La Liberté guidant le peuple Eugène DELACROIX [1830]
Table des matières I. Le tableau 1.Présentation 2.Description 3.Signification 4.Postérité II. Le Tableau et la problématique du groupement 1.Analogies 2.Oppositions
Présentation La Liberté guidant le peuple est une huile sur toile d'Eugène Delacroix réalisée en 1830, inspirée de la révolution des Trois Glorieuses qui se déroula la même année. Elle fut Présentée au public au Salon de Paris de 1831 sous le titre Scènes de barricades Par son aspect allégorique et sa portée politique, elle a été fréquemment choisie comme symbole de la République française ou de la démocratie.
Description L'œuvre assez imposante (260 × 325 cm) fut réalisée entre les mois d'octobre et de décembre 1830. La scène se passe à Paris, comme l'indiquent les tours de la cathédrale Notre-Dame qui émergent des fumées au dernier plan. Une foule d'émeutiers franchissent une barricade. Au premier plan, associés aux matériaux–- pavés et poutres – que forment cette barricade, les corps de soldats morts apparaissent tordus et comme désarticulés. L'un gît nu. Un ouvrier ou un paysan blessé, foulard noué sur la tête, émerge des décombres, le corps et le regard tendus vers une femme du peuple, coiffée d'un bonnet phrygien dont s'échappent des boucles.
Description Celle-ci est représentée en pied et occupe de fait la place principale. Elle brandit par la hampe un drapeau tricolore qui occupe l'axe médian de la toile. Sa poitrine est en partie découverte. La lumière semble provenir de l'arrière-plan et la femme s'avance vers nous en contre-jour.
Description On distingue quatre autres personnages aux abords de la barricade : deux enfants des rues – un homme coiffé d'un haut-de-forme (qui laisse penser que c'est un bourgeois), et un ouvrier portant un béret, un sabre briquet à la main et sa banderole sur l'épaule. Derrière, on peut voir un élève de l'École polytechnique portant le traditionnel bicorne. Les principaux protagonistes s'inscrivent dans un triangle dont le sommet est le drapeau. Les couleurs dominantes sont le bleu, le blanc et le rouge qui émergent des teintes grises et marron. Les couleurs chaudes dominent les corps des émeutiers.
Signification et portée de l’oeuvre Le personnage central féminin attire tous les regards. La Liberté emprunte autant à la statuaire antique – drapé, pieds nus, poitrine offerte – qu'aux représentations de la femme du peuple à la lourde musculature et à la peau hâlée Elle emprunte de même aux allégories sereines et hiératiques de la Liberté et de la République qui voient le jour après 1789, comme celles d'Antoine-Jean Gros ou de Nanine Vallain. Elle est ici tant une idée qu'une personne réelle, à mi- chemin entre le tangible et l'idée. C'est cette superposition de références et cette incertitude qui produit ce lyrisme révolutionnaire, portée par la construction pyramidale.
Signification et portée de l’oeuvre Delacroix joue sur un registre patriotique en restreignant volontairement sa palette de couleur et disséminant dans le tableau par un « motif conducteur » (leitmotiv) les trois couleurs du drapeau national. Il produit un effet d'identification. Delacroix compose la scène à l'encontre des principes de la peinture de guerre auxquels les scènes de combats des révolutions de 1830 et 1848 se sont conformés : .Les insurgés font face au spectateur, le dominent et marchent sur lui.
Signification et portée de l’oeuvre La scène a probablement inspiré à Victor Hugo sa barricade dans Les Misérables et plus particulièrement son personnage de Gavroche. La Liberté guidant le peuple figure parmi les œuvres du XIXe siècle les plus mobilisées au XXe siècle que ce soit pour un usage officiel, publicitaire ou scolaire. En France, elle prend valeur d'emblème. Son ancrage patriotique lui vaut de devenir un symbole républicain, voire une icône de la République. L'œuvre illustre les billets de banque de cent francs de 1978 à 1995. La Liberté se meut en Marianne pour la série de timbres d'usage courant gravé par Pierre Gandon, « Liberté » de 1982 à 1990. Yue Minjun
Billet de 100 francs et timbre
Le tableau et la problématique du groupement Analogies Œuvre inspirée de faits historiques réels : idem tous les textes du groupement (qui exploitant un fond historique réel (Waterloo, guerre 14-18, révolution en Chine 1927) pour leur personnage / héros de fiction Mais dans la peinture les personnages ne sont pas réels mais sont plus des archétypes (gamin des rues, bourgeois, paysans) ou des allégories (Marianne) : idem Gavroche qui est un symbole… devenu icone -> par ailleurs le personnage de Gavroche et la scène de la barricade aurait été inspirée à Victor HUGO… par le tableau de DELACROIX !!! Yue Minjun
Le tableau et la problématique du groupement Analogies On retrouve le chaos (notamment des mots qui servent de socle) dans l’œuvre picturale… tout comme dans le texte de Stendhal (on rapprochera les habits rouges ou le cheval agonisant aux morts de DELACROIX) ou de CELINE (les énumérations de soldats dans la mêlée qui ouvrent le texte Mais aussi les nuées (DELACROIX = HUGO) Même sens de l’épopée, de l’épique dans les deux textes de Victor HUGO et de DELACROIX : grandissement, élévation, structure pyramidale Yue Minjun
Le tableau et la problématique du groupement Oppositions Pour autant l’héroïsme est bien là, l’action est à son apogée (climax) : pas de commune mesure entre la Marianne volontaire et sans frein et Fabrice, Bardamu ou même Tchen… Pas de distance vis-à-vis de l’événement : une vision romantique de l’instant crucial, un lyrisme assumé : pas de comique, de satire ou même de réflexion existentielle sur l’engagement : la toile de DELACROIX est univoque et entière, magistrale (en cela elle se rapproche un peu de cette vision danstesque de Waterloo développées par HUGO dans les Misérables Tchen