1. Étymologie / Définitions Racisme 110ème Café-Philo agathois préparé avec Mireille Rosello et Frédéric Le Goff 1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vues : Ethnocentrisme / Xénophobie / Racisme 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question 5. En guise de conclusion

Étymologie et définitions Racisme vient de race de l’italien razza, famille, souche, issu du latin ratio, ordre, catégorie, espèce, partie. Définitions : Dictionnaire Larousse sur internet (extrait) : Idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les « races » ; comportement inspiré par cette idéologie. Attitude d'hostilité systématique à l'égard d'une catégorie déterminée de personnes : Racisme anti jeune. Synonymes : Xénophobie, ethnocentrisme, séparatisme, discrimination, ségrégationnisme. Dictionnaire de philosophie La philosophie de A à Z (extrait) : Affirmation de la supériorité d’une race ou d’un peuple et justification, à partir de cet axiome, de son droit à dominer les autres groupes, ou races, tenus pour inférieurs

Citations choisies Par Mireille : « Souvent, le racisme sert de manteau à l'ignorance, à la petitesse, aux frustrations et aux aigreurs des personnes complexées et faibles d'esprit. » de Kama Sywor Kamanda Par Frédéric : « Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute ! » de Alphonse de Lamartine Par Jean-Paul : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » de Martin Luther King

Notions / Concepts / Prises de vues Ethnocentrisme / Xénophobie / Racisme Ethnocentrisme vient du grec ethnos, peuple, nation et du latin centrum, centre : Comme son étymologie l’indique, l’ethnocentrisme ne consiste-t-il pas à juger la culture des autres à partir de la sienne érigée (le plus souvent inconsciemment) en absolu ? Faire de sa propre culture le modèle de référence et, par suite, sous-estimer et/ou rejeter hors de la Culture tout ce qui n’en procède pas, n’est-il pas une tendance spontanée ou naturelle de tout être humain ? (Par ex. : Alors que nous situons la Chine à l’Extrême-Orient, ne s’appelle-t-elle pas elle- même Empire du Milieu !) Cette tendance à la partialité de nos évaluations en raison de l’égocentricité de nos critères et de l’idée de progrès qui va avec, n’est-ce pas d’ailleurs ce que Lévi- Strauss s’attachait à dénoncer dans son livre Race et histoire, en 1952. Au nom du relativisme, faudrait-il en déduire que toutes les sociétés, les cultures et les civilisations se valent ? Si toutes les cultures se valaient, que vaudraient les droits de l’Homme ? Xénophobie vient du grec xenos, étranger et phobos, peur, effroi. Si, au sens littéral, la xénophobie est la peur irraisonnée, maladive de ce qui est étranger, dans le sens courant, la xénophobie ne désigne-t-elle pas les sentiments systématiques de crainte et d’hostilité à l’égard des étrangers et, par extension, envers tous ceux qui sont différents (culture, catégorie sociale, religion etc. ? L'étranger étant perçu comme une menace pour l'équilibre de vie (notamment en périodes de crise économique ou lorsque des cultures doivent cohabiter) ne devient-il pas alors un ennemi susceptible d’entraîner des réactions de peur et de rejet pouvant aller jusqu’à la haine ? L'individualisme ambiant qui tend à casser toute appartenance à un groupe, chacun devenant un étranger pour l'autre, ne renforce-t-il pas la xénophobie en tant qu'hostilité à l'autre en général ?

Notions / Concepts / Prises de vues Ethnocentrisme / Xénophobie / Racisme (suite) Racisme : Comme son étymologie l’indique : ratio, ordre, catégorie, le racisme n’est-il pas la doctrine selon laquelle il existerait des "races", des groupes, des catégories dans l'espèce humaine et une hiérarchie entre elles ? Sous tendu par la théorie du sang pur, le racisme ne se différencie-t-il pas de l’ethnocentrisme en déplaçant le problème de la culture à la biologie, sous couvert d’une pseudo-science ? Si les théories du racisme au sens strict sont désormais scientifiquement désavouées, n’ont elles pas atteint au XIXe siècle un summum à partir de travaux sur la séparation des races et la discrimination de groupes d'individus ("Essai sur l'inégalité des races humaines"1853-1855 de Joseph Arthur Gobineau), qui furent exploités par les pangermanistes puis par les nazis (Thèse de la race germanique "pure", dite "aryenne", / "Solution finale" /Shoah) ? Néanmoins, depuis l’antiquité, le racisme au sens large ne s’est-il pas exprimé de différentes manières : Esclavage, Colonialisme, Antisémitisme, Génocide (Indiens d'Amérique, Arméniens), Apartheid (Afrique du sud) Ségrégation des noirs aux Etats-Unis, Assimilations ethniques ou épurations ethniques récentes (Nigeria, Biafra, Kosovo, Rwanda) Néonationalisme ? Le racisme au sens large, de façon plus culturelle que matérielle, n’est-il pas la résultante de l’ethnocentrisme allié à la xénophobie ?

QUESTIONS Le racisme est-il naturel ou culturel ? La peur justifie-t-elle le racisme ? Le racisme : erreur intellectuelle ou faute morale ?

Le racisme est-il naturel ou culturel ? Animation Frédéric Le Goff Le racisme a-t-il des fondements strictement naturels ? Qu’en est-il concernant la xénophobie et de l’ethnocentrisme ?

1. Le racisme est-il naturel ou culturel ? Nature vient du latin natura, de nascor, naître, ce qui est spontané et originel chez l’Homme. Dès lors que de nos jours, le monogénisme (tous les humains ont même origine) est reconnu par la communauté scientifique, comment le racisme en tant que hiérarchisation des races pourrait-il être naturellement fondé ? En revanche ne peut-on pas penser que : La xénophobie, en tant que peur protectrice à l’égard de ce qui est inconnu, d’une part L’ethnocentrisme, en tant que jugement des cultures spontanément égocentré, d’autre part, constituent des prédispositions naturelles à une autre forme de racisme moins systématique ? Quoique le racisme en tant que hiérarchisation génétique des races soit infondé, la xénophobie et l’ethnocentrisme n’engendrent-ils pas une forme naturelle de racisme de façon moins catégorique mais plus rampante ? Culturel ? Culture vient du latin cultura, de colere, cultiver, soigner. C’est le soin que l'on donne à la terre (l’action de la cultiver) ou l'attention que l'on porte à l'esprit (à la pensée). Si, d’une part, par ex. les Grecs dans l’antiquité divisaient l’humanité en deux groupes : le monde grec et les barbares (ceux qui ne parlaient pas comme eux), comme s’il n’y avait qu’une seule culture digne de ce nom, ne s’agissait-il pas alors d’un racisme d’ordre culturel ? Si, d’autre part, au fil du temps, des oppositions aux discriminations de tous ordres virent le jour, n’était-ce pas aussi pour des raisons culturelles d’éthiques ou de morales humanistes ? N’existe-t-il pas dans toute forme de racisme ethnocentrique ou xénophobe, comme dans toute opposition au nom de l’éthique humaniste, une dimension culturelle indéniable ? Si le racisme en tant que hiérarchisation génétique n’a aucun fondement naturel, en tant que manifestation xénophobe et/ou ethnocentrique, n’est-il pas à la fois naturel et culturel ? 8 8

La peur justifie-t-elle le racisme ? Animation Mireille Rosello Qu’est-ce la peur, d’où vient-elle, à quoi sert-elle ? Expliquer, est-ce justifier ?

2. La peur justifie-t-elle le racisme ? Qu’est-ce la peur, d’où vient-elle, à quoi sert-elle ? Le mot peur vient du latin pavor, peur; pavere, être frappé de peur. « Sentiment d'angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d'un danger, réel ou supposé, d'une menace » écrit Le Larousse Les profils de la peur ne s’édifient-ils pas dialectiquement entre la conscience spontanée ou instinctive (en synchronie avec le monde extérieur) et la conscience réfléchie (en diachronie avec soi-même) ? En tant que force conservatrice du Moi, la peur n’est-elle pas avant tout défensive ? Sans le recul de la raison, la peur, spontanément pulsion protectrice de vie, ne peut-elle pas se métamorphoser en pulsion de mort ? Entre la peur prudente et la peur xénophobe, irraisonnée voire haineuse à l’égard de ce qui est étranger, n’y a-t-il pas un pas à ne pas franchir ? 2. Expliquer, est-ce justifier ? Expliquer vient du latin explicare, déployer, de plicare, plier. Parce qu’elle permet de comprendre ce qui est, l’explication ne procède-t-elle pas de la vérité ? Justifier vient du latin justus, juste, et facere, faire. Parce qu’elle permet de juger ce qui est bien ou mal, la justification ne procède-t-elle pas de l’ordre des valeurs ? Si la peur peut expliquer ce qui est de l’ordre de la vérité, comment pourrait-elle justifier ce qui doit être dans l’ordre des valeurs ou de la morale ? Si, dans une approche ethnocentrique, la peur peut expliquer le racisme d’ordre xénophobe, comment pourrait-elle justifier ce qui est contraire aux valeurs humanistes qui sont les seules valeurs morales universalisables sans contradiction ? 10 10

Le racisme : erreur intellectuelle ou faute morale ? Faut-il distinguer la faute de l’erreur ? L’erreur peut-elle justifier la faute ?

3. Le racisme : erreur intellectuelle ou faute morale ? Une erreur intellectuelle ? Ne parle-ton pas d’erreur lorsqu’une connaissance (ou supposée telle) s’oppose à la vérité ? Si l’erreur est humaine, errare humanum est, n’est-ce pas parce que, nul n’étant sensé détenir la vérité a priori, chacun peut se tromper ? Si l’erreur engage la responsabilité, comment saurait-elle engager la culpabilité dès lors que lorsqu’on se trompe c’est involontairement par définition? Les théories génétiques du sang pur désormais désavouées, ne font elles pas du racisme une erreur intellectuelle ? Une faute morale ? Ne parle-t-on pas de faute lorsqu’une action s’oppose à une norme dans l’ordre des valeurs : Soit d’ordre moral, lorsqu’il s’agit de règles qu’on s’impose à soi-même de manière endogène Soit d’ordre légal, lorsqu’il s’agit de règles qui s’imposent à nous par la loi de manière exogène ? Comment la faute (donc volontaire) pourrait-elle ne pas engager en sus de la responsabilité la culpabilité ? Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ! Cette maxime ne constitue-t-elle pas un impératif moral a minima faisant du racisme de tous ordres une faute morale universalisable sans contradiction ? L’erreur peut-elle justifier la faute ? Si l’on considère que valeurs et vérités ne sont pas du même ordre, comment une connaissance, quelle qu’elle soit, pourrait-elle justifier quoi que ce soit dans l’ordre des valeurs ou de la morale ? Si ce qui procède de l’ordre de la vérité nous permet de comprendre en séparant le vrai du faux, comment cela saurait-il nous permettre de juger ce qui est bien ou mal dans l’ordre des valeurs ? Comment une erreur intellectuelle pourrait justifier ou excuser une faute morale ? Si le racisme dit de sang pur constitue une erreur intellectuelle qui n’excuse en rien la faute morale, comment le racisme d’ordre seulement xénophobe ne serait-il pas une faute morale qui engage aussi notre responsabilité et notre culpabilité ? 12

Le racisme n’est-il pas un narcissisme collectif qui tend En guise de conclusion Le racisme n’est-il pas un narcissisme collectif qui tend à rejeter, haïr et combattre ceux qui sont différents ? Quoiqu’il soit légitime que tout peuple puisse décider démocratiquement des règles de vie commune qui s’imposent à tous sans exception communautariste, l’impératif moral de lutte contre le racisme ne doit-il pas être aussi une exigence politique ?

Prochaines réunions MDS Agde de 18h30 à 20h : " Humilité " : mardi 13 décembre " Nihilisme " : mardi 10 janvier " Laïcité " : mardi 14 février Pensez à réserver vos places et à annuler vos réservations si vous ne venez pas ! 04 67 94 67 00 ou maisondessavoirs@ville-agde.fr MAM Béziers de 18h30 à 20h : " Peut-on être honnête et réussir ?" mercredi 18 janvier Informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/ 14