ECE Camille Vernet Nicolas Danglade

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Transcription de la présentation:

ECE 2 2016-2017 Camille Vernet Nicolas Danglade Module 4. Déséquilibres, régulation et action publique Partie 1. Les déséquilibres macroéconomiques et financiers Chapitre 3. Les crises financières ECE 2 2016-2017 Camille Vernet Nicolas Danglade

Les crises financières (définition; exemples) Conséquences des crises sur le fonctionnement du SF et sur le niveau d’activité (diffusion à l’économie réelle) Que faire ? Éviter l’apparition de la crise Éviter la diffusion de la crise et relancer le fonctionnement du SF Superviser le SF Rôle BC / Etat (budget) Les établissements financiers = supervision microprudentielle Les interactions = supervision macroprudentielle Politique monétaire accommodante PDR Politique de taux zéro (PMC) Politique monétaire non conventionnelle Mais risque: déclencher une crise financière !

1. Le fonctionnement du système financier : rappels 1 1. Le fonctionnement du système financier : rappels 1.1 finance intermédiée et finance directe à partir de la définition de Gurley et Shaw Finance intermédiée Finance directe Les agents à besoin de financement et les agents à capacité de financement passent par des intermédiaires Les agents à besoin de financement et les agents à capacité de financement se rencontrent directement Intermédiation de bilan : rôle du crédit Intermédiation de marché : rôle des marchés financiers

Les différentes formes d’intermédiation ?

Intermédiation de marché 1.2 Les différentes formes et les différents acteurs de l’intermédiation Intermédiation de marché

Intermédiation de bilan 1.2 Les différentes formes et les différents acteurs de l’intermédiation Intermédiation de bilan

1.2 Les différentes formes et les différents acteurs de l’intermédiation L’intermédiation de bilan des banques est spécifique : Elles peuvent récolter des dépôts pour ensuite prêter et elles peuvent créer de la monnaie : une dette / une créance ! = intermédiation de création monétaire

Une typologie : Mario Dehove Intermédiaires financiers Les banques font : - Intermédiation de création monétaire - Intermédiation de bilan - Intermédiation de marché Les autres font : - Intermédiation de bilan - Intermédiation de marché

L’intermédiation fait Baisser les coûts de transaction 1.3 Pourquoi le financement ne se fait-il pas directement par le marché ? L’intermédiation, une réponse aux limites du financement direct? L’intermédiation fait Baisser les coûts de transaction Mutualise les risques - Les agents n’ont pas besoin de se rencontrer - Les agents n’ont pas besoin d’avoir des désirs concordants - Les agents n’ont pas à se renseigner sur la qualité des agents à besoin de financement Un IF dilue le risque de défaillance par le nombre élevé d’agents à besoin de financement qu’il finance : la diversification dilue le risque

1.4 Les risques encourus par les intermédiaires financiers : le risque de défaut et le risque d’illiquidité Les AE (à capacité) retirent leurs dépôts (bank run) La valeur des titres acquis sur les marchés chute: risque de marché Les AE (à besoin) font défaut : risque de bilan L’IF n’est pas en mesure de fournir cette liquidité immédiatement (ses actifs sont peu liquides) = problème de liquidité Les valeurs à l’Actif de l’IF chute : problème de solvabilité

Un autre risque spécifique aux banques Les banques : création monétaire Les crédits font les dépôts Existence de fuites hors-circuit: les banques ont besoin de se refinancer dans la monnaie « centrale » (celle que tout le monde accepte) Besoin de liquidités (monnaie banque centrale)

Les AE (à capacité) retirent leurs dépôts (bank run) La valeur des titres acquis sur les marchés chute: risque de marché Les AE (à besoin) font défaut : risque de bilan problème de liquidité Les valeurs à l’Actif de l’IF chute : problème de solvabilité Les banques subissent des « fuites hors circuit »

1.5 Pourquoi l’intermédiation de marché s’est-elle développée?

2. Les crises financières : définition et approche historique 2 2. Les crises financières : définition et approche historique 2.1 Les différents types de crises financières: crise bancaire, frictions financières et crises de change Définition : une crise financière se produit lorsqu’il y a une rupture dans le système financier F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers » (2007)

Dysfonctionnement du système de financement Frictions financières 2. Les crises financières : définition et approche historique 2.1 Les différents types de crises financières: crise bancaire, frictions financières et crises de change Dysfonctionnement du système de financement Crise bancaire : Risque d’illiquidité Risque de défaut Risque de marché Crise de change : Détériore la position des emprunteurs en monnaie étrangère Frictions financières Frictions de crédit : Asymétrie d’information = hausse des taux ou credit crunch Paralysie des marchés: chute des prix des actifs et ses conséquences sur ceux qui les détiennent

2.1.1 Les crises bancaires La banque est confrontée à trois risques : Le risque de défaillance de l’emprunteur qui affecte négativement le bilan de l’IF Le taux de défaut sur crédit subprimes est passé de 11% en 2005 à 18% en 2009 Le risque de marché qui fait chuter la valeur des actifs détenus par l’IF et donc son bilan Les cours boursiers ont été divisé par deux au moment de la crise des subprimes Le risque de bank run qui provoque un problème de liquidité

2.1.1 Les crises bancaires Lorsque les banques sont touchés par ces différents risques = baisse de la confiance Entre elles ! Donc difficultés croissante pour trouver la liquidité sur le marché monétaire interbancaire = Crise de liquidité Si l’accès à la liquidité est insuffisant : faillite bancaire = effet domino (car dettes croisées) et diffusion à d’autres IF

2.1.2 Les frictions financières Les frictions de crédit Joseph Stiglitz et André Weiss (1983) Les IF (Banques) ont une information imparfaite sur la qualité des emprunteurs : asymétrie d’information Deux solutions : Soit augmenter le taux d’intérêt : mais effet pervers = fait fuir les « bons » emprunteurs Soit limiter le crédit (rationnement) : mais effet pervers credit crunch qui affectent tous les agents qui empruntent

2.1.2 Les frictions financières Les frictions de marché Elles correspondent à une paralysie des marchés des actifs = disparition des acheteurs Les participants aux marchés agissent en fonction de ce qu’ils pensent être la « croyance du marché » : anticipation soit optimiste, soit pessimiste La chute du prix des actifs = réalisation du risque de marché qui affecte les détenteurs d’actifs

2.1.3 Les crises de change Elles sont à l’origine d’une crise financière si elles provoquent une dégradation du système financier ; Or, les banques/ IF d’une pays peuvent emprunter dans une autre monnaie Si dévaluation (dépréciation) alors la valeur de la dette exprimée en monnaie étrangère s’envole Crise de troisième génération

2.2 Les crises financières : une histoire ancienne Un phénomène ancien : la tulipomania du 17ième siècle aux Pays-Bas Des crises financières « nationales » avec le développement du capitalisme financier au 19ième (crise des chemins de fer 1848) Grande Crise de 1929 Des crises financières qui s’internationalisent avec la globalisation financière Crise de change : années 1970/1980 Grande crise de 2008 qui affectent les PDEM Toutes les crises financières ont des conséquences négatives importantes sur l’activité Les krachs sont soudains et les banques rencontrent des problèmes de liquidité (qui provoque alors un crédit crunch) Les banques : au carrefour des différentes crises financières

3. Pourquoi les crises financières. 3 3. Pourquoi les crises financières ? 3.1 Le système financier est intrinsèquement instable: la dynamique du cycle financier Les choix qui engagent l’avenir sont des décisions prises en univers d’incertitude : ils dépendent des représentations que les agents se font de l’avenir ? Comment se construisent ces représentations de l’avenir ? Conséquence : le système financier fonctionne de manière pro-cyclique

3.1.1 Dans un univers d’incertitude : la nécessité d’une représentation commune de l’avenir L’activité de financement Engage l’avenir de l’agent à besoin de financement et de celui à capacité de financement « Des marchés de promesses » P.N.Giraud L’avenir est incertain Comment se décider ? En fonction de la représentation que les agents se font de l’avenir « des Conventions  » André Orléan

3.1.2 Comment se construit ce scénario de l’avenir (la convention) ? Pour décider un agent essaie d’anticiper les comportements / les décisions des autres il sait que s’il agit dans le sens « des autres » (s’il va dans le sens du marché) : il ne perd pas il sait que s’il agit à l’inverse « des autres » : il perd Le résultat « confirme » son choix il s’adapte alors au scénario gagnant (à la croyance collective gagnante) Tous les agents agissent de la même façon : ils prennent tous des décisions en fonction de ce qu’ils pensent être l’opinion majoritaire (des autres) Prophétie auto-réalisatrice : les agents anticipent une hausse des prix / ils achètent / la demande augmente / les prix montent = « confirmation » de l’anticipation Plus les prophéties sont « confirmées » plus la crédibilité de la représentation dans l’avenir se renforce (auto-renforcement) Mécanisme auto-référentiel: « l’opinion majoritaire a pour objet l’opinion majoritaire elle-même » (A.Orléan)

3.1.3 La dynamique du cycle financier : la finance est pro-cyclique et s’auto-renforce Une croyance partagée que l’expansion va durer ou s’accélérer = période d’optimisme Les agents à besoin d’endettement se tournent de plus en plus vers le financement externe: endettement (crédit + obligation) et actions Les agents à capacité d’endettement cherchent à financer davantage de projets : crédit, obligation, actions, dérivés …

Le nombre de projets financés augmente et l’endettement progresse Stimule l’activité : croissance Finance pro-cyclique La croissance confirme les anticipations des agents et la crédibilité du scénario « optimiste » ; la confiance se renforce Capacité d’emprunt augmente : effet de levier Les prix des actifs augmente : effet de richesse

Le retournement Première défaillance d’emprunteur; un rythme de croissance inférieur aux anticipations = craintes + déceptions = changement de « convention » Les détenteurs d’actifs cherchent à vendre les actifs Les emprunteurs cherchent à se désendetter Les prêteurs restreignent leur financement (credit crunch) Baisse des investissements, de la demande = baisse des prix = déflation Paralysie des marchés financiers Inter. Financiers Effondrement valeurs des actifs Effet de richesse « à l’envers »

Quelques références Irvin Fisher « The Debt-Deflation Theory of Great Depressions », 1933 Hyman Minsky « Can « it » happen again ? » 1982 Charles Kindleberger « Manias, panics and crashes », titre français « Histoire de la spéculation financière » 1978  Michel Aglietta

La dynamique du système financier est pro-cyclique En phase haute : accès au financement plus facile et plus demandé En phase basse : accès au financement plus difficile et moins demandé

Lien entre les deux phases du cycle financier ? Hyman Minsky et le paradoxe de la tranquillité En phase optimiste, les croyances des agents sont renforcées par l’évolution haussière La confiance augmente : prêts plus faciles ; emprunteurs plus fragiles La qualité des prêts diminuent = jusqu’au moment où l’activité progresse moins et les défaillances s’accélèrent

Le cycle de crédit : un élément du cycle financier La place des banques dans le cycle financier En phase haussière : la confiance augmente = l’accès au crédit plus facile et moins cher hausse des défauts de crédit= entrée dans la phase baissière Des emprunteurs plus nombreux mais de moins bonne qualité Confiance baisse : frictions de crédit plus importantes = credit crunch

Le fonctionnement du système financier est intrinsèquement instable

3.1.4 Quel lien entre cycle financier et cycle économique ? Charles Kindleberger : Une grande innovation = de nouvelles opportunités = Accélération du rythme de croissance = confiance / optimisme Départ nouveau cycle financier

Larry Summers En France, démonstration reprise par P.Artus, mais aussi M.Aglietta

Etats-Unis attirent surplus épargne mondiale Politique monétaire accommodante Abondance de liquidités Taux d’intérêt très bas : essor de l’endettement / début cycle financier Augmentation du prix des actifs financiers et immobiliers Retournement : crise financière Effet de richesse Prophétie auto-réalisatrice = renforce la croyance optimiste et le cycle financier Stimule la demande globale et la croissance économique (dans contexte de croissance faible; stagnation séculaire )

Conclusion Le système financier est intrinsèquement instable = les crises financières découlent de la nature même du fonctionnement du SF Quelles sont les conséquences des transformations contemporaines du SF : l’ont-elles fragilisé ?

3.2 Les transformations/ évolutions récentes des marchés financiers ont rendu le système financier à la fois plus efficient et plus fragile Les transformations du système financier depuis années 1980 = davantage d’efficience dans l’allocation des ressources (moins de gaspillage) Mais un système plus fragile et moins résilient (faible capacité à encaisser les chocs) Cette ambivalence des transformations du SF : thèse de Philip Davis (1995) cité par le rapport du CAE Les crises financières de 2004

Pourquoi la fragilité du système financier s’est accrue? Le développement des marchés des dérivés renforcent les situations d’aléa moral et les comportements opportunistes D’autres instruments financiers fragilisent aussi le système financier L’essor des acteurs moins (ou pas) régulés : le shadow banking Le fonctionnement du SFI et du SMI fragilisent le SF en raison des transferts d’épargne vers les Etats-Unis

3.2.2 Le développement des marchés des dérivés : plus d’aléa moral et de comportements opportunistes Innovation : titrisation et CDS Transformation : Modèle « originate to hold » Modèle « originate to distribute » Les établissements qui prêtent ne portent plus les créances dans leur bilan « disparition » du risque de crédit « Myopie face au désastre » du système financier

Innovation : titrisation et CDS « disparition » du risque de crédit Aléa moral : les IF qui « originent » des crédits n’ayant plus à craindre le risque de défaut des emprunteurs ne regardent plus la qualité des emprunteurs (qui est une des fonctions des IF) Jean Tirole dans Economie du bien commun (2016)

Akerlof et Shiller dans Les marchés des dupes (2016) Innovation : titrisation et CDS Les prêts titrisés servent ensuite à fabriquer d’autres titres (exemple des véhicules spéciaux d’investissement) Des prêts de nature/risque différents sont « mélangés » = de nouveaux actifs Asymétrie d’information : les acheteurs de ce nouveaux titres ignorent la qualité des actifs qui ont servi à les « fabriquer » Akerlof et Shiller dans Les marchés des dupes (2016) Rôle des agences de notation : sont rémunérées par les établissements dont elles évaluent la qualité des bilans = conflit d’intérêt ? Jean Tirole

3.2.4 D’autres instruments utilisés par les acteurs sont aussi des facteurs de fragilisation du système financier L’évaluation des actifs à la valeur de marché (le market value): renforce la pro-cyclicité des bilans Les modèles d’évaluation des risques Value at Risk : ne mesurent pas les interdépendances entre établissements et la survenue de « cygnes noirs » (Nicholas Taieb) Trading haute fréquence : des vitesses de calcul supérieure aux capacités cognitives des hommes = des flash krachs Les échanges sur les marchés de gré à gré : pas de chambre de compensation

3.2.5 Des acteurs qui fragilisent le système financier: shadow banking et établissements systémiques Les acteurs du shadow banking Ils occupent une place croissante dans les marchés des capitaux Ils interviennent comme preneurs de risque, risque dont veulent se débarrasser les banques et les acteurs régulés Source de fragilité : ils sont moins régulés que les autres Source de fragilité : ils permettent de développer l’aléa moral

Les acteurs du shadow banking Les banques d’investissement : Goldman Sachs Lehman Brothers Les hedge funds (30%) LTCM Les véhicules de titrisation (10%)

Les établissements de taille systémique Leur défaillance : entraîner celle des autres (effet domino) Des banques commerciales (universelles) : SG Des assurances: AIG Des banques d’investissement: Lehman Brothers Des Hedge funds : LTCM

Des établissements présents sur des marchés de plus en plus interdépendants La globalisation financière : décloisonnement des marchés des capitaux domestiques Circulation du capital plus facile Des marchés plus intégrés (même si certains « paradoxes » subsistent) Cas des banques européennes touchées par la crise des subprimes

3.2.5 Le fonctionnement du SFI et du SMI fragilise le système financier Les Etats-Unis attirent les capitaux du monde entier et notamment les surplus d’épargne (global saving glut – B.Bernanke) Les Etats-Unis émettent le dollar : monnaie internationale Agents privés et publics cherchent à posséder du dollar Division internationale de la prise de risque financier : Anton Brender « Les déséquilibres financiers internationaux » Afflux de liquidités vers les Etats-Unis = cycle financier

4. La crise des subprimes

5. Stabilisation et régulation du système financier 5.1 Stabiliser le système financier au moment de la crise - Le rôle de prêteur en dernier ressort des banques centrales et de l’Etat 5.2 Réguler le système financier (en amont pour éviter les crises) - Surveiller les acteurs pour éviter les arnaques et les fraudes - La supervision microprudentielle - La supervision macroprudentielle - La stabilité monétaire : un nouvel objectif de la politique monétaire

5. Stabilisation et régulation du système financier 5 5. Stabilisation et régulation du système financier 5.1 Stabiliser le système financier en situation de crise 5.1.1 Le rôle de prêteur en dernier ressort par la Banque centrale ou l’Etat Pourquoi permettre aux banques de se refinancer auprès d’une institution publique ? Lors d’une crise financière : les banques peuvent être touchées Crise de confiance : impossibilité pour les banques de se refinancer sur le marché monétaire interbancaire Crise de solvabilité : les bilans de certains établissements se dégradent = risque de faillite Effet domino (dettes croisés) Crise de liquidité touche les établissements

Crise de liquidité sur le marché interbancaire Crise de solvabilité Défaut des banques : or, les banques sont des entreprises « particulières » (financement économie; dettes croisées) Prêteur en dernier ressort L’Etat La banque centrale Fournir de la liquidité en : Recapitalisant Prêtant ou en nationalisant Accès au refinancement en liquidité « sans conditions »

Le rôle du PDR par l’Etat en France après 2008 Création de la société de financement de l’économie française SFEF Émission de titres Prêts aux banques qui ont des besoins de liquidités Société de prise de participation de l’Etat Recapitalisation Nationalisation Etats-Unis : 500 milliards $ entre 2007 et 2009 Zone euro: 230 milliards $ Grande Bretagne : 150 milliards de $ Prêts

5.1.2 La pratique du PDR: quelles difficultés et contraintes ? Si l’Etat recapitalise ou prête / La BC refinance sans condition Est-ce la même chose d’être en situation de difficulté de refinancement en liquidité ou en crise de solvabilité ? La création monétaire par les banques nécessite obligatoirement de se refinancer : la recherche de liquidité est indispensable Les problèmes de solvabilité viennent de problème de gestion : mauvais choix Il ne faut pas aider les banques qui rencontrent une crise de solvabilité Il faut aider les banques qui rencontrent une crise de liquidité Sinon aléa moral !

Doctrine du PDR (règle du PDR) définie par Walter Bagehot « Lombard Street » (1873) Séparer problème de liquidité et problème de solvabilité Mais que faire lorsqu’une banque ou un IF de taille systémique menace de faire faillite ?

Certains établissements sont « Too big to fail » Le PDR est pris dans un dilemme : - Soit il applique la doctrine et ne vient pas en aide à l’IF = produit un effet domino (Lehman Brothers) - Soit il n’applique pas la doctrine et vient en aide à l’IF = produit de l’aléa moral ; tous les IF de grande taille estiment qu’ils seront « sauvés » « Pile je gagne, face tu perds » J.Couppey-Soubeyran L’IF fait peser à la collectivité le coût de ses erreurs; Solution pour sortir de ce dilemme ? Eviter de ce retrouver face à ce dilemme = mettre en place une supervision « prudentielle » pour empêcher le déclenchement d’une crise

5.2 La régulation du système financier en amont : surveillance des acteurs, supervision micro et macro-prudentielle Jean Tirole Economie du bien commun (2016) La supervision doit permettre : - Eviter les fraudes - Eviter la fragilité des intermédiaires financiers (acteurs pris individuellement) : s’assurer de la solvabilité des acteurs - Eviter la fragilité « systémique » (interdépendance des acteurs )

5.2.1 La surveillance des acteurs pour éviter les arnaques et les fraudes en 2008, manipulation du taux de refinancement interbancaire manipulation (scandale du Libor) en 2008 éclate l’affaire Madoff en 2015 scandale des crédits indexé en Francs suisses auprès de 500 collectivités territoriales et centres hospitaliers français en 2013, l’Autorité des Marchés Financiers condamne pour délit d’initié un trader à 14 millions d’euros et son informateur à 400 000 d’euros lors de l’OPA de la SNCF sur Geodis En 2014 et 2015 les scandales LuxLeaks et SwissLeaks montrent que certaines banques profitent des écarts de législations nationales pour pratiquer le blanchiment et la fraude fiscale.

G.Akerlof et R.Shiller Marchés de dupes (2016) « Les arnaques pratiquées sur les marchés financiers sont la principale cause des crises financières qui ont provoqué et provoquent encore les plus grandes récessions. (…) A chaque fois, bien sûr, les histoires sont différentes, ce ne sont pas les mêmes entreprises et les offres diffèrent. Mais cela revient à chaque fois, finalement, au même. Il y a des arnaqueurs et il y a des dupes. » La régulation du système financier est alors nécessaire puisque « quand les marchés sont totalement libres, la liberté de choix ne va pas sans liberté de tromper et de manipuler. »

5.2.2 Le cadre de la supervision microprudentielle 1974: faillite de la banque Herstatt = déstabilise les marchés des changes Accords Bâle 1 (jusqu’en 2007) Accords Bâle 2 (2007-2013) Accords Bâle 3 (à partir de 2013)

Les objectifs de ces accords Communication des informations : application du principe de « discipline de marché » Contrôle interne : risques associés à chaque élément de l’actif ; les agences de notation joue un rôle de plus en plus importants surtout depuis Bâle 2 exigence de fonds propres : ils sont fixés en fonction des risques associés aux actifs possédés = faire face à risque de défaut/marché Objectif final : améliorer la « solidité des établissements régulés »

Exigence de fonds propres Bâle 1 et Bâle 2: des exigences pour faire face à des problèmes de solvabilité L’établissement doit pouvoir faire face à une détérioration de son bilan Bâle 3 : rajoute des exigences pour faire face à des problèmes de liquidité L’établissement doit pouvoir faire face à un bank run ou une paralysie du marché interbancaire

Nature des fonds propres Bâle 1 et Bâle 2: 8% de fonds propres dont 2% d’actions et de réserves Bâle 3 : Augmenter les fonds propres détenus sous forme « liquide » (réserves) Le lobby bancaire s’oppose à ces mesures : cela revient à « bloquer » du capital (Blabla Banques – 2015 – JCS)

5.2.3 Les limites de la supervision microprudentielle

5.4.2 La nécessité d’une supervision macroprudentielle Supervision microprudentielle Supervision macroprudentielle Prendre en compte les défaillances individuelles et les effets domino Prendre en compte les interactions entre établissements = régulation « systémique » et non pas « individuelle » Impact du système financier sur l’économie réelle

Interdépendance des acteurs La valeur d’un actif chute Conséquence sur le bilan de l’Intermédiaire financier A = déterminer un nouveau montant de réserves obligatoires Conséquence sur le bilan de l’Intermédiaire financier B = déterminer un nouveau montant de réserves obligatoires L’ensemble des acteurs est touché : perte de confiance généralisée Paralysie des marchés qui affecte d’autres intermédiaires financiers

Indicateur de fragilité systémique Outil pour mesurer les interdépendances entre établissements : les stress tests Utilisés pour les banques et assurances Publiés annuellement aux Etats-Unis depuis 2010 et la loi Dodd-Franck

La régulation macroprudentielle Moins de fragilité du système : Des réserves obligatoires « dynamiques » : davantage d’exigence de réserves quand tout va bien = moins d’exigence quand crise Limiter les pratiques qui fragilisent le système : marché de gré à gré; ou des instruments (les ventes à nue de CDS portant sur des défauts de dettes souveraines; le THF ?)

La régulation macroprudentielle Moins de fragilité du système : Séparer au sein des banques universelles, les actifvités de dépôts et les activités de banque d’investissement ; proposition de P.Volcker; E.Likaannen et J.Vickers « muraille de Chine » L’accès aux informations dans les paradis fiscaux

La régulation macroprudentielle Moins de fragilité du système : Réguler le shadow banking : La commission d’enquête sur la crise financière aux Etats-Unis (mai 2010) =l’ensemble des activités de type bancaire conduites en dehors du secteur traditionnel des banques commerciales le shadow banking englobe toutes les entités financières qui ont participé à l’extension et à la distension de la chaîne d’intermédiation qui au départ reliait directement les banques à leurs clients.

La régulation macroprudentielle Réguler le shadow banking : Obligation d’information Obliger les banques à constituer des réserves même pour des actifs « sortis du bilan » Interdire toute forme de « originate to distribute »

La supervision: en résumé Supervision micro-prudentielle Supervision macro-prudentielle Empêcher l’effet domino Contrôle l’ensemble du système Les acteurs financiers sont surveillés individuellement: Ils doivent respecter des montants de réserves obligatoires qui les couvrent contre des risques d’insolvabilité (Bâle 1 et 2) et contre des risques d’illiquidité (Bâle 3); Pour mesurer leurs besoins en réserves, ils font appel à des agences de notations; Les résultats sont communiqués au public de manière à faire jouer la discipline de marché Tenir compte des limites de la supervision microprudentielle : L’évaluation des risques est défaillante car elle prend peut en compte les logiques d’interdépendance entre IF; La constitution de réserve est pro-cyclique - Certains marchés et acteurs ne sont pas règlementés et contrôlés Eviter la paralysie des marchés et la diffusion de la crise financière à l’économie réelle = rôle de la politique monétaire ?

5.3 La stabilité du système financier : un nouvel objectif de la politique monétaire ? Les banques centrales Incidence de l’instabilité financière sur leurs actions ? Incidence de leurs actions sur l’instabilité financière ? La BC : Fournir de la liquidité : agir en PDR = politique monétaire ultra-accommodante L’injection de liquidité provoque des cycles financiers notamment lorsque la croissance réelle est durablement faible (stagnation séculaire) Incidence de cette action sur l’inflation et l’objectif de stabilité des prix des biens ?

Les banques centrales et les crises financières Soit elles ne réagissent pas après une crise financière : impact économique négatif important Soit elles réagissent après une crise financière L’abondance de liquidité crée de l’aléa moral et des comportements plus risqués = nouveau cycle financier et nouvelle crise Est-il possible de sortir de ce dilemme ? Les banques centrales doivent-elles aussi participer à la régulation du système financier ?

La BC intervient directement sur les marchés pour empêcher la formation des bulles La BC élargit la liste des établissements auxquels elle donne accès à son refinancement : l’action sur le taux d’intérêt se répercute sur les actions des établissements (lien taux d’intérêt/ prix des actifs) La BC modifie les exigences de fonds propres : approche dynamique = la BC devient un superviseur du système financier (mais risque guerre des superviseurs !)