Les Représentations des soignants en Oncogériatrie Session parallèle « Vécu des équipes soignantes » Florence Barruel Psychologue Clinicienne Pôle d’Onco Hématologie GHI Montfermeil
La réflexion proposée Constats Quels changements possibles? Les pratiques et représentations les plus courantes L’incidence de ces représentations dans la pratique clinique Rappel des enjeux relationnels soignant/sujet âgé et des processus psychiques du sujet âgé atteint de cancer Quels changements possibles? Propositions pour: l’évolution des représentations sur le soin de la personne âgé une clinique plus adaptés
Les pratiques les plus courantes Stratégies d’omission Stratégies de mensonge et/ou jeu sur les mots (cancer / tumeur / lésion / kyste…) Annonces directes sans précaution majeure
Les pratiques les plus courantes L’annonce faite au famille souvent en premier lieu Jamais aisée, l’annonce semble particulièrement difficile face au sujet âgé Une nécessité « d’apprendre à intégrer » les familles à leur place
Les représentations associées Stratégies qui indiquent l’idée que ces patients sont: Plus fragiles que les autres: notions de vulnérabilité, de compréhension altérée… Mieux protégés que les autres: au vu de leur plus grande proximité avec la mort, on considère que la maladie ne changera pas leur finalité et qu’elle est donc plus « banale »
Les représentations en question Résultats d’études (bonne tolérance des chimiothérapies chez des sujets non fragilisés ) Angoisse spécifique liée au sentiment de « proximité » d’avec la mort: quelle prise en compte? Si le patient « attend la mort », il ne souffre pas moins pour autant
Pratique généralisée de l’annonce et sujet âgé De manière générale, on a montré que même si l’annonce d’un cancer n’est pas une bonne nouvelle, cette annonce est préférable au silence sur le diagnostic La situation du patient âgé doit elle faire exception? N’y aurait-il aucun avantage pour les sujets âgés de savoir ce dont il souffre?
Représentations et information Au final, l’information énoncée au patient est guidée par la représentation des soignants plus que par l’analyse des besoins du patient
Réflexion Y aurait-il quelque chose qui ferait « peur » dans la relation à ces patients? Pourquoi est-il difficile de s’en approcher pour connaître leurs besoins? Les représentations soignantes inadéquates ont une incidence sur la manière dont le patient et son entourage pourront vivre la maladie et les traitements, ainsi que la fin de vie
Enjeux relationnels soignant/sujet âgé Le sujet âgé en cancérologie peut renvoyer une certaine violence au soignant: Inactivité sociale Proximité d’avec la mort Double stigmatisation: - Liée au cancer - Liée à la vieillesse Les aspects angoissants: - Notion de dépendance accrue - Notion de responsabilité du soignant
Les effets psychiques de l’annonce chez le sujet âgé Ils se croisent avec le travail psychique lié au vieillissement Adaptation à envisager sans l’aspect de réhabilitation « psycho social » présent avec des sujets plus jeunes Notion de « fin », de « sans après »
Enjeux relationnels Les soignants Les patients Quelle communication? Coincés par cette représentation d’une situation doublement stigmatisante (cancer + vieillesse) Face à l’irreprésentable de la fin Avec des représentations de patients « faibles » ou « indifférents » au cancer Les patients Doublement confrontés à cette situation de « fin de vie » La vieillesse est souvent difficilement représentable et le peu qui était parvenu à se construire est ébranlé L’irreprésentable est massif Quelle communication?
Enjeux relationnels Le décalage est considérable L’espace d’échange est faible Besoin d’écoute Besoin d’exprimer ce qu’ils vivent Une attente souvent méconnue d’eux-mêmes et donc informulable
Conséquences du décalage Omission et mensonge du patient / contrôle de l’information Objectif Manipuler l’information: dissimuler ou minorer les symptômes Infléchir les décisions médicales en matière d’hospitalisation ou de traitements estimés trop lourds - Eviter un diagnostic grave - Maintien illusoire de l’autonomie la + grande possible
OBSERVATION Si écoute des patients dans ces situations: Estiment que l’information reçue est vaine Disent leur tristesse de ne pas se sentir entendus et pris en considération Finalement, l’écoute conduit à retrouver la confiance et des questionnements
Quel autre regard possible?
Les processus psychiques Le travail du vieillir Chute du fantasme d’éternité (rencontre avec sa vulnérabilité, notion de finitude) Le travail de deuil lié à la maladie Au cœur de cette crise: une épreuve pouvant figurer le deuil Des situations de « crise psychique » qui « s’élaborent ».
Les processus psychiques Le cancer comme « processus de relance »de la mentalisation du processus de vieillissement Vient figurer la question de la finitude Utile si l’on saisit cela comme une opportunité d’évoquer craintes et angoisses Suppose la capacité de se représenter l’utilité d’un temps, « même court », et qu’il puisse être source de plaisir Une place pour la subjectivité du patient, qui détrône la prégnance des représentations inadéquates
Les processus psychiques Le maintien des échanges de qualité: Favorise le « travail du vieillir » Détrône la prégnance des représentations inadéquates
Accompagner le changement des représentations / sujet âgé Suppose une prise de conscience Motivation Expérience Accompagnement Mission d’encadrement des soignants
démarche participative Rôle de l’encadrement Aider à prendre conscience des représentations erronées Organiser la formation et le soutien des équipes dans la prise en charge des sujets âgés Groupes de travail, réflexions sur les pratiques, supervisions, staffs pluriprofessionnels, formation Pratiques d’évaluation du patient Outils d’oncogériâtrie Application de la démarche participative
En conclusion Un projet d’onco gériâtrie dans chaque service d’oncologie? Un projet « libre », spécifique à chaque structure, mais devant répondre à des exigences et à des buts communs