Blancanieves, Pablo Berger, 2012 « Il était une fois... un conte au charme vénéneux... »

Sommaire Introduction Les origines du film L'affiche et la bande-annonce Le synopsis La projection Les coutumes et traditions espagnoles Le scénario Les personnages La mise en scène et sa signification La bande-son

Introduction Blancanieves est un film réalisé par Pablo Berger et sorti au cinéma en 2012. Pablo Berger est un réalisateur espagnol né en 1963. Filmographie  : 1988  : Mama 1990  : Truth and Beauty 2003 : Torremolinos 73 2012  : Blancanieves Pablo Berger recevra dix Goya (équivalent des César) en 2013 dont celui du meilleur film.

Les origines du film Blancanieves est l'adaptation du conte des Frères Grimm. Les Frères Grimm étaient des linguistes allemands de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle. Ils sont devenus célèbres pour leurs recueils de contes. Le conte des Frères Grimm est un conte de fée où le merveilleux est omniprésent (cf. le mirage magique par exemple). La fin est, comme souvent dans les contes merveilleux, heureuse  : Blanche-Neige est sauvée par le Prince charmant et l'épouse. Les contes ont un double objectif : le divertissement des enfants à travers des histoires plaisantes et l'instruction grâce aux morales sous-jacentes omniprésentes dans les contes.

Présentation du film : l'affiche Blancanieves est une œuvre ambivalente puisqu'elle comporte les principaux codes du conte tout en s'en éloignant malgré tout. Dans cette affiche, les références au conte sont nombreuses  : la pomme placée au centre de l'affiche la formule d'introduction «  Il était une fois  » les termes « conte » et « vénéneux ». Cependant, des éléments viennent rompre avec l'univers du conte  : l'utilisation du noir et du blanc qui donne un aspect plus réaliste à cette œuvre une typographie tranchante, anguleuse, presque angoissante le visage énigmatique du personnage principal la toque de matador

Présentation du film : la bande-annonce La bande-annonce vient quant à elle confirmer les hypothèses de lecture faites lors de l'analyse de l'affiche du film mais apporte également de nouveaux indices  : époque contemporaine  : années 20 (voitures, costumes, décor) univers de la tauromachie  : matadors, arène, taureaux, etc Espagne  : architecture, arène, musique (flamenco) film muet film en noir et blanc. Les a priori étaient alors nombreux au sein de la classe, un certain nombre d'élèves ayant eu peur de s'ennuyer...

Projection du film Afin de travailler au mieux sur le film après la projection, nous avons élaboré une fiche de renseignements dans laquelle les élèves devaient noter leurs impressions ou leurs remarques concernant  : le décor  : meubles, architectures, lieux, décoration... l'époque l'action les personnages principaux  : caractéristiques physiques, défauts, qualités, caractère... les références au conte les différences avec le conte la musique utilisée et à quel moment les mouvements de caméra...

Synopsis L'intrigue se déroule dans un lieu précis et à une époque connue  : l'Espagne des années 20. L'action est ancrée dans l'univers de la tauromachie. Antonio Villalta est un célèbre matador à Séville. Lors d'un combat contre un taureau, ce dernier est blessé et devient paralysé. À son réveil, on lui apprend la mort de sa femme en couche, Carmen de Triana, une célèbre danseuse de flamenco. On lui présente sa fille, Carmencita. Au même moment, il rencontre Encarna, une infirmière de l'hôpital qu'il finira par épouser. Carmencita sera dans un premier temps élevée par sa grand-mère dans les plus pures traditions espagnoles et catholiques. C'est alors que la grand-mère de la petite fille meurt peu de temps après sa Communion. La petite fille arrive alors dans la grande maison de son père et rencontre pour la première fois sa belle-mère, la redoutable Encarna...

Les coutumes et traditions espagnoles : la corrida La corrida (course: en espagnol) est un spectacle, consistant en un combat entre un homme et un taureau. Sa forme actuelle remonte au début du XVIIIe siècle et fut crée par le torero Francisco Romero. C'est une course qui se déroule dans des arènes (plaza de toros) essentiellement en Espagne, au Portugal, dans le sud de la France mais aussi dans certains pays d'Amérique Latine. Du fait de la souffrance infligée au taureau, la corrida est un spectacle très critiqué et même interdit dans certaines villes ou provinces. La plaza de toros est le lieu où se donnent les corridas. C'est un amphithéâtre, avec une partie centrale en terre et sable et des gradins autour.

Les coutumes et traditions espagnoles : le flamenco, un rite social et culturel Le flamenco est un genre musical d'Andalousie, créé à partir d'un folklore de musique et de danse issu de diverses cultures. Le terme flamenco est utilisé dès le XIXe siècle pour qualifier les notions d'errance et de persécution caractérisant les gitans ou toute personne sans attache ou malheureuse. Le rythme ternaire du flamenco est similaire à celui de la corrida. Le flamenco exprime l'élan vital de l'Homme menacé par la mort, c'est l'expression de l'errance humaine.

Le scénario Un conte réaliste, ou l'impossible accès au bonheur de Blancanieves  : le film est une adaptation très proche du conte des Frères Grimm puisque l'on retrouve les étapes et les personnages principaux. En revanche, le registre féerique est absent de cette version. Une question se pose alors : Quelle sera l'issu pour Blancanieves ? Apparemment vouée à une mort certaine... Blancanieves  : une quête identitaire. Ce film est en réalité un conte initiatique où le personnage principal doit faire face à un certain nombre d'obstacles pour s'affirmer en tant qu'adulte sur le parcours de la vie. Nous connaissons tous le conte des Frères Grimm, et son dénouement. Mais le registre tragique semble s'imposer dès les premières images. Le film paraît plus sombre, plus inquiétant voire même angoissant. Serait-ce alors une annonce de la prédestination du personnage à la mort ?

Les personnages Carmencita (Carmen / Blancanieves) est le personnage principal du film. C'est d'abord une enfant orpheline de sa mère et abandonnée par son père à la naissance. Carmencita est montrée comme belle, jeune fille, enjouée et rayonnante. Elle pallie son manque d'affection par son attachement à sa grand-mère et à Pepe, son coq. Elle souffre terriblement mais fait face comme elle le peut. La jeune femme a hérité des deux talents de ses parents  : le flamenco et l'art de toréer.

Les personnages Antonio Villalta est un matador très célèbre à Séville. Il perd l'usage de ses jambes après avoir été encorné par un taureau lors d'un combat. À la mort de sa femme en couche, il abandonne sa fille à la naissance avant de la retrouver quelques années plus tard et ainsi nouer une véritable complicité avec elle. Ce personnage est à la fois un homme admiré, un père absent et une victime  : il est d'abord admiré mais perd cette renommée, il rejette sa fille à cause de l'immense chagrin qu'engendre la mort de son épouse, enfin il devient aussi une victime de la méchanceté de sa nouvelle épouse Encarna. Après sa mort, Carmen ne cessera de redonner à son père sa fierté initiale.

Les personnages Encarna est la belle-mère de Carmencita. Elle profite de la faiblesse d'Antonio après son accident pour se marier avec lui et avoir la mainmise sur la propriété et les richesses de ce nouvel époux devenu infirme. C'est une femme manipulatrice, méchante et narcissique. Elle ne cesse d'humilier les hommes qui l'entourent et de faire souffrir Carmencita (cf. mort de Pepe). Elle recherche à tout prix la célébrité et sa vanité la mènera à sa chute. Carmen de Triana est l'épouse d'Antonio Villalta et la mère de Carmencita. C'est une danseuse de flamenco et sa fille héritera de son talent. Carmen meurt en donnant naissance à Blancanieves.

Les personnages La grand-mère et les nains sont des personnages qui se substituent à l'amour des parents de Blancanieves. Elle apprend enfant le flamenco avec sa grand-mère et recueillie par les nains qui la sauvent de la noyade. Les nains sont au nombre de six, nombre permettant de constituer une cuadrilla  : ils sillonnent les routes d'Espagne pour produire leur spectacle de toreo comique. L'arrivée de Blancanieves va perturber la vie de ces personnages : Rafita tombe amoureux d'elle et ne l'abandonnera jamais alors que Jesusin se montre jaloux du talent de Blancanieves.

La mise en scène et sa signification Tout d'abord, le combat entre Blancanieves et le taureau peut être perçu comme une métaphore de la séduction. Cette séduction est présente. Une mise en scène contrastée pour illustrer une impossible quête identitaire  : la jeune fille est en elle-même porteuse de conflits et de drames. Le film comporte également des personnages antonymes (Blancanieves et la marâtre, le matador et le taureau, Rafita et Jesusín, le manager du père et celui de la fille, etc). Le poids de la fatalité  : la parabole de la vie à travers l'image de l'arène. C'est un espace symbolique qui concentre le parcours épique et le temps de la vie du héros sous la forme d'une odyssée  : c'est une mise en abyme de la vie dans son entièreté. De plus, la prédestination du taureau à mourir rappelle la prédestination de Carmencita à manger la pomme empoisonnée. L'arène est également un espace de mise en abyme de la violence sociale  : les spectateurs jouissent du plaisir de voir le matador se faire encorner.

La bande-son Dans un film muet, la musique a un rôle essentiel. La bande-son est presque entièrement composée par Alfonso de Villalonga. La musique est un personnage à part entière puisqu'elle accompagne le spectateur dans sa compréhension de l’œuvre. La majorité du film est composée d'une musique extradiégétique (sans lien direct avec l'action)  : elle est utilisée pour renforcer l'action. La musique est employée pour accentuer les effets de caméras (guitare), les émotions des personnages (musique d'ambiance), les passages dramatiques (musique symphonique). Les rythmes plus lents, quant à eux, font appel à des musiques au piano. La bande-son est aussi utilisée pour susciter l'inquiétude du spectateur à l'arrivée de personnages menaçants  : Encarna, Carlos Montoya le manager, etc.

Blancanieves : un film hommage au septième art Blancanieves est un hommage au septième art et plus précisément au cinéma muet. Dans la plus pure tradition du cinéma muet, les premières projections de Blancanieves ont été accompagnées par un orchestre présent dans la salle de projection.

Blancanieves, Pablo Berger, 2012 FIN...