites de troncs de chênes et en catapultant des pics et des rochers. Héraclès s'attaqua en premier à Alcyonée et le perça d'une de ses flèches empoisonnées. Le géant n'étant immortel que sur sa terre natale, Héraclès le traîna loin de sa patrie. Porphyrion tenta de violenter Héra. Zeus le foudroya et il fut achevé d'un trait empoisonné lancé par Héraclès. Éphialtès fut anéanti d'une flèche dans chaque œil, l'une décochée par Apollon, l'autre par Héraclès. Encelade déserta le champ de bataille; Athéna l'écrasa en projetant sur lui l'île de Sicile où il resta emprisonné. Son haleine de feu sortit de l'Etna. Pallas fut vaincu par Athéna ; la déesse l'écorcha et revêtit sa peau comme une armure. Mimas fut enseveli par Héphaïstos sous une masse de métal en fusion dont il resta prisonnier (le Vésuve). Polybotès fut écrasé par Poséidon qui lui expédia un morceau de l'île de Cos, morceau qui deviendra une nouvelle île : Nisyros (tombeau du même coup de Polybotès). Hippolyte fut terrassé par Hermès couronné du casque d'Hadès (la kunée). qui rendait invisible, Artémis abattit Gration de ses flèches. Dionysos assomma Eurytos avec son thyrse. Clytios fut brûlé par les torches infernales d'Hécate. Armées de leur massues de bronze, les Moires ((Très vieilles divinités grecques de la Destinée (Anankè) représentées chez Hésiode par trois sœurs : Atropos, Clotho, et Lachésis. Depuis leur palais proche de l’Olympe, elles commandent au déroulement des vies humaines : Atropos file le fil de la vie d’un mortel, Clotho l’enroule, et Lachésis le coupe au moment de la mort.) tuèrent Agrios et Thoas. Chaque Géant fut achevé par les flèches d'Héraclès trempées dans le poison de l'Hydre de Lerne, sauf les prisonniers des îles. Le subterfuge de Rhéa Le combat d’Athéna

Fronton Ouest du Parthénon Le Parthénon posséde deux frontons triangulaires sculptés, exécutés entre 438 et 432 av. J.-C. Ils ont été décrits par Pausanias (I, 24, 5–7), ce qui rend possible aujourd'hui la distinction entre les deux, actuellement très mutilés. Le fronton Est représente la naissance d'Athéna, le fronton Ouest (reconstitué sur la photo), la querelle entre Athéna et Poséidon pour l'attribution de l'Attique (cf. commentaire dia 28).

Frontons du temple de Zeus à Olympie Autres exemples de frontons sculptés : les frontons du temple de Zeus à Olympie. Le fronton Ouest du temple (au-dessous sur la photo) représentait une Centauromachie, ou le combat des Centaures contre les Lapithes. Les femmes Lapithes, sur le point d'être enlevées, se défendent avec acharnement. Le fronton Est (au-dessus sur la photo) représentait la course de chars entre Pélops et Oïnomaos. Au centre se trouve Zeus, à sa droite Oenomaos et Stérope, à sa gauche Pélops et Hippodamie. Aux extrémités se trouvent les quadriges et les serviteurs. Héros éponyme du Péloponnèse, Pélops était le fils de Tantale (Fils de Zeus et de la Nymphe Plouto, père de Niobé et de Pélops, grand-père d'Atrée et de Thyeste et par eux aïeul d'Agamemnon et de Ménélas. Roi (pour certaines sources) de Phrygie, il était vanté partout pour sa grande richesse. D'abord favori des dieux et comblé de tous les biens, il commit des actes d' une impiété grave qui lui attirèrent leur colère : le rapt de Ganymède, le vol du nectar et l'ambroisie à la table de Zeus pour en faire don aux mortels et ainsi leur procurer l'immortalité, et l'horrible repas fait de la chair de son propre fils Pélops coupé en morceaux qu'il servit aux dieux pour éprouver leur science. Il fut, pour cette raison, relégué dans le Tartare; les mythes l'y montrent : tantôt plongé dans un fleuve ou un lac d'eau vive qui fuyait devant ses lèvres altérées, ou cherchant à atteindre des fruits appétissants aux branches qui se courbaient vers sa bouche pour se redresser soudain; tantôt suspendu dans les airs avec un bloc de rocher au-dessus de sa tête. Pélops, lui, eut le bonheur d'être ressuscité par les dieux.). Parvenu en Elide avec une grosse fortune, Pélops séduisit Hippodamie, la très jolie fille du roi Oenomaos. Ce dernier, fils d'Arès (dieu de la guerre), avait été prévenu par l'oracle qu'il serait tué par son gendre. Aussi éliminait-il tous les prétendants de sa fille. Il les défiait à la course en char, et gagnait inéluctablement grâce aux chevaux merveilleux que lui avait donnés son père. Selon une des sources pour la suite de l'histoire, Pélops, protégé de Poseidon, aurait obtenu de lui un char tout resplendissant d'or attelé de coursiers ailés et infatigables. Ainsi nanti, il remporta la victoire et fut débarrassé du même coup d'Oenomaos qui trouva la mort dans l'aventure. Tantale

Temple d’Athéna Nikè Le temple d’Athéna « qui donne la victoire » de style ionique : la colonne, à cannelures adoucies, repose sur une base et le chapiteau, décoré de volutes en forme de cornes de bélier réunies par un coussinet, semble s’infléchir sous le poids de l’archtitrave.

Erechteion Style ionique. Temple à la fois de Poseidon Erechtée (c’est-à-dire de Poseidon « qui entrouvre la terre ») et d’Athéna Polias (c’est-à-dire d’Athéna « qui protège la ville »). Ce temple contenait les plus vieilles reliques d’Athènes : L’olivier sacré donné par Athéna à la ville (qu’on montrait dans un enclos attenant au temple). Le tombeau de Cécrops : héros fondateur de la cité, situé au-dessous d’un petit portique où des statues de jeunes filles, les Caryatides font office de colonnes.

Les caryatides Du côté Sud il y a le fameux portique des Caryatides où six statues de jeunes filles drapées servent de colonnes supportant l'entablement. Ces femmes étaient les citoyennes de la ville de Carya (ville du Péloponnèse). La ville (Selon Vitruve : architecte romain du -1er siècle) ayant collaboré avec l'envahisseur Perse, les Athéniens lui déclarèrent la guerre et vendirent les femmes comme esclaves. Pour que cela serve d'exemple, ces statues furent sculptées dans le marbre pour rappeler le sort des collaborateurs. Les statues (photo de gauche) qui se trouvent sur le site sont des copies. Les statues originales (photo de droite) se trouvent au musée de l’Acropole, sauf une, qui se trouve au British Museum à Londres.

Chapiteau corinthien Chapiteau formé d’une corbeille ornée de feuilles d’acanthe (plante du midi).

Olympieion L'Olympieion, le temple de Zeus Olympien est l'un des plus anciens sanctuaires d'Athènes. La construction commença en 515 avant JC. Beaucoup plus tard, en 174 avant JC, alors qu'il n'était toujours pas terminé, le roi Antiochos (de la dynastie gréco-macédonienne de Séleucides qui régna sur l'Asie occidentale de l'an -312 à l'an -65) entreprit de continuer la construction. Il mesurait alors 108 m de long sur 41 m, et était composé de 104 colonnes. Il fut complètement achevé en 125 après JC par l'empereur Hadrien. Dans les années 200, il commença à tomber en ruine. Aujourd'hui il ne reste plus que 15 colonnes.

Maison Carrée à Nîmes La Maison Carrée de Nîmes est l'un des temples romains les mieux conservés. Il fut édifié par la colonie de Nemasus, au Ier siècle avant J.C., en l'honneur de Lucius et Caius César (« princes de la jeunesse »), petits-fils de l'empereur Auguste (les enfants de sa fille Julia), morts en 2 et 4 après Jésus-Christ . Ce temple est élevé sur un podium, auquel on accède par un escalier de 15 marches. Ses dimensions sont assez impressionnantes : 26 mètres de longueur pour une largeur de 15 mètres et une hauteur de 17 mètres. Comme tous les temples classiques, il est entouré d'une colonnade La pureté des lignes de l'édifice, l'élégance de ses colonnes cannelées aux chapiteaux d'ordre corinthien témoignent d'une influence grecque. La ville y organise aujourd'hui des expositions temporaires.

Palais de Justice à Dinant (Retour au sommaire) Le fronton et les colonnes avec le chapiteau de style corinthien viennent en ligne droite de l’architecture grecque.

La sculpture

Évolution de la sculpture grecque Plusieurs étapes : Les sculptures archaïques (avant le -5ème siècle) se caractérisent par la loi (n° 1 à 3) de la frontalité (principe fondamental de la sculpture archaïque qui interdit la flexion latérale dans les représentations du corps humain et les rend dès lors systématiquement symétriques selon un axe vertical.) héritée de l’art égyptien. Ce style fut suivi (n° 4) du « contrepoids » où l’équilibre repose sur une seule jambe. L’Apollon d’Olympie représente une phase importante de l’évolution qui tendra vers l’expression de la beauté du corps humain. Aux -5ème et -4ème siècles, la sculpture (n°5) s’attache à idéaliser la beauté du corps humain. Si vêtements il y a, ils sont drapés sur le corps et en épousent si bien les formes que ce dernier reste vaguement apparent. Ces drapés (n°6) de plus en plus gracieux caractérisent la sculpture des -4ème et -3ème siècles. Dans la période hellénistique (du -3ème au -1er siècle), l’expression est accentuée par un puissant élément dramatique (n°8).

Kouros Epoque archaïque. La statue est destinée à être vue de face. Une ligne verticale tirée au milieu de la tête aux pieds séparerait le corps en deux parties égales et symétriques. La jambe gauche est légèrement avancée pour assurer l’équilibre de la statue. Sur les lèvres un sourire caractéristique, le « sourire archaïque » exprimant la joie de vivre. Le kouros représenté nu, car, à la palestre, il est nu pour faire la gymnastique. Qui plus est, la statue virile nue répondait à l’idéal athlétique de la Grèce continentale.

Korè A la différence du kouros, la korè est habillée, car elle ne fréquente pas la palestre. Cette approche satisfaisait, en plus, le goût du luxe et de la coquetterie bien établi dans les mœurs du -6ème siècle.

Kouros Dans la seconde moitié du -6ème siècle, la précision anatomique s’amplifie, les contours se font plus fluides et le modelé (relief des formes) se développe.

Apollon de Piombino L’Apollon de Piombino est un bronze grec, fondu à la cire perdue, d’une hauteur de 1,15 m, trouvé en 1832 près de Piombino (en Étrurie). A la fin du -6ème siècle, les bras se détachent du corps, annonçant de nouvelles étapes dans l’expression des formes. Il est vrai que la matière plus malléable et plus résistante qu’est le bronze autorise plus de liberté et de souplesse dans la disposition des membres. Cire perdue. Le déroulement de ce travail commence par le modelage d’une sculpture en cire. Puis on moule la cire en l’enrobant soigneusement d’un épais matériau réfractaire qui "absorbe" toutes les caractéristiques de la sculpture en cire. Après séchage, le tout est chauffé. La cire fond. Elle s’écoule par une ouverture dans le moule que l’on a prévue et aménagée à cet effet. Au moment propice le moule vide de cire est rempli de métal liquide (bronze ou autre). Le bronze, en refroidissant et en se solidifiant dans le moule, reprend les caractéristiques de la sculpture en cire. Au terme d'un refroidissement et d'une solidification complets , on casse le moule pour en extraire la sculpture. Suit alors un long et délicat travail de finition sur le bronze avant de retrouver la copie conforme de la sculpture en cire. ( Pour autant que cette œuvre soit bien de l’époque précitée, car une polémique en fait une œuvre sur commande de type archaïsant du +1er siècle).

Aurige de Delphes (-478 ou -474) L'aurige, représenté debout sur son char, la tête ceinte du bandeau de la victoire, faisait partie d'un ensemble composé du char, de quatre ou peut-être six chevaux : attelage dont la victoire sur la piste est célébrée. Le vêtement long et étroit, retenu par une ceinture, est le costume caractéristique du conducteur. Il apparaît comme un jeune homme dont les joues se couvrent d'un léger duvet et dont les traits durs expriment la force physique et la détermination pour la victoire. Le type archaïque du kouros tant dans son attitude que dans sa nudité est abandonné. Bronze de 180 cm

Ephèbe de Critios Antérieure ou postérieure à la destruction par les Perses en -480. Parmi les sculpteurs de l’époque se détache le nom de Critios, auteur de cette œuvre de grande importance, car le sculpteur renonce à la loi du plan médian omniprésente dans le schéma du kouros archaïque : le poids du corps repose sur une seule jambe, l’autre étant fléchie, ce qui provoque un hanchement. Le modelé (forme imprimée par quelque action) donne presque l’impression d’avoir été pétri par les doigts, l’influence de l’art des bronziers en plein essor n’étant pas étrangère à ce progrès.

Groupe d’Athéna et de Marsyas de Myron La deuxième moitié du -5ème siècle, époque du 1er classicisme, se caractérise par le développement de la sculpture athlétique et la recherche du rendu du mouvement. Ainsi dans ce groupe d’Athéna et de Marsyas, bronze produit par Myron (dont ceci est une copie), dans les années -450. La déesse interdit à Marsyas de s’emparer de la double flûte qu’elle vient de rejeter (1). L’artiste s’est appliqué à saisir les formes du mouvement. La déesse semble esquisser un pas de danse et, dans l’attitude du silène, on perçoit à la fois un mouvement de recul devant l’interdiction qui lui est signifiée et de retour vers l’avant sous l’effet de la convoitise de l’instrument. Au cours d'un banquet entre dieux, Athéna se mit à jouer sur une flûte double qu'elle avait fabriquée avec des os de cerf. Alors que les dieux semblaient ravis, Héra et Aphrodite dissimulaient un rire moqueur derrière leurs mains. Intriguée, Athéna, se retira dans un bois de Phrygie, reprit sa flûte et se mira dans l'eau pendant qu'elle en jouait. Voyant l'aspect comique que lui donnaient ses joues gonflées et son visage congestionné, elle jeta sa flûte et lança une malédiction contre qui la ramasserait. Marsyas, apparemment, n'en avait cure. Suivant Apollodore , Marsyas, ayant trouvé les flûtes qu'Athéna avait jetées parce qu'elles la défiguraient, osa disputer à Apollon le prix de la musique. Ils convinrent que le vaincu serait à la merci du vainqueur. Lorsqu'on en fut au concours, Apollon retourna sa cithare tout en continuant à jouer et à chanter. Il exigea que Marsyas fit de même. Celui-ci ne l'ayant pu, la victoire revint à Apollon. Ce dernier suspendit son audacieux rival à un pin très élevé et le fit périr en l'écorchant.

Discobole de Myron Copie d’une oeuvre attribuée à Myron, marbre, 155 cm, vers 460 av. J.-C Le rendu du mouvement est plus intense encore, l’artiste ayant réussi à combiner (dans un bronze dont nous n’avons que copie en marbre) en une seule figure plusieurs attitudes successives (le mouvement des jambes, la torsion du tronc, le balancement des bras). Cependant, le visage est impassible en dépit de l’effort fourni, le but n’étant pas de traduire un sentiment quelconque, mais d’exprimer la beauté du corps humain dans une attitude en mouvement. Le nom « discobole » vient du grec ancien δισκοϐολία / diskobolía, qui signifie « lancer de disque ». Le disque grec était un palet de pierre ou de bronze d’environ 20 cm de diamètre. Il pesait plus de 5 kg.

Doryphore Né à Sicyone, vers -460, Polyclète, va s’efforcer de perfectionner sans cesse le modèle du jeune homme nu. Le Doryphore (peut-être Achille portant la lance), en est l’œuvre la plus connue. L'original en bronze est perdu, mais plusieurs copies antiques nous sont parvenues dont un marbre romain qui se trouve au musée archéologique de Naples. Le sculpteur y atteint un nouvel équilibre en ramenant vers l’arrière la jambe fléchie qui ne touche plus le sol que de la pointe du pied et en entremêlant par la suggestion d’un pas attitude au repos et attitude de marche. Qui plus est, la continuité de la ligne de la tête aux pieds tant recherchée par les sculpteurs depuis l’abandon du plan médian appliqué dans les kouroi, est ici réalisée. Polyclète, dans un traité aujourd’hui perdu, le Canon, avait quantifié les proportions idéales pour la réussite d’une œuvre. On a cru observer un système de rapports suivant : la tête est comprise sept fois dans la hauteur totale du corps, deux fois dans la longueur du genou au pied, deux fois dans la hauteur et la largeur du torse qui s’inscrit dans un carré. Les côtés du rectangle comprenant le torse et la tête sont dans le rapport du nombre d’or. Le visage se divise en trois parties égales : le front, le nez et le bas de la figure. La tête est proche d’une sphère.

Vénus génitrix de Callimaque Issue des collections de Louis XIV, cette œuvre est une copie romaine (la qualification de "genitrix" est due aux Romains : genitrix (genetrix), icis, f. : mère; Jules César, qui prétendait descendre de la déesse, en avait fait commande au sculpteur Arcésilas ,en -46, pour la placer dans le temple de la Venus Genetrix à Rome.) d'un bronze grec créé par Callimaque à la fin du - Vème siècle. La déesse retient d'une main un pan de son vêtement et, de l'autre, présente la pomme de Pâris qui avait proclamé son éclatante beauté (Tous les dieux avaient été invités aux noces de Thétis et Pélée, à l'exception d'Eris, déesse de la discorde; furieuse celle-ci jeta une pomme d'or parmi les convives avec l'inscription "A la plus belle"; Aphrodite, Athéna et Héra prétendirent au titre; Zeus pour les départager fit appel au jugement de Pâris, fils de Priam et d'Hécube; se présentant à lui dans leur nudité, les trois déesses lui proposèrent pour l'une, Héra, la souveraineté sur l'Asie, pour l'autre, Athéna, la gloire des guerriers, et pour la troisième, Aphrodite, la plus belle des femmes; Pâris désigna cette dernière qui lui permit d'enlever Hélène, l'épouse de Ménélas. Cet attribut de la pomme est une restauration moderne, mais en accord avec des répliques en terre cuite et en bronze de petite dimension).Elle nous apparaît (Le cou, la main gauche, les doigts de la main droite, la plinthe ainsi que de nombreux éclats du drapé on été restaurés.) sensuelle et humaine, dans une nudité magnifiée par le drapé que l'on devine mouillé grâce à des effets de surface d'une très grande habileté.

Aphrodite de Cnide de Praxitèle Copie romaine. Devenu célèbre, Praxitèle, le maître de la grâce, fut appelé, en -350, par les gens de Cnide qui voulaient consacrer une statue de la déesse dans le sanctuaire qu'ils lui avaient élevé. L'artiste, renonçant aux draperies du siècle précédent, a, pour la première fois, dans une statue en marbre de Paros, dévoilé le corps féminin, ce qui fit scandale à l'époque. L'interprétation veut que la déesse soit surprise au sortir du bain, donc dans une attitude en mouvement. Le déhanchement obtenu par le transfert du poids de la statue sur une seule jambe et par la technique du "chiasme praxitélien" (l'épaule gauche et la hanche droite sont plus hautes tandis que l'épaule droite et la hanche gauche sont plus basses) confère à l'ensemble de la mobilité et de la souplesse, et contribue à créer une sorte d'atmosphère imprégnée du "Beau". Cnide

Satyre au repos et Apollon sauroctone Maître de la grâce, Praxitèle est aussi celui de la nonchalance. Pour créer cette atmosphère, il a accoudé ses deux sujets (Le satyre au repos : identifiable à ses oreilles pointues et sa peau de panthère qu'il porte en écharpe. - Apollon sauroctone : tueur de lézards) à un support en forme de tronc d'arbre et utilisé la technique du "chiasme praxitélien" (poids sur une seule jambe, épaules et hanches opposées plus hautes et plus basses). Tous deux sont dans un climat de détente où l'on devine le relâchement du corps et de l'esprit, et un état de rêverie bienfaisante. Apollon sauroctone Satyre au repos

Ariane endormie Copie romaine du IIe siècle après J.-C., d'après un original hellénistique du IIIe siècle (Pergame ou Rhodes). Ariane, la fille aînée de Minos, roi de Crète, s’éprit de Thésée venu tuer le Minotaure enfermé dans le labyrinthe construit par Dédale. Informée par ce dernier, Ariane fournit tous les renseignements nécessaires à Thésée et lui donna un fil qui lui permit de sortir du labyrinthe une fois le Minotaure vaincu .  Thésée, au départ pour son retour à Athènes, enleva Ariane consentante et lui promit de l'épouser; mais, peut-être forcé de mettre à la voile sous l’effet d’une violente tempête, il l'abandonna, pendant son sommeil, sur l'île de Dia ou de Naxos. Revenu, il la trouva morte, s’étant, de désespoir, précipitée dans la mer. Le ruissellement du drapé met en valeur la beauté de la jeune fille, tandis que la position alanguie du corps et l’expression tout en sérénité du visage suggèrent un climat de bien-être et de confiance.

Victoire de Samothrace La statue est découverte en morceaux le 15 avril 1863, sur l'île de Samothrace. Le buste et le corps permettent l'identification d'une Nikè, (Victoire) traditionnellement représentée comme une femme ailée. Les morceaux sont envoyés au musée du Louvre. Douze ans plus tard, à l'occasion de nouvelles fouilles et en référence à une représentation retrouvée sur des tétradrachmes de Démétrios Poliorcète frappés suite à sa victoire sur Ptolémée Ier à Salamine (cité-État) de Chypre, en -306 av. J.-C., on identifie les gros blocs de marbre gris trouvés à proximité comme la proue d'un navire servant de base à la statue et on restitue cette dernière selon le modèle. Diverses hypothèses de datation ont été émises, allant de la fin du -IVème à la moitié du -IIIème siècle. Elle se révèle, en tout état de cause, comme un chef-d'œuvre de l'époque hellénistique. Une puissante figure féminine semble, d'un vol énergique et rapide, être descendue pour se poser à la proue d'un navire et faire face aux éléments. Le vent plaque ses voiles chargés d'embruns sur son corps et les agite en mouvements amples et profonds tels ceux des vagues sur un récif. L'effort que l'on devine chez le personnage pour résister au vent et la pression exercée par ce dernier créent deux forces opposées qui animent l'œuvre. On se sent presque entraîné dans un élan de détermination et de ... victoire.

Satyre au repos Fin du -3ème siècle. Les signes distinctifs du satyre, queue de cheval et oreilles pointues, sont très peu marqués, et la peau de panthère semble tout naturellement destinée au confort. Aussi a-t-on l’impression d’être en face d’un rude jeune homme profitant d’un repos au flanc d’une montagne, le corps offert au soleil et à l’air, dans une attitude de pleine détente . Pour un peu on pourrait presque percevoir le souffle de la respiration sur ses lèvres entr’ouvertes.

Enfant à l’oie. L'époque romaine a livré de nombreuses répliques représentant un enfant aux prises avec une oie. Pline l'Ancien, auteur latin du Ier siècle après Jésus-Christ, attribue la statue au bronzier Boéthos. Il pourrait s'agir de Boéthos de Chalcédoine, ancienne ville d'Asie Mineure située dans l'actuelle Turquie. Il est possible que ce Boéthos ait vécu au cours du IIème siècle avant Jésus-Christ. Nous sommes dans la période hellénistique. La joie (le sourire est une vraie réussite!) et la fierté que l'enfant retire de son exploit se perçoivent à un tel point qu’on s’y associe. On perçoit le débattement de l’oie dans sa tentative d’échapper à l’emprise et les deux forces qui s’opposent. C’est à peine si l’on ne croit pas entendre les cris de l’animal. Superbe de réalisme et de fraîcheur!

Vieille dame Impossible de ne pas percevoir la détresse de cette pauvre femme. On la perçoit vieille, pauvre, usée, décharnée, déformée par une vie de labeur et résignée. Cette œuvre relève de l’art du portrait poussé jusqu’au naturalisme le plus extrême où ni laideurs ni difformités ne sont cachées.

Groupe de Laocoon Le groupe de Laocoon a été découvert le 14 janvier 1506 sur l'Esquilin. Pline l'Ancien, mort au cours de l'éruption du Vésuve en +79, raconte dans son Historia Naturalis que ce groupe, placé dans le palais de l'empereur Titus, était préférable à toutes les autres représentations, peintes ou en bronze, du même sujet. Le pape Jules II, sur les conseils de Michel-Ange, s'en porta acquéreur à sa découverte. Le sujet du groupe relate l'épisode du cheval de la guerre de Troie, décrit par Virgile dans le chant II de l'Énéide. Les Troyens découvrant un grand cheval de bois, offrande à Athéna, dans le camp grec déserté, hésitent sur son sort. Certains veulent le faire entrer dans la ville, en gage de victoire, d'autres, le précipiter à la mer, le brûler ou au moins le fouiller. Laocoon, prêtre de Poséidon à Troie met les Troyens en garde contre le cheval de bois laissé par les Grecs en déclarant "timeo Danaos, et dona ferentes" ("je crains les Grecs, même lorsqu'ils offrent des présents"), et lance son javelot contre ses flancs. Deux monstrueux serpents, venus de l'île de Ténédos, vont le tuer, ainsi que ses fils, et, ensuite, se réfugier derrière le bouclier de la déesse Athéna dans son temple. Les Troyens attribuent leur mort à un châtiment d’Athèna qui voulait les punir d'avoir blessé l’offrande qui lui avait été faite par les Grecs. Confortés dans cette certitude par un espion que les Grecs avaient laissé sur place à cet effet, ils amènent la statue dans l'enceinte de la ville pour obtenir la protection des dieux. Titus, poursuivant les prétentions généalogiques de la famille Julia (celle de Jules César qui prétendait descendre de Vénus et d'Anchise via leur fils Énée), avait commandé le groupe de marbre aux sculpteurs rhodiens, Hagesandros, Polydoros et Athanadoros, probablement dans la première moitié du Ier siècle avant Jésus-Christ. L'oeuvre est une réplique d'un bronze plus âgé d'environ un siècle. La férocité des monstres, l’impuissance, la souffrance et la détresse de leurs victimes sont admirablement traduites.

RETOUR AU CLASSICISME (Retour au sommaire) Groupe d’Amphion et de Zéthos La "sculpture/portrait" doublée de la recherche du pathos à tout crin comme dans le groupe d'Amphion et de Zéthos attachant leur tante Dircé (1) à un taureau furieux pour la punir des mauvais traitements qu'elle avait infligés à leur mère Antiope, provoqua un retour au classicisme au cours de la seconde moitié du -IIème siècle et de tout le -Ier siècle. Le meilleur exemple en est la Vénus de Milo, œuvre de la fin du -IIème siècle due à un sculpteur (Agé) sandros ou (Alek) sandros originaire d'Antioche du Méandre, à tel point que son allure praxitélienne l'a quelquefois fait dater du -IVème siècle. Mais la torsion et le hanchement du corps, la draperie perçue en état de glissement sont caractéristiques d'une époque plus tardive. MAX WEGNER, dans son livre L'ART GREC (Office du Livre - Fribourg) pp 9-10, nous dit son émerveillement : « Aujourd'hui, les visiteurs du Louvre, à Paris, sont jour et nuit irrésistiblement attirés par elle et les plus loquaces eux-mêmes sont rendus muets de saisissement en la voyant, comme chez Homère les vieillards de Troie à l'approche d'Hélène : "Que personne ne blâme les Troyens et les Achéens aux belles cnémides d'avoir pour une telle femme enduré de si longues souffrances". L'inexprimable, la souveraine beauté qu'évoque ainsi le poète, l'Aphrodite de Mélos l'a concrétisée. Sa perfection allie la beauté spirituelle à une étude exacte du nu féminin. Par contraste avec le vêtement que tourmente le jeu de la lumière et de l'ombre, et dont les plis dessinés à grands traits ont glissé jusqu'aux hanches, l'accent est mis sur l'impression de douceur soyeuse que donnent les parties nues. Le corps svelte se tourne et se ploie doucement, la tête charmante s'incline et se détourne, accentuant la mobilité de l'ensemble. Le regard humide se perd dans l'incertain. La déesse de la beauté et de l'amour, comme finalement on la nomme, est si totalement éloignée de sa nature primitive, faite d'action toute puissante, qu'elle semble personnifier la beauté elle-même dans sa noble simplicité et sa calme grandeur. Une telle figure de la beauté dans son universalité paraît incarner l'art lui-même en sa perfection, et la Vénus de Milo est comme le symbole parfait de l'idéal classique de la beauté. » (1) Vénus de Milo

La peinture

Amphore protogéométrique Les vases de la période protogéométrique (v. 1050-900 av. J.-C.) constituent l'essentiel du témoignage artistique sur le début des siècles obscurs. En effet, la grande sculpture n'est pas encore connue et la peinture murale manque d'un élément essentiel pour son développement : des supports muraux dignes de ce nom. La production céramique, elle, est florissante, en particulier à Athènes. Les vases sont décorés de motifs en vernis noir brillant issu de l'âge du Bronze. Ils reprennent parfois des motifs mycéniens : lignes ondulantes tracées à la main, comme sur cette amphore de -950/900.

Amphores protogéométriques Sur ces amphores (cruches à deux anses pour le vin ou l’huile) du -10ème siècle, le répertoire des motifs apparaît presque complet; toutes les lignes étant réduites aux formes les plus simples : lignes ondulantes, cercles, losanges et lignes droites.

Amphore géométrique L'art géométrique fleurit aux IXe et VIIIe siècle av. J.-C. Il se caractérise par de nouveaux motifs : méandres, triangles et autres motifs géométriques (d'où le nom de la période). Ils sont disposés en bandes séparées par des triples lignes.

Cruches géométriques Vers la fin du -8ème siècle apparaissent des figures humaines. Les représentations les plus connues sont celles des vases trouvées au Dipylon, l'un des cimetières d'Athènes. Les fragments de ces grands vases funéraires montrent principalement des défilés de chars ou de guerriers, ou encore des scènes funéraires [exposition du mort et lamentations (photo de gauche) ou transport du cercueil au cimetière (photo de droite)]. Les corps sont représentés de manière géométrique à l'exception des mollets, assez protubérants. Les jambes et les cous des chevaux, les roues des chars sont représentés les uns à côté des autres.

Cruche de style orientalisant Olpè protocorinthienne aux animaux et aux sphinges,  640-630 av. J.-C., musée du Louvre. D'une hauteur comprise entre 10 et 40 centimètres, l'olpè puisait l'eau et le vin dans le cratère avant de le verser dans les coupes. Le style orientalisant se déploie principalement à Corinthe de 725 à 625 av. J.-C. environ. Il est caractérisé par une forte influence de l'art oriental. Si l'Orient est beaucoup moins amateur de céramique que la Grèce, sa peinture et sa sculpture montrent une figuration plus fine et plus réaliste. Cette influence se traduit par une nouvelle gamme de motifs : sphinx, griffons, lions, etc. Les peintres corinthiens recourent à la figure noire, principalement sur fond rouge : ils utilisent une suspension colloïdale (substance sous forme de liquide ou de gel qui contient en suspension des particules suffisamment petites pour que le mélange soit homogène) de couleur brune qui, à la cuisson, prend une couleur noire brillante, presque métallique. Cette technique est longtemps restée mystérieuse, malgré les efforts faits par les céramistes anglais du XIXe siècle pour en percer le secret.

Vase François Les céramiques de Corinthe sont exportées dans toute la Grèce, et leur technique arrive à Athènes, qui développe néanmoins un style propre, à l'influence orientale moins marquée. Le style de la figure noire, inventé à Corinthe, est, en effet, dès le VIIe siècle, repris par Athènes qui le porte à son apogée lors de la période archaïque (VIe siècle av. J.-C.) Il se caractérise non seulement par le dessin de figures en noir sur fond d'argile (plutôt rouge dans le cas d'Athènes), mais aussi par l'usage d'incisions. Chef-d’œuvre de la peinture de vase attique dans la période du haut archaïque (-6ème siècle). Le peintre, du nom de Klitias, a illustré toute la paroi du vase. Cinq frises courent tout autour de la panse, une sixième autour du pied, et des images isolées se trouvent sur les anses à volutes. La frise principale représente une fête des dieux, réunis pour célébrer le mariage de Thétis, fille d’un dieu de la mer et de Pélée, héros légendaire. La maison où se trouve Thétis est le but du cortège. Pélée accueille les dieux qui arrivent en voiture à quatre chevaux ou à pied.

Amphore à figure rouge Héraclès au repos, amphore du Peintre d'Andokidès, v. 520 av. J.-C. Le style de la figure rouge apparaît à Athènes vers 530-520 av. J.-C. Il constitue rapidement le fer de lance de la production attique, lui permettant de s'imposer comme seule grande école à la période classique. Il consiste en une inversion de la figure noire : le fond est peint en noir, les figures ayant la couleur de l'argile ; les détails sont peints et non plus incisés. Le premier peintre à appliquer ce style est le Peintre d'Andokidès, dont nous possédons une quinzaine de vases.

Cratère à figure rouge (Retour au sommaire) Chrysès réclamant sa fille à Agamemnon, détail d'un cratère( grand vase pouvant atteindre plus d'un mètre de hauteur, dans lequel était puisé le vin mélangé à l'eau) du peintre d'Athènes 1714, v. 360-350 av. J.-C. Dans la mythologie grecque, Chrysès est un prêtre d'Apollon dans la ville de Chrysè en Troade. Il vient réclamer sa fille, Chryséis, enlevée par les Grecs lors de la prise de Lyrnessos. Or Agamemnon, qui a reçu la jeune fille comme part d'honneur, refuse de la rendre et injurie le prêtre. Chrysès invoque, alors, la colère d'Apollon sur le camp grec. Le dieu envoie la peste sur les Achéens, et Agamemnon doit plier. Il charge Ulysse de conduire la jeune fille jusqu'à Chrysè pour la rendre à son père. Au-delà de la simple inversion des couleurs, la technique de la figure rouge permet une amélioration du dessin, notamment dans la représentation des drapés, des corps et des détails. Le réalisme y gagne : les corps féminins et masculins sont désormais plus faciles à distinguer, la musculature est mieux rendue.

La littérature

La littérature La Grèce antique a inventé les genres littéraires ( l'épopée, la tragédie, la comédie, la poésie lyrique, l'historiographie, les dialogues et traités philosophiques, l'art oratoire, la biographie…) dont elle va fixer les modèles pour de nombreux siècles.

L’épopée Homère. Portrait imaginaire d'Homère Au deuxième millénaire av. J.-C., des aèdes (bardes) étaient invités à la cour des nobles pour célébrer les hauts faits des héros en s’accompagnant à la cithare, tous ces récits relevant d’une littérature exclusivement orale. Homère, dont on ne sait rien de certain, fut probablement un aède de la seconde moitié du –8ème siècle ; on voit en lui l’auteur de l’Iliade ( récit de quelques jours de la dixième année du siège de la ville de Troie par les Grecs) et de l’Odyssée (le retour d’un des princes grecs, Ulysse, vers son épouse et son foyer), deux compilations de récits oraux racontant des faits vieux de 350 ans, deux chefs-d’œuvre qui devinrent les deux livres les plus populaires de la Grèce. Portrait imaginaire d'Homère

Sappho lisant un poème à ses amis LA POESIE LYRIQUE Sappho Poétesse lyrique grecque de la fin du -7ème siècle, Sappho ou Sapho, originaire de l'île de Lesbos, célébra la beauté et la grâce des jeunes filles qu'elle formait dans une sorte d'école en leur apprenant la danse, la musique et la poésie. Elle écrivit surtout des chansons, dont il ne reste que des fragments. Sappho lisant un poème à ses amis HYMNE A VÉNUS Immortelle Vénus, fille de Jupiter, toi qui sièges sur un trône brillant et qui sais habilement disposer les ruses de l'amour, je t'en conjure, n'accable point mon âme sous le poids des chagrins et de la douleur. Mais plutôt viens à ma prière comme tu vins autrefois, quittant le palais de ton père et descendant sur ton char doré. Tes charmants passereaux t'amenaient de l'Olympe à travers les airs qu'ils agitaient de leurs ailes rapides. Dès qu'ils furent arrivés, ô déesse ! tu me souris de ta bouche divine ; tu me demandas pourquoi je t'appelais ; quels tourments ressentait mon cœur, en quels nouveaux désirs il s'égarait ; qui je voulais enchaîner dans les liens d'un nouvel amour : "Qui oserait te faire injure, ô Sappho ! S'il te fuit aujourd'hui, bientôt il te recherchera ; s'il refuse aujourd'hui tes dons, bientôt il t'en offrira lui-même s'il ne t'aime pas aujourd'hui, il t'aimera bientôt lors même que tu ne le voudrais plus." O viens, viens donc aujourd'hui, déesse, me délivrer de mes cruels tourments ! Rends-toi aux désirs de mon cœur ! Ne me refuse pas ton secours tout-puissant. Poétesse lyrique grecque de la fin du -7ème siècle, Sappho ou Sapho, originaire de l'île de Lesbos, célébra la beauté et la grâce des jeunes filles qu'elle formait dans une sorte d'école en leur apprenant la danse, la musique et la poésie. Elle écrivit surtout des chansons, dont il ne reste que des fragments.

La tragédie Eschyle Eschyle, né vers -525 et mort en -456, est considéré comme le véritable créateur de la tragédie ; il aura comme successeurs Sophocle et Euripide. On ne connaît pas sa vie en détails, mais on sait qu'il participe aux batailles de Marathon (en -490) et de Salamine (en -480) victorieuses sur les Perses. On sait aussi que ses tragédies, représentées à partir de -500 remportent un tel succès que leur auteur accède à une grande notoriété et que plusieurs souverains le reçoivent à leur cour. Il séjourne notamment à plusieurs reprises en Sicile, qui fait partie à l'époque de ce qu'on appelle la Grande Grèce. Une tragédie parmi toutes  : les Perses, datée de -472, qui se déroule à la cour de la mère du roi Xerxès et qui traite le thème de la victoire de Salamine. 

La tragédie Sophocle Né vers -496 et mort vers -405. Né à Colone, qui fait partie aujourd'hui d'Athènes, dans la famille d’un riche armurier, il reçut l'éducation traditionnelle des jeunes gens issus d'une famille riche. À l'âge de seize ans, il dirigea un chœur de jeunes hommes qui célébrait la victoire de Salamine. Douze ans plus tard, en -468, il détrôna son aîné Eschyle dans un concours de tragédies. A partir de cette date, il obtint presque toujours le premier ou le deuxième prix. Il composa 123 pièces, dont il ne reste que 7 tragédies. Deux pièces composées entre -441 et -426 : Ajax : Ajax était, après Achille, le plus vaillant des princes grecs. II disputa à Ulysse les armes d'Achille. Furieux de n'avoir pu l'emporter, frappé de folie, il massacra les troupeaux, croyant, par vengeance, massacrer les Atrides et les chefs des Grecs. Revenu à la raison, il en éprouva une telle honte qu'il se perça de son épée. Œdipe-Roi : Oedipe, fils de Laïus (ou Laïos) et de Jocaste, exposé dès sa naissance parce qu'un oracle avait prédit qu'il serait le meurtrier de son père et l'époux de sa mère, fut sauvé par un berger de Polybe, roi de Corinthe, et élevé à la cour de ce prince comme son propre fils. Devenu grand, il apprit le fatal oracle et, pour y échapper, s'éloigna de celui qu'il croyait être son père; mais, le destin lui ayant fait rencontrer Laïus dans un chemin creux et étroit en Phocide, il se prit de querelle avec lui au sujet du passage et le tua sans le connaître. Se trouvant à Thèbes, Oedipe délivra cette ville du Sphinx, en devinant l'énigme (1) que proposait ce monstre; il reçut en récompense le trône de Thèbes, avec la main de la reine Jocaste (sa mère). Etéocle et Polynice, Antigone et Ismène naquirent de cette union incestueuse. Instruit, mais longtemps après de ces fatales méprises, Oedipe se creva les yeux de désespoir et vécut caché dans son palais; il en fut chassé par ses fils. II mena depuis une vie errante, n'ayant d'autre compagne que sa fille Antigone, qui ne voulut jamais le quitter. Il mourut au bourg de Colone, sur le territoire de l'Attique, où Thésée lui avait donné asile. (1) « Qu'est-ce qui est le matin à quatre pieds, à midi sur deux pieds, et le soir à trois pieds?-» Ceux qui ne les devinaient pas étaient tuées et jetés à la mer. Oedipe trouva le sens de l'énigme : il s'agit de l'humain qui dans son enfance marche sur les pieds et les mains, à l'âge adulte, sur les pieds et, dans sa vieillesse, se sert d'un bâton pour appuyer ses pas. Alors le Sphinx, vaincu se précipita lui-même dans les flots, et Thèbes, dont les habitants avaient eu tant à souffrir de ce monstre, plaça sur le trône son libérateur et lui fit épouser la veuve du dernier roi.

La tragédie Euripide Né en -480 (?) et mort en -406. Né d’une famille modeste pour certains, aristocratique pour d’autres, il reçut une éducation valable et mena une vie studieuse, solitaire et retirée. Il travailla toute sa vie pour le théâtre, mais sans grand succès, devant attendre ses quarante ans pour remporter sa première victoire et n’obtenant, par la suite que quatre succès de son vivant, un cinquième étant posthume, tout cela sur un total (attribué par l’antiquité) de 92 pièces. Les deux plus belles pièces : Iphigénie à Aulis (représentée après la mort d’Euripide) : Empêchés par un calme plat de mettre à la voile vers Troie au départ de l'Aulide, les Grecs apprennent du devin Calchas qu'Artémis, irritée contre Agamemnon, retient les vaisseaux et ne se laissera apaiser que par le sang d'une princesse de la famille du roi. Au terme d'une longue lutte, Agamemnon, en bute à la pression des princes, cède à l'intérêt public et reçoit de sa fille le sacrifice de sa vie. Au moment où la jeune fille prend place devant l'autel parmi les prêtres en larmes, la déesse, prise de pitié, étend un nuage devant les yeux de tous et, au moment du sacrifice, substitue une biche à Iphigénie. Les Bacchantes (représentée après la mort d’Euripide) : Pentée, roi de Thèbes est massacré par les Bacchantes pour s’être opposé au culte de Dionysos.

La comédie Aristophane Né vers -445 et mort après -388. Après avoir fait jouer ses premières pièces sous le nom d’un autre, il remporta le premier prix en -424 avec une pièce : « Les Cavaliers » (satire du démagogue Cléon et du peuple athénien qui se laisse tromper par lui) présentée sous son nom. Il reste onze pièces des quarante composées. Les Grenouilles (-405) : Aristophane suppose que Dionysos, le dieu du théâtre, dégoûté des mauvaises tragédies qu'on joue à Athènes depuis la mort des trois grands tragiques, descend aux Enfers pour en ramener un de ceux-ci. Euripide (contre qui la pièce est dirigée) y dispute le prix de la tragédie à Eschyle. Chacun des deux rivaux vante ses qualités et attaque les défauts de son adversaire. Enfin on apporte une balance où Dionysos pèse les vers des deux poètes. Eschyle l'emporte. C'est lui que Dionysos ramènera sur la terre, et, pendant son absence, le sceptre tragique restera aux mains de Sophocle. Le titre de la pièce vient des grenouilles qui peuplent les marais des Enfers.

L’historiographie Thucydide Né en -460(?) et mort en -395(?). Amphipolis Né en -460(?) et mort en -395(?). Issu de l'aristocratie athénienne, parent d'un roi de Thrace, il y exploitait des mines d'or et jouissait d'une grande fortune. Féru d'histoire (Etant jeune, il aurait versé des larmes d'admiration en entendant Hérodote lire des fragments de son œuvre.), dès le début de la guerre du Péloponnèse (-431), il se mit à réunir des documents et des informations pour en écrire l'histoire. Nommé stratège, en -424, et chargé du commandement de l'escadre athénienne dans les parages de Thasos, il ne put empêcher Amphipolis de tomber aux mains des Lacédémoniens. Accusé de trahison, il fut condamné à l'exil et resta vingt ans hors d'Athènes, vivant probablement en Thrace. Rappelé à Athènes, en -404, il mourut entre -400 et -395. Homme grave et froid, d'esprit curieux, avide de savoir, ennemi des violents, rien ne pouvait l'émouvoir. Dans sa seule œuvre : "La Guerre du Péloponnèse" ( De -431 à -404, mais l'ouvrage ne va que jusqu'à l'année -411), il fait preuve d'une conception très moderne de l'histoire, renonçant aux récits brillants pour ne rapporter que la vérité pure et simple, se voulant l'auteur d'une œuvre destinée à être toujours utile (κτημα ἐς ἀει : une œuvre pour toujours) par son effort de voir clair dans les événements du passé pour permettre de mieux comprendre "ceux qui, à l'avenir, en vertu du caractère humain qui est le leur, présenteront des similitudes ou des analogies". Pour atteindre ce but, il s'informe avec soin. Témoin privilégié des événements qu’il rapporte puisqu’il en fut lui même un acteur, il ne retient comme information véridique que ce qu’il a vu ou ce qui lui a été rapporté par des témoins directs, après confrontation minutieuse des différents témoignages. Relatant les faits dans l'ordre chronologique, par été et par hiver, Il s'efforce d'en dégager les causes et de déterminer les raisons profondes de la guerre entre Athènes et Sparte. Croyant en la permanence de la nature humaine, il est convaincu de mettre en lumière des vérités immuables, les maux de la guerre du Péloponnèse étant ceux que l'homme ne cessera de vivre « tant que la nature humaine restera la même. »  

Dialogues et traités philosophiques Platon Platon (427 av. J.-C. / 348 av. J.-C.) souvent considéré comme un des premiers grands philosophes de la philosophie occidentale. Une oeuvre parmi toutes  : Les "Dialogues" couvrent un très large éventail de thèmes: le devoir, le courage, la vertu, la justice, l'amour, la beauté, la science, la nature, la rhétorique, la concordance des mots avec l'être et avec les idées, la nature de l'homme, la sagesse, la royauté, la législation. Portrait de Platon d'après un original sculpté par Silanion vers 370 avant J. C. pour l'Académie d'Athènes

Dialogues et traités philosophiques Aristote Philosophe,naturaliste et érudit universel (- 384 à – 322),Aristote a fourni de nombreux traités scientifiques. Son œuvre couvre environ toute l’échelle de la pensée et de la science grecques. Il influença la philosophie et les recherches scientifiques des siècles qui suivirent. Trois œuvres parmi toutes : L’Histoire des animaux Le Mouvement des animaux La Génération des animaux

Art oratoire Démosthène Démosthène (-384 à -322), homme d'État athénien, grand adversaire de Philippe II de Macédoine et l'un des grands orateurs attiques. Aujourd'hui encore, le nom de Démosthène symbolise l'éloquence. Discours entre tous : Les « Philippiques » : prononcé contre Philippe de Macédoine, invitant les Athéniens à faire face par les armes.

Biographie (Retour au sommaire) Plutarque Plutarque (+ 48 ou 50 à +125) est un biographe et moraliste de la Grèce antique. Entre toutes les œuvres, Les « Vies parallèles des hommes illustres » rassemblent cinquante biographies. On date l'écriture de ces biographies entre 96 et 115.

Le sport

La Grèce et les Jeux Les Grecs étaient férus de sport : La guerre, dans l’Antiquité, requérait une forme physique parfaite de la part des soldats. L’exigence des Jeux créait les conditions idéales pour atteindre ce but. Les Grecs aimaient le « beau » dans tous les domaines, y compris et surtout, peut-être, dans le corps humain. Les exercices physiques étaient donc appréciés et imposés aux jeunes gens. Les jeux qui se déroulaient tous les quatre ans dans la ville d'Olympie étaient organisés pour honorer le dieu Zeus. Pour les Grecs de l'époque, ces jeux étaient de véritables fêtes religieuses. Mais, les jeux d'Olympie n'étaient pas les seuls. D'autres concours étaient organisés dans les villes de Delphes, de Corinthe, de Némée, d'Athènes et dans les îles de Délos et de Lesbos. Chaque fois, il s'agissait de fêter un dieu. Des jeux sportifs à Delphes pour célébrer le dieu Apollon. Un festival de danse dans l'île de Délos en l'honneur d'Apollon et Artémis. Des jeux sportifs à Corinthe pour honorer Poséidon, dieu de la mer. Un concours de beauté dans l'île de Lesbos. Des jeux sportifs à Némée pour fêter Zeus. Des concours de théâtre et des courses au flambeau dans la ville d'Athènes.

Site d’Olympie Des hérauts allaient annoncer l’approche des Jeux dans toute la Grèce et les colonies grecques, répétant à l’envi : « Peut participer aux Jeux Olympiques tout Grec libre de condition, non coupable de crime et non chargé de malédiction divine. Que le monde soit délivré du crime et de l’assassinat et exempt du bruit des armes ». A cette annonce, respectant une Trève sacrée, tous les belligérants suspendaient leurs hostilités pour deux mois pour permettre à ceux qui désiraient assister aux Jeux de se rendre à Olympie. Ceux qui étaient coupables d’avoir enfreint la Trève étaient exclus des Jeux et devaient payer une forte amende destinée à embellir le temple de Zeus. Les Grecs affluaient par milliers : marchands venus pour installer leurs boutiques, artistes pour exposer leurs œuvres, rhéteurs et philosophes pour avoir un vaste auditoire et une foule énorme de spectateurs. Que découvrent les arrivants ? L’Altis : domaine des temples partiellement entouré d'un mur, formant l'enceinte sacrée. A l'extérieur des bâtiments profanes et des terrains destinés aux Jeux Olympiques. l. Gymnase destiné aux exercices de gymnastique et au pentathlon (saut, course, lancement du disque, lancement du javelot, lutte). 2. Palestre : établissement destiné aux exercices de lutte. 3. Presbytère. 4. Sanctuaire. 5 et 6 : Ateliers de Phidias (sculpteur de la statue de Zeus installée dans le temple). 7. Résidence pour les hôtes. 8. Porte d’accès de l'Altis à l'époque romaine. 9. Temple de Zeus en style dorique, construit de -465 à -450. 10. Palais du sénat. 11. Portique: galerie couverte, à l'abri du soleil où il faisait bon converser ou écouter quelque philosophe, poète ou historien présenter ses oeuvres. 12. Porte triomphale romaine. Entrée de l'Altis. 13 et 14.Portiques. 15. Grand autel de Zeus. 17. Stade des Jeux Olympiques. 18. Terrasse des Trésors: espèces de chapelles où étaient entreposées les offrandes faites au sanctuaire par les cités. 21. Temple d'Héra, épouse de Zeus. 24. Prytanée : siège de l'administration d'Olympie et des Jeux.

Site d’Olympie

Site d’Olympie

Maquette de l’Altis Palais du sénat Ateliers de Phidias

Scène de palestre Scène de palestre : discobole, pédotribe, athlètes amphore à figures rouges (vers 515 av. J.-C.) Paris, Musée du Louvre G 42 L'entraînement des athlètes Une des conditions de participation aux Jeux imposait aux athlètes un entraînement de 10 mois dans leur ville natale. Ils devaient ensuite s’entraîner à Elis pendant un mois, juste avant le début des Jeux. Cet entraînement se doublait souvent d’un régime. La séance d’entraînement suivait tout un rituel : on prenait un bain, on s’enduisait le corps d’huile ; après la séance, on se nettoyait avec les strigiles, puis on prenait un bain. Sur les représentations figurées, on remarque bien souvent la présence de l’entraîneur qui avait une grande importance : il réglait la progression de l’athlète, mais aussi l’aidait à perfectionner son style , car les Grecs étaient épris de beauté. A Olympie c’étaient les « hellanodices » qui surveillaient rigoureusement cet entraînement. Normalement tous les athlètes devaient manger la même nourriture - sans viande, jusqu’au 5ème siècle - et devaient dormir sur des peaux de bêtes a même le sol. Les infractions étaient punies par des peines allant de la réprimande au fouet. Les entraîneurs particuliers devaient se soumettre à l’avis des « hellanodices ». De nombreux athlètes ne passaient pas l’épreuve de cette “sélection”.

Procession d’Elis à Olympie Puis c’est la procession de 57 km qui, en deux jours, conduit les athlètes d’Elis (site d’entraînement) à Olympie.

Maquette de l’Altis Palestre Temple d’Héra Temple de Zeus La fête s’ouvre par une grande procession qui pénètre dans l’Altis - trompettes , hellanodices vêtus de pourpre , prêtres et victimes pour les dieux , délégations officielles -. On sacrifie aux dieux (sur les autels situés à l’extérieur du temple), puis on prête le serment olympique. Grand autel de Zeus

Temple de Zeus Vers la fin de sa vie, Phidias, de -437 à -433, réalisa pour le temple de Zeus une statue chryséléphantine (composée à la fois d'or (« chrysos » en grec ancien) et d'ivoire (« éléphantinos » en grec ancien) du dieu ; troisième des 7 Merveilles du monde (Phare d'Alexandrie - temple de Diane à Ephèse - mausolée d'Halicarnasse - colosse de Rhodes - statue de Zeus Olympien - jardins suspendus de Babylone - pyramide de Chéops) décrites dans l'ouvrage "De septem orbis miraculis" attribué à Philon de Byzance (IIIème siècle avant Jésus-Christ). La statue assise mesurait 12 mètres de hauteur et reposait sur une base de 1 mètre et un piédestal de 2 mètres de hauteur. La chevelure, la barbe, les sandales et la draperie qui enveloppaient le corps de Zeus étaient en or, et sa peau en ivoire. Le trône d'ivoire et d'ébène, qui comportait des pierres précieuses, était orné avec des inscriptions. Dans sa main droite, Zeus tenait la figurine de Victoire (Athéna Niké, déesse de la victoire) en ivoire et en or, et dans sa main gauche un sceptre surplombé d'un aigle. Ses sandales étaient également faites en or. La légende raconte que Zeus aurait envoyé des coups de tonnerre pour signifier son approbation. Les barbares réserveront à cette oeuvre le même sort qu'à la statue d'Athéna Parthénos. Il n'en reste que le soubassement et les tambours des colonnes écroulées.

Entrée/Sortie du stade Lorsque tout était prêt, les athlètes étaient introduits dans le stade et, à leur entrée, un héraut proclamait leur nom ainsi que celui de la ville que chacun représentait. Tous les concurrents, quels que fussent leur âge ou leur condition sociale, étaient entièrement nus, sauf parfois une ceinture ou un pagne autour des reins. Quant aux quarante-cinq mille spectateurs, ils demeuraient pendant la journée entière dans le stade à souffrir des mouches, de la chaleur et de la soif. Les chapeaux étaient interdits, l'eau était mauvaise et mouches et moustiques infestaient Olympie comme ils l'infestent encore aujourd'hui. On offrait fréquemment des sacrifices à Zeus-qui-éloigne-les mouches. Entrée Sortie

Entrée au stade

Stade d’Olympie Tous les quatre ans, cette énorme kermesse populaire attirait une foule bigarrée venue à pied, à dos d'âne ou de mulet, à cheval ou en chariot, des quatre coins du monde grec. Riches, pauvres, marchands ambulants, artisans, boutiquiers, poètes, sculpteurs, architectes envahissaient le site, installaient des étales, dressaient des tentes, construisaient des huttes. Seuls les membres des délégations officielles des cités, les Théores, étaient logés dans le Léonidaïon (hôtellerie). A l'aube du premier jour des concours plus une seule place n'était disponible d'où l'on puisse suivre les épreuves.  Des cales, toujours en place dans le stade, permettaient aux coureurs de prendre le départ sans glisser.

Courses Les courses. - Le premier jour est celui du «  dromos » : course à pied sur les 192,27 mètres du stade. On court dans la direction du temple de Zeus. Le vainqueur peut allumer la flamme de l’autel de Zeus (terme premier de la course), et donne son nom à l’olympiade: il est donc comblé d’honneurs particuliers. - En 724, on crée le «  diaulos » ou double stade. - En 720, on introduit le « dolichos » : course de fond, d’abord de huit, puis de dix, de douze et de 24 stades (24 x 192,27m = 4614,48m). Course très dure si l’on considère les conditions climatiques de la Grèce au mois de juillet. Les athlètes courent le dos droit, le torse ouvert avec un léger balancement des bras.

Pentathlon Le Pentathlon ( on peut voir ici trois des cinq disciplines : lancer du javelot, lancer du disque et saut en longueur)  fut mis au point  en 708 av. J.-C.; épreuve pour athlète complet ( Chacun des entrants à une épreuve devait participer aux quatre autres, et pour obtenir un prix, il fallait en gagner trois sur cinq) comprenait cinq disciplines (les trois reprises plus haut, la course (1 stade) et la lutte, disputées en un seul après-midi.

Le saut en longueur Haltère appartenant au champion olympique de Pentathlon, Akmatida de Sparte. Son poids est de 4,629 kgs   La première était le saut en longueur. Les concurrents tenaient des haltères et partaient d’un point fixe.

Lancer du disque La seconde épreuve portait sur le lancement du disque, rondelle de métal ou de pierre pesant environ six kilos. Après avoir levé le disque des deux mains au niveau de la tête, le discobole le calait contre son avant-bras droit et se penchait en avançant le pied gauche, puis il se redressait d'un coup, le torse pivotant de gauche à droite. On prétend que le meilleur champion pouvait atteindre jusqu’à trente mètres.  Disque en bronze, dédié à Zeus par le vainqueur olympique du pentathlon, Asklipiadis de Corinthe en 241 ap. J.-C.

Lancement du javelot La quatrième était le lancement du javelot. On cherchait à atteindre une cible ou à projeter l'arme le plus loin possible. Un compas permettait de tracer un cercle délimitant la distance des jets. Long d'environ 1,60 mètre, sans pointe, lesté à l'extrémité, le javelot était extrêmement léger et entouré d'un propulseur à lacet de cuir de 30 à 45 centimètres terminé par une boucle dans laquelle le lanceur introduisait l'index et le majeur de la main droite. Donnant au javelot un mouvement de rotation, le propulseur doublait ou triplait la portée du lancer précédé d'un bref élan et d'une torsion du corps.

Sprint La quatrième était une petite course de la longueur du stade, principale épreuve du groupe. Les coureurs partent debout; ils attendent le signal, le torse penché en avant, les pieds très rapprochés l'un de l'autre.  Ligne de départ

Lutteurs La cinquième épreuve portait sur la lutte (ἡ πάλη, ης (la lutte d'athlètes), la plus ancienne et la plus populaire des épreuves. Elle a donné son nom à la palestre, lieu où l'on pratiquait des exercices physiques. Les athlètes ameublissaient le sol avec une pioche et l'arrosaient avec de l'eau (effort préliminaire servant aussi d'exercice d'entraînement). Les lutteurs, de splendides colosses, s'enduisaient le corps d'huile pour être moins saisissables. Ils s'affrontaient deux à deux selon le tirage au sort, tête baissée, en cherchant à se saisir par les poignets, le cou ou à mi-corps. Le but était de renverser trois fois son adversaire sur le dos tout en restant debout et en exécutant des figures précises enseignées par le maître. Les coups de tête étaient autorisés, mais les coups de poing étaient formellement interdits. 

Pugilistes La boxe était aussi un sport très ancien en Grèce. Les boxeurs s’entraînaient sur un ballon suspendu à la hauteur d’un homme et rempli de graines de figues, de farine ou de sable. A l’époque classique, c’est-à-dire aux -5ème et -4ème siècles, ils portaient des gants souples en peau de bœuf et montant presque jusqu’au coude. On ne devait frapper qu’à la tête, mais il n’était pas interdit de frapper un adversaire à terre. Il n’y avait pas de « rounds » et le combat se prolongeait sans interruption jusqu’à ce que l’un des deux adversaires se rendît ou succombât. Il n’existait pas de classement d’après le poids, si bien que la masse devint un avantage et que la boxe, au lieu d’être une épreuve d’adresse, dégénéra en un concours de muscles.

Le pancrace Avec le temps et comme la brutalité allait croissant, on imagina, en combinant la boxe et la lutte, un nouveau sport : le pancrace, où tout, même les coups en pleine poitrine, était permis, sauf mordre et faire sortir l’œil de l’orbite. Les athlètes combattent dans la boue, le sol ayant été préalablement pioché et arrosé d'eau. Le perdant lève la main pour arrêter le combat.  Le règlement interdit aux athlètes de mettre les doigts dans les yeux de l'adversaire. Le juge frappe avec une baguette l'athlète pris en faute. L'athlète au sol lève le doigt en signe d'abandon, mais son adversaire s'apprête néanmoins à le frapper. Le juge le frappe avec sa baguette  

Emplacement de l’hippodrome Le troisième jour est réservé aux courses de chevaux montés ou attelés. Dans la plaine que domine le stade, Olympie avait installé un hippodrome.

Course de chevaux Les femmes aussi bien que les hommes pouvaient y faire courir leurs chevaux, mais, tout comme aujourd’hui, le prix allait, non au jockey, mais au propriétaire du cheval ; il arrivait parfois qu’on élevât une statue à l’animal vainqueur. Les courses ordinaires se couraient sur six stades, c'est à dire un peu moins de 1200 mètres. Il y avait également des courses de poulains et de juments.  

Course de chars Les courses de chars ont été très populaires tout au long de l'antiquité. Apparues en 680 av. J.-C., les courses de chars à quatre chevaux et, en 408 av. J.-C., celles à deux chevaux, constituaient deux épreuves séparées. Les conducteurs étaient rarement les propriétaires des chevaux (La conduite des chars était une aventure très périlleuse!); ils étaient le plus souvent loués par de riches propriétaires ou même par des Etats. L'investissement financier dans un attelage était une bonne façon de se faire de la publicité; le "parrainage" était inventé.  

Course de chars Il n’était pas rare de voir vingt-quatre chars courir en même temps, et comme il fallait, avant que la course ne fût achevée, exécuter vingt-trois tournants, les accidents étaient fréquents ; ils faisaient, au reste, le principal intérêt de la compétition ; on vit un jour, sur quarante chars, un seul achever la course.

LES RECOMPENSES Après ces cinq jours d'épreuves et de fatigues, les vainqueurs recevaient leur récompense. Chacun d'eux portait autour de la tête un bandeau de laine sur lequel les juges plaçaient une couronne d'olivier sauvage, tandis qu'un héraut proclamait le nom du lauréat et celui de la ville d'où il était originaire. Cette simple couronne de feuillage était le seul prix qui fût donné à Olympie, et c'était celui que l'on se disputait avec le plus d'acharnement. Si le prix décerné le jour de leur triomphe aux vainqueurs des jeux était en lui-même insignifiant, leur succès leur valait de nombreux avantages. Beaucoup de villes offraient aux lauréats, à leur retour, des sommes importantes; certaines cités en faisaient des généraux en chef, et ils étaient à ce point adulés par la foule que les philosophes s'en plaignaient. Des poètes de la valeur de Simonide et de Pindare étaient chargés par le vainqueur ou par ses patrons d'écrire en son honneur des odes que l'on chantait en chœur le jour de son retour; on payait des sculpteurs pour perpétuer ses traits dans le bronze ou la pierre; parfois même on l'entretenait jusqu'à la fin de ses jours dans la maison de ville. Pièce en or frappée par le roi macédonien Philippe à l'occasion de sa victoire à Olympie à la course de chars. Pièce en argent frappée par le roi macédonien Philippe à l'occasion de sa victoire à Olympie à la course de chevaux.  

Pindare (Retour au sommaire) Il vécut de -518 à -438. Les œuvres de Pindare conservées dans l’antiquité étaient considérables, mais nous ne possédons intégralement que quatre livres d'épinicies (ἐπίνικοι / epinikoi), chants de victoire composés en l'honneur des vainqueurs des quatre Jeux panhelléniques, chantés ensuite par des chœurs de danseurs sur le passage du vainqueur : Olympiques (14 odes), Pythiques (12 odes), Isthmiques (8 odes), Néméennes (11 odes). Dans ses épinicies, Pindare ne célèbre pas tant la performance sportive que la valeur personnelle de l'athlète, sa victoire reflétant le triomphe du Beau et du Bon sur la médiocrité. Exemple. A THÉRON D'AGRIGENTE, Vainqueur à la course des chars. Extrait Hymnes qui régnez sur ma lyre, quel dieu, quel héros, quel mortel vont célébrer nos accents ? Jupiter est le protecteur tout puissant de Pise. Hercule, des prémices de ses glorieux travaux, institua les solennités olympiques. Théron vient de remporter à la course des chars la palme de la victoire : c'est Théron que je veux chanter aujourd'hui. Prince juste et hospitalier, il est le plus ferme soutien d'Agrigente, le sage législateur des cités, et s'élève comme une fleur sur la tige illustre dont il est le rejeton. Longtemps battus par les vents de l'adversité, ses aïeux s'établirent enfin sur les rives sacrées du fleuve qui baigne Agrigente et devinrent le flambeau de toute la Sicile. Là ils passèrent le reste de leur vie au sein du bonheur, rehaussant, par l'éclat de leurs vertus héréditaires, et leurs richesses et leur puissance. Fils de Saturne et de Rhéa, toi qui du haut de l'Olympe, où tu dictes tes lois, contemples avec plaisir nos glorieux combats, et te montres sensible à mes chants, conserve, ah ! dans ta bonté, conserve à leurs descendants la terre fortunée qui les a vus naître.......

Les études

Formation de l’esprit (Retour au sommaire) Il n’existe ni écoles ni université d’Etat ; l’éducation demeure chose privée. Des maîtres d’école de profession ouvrent leurs propres établissements où l’enfant des hommes libres est envoyé à l’âge de six ans. La fréquentation de l’école se poursuit jusqu’à quatorze ou seize ans, plus tard même pour les enfants des familles aisées. Le matériel scolaire ne comporte pas de pupitres ; il n’y a que des sièges ; l’élève tient sur ses genoux le rouleau où figure le texte dont il fait la lecture, et de même ce qu’il lui faut pour écrire. Le maître enseigne à lui seul toutes les matières et s’efforce de cultiver le caractère aussi bien que l’intelligence. Le programme comprend écriture, musique et gymnastique. L’écriture comprend la lecture et l’arithmétique, qui, comme chiffres, emploie les lettres de l’alphabet. C’est avec grand soin que s’inculque l’usage correct de la langue maternelle et chacun apprend à jouer de la lyre. On pratique les exercices physiques au gymnase et à la palestre ; personne n’est considéré comme ayant reçu de l’éducation s’il n’a appris à lutter, à nager, à manier l’arc et la fronde. Les études supérieures sont assurées par des rhéteurs et sophistes de profession qui exposent les méthodes de l’art oratoire, la science, la philosophie et l’histoire. Ces maîtres indépendants prennent en location des salles de conférences à proximité du gymnase ou de la palestre. Seuls les gens cossus peuvent suivre leur enseignement, car ces enseignants perçoivent de substantiels honoraires. Quand les adolescents ont atteint l’âge de seize ans, ils doivent s’appliquer spécialement aux exercices physiques adaptés en une certaine mesure aux travaux guerriers. Leurs sports eux-mêmes leur donnent indirectement une préparation militaire, que ce soit la course, le saut, la lutte, la chasse, la conduite d’un char ou le lancement du javelot. A dix-neuf ans, le jeune Athénien se trouve enrôlé dans les rangs de la jeunesse militaire et devient ce qu’on appelle un éphèbe. Des instructeurs vont, durant deux ans, entraîner les éphèbes à l’exercice de leurs obligations civiques et guerrières. L’instruction qu’ils reçoivent est vigoureusement poussée ; en fait partie l’audition de conférences sur la littérature, la musique, la géométrie, la rhétorique. En outre, une garnison leur est assignée sur la frontière et ils sont chargés de protéger la cité à la fois contre toute attaque extérieure et contre tout désordre au-dedans. A vingt et un ans, l’entraînement des éphèbes est achevé. La loi ne les soumet plus à l’autorité de leurs parents. Ils sont formellement admis au rang de citoyens athéniens de plein exercice. Les filles sont uniquement destinées à devenir de bonnes épouses. On leur apprend donc essentiellement les principes des travaux ménagers : faire la cuisine, filer la laine, tisser des étoffes, diriger les serviteurs. Le tout parachevé par les soins de la mère. Quelques rares jeunes filles, issues de familles aristocratiques, peuvent recevoir un enseignement plus poussé en musique et en poésie.

LA PHILOSOPHIE ET LES SCIENCES En Grèce, l'esprit secoue le joug des contraintes sociales, des dogmes religieux, des vérités étatiques, pour se déployer avec le maximum de liberté. Les philosophes élaborent une méthode de penser qui tend à rapporter toutes choses à l'homme. Fils de Protagoras ou de Socrate, ils décident de se prendre pour source et arbitres de toute valeur en matière de connaissance. Qu'il s'agisse de physique ou de métaphysique, ils imaginent les hypothèses les plus audacieuses, parfois les plus fantaisistes Les sciences grecques sont tout à la fois un ensemble de questionnements, de méthodes et de résultats qui est à l'origine de la pensée mathématique et scientifique qui se développera à partir du VIIIe siècle av. J.-C. jusqu'à nos jours sur tous les continents. Historiquement, c'est dans la Grèce antique que les sciences en tant que pensée rationnelle naissent, sous l'impulsion de penseurs tout à la fois philosophes et physiciens. Toutefois, le terme de science ne doit pas être pris au pied de la lettre : l'influence des philosophes, la spéculation, l'invention font partie du savoir grec, et c'est l'attitude scientifique qui nous intéresse ici, tant pour elle même que pour son influence historique. En développer ici tous les aspects relèverait d'une gageure. Force est de nous limiter à quelques noms significatifs et à une partie de leurs découvertes.

(dans leur approche des origines de la Terre) Les présocratiques (dans leur approche des origines de la Terre)

Ionie ECOLE DE MILET Les matérialistes : L'Ionie (région habitée depuis les temps minoens par des populations cariennes et investie, dès -1000, par des colons grecs) correspondait, dans l'Antiquité, à une région côtière très montagneuse, large de 30 à 50 km et longue d'environ 150, région dont l'air et le climat étaient pour Hérodote "les plus beaux du monde". La plupart des villes (Smyrne, Clazomènes, Colophon, Ephèse, Priène, Milet) se trouvaient à l'embouchure des fleuves ou au terminus de voies commerciales qui permettaient l'acheminement vers la côte des produits de l'intérieur de l'Asie Mineure, produits destinés à être distribués dans tout le monde méditerranéen. Milet, par le développement de son industrie et de son commerce, était au -6ème siècle, la ville la plus riche du monde hellénique. Les commerçants établirent des comptoirs en Egypte, en Italie, dans la Propontide et dans la mer Noire, finissant par établir jusqu'à quatre-vingt colonies d'où ils faisaient venir des produits comme le chanvre, des bois, des fruits, des métaux qu'ils payaient avec les produits manufacturés sortis de leurs ateliers. Le luxe et la richesse de la ville étaient passés à l'état de proverbe. Or, l'élévation du niveau de vie s'accompagne d'une intensification de la vie intellectuelle (progrès de la littérature, de la philosophie et de l'art) et celle-ci engendre une élévation de la pensée avec pour conséquence une distanciation par rapport au sacré pour l'explication des choses. Les matérialistes : Thalès, Anaximandre, Anaximène

Thalès Thalès fut le premier philosophe en ce sens qu'il fut le premier à défendre l'idée que l'existence de l'univers reposait sur un système et que l'homme pouvait en comprendre les rouages par la seule force de son raisonnement et donc en faisant fi de toutes les explications théologiques. Si l'on récuse l'irrationnel et le religieux pour expliquer les origines de l'univers, on peut choisir de s'en référer à la matière et tenter d'expliquer le complexité du monde sensible par les combinaisons que subit un élément simple à l'origine de tout. Pour Thalès, cet élément de départ, cet élément primordial de la matière (ἡ ἀρχη, l'archè) c'est l'eau; c'est elle qui forme le principe des choses. Mais, de toute évidence, l'eau n'est pas présente exclusivement partout. Comment peut-elle être là où on ne la perçoit pas? C'est un double processus de raréfaction et de condensation de l'eau qui produit toutes les apparences du monde naturel. A l'instar de la végétation dont la survie dépend de ce double processus (la condensation de l'eau en vapeur dans l'atmosphère amène une raréfaction et donc la sécheresse; la recrudescence de l'eau sous forme de pluie permet la fécondation), la vie, le sommeil, la maladie, la mort chez les êtres vivants sont tributaires de la présence vivifiante ou de l'absence mortifiante d'eau. Et l'univers? Dans l'Océan primitif une série de combinaisons d'un "point de départ" a fini par donner une sorte de disque (la Terre) en état de flottaison sur l'élément humide. Peu importe le contenu de ces affirmations! Pour la première fois, la naissance et l'évolution de l'univers ne sont plus le fait d'une révélation, mais celui d'une théorie issue exclusivement du raisonnement avec le souci d'être logique. -624 à -547

Anaximandre Pour Anaximandre, il est difficile d'imaginer qu'un seul élément déterminé et fixe, comme l'eau par exemple, puisse devenir toutes les choses. Pour lui, le principe premier de toutes choses, l'archè est l'apeiron (το ἂπειρον) : l'Infini-Indéfini, masse sans limites, sans qualités spécifiques, chaos primitif, renfermant en lui une foule d'éléments de nature diverse et incluant tous les contraires : le chaud et le froid, l'humide et le sec, le solide et le gazeux. Ce chaos de départ, grâce au mouvement, attribut essentiel de l'Infini, s'est peu à peu modifié, ses différents éléments s'agrégeant quand ils sont semblables, se séparant quand ils sont contraires, pour aboutir par transformations lentes à la formation d'un univers en évolution permanente. En effet, des mondes nouveaux y naissent en une succession interminable et ceux qui ont achevé leur évolution y meurent pour retourner à l'Infini. Pourquoi? Parce que leurs divers éléments constitutifs sont en lutte constante les uns avec les autres comme le sont les contraires hostiles, opposition qui aboutit à leur dissociation et à leur retour à l'Infini. La Terre lui apparaît comme un cylindre (comme un tambour de colonne) librement suspendu dans l'espace, au centre de l'Univers et tenant en équilibre parce qu'étant équidistant de toutes choses, le soleil, la lune et les étoiles tournant en rond autour de lui. Quant à la vie, son origine est marine. Les premiers animaux sont des poissons, l'homme lui-même étant une évolution de cette filière. -611 à -540

Anaximène Elève d'Anaximandre, Anaximène fait de l'air l'archè de toutes choses, sa raréfaction produisant le feu, et sa condensation étant à l'origine du vent, des nuages, de l'eau, de la terre et des pierres. Toutes les choses procédant de l'air y retournent par un processus qui se renouvelle éternellement. -560 à -500

Héraclite d’Ephèse Héraclite Aristocrate de naissance, profondément misanthrope, Héraclite menait, dans ses montagnes, à l'écart de tous, une vie d'ascète au point de compromettre irrémédiablement sa santé. De ses réflexions sur l'origine et le sens de l'Univers, il va finir par dégager une théorie qu'il appelle son logos et dont il livre le contenu dans une série d'apophtegmes énigmatiques. Il ne nous en reste que quelques fragments ce qui complique un peu plus encore l'approche de son message. Si l'on ajoute que ses contemporains, qui avaient accès à son propre texte et qui apportent une source d'appoint, le qualifiaient eux-mêmes d'obscur, on comprendra qu'il y ait inévitablement une part de subjectivité plus ou moins accusée dans les diverses études consacrées à sa pensée. Le grand principe du système d'Héraclite est le changement immédiat et permanent de tout ce qui existe. Rien n'est, tout devient. A tout moment, chaque chose cesse d'être ce qu'elle est pour devenir ce qu'elle sera. Idée immortalisée dans la célèbre formule "Παντα ῥει, οὐδεν μενει" : "Tout passe, rien ne demeure." que l'on n'a pas retrouvée dans les fragments, mais que l'antiquité n'a jamais hésité à attribuer à notre philosophe; ou mieux encore peut-être, faisant partie des fragments cette fois : " Pour ceux qui entrent dans les mêmes fleuves, autres et toujours autres sont les eaux qui s'écoulent. " Mais le changement n'a pas pu s'installer en lui-même! D'où vient, dès lors, ce sur quoi il s'exerce? Qu'est-ce que l'Un? Le feu! Oui, mais le feu en tant que phénomène chimique ou symbole, faute de mieux, d'une énergie créatrice ( de Dieu?) ou les deux imbriqués? Les fragments ne permettent pas de prendre position. Toujours en est-il que tout n'est qu'une forme du feu qui se transforme progressivement pour devenir humidité, eau et terre ou, dans le sens inverse, pour retourner de la terre à l'eau, à l'humidité et au feu. ( Fragment . Le feu vit la mort de la terre, l'air vit la mort du feu, l'eau vit la mort de l'air, la terre vit la mort de l'eau. La mort du feu est naissance de l'air, la mort de l'air est naissance de l'eau. La mort de la terre est de naître comme eau, et la mort de l'eau de naître comme air, et de l'air, comme feu, et ainsi de suite.)- (Fragment. Le feu est la monnaie de toutes choses et toutes choses sont la monnaie du feu, comme l'or pour les marchandises et les marchandises pour l'or.) Tout cela sous l'action du changement qui s'exerce dans une infinité de directions et génère la multiplicité et la variété inhérentes à l'Un. Dans cette activation du changement de tout ce que devient le feu, donc des moments du feu perpétuellement changeant, les contraires (la vie et la mort, l'humide et le sec, le jour et la nuit, l'hiver et le printemps, la guerre et la paix, la satiété et la faim, la veille et le sommeil, la jeunesse et la vieillesse...) jouent un rôle déterminant. Et chacun des éléments opposés de ces couples est indispensable à l'existence de l'autre. Dès lors, si l'Un (Dieu) c'est le changement, c'est aussi les contraires (et leur conflit), sans lesquels le changement n'est pas possible. ( Fragment. Dieu est jour et nuit, hiver et été, rassasiement et famine.) Les choses n'existent donc, in fine, que dans la mesure où elles se heurtent et se combattent. Tout cela dans l'anarchie et sans finalité ou, tout au moins, sans résultante? Non. Tout cette tension débouche sur l'harmonie "comme celle de l'arc et de la lyre". Fragment. L'harmonie est changement de côté (acte de tourner, va et vient, ),comme pour l'arc et la lyre. De même que la corde plus ou moins relâchée ou tendue crée l'harmonie des vibrations que nous appelons musique ou note, l'alternance et le conflit des contraires créent l'essence, la signification et l'harmonie de la vie et du changement. Cette harmonie est-elle perceptible? De par sa complexité et son universalité, elle n'est pas accessible au raisonnement courant. Fragment. L'harmonie invisible est plus (puissante) que l'harmonie manifeste. Nous ne pouvons que la deviner, par une saisie intuitive, en la projetant au départ de notre propre harmonie. Principale activité au tournant des -6ème et -5ème siècles.

La Grande Grèce La philosophie va continuer ses beaux jours à l'autre bout du monde grec, en "Grande Grèce", appellation désignant les régions côtières du Sud de l'Italie et de la Sicile. Les colons poussés par le manque de terre et par les troubles sociaux et politiques, y fondèrent, dès le -VIIIème siècle, de riches et puissantes cités (Cumes, vers -740; Naxos, en -735; Syracuse, en -734; Mégare Hyblaia, en -728; Rhegion et Sybaris, en -720; Crotone en -710; Tarente, en -706...). Les colonies elles-mêmes donnèrent naissance à des "cités filles". La prospérité et la richesse y générèrent des foyers de civilisation riches en pensée et en découvertes.

Ecole italique Pythagore ( fin du -6ème siècle) et les Pythagoriciens Contemporain d'Héraclite, Pythagore, originaire de Samos où il naquit vers -580, émigra à Crotone où il fonda une école accessible aux femmes (En plus de la philosophie et de la littérature, celles-ci étaient instruites du domaine des arts ménagers et des soins à donner aux enfants, passant de ce fait pour représenter le type féminin le plus accompli que la Grèce ait produit.) comme aux hommes et dont le règlement, rigoureusement appliqué par le maître, la faisait ressembler à un monastère : loyalisme envers tous les adhérents, partage des biens, maîtrise des émotions, abstinence (ni viande, ni œufs, ni haricots) examen de conscience et bilan de vie quotidiens. Tout disciple, pour avoir accès à l'initiation, devait se purifier le corps par l'abstinence et la maîtrise de soi, et l'esprit par l'étude. Astreint, en qualité d'étudiant extérieur, pendant cinq ans, au "silence pythagoricien" : accueil de l'enseignement du maître sans la moindre discussion ou objection, il pouvait enfin, en qualité d'étudiant intérieur, devenir membre titulaire et travailler sous sa direction. Quatre matières étaient au programme : la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie et la musique, les mathématiques, source de gymnastique intellectuelle, occupant la première place. Il serait impensable de ne pas mentionner ici la découverte du célèbre théorème : le carré construit sur l'hypoténuse d'un triangle rectangle est égal à la somme des carrés construits sur les deux autres côtés. L'Ecole pythagoricienne apparaît comme une secte et l'herméticité de l'institution, de même que sa longévité(La confrérie subsista pendant trois cents ans par petits groupes dispersés à travers toute la Grèce. ), complique singulièrement la distinction entre ce qu'il faut attribuer au maître ou aux disciples dans le message pythagoricien. Quid de leur conception de l'Univers? Les nombres qui constituent un univers régi par une Unité souveraine identifiable avec Dieu, forment les éléments de tout ce qui est. Comment? Tout ce qui est se fonde sur des rapports similaires à ceux qui existent entre les nombres et l'harmonie repose sur des rapports numériques; de la même façon qu'une relation numérique existe entre la longueur d'une corde tendue et pincée et la hauteur du son qu'elle rend. Si les rapports qui gèrent le Cosmos et en assurent l'ordre (l'harmonie) sont l'imitation voire la reproduction de ceux qui existent entre les nombres, il en est de même pour l'harmonie tant physique (sa rupture se solde par la maladie ou la mort) que morale (réglée par des rapports de nombres entre l'âme et le corps) du microcosme humain. L'esprit humain peut-il espérer percevoir la structure secrète de l'univers? Oui. Par l'étude et par une purification étalée sur plusieurs existences. Pythagore croit en la réincarnation (métempsyc(h)ose). Après la mort, l'âme doit passer un certain temps de purification dans l'Hadès, avant de revenir sur terre dans un corps nouveau suivant un processus de transmigration qui ne peut être interrompu que par une existence entièrement vertueuse. Samos Crotone

Ecole d’Elée Xénophane Parménide Zénon

Xénophane Vers -570 à vers -475 Né à Colophon, Xénophane (vers -570 à vers -475) était une forte personnalité. Libre-penseur, aède errant, rhapsode cosmopolite vivant de ses chants (poèmes philosophiques), il parcourut la Grèce pendant plusieurs décades, ne cessant d’observer et se faisant des ennemis à peu près partout où il passait. Il s'installa à Elée, vers -510, y fondant l'école éléate. Il rejetait sans appel le mythe homérique et hésiodique. Fragments: "Homère et Hésiode ont attribué aux dieux tout ce qui, chez les hommes, est honteux et blâmable; le plus souvent ils leur prêtent des actions criminelles : vols, adultères, tromperies réciproques." " Nul n'a jamais pu et nul ne pourra jamais rien savoir de certain en ce qui concerne les dieux... Les hommes s'imaginent qu'ils sont nés comme eux, qu'ils portent des vêtements comme les leurs, qu'ils leur ressemblent en tout. Si les bœufs et les lions avaient des mains et pouvaient dessiner, ils représenteraient leurs dieux à leur propre image, les chevaux sous l'apparence de chevaux, les bœufs sous l'aspect de bœufs. Les Ethiopiens ont des dieux nègres et au nez épaté, les Thraces leur donnent des yeux bleus et des cheveux rouges..." " Il n'existe qu'un seul dieu, souverain maître des autres dieux et des hommes, et qui ne ressemble en rien, ni par l'aspect extérieur, ni par l'intelligence, aux simples mortels." " Tout entier il voit, tout entier il pense, tout entier il entend." " Mais, sans labeur aucun, son penser mène tout." " Il reste, sans bouger, toujours en même état; il ne lui convient pas de s'en aller ailleurs." Dans la lignée des enseignements ioniens et pythagoriciens dont il doit avoir eu connaissance, Xénophane complétait la laïcisation des conceptions cosmologiques, orientant la théologie grecque, tout au moins chez les esprits du monde cultivé, vers une sorte de monothéisme philosophique : un seul dieu (à la fois monde et dieu), intrinsèquement "UN", qui transcende tout et en qui s'annulent et s'effacent toute contradiction, toute opposition, toute contrariété. Cette prise de position n'est due qu'au raisonnement. Xénophane ne jurait que par ce dernier, critiquant sans réserve la connaissance sensible et cela du fait qu'elle n'engendre que de l'opinion laquelle est toujours relative. Ainsi, pour prendre un exemple, le doux en soi n'existe pas; il n'y a que des degrés de douceur qui ne peuvent même pas être étalonnés puisque leur appréciation dépend de celui qui les analyse. Point de vue lourd de conséquences, car, l'information sensible apparaissant comme un obstacle à la recherche de la vérité, le fondement de la science grecque se voudra avant tout spéculatif. Il faudra attendre (pendant près de deux siècles) Aristote pour que le raisonnement soit tenu de fournir des preuves établies sur des observations sensibles. Mais tout ce qui existe, que l'on voit, doit quand même venir de quelque part! Tout (les hommes comme le reste) selon Xénophane, était fait de terre et d'eau. "Tout sort de la terre, tout retourne à la terre." "Nous sommes tous sortis de la terre et de l'eau." "Terre et eau, tout ce qui naît ou pousse." Vers -570 à vers -475

Parménide Parménide (né vers -540 à Elée d'une famille noble et riche) va développer les principes de l'éléatisme. A l'opposé d'Héraclite, pour qui rien n'est et tout devient, liant ainsi l'Univers à une dynamique ininterrompue, Parménide défend l'idée d'un Etre statique, d'une Unité immuable, homogène, indivisible, indissoluble, immobile, sans commencement ni fin, et sans défaut, qu'il identifie à l'Univers (L'Etre occupe tout. Il n'y a pas de Non-Etre.) et qu'il conçoit comme une sphère, celle-ci étant ce que l'on peut imaginer de plus parfait dans sa simplicité (Ἕν τα παντα : Hen ta panta : Toutes choses sont une et ne changent jamais.). Cet Etre a néanmoins une activité : la pensée qui lui permet d'organiser et de gouverner le monde. La saisie de cet Etre, seul à exister réellement, est exclusivement l'affaire de la pensée. Mais, qu'en est-il alors du monde du sens commun, du monde que nous percevons par nos sens? Tout cela fait partie du monde de l'Apparence (donc sans existence réelle), objet de la connaissance sensible (liée à l'opinion, à la vraisemblance, à la probabilité...) et dans lequel le mouvement est illusoire (Le mouvement suppose le passage d'une chose depuis sa place jusqu'à une place où il n'y a rien où jusqu'à un endroit où l'espace est vide; or l'espace vide, c'est le non-être et le non-être n'existant pas, il ne peut y avoir d'espace vide, donc de mouvement). Commencement et fin, naissance et mort, formation et destruction ne sont donc que de simples formes. Né à Elée vers -540

Zénon Né à Elée entre 490 et 485 avant J.-C. Disciple de Parménide, il s'est surtout attaché à démontrer l'absurdité du mouvement dans un recueil de paradoxes dont il nous en reste neuf. Trois nous suffiront. 1. Pour atteindre un point A, tout corps en mouvement doit passer par B, milieu entre son point de départ et le point A. Mais, auparavant, il lui a fallu atteindre le point C, milieu entre son point de départ et le point B. Ceci entraîne une série infinie de mouvements pour lequel il faudrait un temps infini. Le mouvement d'un point à un autre est donc impossible en un temps fini. 2. Achille aux pieds légers ne peut jamais dépasser une tortue, car, quand il atteint le point qu'occupait la tortue, celle-ci l'a quitté. Et ceci, de nouveau, à l'infini. 3. Une flèche qui vole est en réalité immobile. En effet, à chaque instant de sa course, elle n'est qu'en un point de l'espace. Elle ne se meut donc pas. Son mouvement, bien que perçu par nos sens, est donc métaphysiquement irréel. Que rétorquer? Qu'est-ce que l'infini? Un mot qui marque l'impossibilité pour notre esprit de concevoir une fin absolue. Ce n'est pas une chose. Or, les "impasses" ci-énoncées ne peuvent être imaginées sans reposer sur une conception de l'infini comme tel. Né à Elée entre 490 et 485 avant J.-C.

L’atomisme Démocrite Leucippe

Leucippe Sa vie nous est très peu connue. Nous ne pouvons pas non plus déterminer avec précision l'époque où il a vécu. On peut raisonnablement admettre qu'il fut le disciple de Parménide. Il est le fondateur de la doctrine de l'atomisme. L'univers, affirmait-il, contient des atomes, l'espace et rien de plus. Entraînés dans un tourbillon et se combinant selon les seules lois du hasard, les atomes ont donné naissance à toutes choses : les planètes, les étoiles, les êtres, l'âme humaine; et cela sans la moindre nécessité d'une intervention divine. Sans doute dans le courant du -6ème siècle

Démocrite Né à Abdère, florissante colonie ionienne en Thrace, vers -460, dans une famille riche, Démocrite dépensa son héritage en voyages d'études et, ses fonds épuisés, devint philosophe, menant une vie simple toute consacrée à l'étude. Les corps perçus par nos sens sont des complexes d'atomes et leurs différences proviennent de différences de combinaison. Entraînés dans un mouvement perpétuel sans commencement ni fin, les atomes différents d'aspect, de taille et de poids, se déplaçant dans le Vide de haut en bas, se combinent selon une nécessité aveugle sans la moindre intervention d'une quelconque volonté divine. Les atomes les plus lourds ont formé la Terre au milieu de l'Univers, le ciel, le feu et l'air étant faits d'atomes plus légers projetés à la périphérie. Chaque élément, en l'homme, est fait d'atomes, ceux de l'âme, répandue dans le corps entier, étant infimes, lisses et ronds comme ceux du feu. Le Monde, lui-même, est doté d'une âme faite d'atomes légers. La quantité de la matière demeure toujours la même; rien n'est créé et rien n'est détruit. Pour l'essentiel, par la seule force de son imagination et de son raisonnement, l'homme grec, il y a quelque vingt-cinq siècles, a découvert ce qu'affirment les scientifiques aujourd'hui. Né vers -460

Un essai de synthèse des doctrines antérieures. Eclectisme Un essai de synthèse des doctrines antérieures. Anaxagore Empédocle

Empédocle d’Agrigente Né à Agrigente en Sicile, Empédocle (env. -492 à -432), considérant que chacun des systèmes en cours était pourvu de quelque sagesse, construit le sien en empruntant à chacun d'eux. Il reprend les quatre éléments des matérialistes ioniens pour expliquer tout ce qui existe : l'eau (cf. Thalès), l'air (cf. Anaximène), le feu (cf. Héraclite) et la terre (cf. Xénophane). Mais il en ajoute deux, abstraits, l'Amour, principe d'union, et la Haine, principe de séparation. Lorsque l'Amour prédomine, la matière développe des plantes et les organismes revêtent des formes de plus en plus hautes. Sous l'effet de la Haine, les plantes et les organismes retournent à des formes de plus en plus primitives, jusqu'à ce que toutes choses se perdent dans une masse amorphe. Ce vaste rythme universel de vie et de mort se poursuit sans fin au gré d'une lutte incessante entre ces deux forces antagonistes. Rien, donc, ne commence et rien ne finit puisque les éléments sont toujours les mêmes, ce en quoi Empédocle rejoint Parménide; et, en imaginant que les composés formés par les éléments ne restent pas un instant identiques à eux-mêmes, Empédocle en revient à Héraclite pour qui, à tout moment, chaque chose cesse d'être ce qu'elle est pour devenir ce qu'elle sera. Agrigente

Anaxagore (Retour au sommaire) Né à Clazomènes, vers -500, Anaxagore émigra à Athènes vers -480 où il devint l'ami de Périclès, seul maître à bord depuis -444 et aussi ouvert à la libre recherche que le peuple et l'assemblée, sous l'emprise de la tradition religieuse, y étaient hostiles. Convaincu d'impiété, Anaxagore préféra, dès le début de son procès, s'éclipser à Lampsaque, sur la côte asiatique de l'Hellespont, échappant ainsi à la condamnation à mort que les Athéniens lui infligèrent par contumace. Enseignant la philosophie, il y vécut, au milieu des plus grands honneurs, jusqu'en -428. ( Ouvrons une parenthèse : L'obscurantisme religieux avait encore de beaux jours devant lui. Vingt siècles plus tard, Copernic (+1473 à +1543) découvre et affirme que le Soleil est au centre de l'Univers (Héliocentrisme) et que la Terre, que l'on croyait centrale et immobile (géocentrisme) tourne autour de lui. Il faudra attendre les années 1820-1830 (trois siècles!) pour que l'Eglise accepte définitivement l'idée que la Terre tourne autour du Soleil.)   L'Univers, affirmait-il, s'est constitué à partir d'un nombre infini et chaotique d'éléments infiniment petits, les spermata (semences) , répartis en catégories (donc, en cela, différents des atomes de Démocrite), les homoiomereiai (particules semblables). Et cela sous l'effet du hasard? Non sous l'intervention d'un principe souverain, un principe spirituel, le Nous, se connaissant autant lui-même que le tout de l'Univers. Cet Esprit du monde mit les germes primitifs dans un tourbillon rotatoire qui les distribua entre quatre éléments : le feu, l'air, l'eau et la terre, et partagea l'Univers en deux couches ayant le même centre : une, externe, l'éther, l'autre, interne, celle de l'air. Dans la violence de cette impulsion tourbillonnante, l'éther enflammé emporta des pierres arrachées à la terre qui devinrent les étoiles. Les étoiles, comme le soleil, sont des masses de roches ardentes. La lune est un solide incandescent, à la surface duquel alternent plaines, monts et ravins. Elle reçoit sa lumière du soleil et elle est, de tous les corps célestes, celui qui est le moins éloigné de la terre. La lune est éclipsée par l'interposition de la terre, le soleil par celle de la lune. La foudre résulte de la collision des nuages, et l'éclair, de leur frottement. La quantité de la matière ne varie jamais, mais toutes les formes ont un commencement et une fin. Tous les organismes ont dû leur naissance originelle à la terre, à l'humidité et à la chaleur. Ensuite, chacun d'eux procède d'un autre. Par son exacte explication des éclipses, la découverte de la source à laquelle la lune emprunte sa lumière, une hypothèse rationnelle de la formation des planètes, une conception évolutionniste de la vie animale et humaine, Anaxagore fut en quelque sorte le Copernic et le Darwin (Evolution, par sélection naturelle, de toutes les espèces vivantes à partir d'un ou de quelques ancêtres communs) de son époque. Lampsaque

Les sophistes Protagoras Gorgias Prodicos Hippias L'apparition des sophistes plonge ses racines dans le bouleversement des structures sociales issu des suites des guerres médiques.

Les guerres médiques et leur impact

Le monde grec en -550 Installés un peu partout, les Grecs devaient inévitablement entrer tôt ou tard en conflit avec une grande puissance. Maîtres de la mer pour leurs voyages et leurs transports, ils avaient ouvert une voie commerciale, (voie d'eau : Grèce, Italie, Sicile) joignant la côte orientale de l'Espagne aux ports les plus lointains de la mer Noire. Elle concurrençait de plus en plus la voie de l'Orient mi-maritime et mi- terrestre : Inde, Perse, Phénicie. Qui dit concurrence, dit rivalité, et cette rivalité de plus en plus âpre constituait un facteur de guerre larvé.

Empire perse Les Perses. En -512, Darius 1er, roi des Perses, traversa le Bosphore, envahit la Scythie, poursuivit vers l'ouest et occupa la Thrace et la Macédoine. Son empire embrassait la Perse, la Sogdiane, région historique recouvrant en partie l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et l'Afghanistan, la Bactriane, région à cheval sur les mêmes Etats, le Turkestan (appellation que nous utiliserons pour définir les régions conquises à l'Est de l'ancien fleuve Oxus), le nord de l'Inde, la Mésopotamie, le nord de l'Arabie, l'Egypte, la Syrie, la Palestine, l'Asie Mineure, la Thrace et la Macédoine. Un empire immense, vaste système politique et économique en dehors duquel il ne restait qu'une seule nation de quelque importance : la Grèce.

Marathon Les choses ne vont pas tarder à se corser. 1. Les Athéniens, en -506, se sont, en le chassant, débarrassés d'Hippias, fils et successeur incapable du tyran Pisistrate. Hippias s'est réfugié auprès du satrape de Sardes lui offrant, s'il l'aidait à reprendre le pouvoir à Athènes, de placer l'Attique sous la domination de son seigneur et maître, le roi de Perse. 2. En -500, les villes grecques d'Asie Mineure, sous l'autorité des Perses depuis cinquante ans, renvoyèrent leurs satrapes et proclamèrent leur indépendance, levant chacune leurs propres troupes dont elles conservaient le commandement. Seule Athènes répondit à leur appel à l'aide par l'envoi d'une flotte de vingt navires. 3. Les Milésiens, s'emparèrent de la ville de Sardes qu'un incendie détruisit entièrement. 4. Les Ioniens, confédérés, avaient organisé une flotte commune, mais, trahis par plusieurs contingents (Les vaisseaux de Samos se retirèrent sans combattre, après entente avec le satrape) furent complètement vaincus dans la bataille navale de Ladé (un îlot à 2,5 km à l'ouest de Milet). 5. Les Perses mirent le siège devant Milet, s'emparèrent de la ville, massacrèrent tous les habitants mâles, emmenèrent les femmes et les enfants en esclavage et ravagèrent la ville au point qu'elle ne fut plus jamais qu'une bourgade sans importance. 6. A nouveau maître de toute l'Ionie, Darius, plein de rancœur contre Athènes pour les secours fournis aux insurgés et trouvant là prétexte à assouvir ses espoirs de nouvelles conquêtes, résolut de s'emparer de la Grèce. 7. En -491, Datis, à la tête d'une flotte de six cents navires, partit de Samos, traversa la mer Egée, soumettant les Cyclades au passage, atteignit le littoral de l'Eubée avec 50000 hommes et 5000 cavaliers venus de tous les coins de l'empire, s'en empara au terme d'une brève résistance et put franchir la baie pour débarquer, en Attique, dans la plaine de Marathon sur les conseils d'Hippias. Ce félon accompagnait les Perses et avait la certitude de retrouver le pouvoir, sous tutelle, à Athènes en cas de victoire. Le site de Marathon devait, dans son esprit, favoriser le déploiement déterminant de la cavalerie perse. 8. Les Perses débarquent et installent leur camp en moins d'une journée. 9. Athènes, entre-temps, avait cherché désespérément de l'aide pour n'en trouver que dans la petite cité de Platées. Sparte, sous prétexte que des cérémonies religieuses en cours lui interdisaient toute action militaire dans l'immédiat, s'était défilée. 10. C'est une petite armée de 10000 hommes (9000 Athéniens et 1000 Platéens) qui va faire front. 11. Pendant cinq jours, les deux camps s'observent sans plus. 12. Les Perses rembarquent tout à coup leur cavalerie. Changement de stratégie sur le conseil d'Hippias ou ruse préétablie consistant à attirer les Grecs à Marathon, à 40 km d'Athènes, pour pouvoir reprendre la mer, rejoindre le port de Phalère et, de là, investir Athènes? 13. Averti - heureusement! - Miltiade qui s'est vu confier le commandement, décide d'attaquer sur le champ, masse ses meilleures troupes au centre, commandées par Thémistocle, et le reste sur les ailes. Son but, tout en affrontant le centre, est de faire reculer les ailes des Perses de façon à faire pivoter ses propres ailes et à envelopper le centre où se trouvent les Immortels (Plusieurs milliers de soldats d'élite, garde personnelle du roi perse soit dans son palais, soit sur le champ de bataille. On les disait "Immortels" parce que leur nombre restait constant, les soldats morts ou blessés étant immédiatement remplacés). La manœuvre réussit et c'est la débâcle dans le camp des Perses englués, en plus, dans les marécages. 14. Ce n'est qu'un premier soulagement, car la majorité des navires ennemis ont pu reprendre la mer et les pertes ne s'élèvent qu'à 6500 hommes environ. 15. Les Grecs, eux, qui n'ont perdu que 92 Athéniens et 11 Platéens, se rendent compte qu'ils doivent rejoindre Athènes à marches forcées, dans un espace de temps de 10 heures, celui nécessaire aux Perses pour arriver par mer. 16. Quand les Perses arriveront en vue des côtes, ils trouveront les Grecs massés sur le rivage, rendant tout débarquement impossible, et tourneront court pour prendre, vaincus, le chemin du retour.

Artemision (avant Salamine) Trière Artemision avant Salamine. Thémistocle par sa prescience et son énergie prépara et gagna la bataille de Salamine, la plus décisive dans toute l'histoire de la Grèce. Dès -493, il avait fait commencer les travaux d'un nouveau port au Pirée et, en -482, il décida les Athéniens à consacrer les sommes d'argent qui devaient leur être distribuées sur le produit des mines d'argent du Laurium à la construction de cent trirèmes (Une trière (du grec ancien τριήρης / triếrês), ou trirème, ce dernier terme étant l'appellation latine, est une galère de combat antique, développée à partir de la pentécontère (50 rameurs,35m de long pour 5 de large). Plus court que son prédécesseur, c'est un navire équipé d'une voile dans lequel prennent place 170 rameurs étagés sur trois rangs, d'où son nom. Léger et agile, il permet le développement de la manœuvre d'éperonnage grâce au rostre de bronze monté sur sa proue, technique qui donne lieu aux premières batailles à caractère réellement naval.). Sans cette flotte, il eût été impossible de résister à Xerxès. Darius 1er mort en -485, son fils, Xerxès 1 er, homme adroit et cultivé, était bien décidé à venger la défaite de son père. Sans se presser, il se préparait à attaquer la Grèce avec toutes les forces dont il pourrait disposer. Pendant quatre ans, il réunit des troupes et du matériel pris dans toutes les provinces de son empire, si bien que lorsque, en -481, il se mit en route, il était à la tête de l'armée la plus nombreuse (fantassins, cavaliers, chars de guerre, éléphants) jamais mise sur pied, mais aussi la plus disparate avec plus de trente "nationalités" différentes, le tout transporté sur des centaines de navires. Au printemps de -480, l'immense armée atteignit l'Hellespont sur lequel des ingénieurs égyptiens et phéniciens avaient jeté un pont qui fut l'une des plus belles réalisations techniques de l'Antiquité. On travaillait à construire le pont sur l'Hellespont, afin de passer d'Asie en Europe. [...] Ceux que le Roi avait chargés de ces ponts les commencèrent du côté d'Abydos et les continuèrent jusqu'à la côte, les Phéniciens en attachant des vaisseaux avec des cordages de lin et les Égyptiens en se servant pour le même objet de cordages d'écorce de byblos (=le papyrus). Or, depuis Abydos jusqu'à la côte opposée, il y a un trajet de sept stades (= environ 1260 mètres). Ces ponts achevés, il s'éleva une affreuse tempête qui rompit les cordages et brisa les bateaux.   (On recommence autrement) Ils attachèrent ensemble trois cent soixante vaisseaux de cinquante rames et des trirèmes et, de l'autre côté, trois cent quatorze. Les uns présentaient le flanc au Pont-Euxin et les autres, du côté de l'Hellespont, répondaient au courant de l'eau. [...] Les vaisseaux ainsi disposés, ils jetèrent de grosses ancres. [...] Le pont achevé, on scia de grosses pièces de bois suivant la largeur du pont et on les plaça l'un à côté de l'autre dessus les câbles bien tendus. On les joignit ensuite ensemble et, lorsque cela fut fait, on posa dessus des planches bien jointes les unes avec les autres, et puis on les couvrit de terre qu'on aplanit. HÉRODOTE, Histoires, VII, 34-36 (trad. Larcher, Charpentier éd.) L'ensemble résista parfaitement et l'armée, une fois sur la rive occidentale, traversa la Thrace, la Macédoine et la Thessalie, pendant que la flotte, pour éviter les tempêtes de la mer Egée, longeait la côte. Toute la Grèce du nord jusqu'à l'Attique, terrorisée ou achetée, se soumit à Xerxès et joignit ses troupes à son immense armée. Seules, en Béotie, Platées et Thespies se préparèrent à la lutte. Résister semblait de la folie, puisque les cités fidèles ne représentaient pas. toutes ensemble, le dixième de l'armée perse. Pour une fois, Athènes et Sparte, soutenues par les villes du Péloponnèse, à l'exception d'Argos, agirent de concert. Athènes équipa une escadre qui partit au devant de la flotte perse, tandis que le roi Léonidas bloquait le défilé des Thermopyles (Etroit défilé entre la falaise du Kallidromo, massif montagneux, et les eaux du golfe Maliaque, passage terrestre obligé entre le nord et le sud de la Grèce et dont le nom était dû aux nombreuses sources chaudes jaillissant de la falaise.) avec trois cents héros pour essayer de retarder le déferlement de l'ennemi. Les deux flottes se rencontrèrent à Artémision, en vue de la côte septentrionale de l'Eubée, combattant jusqu'à la nuit tombée sans que l'une ou l'autre ait paru l'emporter. Les Grecs se retirèrent à Artémision; les Perses, à Aphètes. Entre-temps Léonidas et les siens s'étaient fait écraser non pas tant par la bravoure des Perses que par la trahison de leurs compatriotes. Quelques Grecs de la ville de Trachis, non contents d'avoir indiqué aux Perses un chemin permettant de tourner, par la montagne, la position occupée par Léonidas, avaient poussé la complaisance jusqu'à guider l'ennemi. En apprenant ce désastre, ce qui restait de la flotte grecque gagna Salamine, afin de couvrir Athènes.

Salamine Salamine. Une fois parvenue la nouvelle qu'il n'y avait plus d'obstacle entre l'armée perse et la cité, les autorités déclarèrent le sauf-qui-peut. Quelques­uns se réfugièrent à Egine, d'autres à Salamine, d'autres encore à Trézène, d'autres enfin s'enrôlèrent dans la flotte pour compléter les équipages des navires qui revenaient de la bataille navale d'Artémision. En arrivant, les Perses de l'armée terrestre trouvèrent une ville déserte et abandonnée qu'ils livrèrent au pillage et aux flammes. Peu après, la flotte perse, composée de six cents à huit cents galères, mouillait dans la baie de Salamine face à trois cent cinquante/quatre-vingts trirèmes grecques sous plusieurs commandements (la moitié de la flotte pour les Athéniens, 40 navires pour Corinthe, une trentaine pour Égine, entre 15 et 20 pour des cités comme Mégare et Sicyone, le reste étant négligeable). La plupart des chefs étant désireux d'éviter tout engagement, Thémistocle usa, pour les forcer à se battre, d'un stratagème qui le vouait à la mort si les Perses avaient été victorieux. Il envoya un esclave de confiance dire à Xerxès que les Grecs avaient l'intention de s'enfuir pendant la nuit et que le seul moyen d'empêcher cette fuite était de faire entourer leur flotte par les navires perses. Xerxès ayant tenu compte de cet avis, les Grecs, se voyant le lendemain matin entourés de tous côtés par la flotte ennemie, furent bien obligés de se battre. Meilleurs marins et surtout plus habiles à la manœuvre, les Grecs causèrent la débâcle de la flotte perse dont les unités trop nombreuses se gênaient mutuellement et dont le commandement souffrait du handicap de la multiplicité des langues. Près de 300 vaisseaux perses furent détruits, tandis que les Grecs n'en perdirent qu'une quarantaine. Ce qui restait de la flotte perse s'enfuit vers l'Hellespont. Laissant sur place une armée de trois cent mille hommes sous le commandement de Mardonios, Xerxès battit en retraite avec le reste de ses troupes et put regagner Sardes, humilié de son échec.

Platées et Mycale Platées et Mycale. Un an plus tard (août de -479), la Grèce était libérée par des opérations conduites à la fois sur terre et sur mer. L'armée perse qui, commandée par Mardonios, s'était attardée devant Platées en Béotie était vaincue par les Grecs emmenés par Pausanias. Le même jour, si nous en croyons la tradition grecque, une escadre grecque rencontrait une escadre perse en face du cap Mycale, c'est-à-dire au centre même de la côte d'Ionie. La flotte perse était détruite, les villes d'Ionie étaient affranchies du joug du grand roi, et les Grecs recouvraient le contrôle du Bosphore et de l'Hellespont.

Athènes la puissante (Retour au sommaire) En -477, à l'initiative d'Athènes, pour se protéger contre les exactions de Perses, près de 200 cités (à l'exception notoire de Sparte) de la mer Egée, de l’Hellespont et d’Asie mineure, s'associèrent dans une ligue : La Ligue de Délos. Dotée d'un conseil fédéral, présidé par Athènes, chargé d'abriter les litiges, elle armait une flotte de guerre permanente de 200 navires, dont la majeure partie provenait d'Athènes, les cités les plus puissantes fournissant leur flotte, les plus petites s'acquittant d'un tribut annuel. Les fonds, récoltés et gérés par des magistrats athéniens, étaient entreposés sur l’île de Délos. Cette structure permit à Athènes d'imposer tout doucement sa loi et de mettre l'alliance au service de ses intérêts, imposant à ses alliés un statut de vassalité, incorporant de force des cités qui n'en faisaient pas partie, rapatriant en -454 le trésor entreposé à Délos et constituant un empire qu'elle dirigeait sans contrôle. Sparte et ses alliés, quant à eux, décidèrent d’organiser la Ligue du Péloponnèse. Cette situation ne pouvait qu'aboutir à une guerre : celle de Péloponnèse.

La « naissance » des Sophistes Pour maintenir sa préséance, Athènes dut entretenir une puissante flotte de guerre et augmenter ses ressources en développant ses moyens économiques. A l'agriculture de l'ancienne Attique s'ajoutèrent des structures industrielles fonctionnant avec un prolétariat d'artisans. Les produits de l'industrie durent être exportés par les soins d'une flotte de commerce dont les équipages devinrent aussi indispensables que ceux des navires de guerre. Pour jouer un rôle dans la cité, pour s'y voir confier les postes de commande, être membre d'une grande famille ne suffisait plus. Il s'agissait, à l'agora, d'acquérir la faveur des masses, surtout faites d'ouvriers et de matelots, et, pour cela, d'être à même de les convaincre en étant capable d'avoir raison contre tout le monde ou, à tout le moins, d'en donner l'impression. Les descendants des grandes familles, désireux d'arriver, avaient besoin de maîtres aptes à leur enseigner l'art de convaincre, les recettes pour avoir raison, toujours et partout, même si, éventuellement, ils avaient tort. Mais, point de recettes sans "farine au moulin"! D'où l'obligation d'acquérir un bagage de connaissances pour alimenter discours et actions. Les maîtres pour cet enseignement n'existaient pas à Athènes. Les penseurs d'avant Socrate non plus, du reste. Ils étaient tous originaires des colonies et à mille lieues de se soucier d'appliquer leur science au monde de l'action. Parmi les auditeurs et les lecteurs de ces derniers, des esprits pratiques comprirent l'intérêt de construire une science éminemment pratique, autrement dit qui soit au service d'une activité ou, formulé autrement, comprirent l'intérêt de proposer un enseignement supérieur, qu'il s'agisse des lettres, de la science oratoire, de la philosophie ou de la politique. Ces esprits pratiques devinrent des professeurs itinérants louant des salles de conférences pour y donner leur enseignement avant d'aller le répéter de ville en ville. Les sophistes, les professeurs de sagesse, "ceux qui font les sages", l'équivalent de nos professeurs d'université, pourrions-nous dire, étaient nés. Sous leur impulsion, le raisonnement devint, pour les Grecs, une passion souveraine. Partout ils pratiquaient l'analyse et refusaient d'observer les traditions non appuyées par le témoignage des sens ou par la logique de la raison. Voilà qui ne pouvait que déplaire aux esprits conservateurs, surtout aux inconditionnels du conservatisme religieux. En outre, leur enseignement était loin d'être gratuit, même si certaines nuances sont à prendre en compte. Les plus renommés, certes, encaissaient tout ce que leurs patrons étaient prêts à leur débourser, mais d'autres, de moindre envergure, se contentaient d'honoraires raisonnables sinon modérés. Toujours en est-il que cela leur valut les attaques de Platon qui n'eut de cesse de noircir leur nom et sans doute un mouvement d'antipathie chez ceux qui ne pouvaient pas s'offrir leurs services et se donner les mêmes chances de réussite. La « naissance » des Sophistes Pour maintenir sa préséance, Athènes dut entretenir une puissante flotte de guerre et augmenter ses ressources en développant ses moyens économiques. A l'agriculture de l'ancienne Attique s'ajoutèrent des structures industrielles fonctionnant avec un prolétariat d'artisans. Les produits de l'industrie durent être exportés par les soins d'une flotte de commerce dont les équipages devinrent aussi indispensables que ceux des navires de guerre. Pour jouer un rôle dans la cité, pour s'y voir confier les postes de commande, être membre d'une grande famille ne suffisait plus. Il s'agissait, à l'agora, d'acquérir la faveur des masses, surtout faites d'ouvriers et de matelots, et, pour cela, d'être à même de les convaincre en étant capable d'avoir raison contre tout le monde ou, à tout le moins, d'en donner l'impression. Les descendants des grandes familles, désireux d'arriver, avaient besoin de maîtres aptes à leur enseigner l'art de convaincre, les recettes pour avoir raison, toujours et partout, même si, éventuellement, ils avaient tort. Mais, point de recettes sans "farine au moulin"! D'où l'obligation d'acquérir un bagage de connaissances pour alimenter discours et actions. Les maîtres pour cet enseignement n'existaient pas à Athènes. Les penseurs d'avant Socrate non plus, du reste. Ils étaient tous originaires des colonies et à mille lieues de se soucier d'appliquer leur science au monde de l'action. Parmi les auditeurs et les lecteurs de ces derniers, des esprits pratiques comprirent l'intérêt de construire une science éminemment pratique, autrement dit qui soit au service d'une activité ou, formulé autrement, comprirent l'intérêt de proposer un enseignement supérieur, qu'il s'agisse des lettres, de la science oratoire, de la philosophie ou de la politique. Ces esprits pratiques devinrent des professeurs itinérants louant des salles de conférences pour y donner leur enseignement avant d'aller le répéter de ville en ville. Les sophistes, les professeurs de sagesse, "ceux qui font les sages", l'équivalent de nos professeurs d'université, pourrions-nous dire, étaient nés. Sous leur impulsion, le raisonnement devint, pour les Grecs, une passion souveraine. Partout ils pratiquaient l'analyse et refusaient d'observer les traditions non appuyées par le témoignage des sens ou par la logique de la raison. Voilà qui ne pouvait que déplaire aux esprits conservateurs, surtout aux inconditionnels du conservatisme religieux. En outre, leur enseignement était loin d'être gratuit, même si certaines nuances sont à prendre en compte. Les plus renommés, certes, encaissaient tout ce que leurs patrons étaient prêts à leur débourser, mais d'autres, de moindre envergure, se contentaient d'honoraires raisonnables sinon modérés. Toujours en est-il que cela leur valut les attaques de Platon qui n'eut de cesse de noircir leur nom, et sans doute un mouvement d'antipathie chez ceux qui ne pouvaient pas s'offrir leurs services et se donner les mêmes chances de réussite.

Protagoras Le plus renommé des sophistes, Protagoras fit fureur à chacun de ses passages à Athènes. Son enseignement se payait très cher, mais, faisait-il remarquer, si un élève trouvait ses émoluments trop élevés, il se contentait de la somme que l'intéressé déclarait solennellement juste devant un autel sacré. Un enseignement pratique d'abord qui prenait comme critère, pour fixer la hiérarchie des connaissances, le degré de leur valeur pratique. Protagoras déclarait avoir entrepris d'enseigner à ses élèves la prudence dans les affaires publiques et privées, l'aménagement bien ordonné de la maison et de la famille, l'art de la rhétorique, autrement dit celui de la construction de discours persuasifs, la capacité de comprendre et de diriger l'administration de l'Etat. Il traita, dit Platon, de l'emploi correct des mots. Il fut le premier à distinguer les trois genres des noms, ainsi que certains temps et modes du verbe, se révélant, de ce fait, le fondateur de la grammaire. Sur le plan philosophique, son oeuvre est loin de manquer d'importance. A la différence des Ioniens, Protagoras s'intéressait moins aux choses qu'à la pensée, c'est-à-dire à tout le processus de la sensation, de la perception, de l'intelligence et de l'expression. Tandis que Parménide avait rejeté la sensation comme incapable de conduire à la vérité, Protagoras y voyait l'unique moyen de connaître et refusait d'admettre toute réalité transcendante dépassant le domaine des sens. Découvrir une vérité absolue, estimait-t-il, est impossible. En effet, les vérités que les hommes peuvent atteindre se perçoivent comme leur étant données sous des conditions elles-mêmes données, des assertions contradictoires pouvant d'ailleurs être également vraies pour des personnes différentes ou en différents temps. Pour preuve, le vrai, le bien, le beau, sont relatifs et subjectifs. Tout ceci est défini dans la fameuse phrase sur l'Homme-Mesure : " L'homme est la mesure de toutes choses, de celles qui sont, qu'elles sont, et de celles qui ne sont pas, qu'elles ne sont pas ". C'est donc par rapport à lui que les choses sont ou ne sont pas. Voilà qui mettait à mal toutes les vérités établies et les axiomes sacrés! Cette conviction eût pu rester sans danger pour notre philosophe s'il ne l'avait appliquée à la théologie. Protagoras donna lecture d'un traité dont l'entrée en matière mit Athènes en émoi : "En ce qui concerne les dieux, j'ignore s'ils existent ou non, je ne sais à quoi ils ressemblent. Beaucoup d'empêchements contrarient notre connaissance; le sujet est obscur et brève notre vie de mortels." L'assemblée athénienne, bannit Protagoras, enjoignit à tous les habitants de se dessaisir des exemplaires qu'ils pouvaient posséder de ses œuvres, et brûla publiquement les ouvrages incriminés. Protagoras s'enfuit en Sicile et, dit l‘Histoire, périt noyé en cours de route.

Gorgias Leontium (Leontini) Gorgias. Né vers -483, il étudia la rhétorique et la philosophie avec Empédocle. Des quatre grands sophistes, il est celui qui attacha le plus d'importance à l'art de la persuasion, se révélant comme le rhéteur par excellence. Circulant de ville en ville, il exposait ses vues en un style oratoire d'une telle qualité qu'il attirait aisément des étudiants heureux de lui offrir une fortune pour suivre ses cours. Dans son livre De la Nature il chercha à démontrer trois propositions frappantes: 1° Rien n'existe. 2° Si quelque chose existait, elle serait inconnaissable. 3° Si quelque chose était connaissable, la connaissance ne pourrait s'en communiquer d'un individu à un autre". Démonstration que l'on peut interpréter comme suit : 1° Rien n'existe au-delà des sens. 2° S'il existait quelque chose au-delà des sens, cela serait inconnaissable, puisque toute connaissance vient des sens. 3° Si quelque chose d'extérieur aux sens était connaissable, la connaissance en serait incommunicable, puisque toute communication se fait par les sens. Gorgias vécut de l'hospitalité et des subsides de maintes cités avant de se fixer en Thessalie, où il mourut à un âge très avancé, 105 ans selon tous les documents, non sans avoir pris soin d'épuiser le plus clair de sa fortune. Leontium (Leontini)

Hippias Hippias d'Elis, né vers -465 et mort entre -396 et 390, était un encyclopédiste, un collectionneur de toutes les connaissances possibles dans tous les domaines, réalité encore accessible dans un monde où l'étendue de la connaissance n'excédait pas la portée d'un esprit hautement cultivé. Capable d'enseigner l'astronomie, les mathématiques, la géométrie, la littérature, la morale, la science politique, l'histoire (il posa les fondements de l'archéologie grecque en dressant la liste des vainqueurs aux jeux olympiques), il connaissait tant d'arts et de métiers qu'il se disait capable de confectionner de ses propres mains tous ses vêtements et ses bijoux.

Prodicos Ceos dans l’Antiquité Né sur l’île de Céos, vers -460 et mort (?), en tout cas après -399, Prodicos est l'un des sophistes le plus souvent mentionnés par Platon. Souvent présent à Athènes pour des missions officielles ou pour ses propres affaires, il y gagna force argent par des lectures publiques de ses oeuvres. Il attachait une grande importance à la nécessité d'être précis dans la définition des termes, recherche d'exactitude sans laquelle aucune discussion n'était possible. Voilà qui démontrait la disposition scientifique de Prodicos. Il fut aussi un moraliste, la science devant montrer à celui qui agit l'idéal spécifique convenant à sa nature, la science devant, autrement dit, orienter sa recherche du bonheur dans le sillon de celle du bien. La conduite morale dépendait donc de la science du Bien. Ceos dans l’Antiquité

Les sophistes:bilan (Retour au sommaire) Le pour, le contre… l’équilibre Vilipendés par Platon, victimes de l'amalgame entre sophiste et sophisme (Faux raisonnement qui a quelque apparence de vérité), accusés d'être des détrousseurs, les sophistes n'ont guère eu la faveur au fil des siècles. Et pourtant : En refusant d'admettre les traditions non appuyées par le témoignage des sens ou par la logique de la raison, ils ont largement pris part à la naissance d'un mouvement rationaliste qui finalement devait renverser, parmi les intellectuels, l'antique croyance de l'Hellade. Ce fut par leur exemple et sous leur impulsion que le raisonnement devint déterminant pour les Grecs. En agissant en tant que diffuseurs de la culture et des connaissances, ils ont favorisé un fonds culturel commun : la connaissance n'était plus uniquement réservée à une élite héréditaire et on prenait conscience qu'on pouvait apprendre beaucoup plus de choses qu'on ne le pensait. Ils ont démontré que l'on pouvait enseigner à penser, à bien parler, à discuter et à convaincre, inaugurant par là une technique de l'éducation. En appliquant la logique au langage, ils ont favorisé la clarté et la précision de la pensée, amenant ainsi plus d'exactitude dans la transmission des connaissances. Ils ont contribué à placer l'humain au centre des questions fondamentales. Oui, mais : L'éducation développait l'esprit critique et celui-ci, une remise en cause des conventions. Se prendre pour la norme de toutes choses, soumettre à son propre jugement le code moral de son peuple pour l'approuver ou le rejeter, s'autoriser à rationaliser ses désirs, réflexes d'une âme émancipée, pouvaient devenir des évidences pour tout jeune homme doué. Soutenir que les actes permis par la "nature» étaient bons, quoi que puisse prétendre la loi ou la coutume, sapait les bases anciennes de la moralité grecque. Conséquence: Les classes rurales attachées aux traditions religieuses et les aristocrates conservateurs, d'accord avec le commun des citoyens de la démocratie urbaine, se mirent à dénoncer la philosophie comme un danger pour l'Etat. La philosophie et les sophistes étaient-ils seuls en cause? Non. La plupart de ces vues étaient en marche, résultant du progrès des richesses, des loisirs, des voyages, des recherches et de la spéculation. Les sophistes en ont accéléré le mouvement. Soyons justes! Ils se faisaient payer, mais, en l'absence de tout subside officiel, il n'y avait pas d'autre moyen d'assurer l'instruction supérieure. Les sophistes ne critiquaient pas les traditions et la morale dans une mauvaise intention, mais parce qu'ils étaient persuadés de mettre fin à un esclavage. Tels les encyclopédistes de la France du XVIIIe siècle, ils contribuaient à balayer un passé moribond. Ils eurent le mérite d'avoir puissamment stimulé la recherche de la connaissance et d'avoir mis à la mode l'exercice de la pensée.

Socrate Socrate est né à Athènes vers -470, d'un père sculpteur et d'une mère sage-femme. Il possédait bien une maison héritée de son père et un petit pécule placé pour lui par son ami Criton, mais cela n'en faisait pas un riche. On le présente comme pauvre. Il fit preuve de courage pendant la guerre du Péloponnèse : il combattit, en -432, à Potidée, où il sauva la vie au jeune Alcibiade, en -424 à Delium et, en -422, à Amphipolis. Quand il consentait à rester chez lui, il travaillait comme tailleur de pierres et sculpteur. Il n'était pas beau! Sa grosse tête, son nez large et épaté, ses lèvres épaisses et sa lourde barbe évoquaient pour Alcibiade ( qui disait cela tout en protestant de son affection) le masque de Silène ou le faciès du satyre Marsyas. Il trouva néanmoins à se marier, avec Xanthippe, qui lui donna un fils et qui l'accusait de négliger sa famille. Elle n'avait guère tort, car il passait le plus clair de son temps à déambuler dans les rues d'Athènes, vêtu de la même tunique simple et usagée, pieds nus, se levant tôt pour aller parcourir le marché, les gymnases, les palestres, les boutiques des artisans, et entrer en discussion avec toute personne qui s'annonçait d'une intelligence stimulante ou d'une réjouissante bêtise. En discussion sur quel sujet? A peu près toujours le même : recherche d'une définition précise de tout ce qui concerne la nature des hommes et des choses qui soit au-delà des opinions professées par tout un chacun, informé ou non. Sujets et contenus dont nous n'avons connaissance que par les "Dialogues" de Platon (un rapporteur impartial? Aristote admet comme authentiquement socratiques les vues attribuées au grand homme dans le Protagoras...). A titre d'exemples : Hippias mineur (Petit Hippias) (sur le faux), Ion (sur la poésie), Lachès (sur le courage), Charmide (sur la sagesse morale), Protagoras (sur les sophistes), Euthyphron (sur la piété) etc. En poussant ses inquisitions jusqu'à leurs dernières conséquences, il amenait, par sa maïeutique (son art d'accoucher les esprits), son interlocuteur à admettre que, dans le fond des choses, on ne savait rien sur le sujet, lui-même pas plus que tout autre, à la différence que lui savait et professait qu'il ne savait rien. Il devait tenir cette démarche intellectuelle de la découverte qu'il fit, lors d'un voyage à Delphes, de l'injonction inscrite au fronton du temple d'Apollon: "Connais-toi toi-même", dont il fera la maxime de sa vie. Et la première chose à savoir sur soi-même est de savoir qu'on ne sait rien. Il affirmait, par ailleurs, suivre, dans toutes ses décisions négatives importantes, un "démon" intérieur, en qui il voyait un signe céleste. S'il est arrivé à démontrer ce qu'il y avait de faux ou d'insuffisant dans les théories des sophistes ou des philosophes de la nature, il n'a pas proposé de système pour les remplacer. Il n'en reste pas moins qu'il a exercé une influence non négligeable sur la philosophie classique. Surtout par sa valeur d'exemple, un homme à la vie et à l'activité hors du commun, si nous nous en référons à Platon, Xénophon et Aristote. D'autres auteurs anciens sont moins catégoriques. Ainsi, vers - 318, Aristoxène de Tarente, selon les termes de son père, qui disait avoir connu Socrate, présente le philosophe comme un homme sans éducation, «ignorant et débauché». De leur côté, les poètes comiques rivaux Eupolis (env. -446 à - 411) et Aristophane (dans les Nuées : pièce entièrement dirigée contre la personne et les doctrines de Socrate), le dénigrent autant l'un que l'autre. Sans doute Socrate fut-il l'un des hommes de son temps aussi aimé que détesté. Quoi qu'il en soit, si nous en revenons à son activité non pas de professionnel, mais de pratiquant ou, pour le citer, "d'amateur" de la philosophie, son influence va se marquer dans sa volonté de penser en concepts généraux. Par exemple, tenter de définir ce qu'est la Vertu "en soi" (ou le Courage, ou le Beau ou le Juste ou la Piété etc.) et ne pas en ramener la définition à des exemples particuliers. Cette démarche intellectuelle conduisit à l'idéalisme de Platon. Il ignorait la fièvre d'acquérir qui agite bien des humains, Voyant la quantité d'objets divers offerts en vente sur un marché, " Que de choses, dit-il, dont je n'ai pas envie»! Il s'estimait riche au sein de sa pauvreté. Antisthène (né en -424 et mort à 72 ans) emprunta à son maître le principe de la simplicité dans la vie et ses besoins et fonda l'école cynique. Socrate savait aussi accepter le plaisir comme un bien. Un autre de ses disciples : Aristippe de Cyrène, né vers -435, mort en -356, développa sans doute de ce fait la philosophie de l'Ecole cyrénaïque dont la finalité était d'assurer le bonheur, celui-ci se trouvant dans le bien; et le bien se trouvant dans le plaisir (conçu comme un mouvement lent et harmonieux, pouvant être issu, s'il échet, de l'intelligence des choses), celui-ci devait être le but suprême dans la vie. Position reprise par Epicure (-342 à -270) et enseignée à Athènes, philosophe pour qui le souverain bien se trouvait aussi dans le plaisir, mais un plaisir fait de plaisirs naturels et nécessaires à l'exception de tous les autres. Mais il dérangeait! En ayant pris toute sa vie le parti de la raison, il avait ébranlé les certitudes ou les traditions de compatriotes bien-pensants. On l'accusa d'"irréligion" (Socrate, il est vrai, adorait les dieux plutôt du bout des lèvres, sans avoir cependant jamais prononcé de parole impie) et de corrompre la jeunesse. Il fut condamné à mort par 281 voix contre 278. Pressé de s'enfuir par ses amis, il répondit qu'il préférait "subir l'injustice plutôt que de la commettre", ajoutant qu'il détruirait la cité s'il ne respectait pas son jugement, et il accepta la coupe de ciguë, un soir de mars de -399.

Platon Platon Platon, né en -428 ou -427 et mort en -347. Issu à Athènes d'une famille noble et riche, il reçut toute l'éducation dévolue aux gens du milieu aristocratique de l'époque. Il eut donc droit à une instruction très variée, apprenant la grammaire, c'est-à-dire les Lettres et la musique, pratiquant la gymnastique (Son habileté aux exercices physiques lui valut un prix dans un concours athlétique; Platon, son surnom, signifie "L'homme aux larges épaules", son vrai nom étant Aristoclès) et cultivant les arts d'agrément comme la danse et la peinture. Dans sa jeunesse, il composa des poèmes et même des tragédies, mais il les brûla lorsqu'il fit la connaissance de Socrate, dans l'intimité duquel il vécut environ huit ans (de -407 à -399) et dont il partagea, dans une opposition plus vive encore que celle de son idole, l'aversion pour les sophistes, accusés de vouloir vendre, au prix fort, aux jeunes aristocrates la technique du succès . Après la mort de ce dernier, il entreprit de grands voyages : en Sicile, en Egypte, Asie Mineure, Crète ...( la légende s'est peut-être plu à les multiplier). En -390, il se rendit en Italie, où il rencontra les Pythagoriciens auxquels il allait emprunter quelques-unes de leurs idées sur les nombres. Rentré à Athènes, vers -387, Platon fit l'achat d'un terrain situé près du sanctuaire du héros Académos où il allait fonder son Académie. Ce n'était pas tant une école qu'une sorte de confrérie groupant des hommes unis par un même idéal politique et moral. On venait à l'Académie pour apprendre les sciences, avant tout la philosophie et la mathématique. L'enseignement, qui durait quarante ans, s'y faisait sous forme de conversations. Les étudiants ne versaient aucun droit d'inscription, mais ils se recrutaient, pour la plupart, dans les familles fortunées, leurs parents faisant volontiers de belles dotations à l'Académie. Les femmes avaient accès à ces études, car Platon professait un ardent féminisme. Dans le même temps, le maître publiait ses Dialogues, travaillant jusqu'à un dernier jour de -347 où il mourut au cours, dit-on, d'un repas de noces. Sur le plan philosophique, Platon n'est pas le constructeur d'un "système" cohérent et complet. L'essentiel semble avoir été sa théorie des Idées : Tout ce qui existe dans le concret (tout objet) ou dans l'abstrait (tout concept) émane d'une idée qui en est l'essence. Toutes les Idées se hiérarchisent en une pyramide, les premiers niveaux étant occupés par les Idées donnant naissance à des objets, les plus hauts niveaux par celles donnant naissance à des concepts avec, au sommet, l'Idée du Bien considérée comme source de réalité et d'être de tout ce qui existe. Ces Idées ont-elles une existence individuelle et distincte? On en discute toujours et il semblerait que oui. C'est en tous les cas ainsi qu'Aristote, bien placé pour le savoir, l'a compris. Pour lui et ses successeurs elles apparaissent définies en des essences séparées, indépendantes, existant hors de l'espace et du temps, donc séparées du monde sensible et donc en dehors de toute perception sensible. Mais, il doit bien y avoir une relation entre les Idées et le monde sensible. Platon évoque cette relation de deux manières : tout d'abord par une participation des choses aux Idées correspondantes ou, dans l'autre sens, par une présence des Idées dans les choses. Les Idées apparaîtraient donc comme les modèles ou les prototypes et les choses comme leur figuration ou leur imitation. A-t-on connaissance de ces Idées? En fait, l'âme seule les connaît, parce qu'elle les a contemplées dans une vie antérieure. Cette connaissance est donc une réminiscence. Elle repose, en dernière analyse, sur le souvenir d'un savoir antérieur dont la reconquête est l'affaire de la science humaine. Le monde des Idées est, dès lors, l'objet idéal du vrai savoir. Objet idéal, mais très difficile à atteindre. Aussi, à défaut d'une approche satisfaisante de ce monde des Idées par l'esprit, les mathématiques constituent un objet adéquat de l'activité intellectuelle, le domaine des mathématiques ayant avec les Idées le caractère commun d'éternité et d'immuabilité et se présentant pour le raisonnement comme un intermédiaire d'excellente qualité. Et le rapport de Platon avec la politique? Il avait formé le projet de se mêler à la vie politique dès sa majorité, mais, après la condamnation de Socrate, il décida de se consacrer à la philosophie, convaincu que celle-ci, seule, pourrait délivrer l'humanité de ses maux par l'arrivée de ses représentants au pouvoir ou par l'intérêt que lui porteraient les chefs de gouvernement. Dans ses Lois Platon développe le plan d'une constitution idéale dont la perfectibilité est liée à trois impératifs, le loisir des riches, les fêtes collectives et le militantisme du citoyen; elle fut qualifiée à tort d'utopie, car elle est le reflet, dans un programme poussé à l'extrême, certes, de la réalité politique de l'époque. La bonne gouvernance d'une cité grecque imposait avant tout que l'on se ménage la faveur des dieux par l'organisation de fêtes publiques en leur honneur. Ces fêtes exigeaient une disponibilité complète. D'où la nécessité d'avoir des gens de loisir au service exclusif de la cité, qui ne pouvaient être que des gens riches nourris par leurs esclaves et libérés de toute occupation lucrative. Comment concevoir que les inventeurs de la démocratie considèrent comme juste la mise des classes inférieures au service d'une classe supérieure? Si l'on compare la démocratie des anciens Grecs à nos démocraties modernes, quelques différences se font tout de même jour. La démocratie grecque antique prônait la subordination des classes sociales et n'était accessible qu'à la classe supérieure, d'ailleurs fort restreinte ( dans l'esprit de Platon : une dizaine de milliers de citoyens, femmes et enfants compris, pour une population de 80000 têtes). Tout ce qui lui était tenu pour inférieur devait être à son service. Nos démocraties modernes, aboutissement d'une délivrance de régimes totalitaires, s'efforcent d'assurer le bien-être et le respect de toute une série de droits ( droits politiques, droit à la santé, droit au travail, droit à la retraite, droits de l'homme ...) aux populations qu'elles régissent. Dans la démocratie grecque antique le citoyen avait le pouvoir et le devoir de débattre, de décider et de juger dans tout ce qui concernait la cité. Mais les avantages que lui conféraient la démocratie s'arrêtaient là. Il n'était donc question d'aucun droit. Non seulement le citoyen n'avait aucun droit, mais le militantisme auquel il était astreint devait (dans un système idéal - et c'est celui imaginé par Platon- ) l'amener à subordonner sa vie civile et privée à sa vie civique et religieuse, devait lui imposer , en d'autres termes, de mettre sa richesse au service exclusif de son civisme et ses loisirs à celui des fêtes. Il y avait forcément un écart entre la théorie et la pratique. La richesse au service exclusif du civisme? Les très riches (classe assez restreinte tout de même, peut-être 1% du corps civique athénien), dans un élan sincère ou forcé, acceptaient les liturgies (fêtes civiques, certaines dépenses d'armement comme le financement d'un navire, la prise en charge d'un groupe de choreutes, l'entraînement d'athlètes...) Les autres, riches ou pauvres, gagnaient leur vie comme ils pouvaient et s'efforçaient d'être solidaires pour pallier aux nécessités prises en charge aujourd'hui par nos systèmes de sécurité sociale. Le citoyen sans cesse préoccupé par les affaires de la cité? Le zèle civique était plus un objectif qu'une réalité. Aristophane, dans ses Acharniens, évoque avec tristesse le désintérêt que portaient les Athéniens à la chose publique. Il n'en reste pas moins que le système mis en place avait mis fin au pouvoir absolu et discrétionnaire de despotes de tout poil , soumettait toute décision impliquant le bon fonctionnement de la cité à l'approbation de l'Assemblée et rendait les gestionnaires responsables de leur gestion devant celle-ci.

Aristote En -334, aidé probablement par des subsides d'Alexandre (dont il avait été le précepteur), Aristote fonda une école de rhétorique et de philosophie à Athènes : le Lycée (du nom du gymnase dédié à Apollon Lyceus, dieu des bergers). Aristote était peut-être plus un homme de science qu'un philosophe. Impossible de faire ici le tour de tous les aspects de ses recherches, mais c'est en biologie qu'il se trouve le plus à son aise. Aidé de ses élèves, Aristote rassembla force données de la faune et de la flore des régions égéennes, et réunit les premières collections scientifiques d'animaux et de plantes.

Gravure de Peter Paul Rubens en 1638 Hippocrate Hippocrate « le Grand » né vers 460 av. J.-C., et mort vers 370 av. J.-C. était un médecin grec. Sa devise est « avant tout, ne pas nuire » (primum non nocere, en latin). Il est considéré comme le premier médecin occidental à avoir clairement séparé l'exercice de son art d'un contexte religieux. Il est notamment l'auteur du célèbre Serment d'Hippocrate qui édicte les devoirs professionnels du médecin. « Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivant : je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. » « Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté. Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille. Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur,et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves. Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. » « Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire. » Le texte a été réactualisé en 1996 par le Pr. Bernard Hoerni, et publié dans le Bulletin de l'Ordre des Médecins (Avril 1996, n°4). Chaque faculté de Médecine possède en fait sa propre version qui comporte des variations minimes avec celle-ci. « Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité. J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admis(e) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité. Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j'y manque ». Pourtant, Hippocrate demeure un des plus grands médecins de l'Antiquité. Face à une médecine où règnent mysticisme et superstitions, il prône l'observation systématique des faits avant d'énoncer les hypothèses. Il est aussi le premier à envisager l'influence de facteurs tels que l'âge, le régime alimentaire ou encore le climat sur la santé. Pourtant, il n'est pas à l'abri d'erreurs. Il reconnaît en effet l'existence de quatre humeurs : le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire ; un déséquilibre entre elles engendrant la maladie ou la mort. Théoricien, Hippocrate est aussi praticien. En chirurgie, il met au point un appareil à trépaner. Et en orthopédie, il imagine un banc de bois afin de réduire les luxations et les fractures. La contribution d'Hippocrate au développement des sciences médicales est telle qu'il est actuellement considéré comme "le père de la médecine". Gravure de Peter Paul Rubens en 1638

Archimède (Retour au sommaire) Archimède est né vers 287 av J-C à Syracuse, terre qui est alors objet des convoitises des armées de Rome et de Carthage. On sait assez peu de choses sur sa vie ; seuls quelques épisodes sont racontés par Plutarque, écrivain grec très postérieur au scientifique. Tout juste sait-on qu'il est le fils d'un astronome, Phydius, qu'il est ami du roi Hiéron, tyran de Syracuse. On pense aussi qu'il étudia quelques années en Egypte, à Alexandrie, auprès des successeurs d'Euclide. Avant tout, Archimède excelle en géométrie ; il crée une formule d’approximation de « pi » et calcule la longueur du cercle. Mais Archimède est surtout connu pour ses travaux en statique et en hydrostatique. Il est l'auteur du célèbre principe : « Tout corps plongé dans un liquide subit, de la part de celui-ci, une poussée exercée du bas vers le haut et égale, en intensité, au poids du liquide déplacé ». Une autre phrase célèbre d'Archimède est le fameux "Donnez-moi un point d'appui, et je soulèverai le monde". Elle illustre le principe du levier force. Brillant théoricien, Archimède est aussi un ingénieur qui invente la vis sans fin, ou des machines pour la défense de Syracuse comme la catapulte. Grâce aux créations d'Archimède, Syracuse résistera pendant 3 ans aux Romains lors de la Seconde Guerre Punique. Mais la ville finit par être prise, et Archimède décède lors de l'invasion, en 212 av J-C. La fin de sa vie est décrite ainsi par Plutarque : « Comme le destin le voulait, Archimède était en train de résoudre un problème par un diagramme, et avait les yeux et l'esprit fixés sur l'objet de sa réflexion; il ne remarqua pas l'entrée des Romains, ni le fait que la ville ait été prise. Inopinément, un soldat survint et lui demanda de l'accompagner. Comme il refusait d'obtempérer tant que son problème n'était pas résolu, le soldat fou de rage brandit son sabre et le transperça... ». Le général Marcellus qui dirigeait l'armée romaine, et qui avait en haute estime le savant, ne désirait pas la mort d'Archimède et fut navré d'apprendre son décès. Il lui fit organiser des funérailles grandioses.