MECANISMES DE TRANSMISSION DES INFECTIONS K. JEBLAOUI - CHUM IFSI 1ère année, module Hygiène (année 2017-2018) MECANISMES DE TRANSMISSION DES INFECTIONS K. JEBLAOUI - CHUM IFSI 1ère année sept 2017
Définitions INFECTION = résultat de l’agression d’un organisme par un micro-organisme, capable de s’y multiplier ; les altérations qui en résultent (=maladie) dépendent des capacités de résistance de l’hôte. COLONISATION= croissance, multiplication d’un MO chez l’hôte, sans manifestations cliniques ni réactions immunitaires décelables. Précède souvent l’infection. CONTAMINATION= moment où un organisme vivant ou inerte est exposé à une source de micro-organismes. On parle aussi de contamination pour exprimer la présence de micro-organismes sur des surfaces IFSI 1ère année sept 2017
Comment ça marche? Un germe: un microorganisme pathogène ou opportuniste Un hôte: homme, animal Entre les deux, il y a la transmission Directe ou indirecte Par l’environnement Par un vecteur spécifique, quelquefois Modes transmission/contamination SOURCE HOTE Modes de transmission/dissémination IFSI 1ère année sept 2017
La chaîne de la transmission Agent microbien Réservoir Hôte réceptif Porte d’entrée Porte de sortie (ou source) Voie de transmission IFSI 1ère année sept 2017
I- Les Microorganismes (MO) Bactéries Virus Champignons Parasites…. ATNC (prions) Homme, animal, végétaux, environnement (eau, air, sol…) Saprophytes, commensaux, pathogènes IFSI 1ère année sept 2017
Les Microorganismes (MO) MO saprophytes: milieu extérieur, habituellement non nuisibles MO commensaux : flore normale de l’Homme, indispensables, généralement non ou peu pathogènes MO pathogènes: indésirables maladie infectieuse spécifique (ex: Vibrio cholerae choléra) MO opportunistes : saprophytes ou commensaux capables de devenir virulents en profitant d’un « terrain » affaibli infections diverses En milieu hospitalier, ou chez la personne âgée, les défenses naturelles sont altérées et ne permettent plus de faire face aux agressions des MO réceptivité à l’infection IFSI 1ère année sept 2017 6
MO: pouvoir pathogène et virulence (1) Le pouvoir pathogène est une notion qualitative: il conditionne le type de maladie et dépend de l’espèce microbienne responsable de l’infection Ex: le pouvoir pathogène du V.cholerae, c’est le choléra; celui du méningocoque est la méningite; 2 infections complètement différentes La virulence est une notion quantitative: plus la quantité de MO capables de développer l’infection est faible, plus le MO est virulent; ainsi pour un même pouvoir pathogène, il peut y avoir des souches plus ou moins virulentes. Ex : Shigella dysenteriae et Shigella flexneri sont toutes les deux responsables d'une dysenterie bacillaire, mais pas avec les mêmes doses. Quelques bactéries suffisent pour développer une infection avec S.dysenteriae alors que plusieurs milliers sont nécessaires avec S. flexneri. Cette espèce est donc considérée comme moins virulente que S.dysenteriae. IFSI 1ère année sept 2017
MO: pouvoir pathogène et virulence (2) Les bactéries pathogènes peuvent ou non appartenir à la flore humaine commensale Certaines, comme Pneumocoque, Haemophilus, méningocoque sont retrouvées très fréquemment au niveau du nasopharynx; on parle de portage sain; l’infection à partir de ce portage sain est exceptionnelle et dépend de facteurs liés à l’hôte. D’autres, comme Mycobacterium tuberculosis, Shigella, Salmonella, V.cholerae, n’appartiennent en aucun cas à la flore commensale. Il ne peut y avoir de portage sain. La résistance à l’infection vis-à-vis de ces agents pathogènes dépend de l’état d’immunité de l’individu, ainsi que de la virulence des souches et donc de « l’inoculum ». L’inoculum correspond à la quantité de MO présents /g de tissu IFSI 1ère année sept 2017
MO: pouvoir pathogène et virulence (3) Les bactéries opportunistes ne donnent habituellement pas de maladie chez les sujets sains; en revanche, elles peuvent devenir pathogènes chez les sujets aux défenses immunitaires altérées. Ce sont souvent des bactéries commensales de la peau et des muqueuses qui, à la faveur d'une immunodépression ou d 'une antibiothérapie, vont être sélectionnées et proliférer en prenant ainsi un avantage sélectif. Le type de maladie (et donc le pouvoir pathogène) dont ces bactéries sont responsables n’est pas spécifique: colonisation de la porte d'entrée avec développement d'une inflammation non spécifique à ce niveau: pneumonie, infection urinaire, infection sur cathéter,.. éventuellement suivie d'une généralisation: septicémie puis localisations secondaires possibles (endocardite, abcès profond, ostéites, méningites...) IFSI 1ère année sept 2017
II- Les réservoirs Une infection peut être générée par : ● des micro-organismes provenant d'un environnement contaminé : l'infection est dite EXOGENE réservoir exogène ● des germes hébergés par le patient : l'infection est dite ENDOGENE réservoir endogène IFSI 1ère année sept 2017
1- schéma de la transmission endogène Infections endogènes par autoinfection Malade A Malade A colonisé infecté Flore normale flore hospitalière Facteurs favorisants commensale ou pathogène - immunodépression oro-pharyngée Eco-système hospitalier - manœuvres invasives Cutanée - espèces diverses - antibiothérapie Digestive - stables dans le milieu - pathologies diverses Génito-urinaire - résistantes à de nbx atb IFSI 1ère année sept 2017
Flore commensale du patient IFSI 1ère année sept 2017
on peut la réduire mais pas l’enlever Flore résidente Chaque individu est porteur d’une flore qui lui est propre (flore commensale) Les zones "d'habitat" préférentiel des micro-organismes sont les : ● zones de plis : aisselles, plis sous-mammaires, ombilic, mains, sillons inter-digitaux, ongles, périnée, plis inguinaux ● zones pileuses : cheveux et barbe, aisselle, pubis ● muqueuses : nez et bouche, muqueuses génitale et anale, muqueuse digestive on peut la réduire mais pas l’enlever Elle est permanente IFSI 1ère année sept 2017
Mécanisme infection endogène Flore résidente = barrière 5 j hospitalisation modification de la flore habituelle du patient flore secondaire La flore secondaire reflète l’écosystème hospitalier: Pseudomonas, S. aureus, entérobactéries…et souvent présence de BMR (bactéries multirésistantes) dues à la forte pression de sélection par l’antibiothérapie. Certains gestes invasifs peuvent déplacer des germes d'un endroit où ils sont inoffensifs vers un autre où ils se multiplient différemment et deviennent pathogènes. IFSI 1ère année sept 2017
Mécanisme infection endogène IFSI 1ère année sept 2017
2-Schéma de la transmission exogène Infections exogènes par transmission croisée Malade A Soignants Malade B colonisé, infecté (manuportage) colonisé, infecté Environnement (contaminé) Facteurs favorisants Règles d’hygiène non maîtrisées Hygiène des mains, environnement non maîtrisés Réceptivité de l’hôte IFSI 1ère année sept 2017
La transmission des infections exogènes Fait intervenir des sources de contamination ou réservoirs de germes : ● éléments inanimés contaminés : objets, eau, air, surfaces, aliments, etc.... ● êtres humains : le personnel, les visiteurs et les malades eux-mêmes. Il existe 4 modes de transmission exogène: à partir de réservoirs humains: contact et voie aéroportée, modes 1,2,3 à partir de réservoirs environnementaux: mode 4 IFSI 1ère année sept 2017
Environnement général Réservoirs à la fois émetteurs et récepteurs Réservoirs de MO Réservoirs de l’environnement Environnement général eau, air, aliments Environnement de proximité du malade DM, objets, surfaces Réservoirs à la fois émetteurs et récepteurs Visiteurs Malades Soignants Réservoirs humains IFSI 1ère année sept 2017
III- Voies de transmission Porte d’entrée Réservoir de MO Voies de transmission SUJET RECEPTIF = PATIENT Humain: - patients soignants visiteurs Porte d’entrée Environnemental: - eau, air, aliments surfaces, matériel déchets, linge.. IFSI 1ère année sept 2017
Transmission mode 1 : Par contact Il peut être direct : de la source au patient ou indirect par l’intermédiaire d’un “support” entre la source et le patient (mains des intervenants, objets,..). La transmission croisée manu-portée est prépondérante dans ce mode d’infestation Ex: infections digestives, cutanées IFSI 1ère année sept 2017
Transmission par contact IFSI 1ère année sept 2017
Rôle de la flore transitoire dans la transmission croisée La flore transitoire ou superficielle cutanée est composée le plus souvent: de germes saprophytes issus de l’environnement (eau, surfaces, plantes…) Pseudomonas, Stenotrophomonas … Parfois de bactéries pathogènes ou commensales issues de la flore commensale des patients Gram - : Entérobactéries (Klebsiella, E. coli..) Gram + : Staphylococcus aureus, Streptococcus, Candida albicans Elle varie au cours de la journée, selon les activités et l’environnement dans lequel on se trouve Elle reflète l’écosystème hospitalier en particulier les BMR Elle est impliquée dans la transmission croisée Elle est de passage facile à enlever IFSI 1ère année sept 2017
Transmission par contact IFSI 1ère année sept 2017
Transmission mode 2: Par gouttelettes ou droplet (particules >5 μ) Ce sont des sécrétions du rhino-pharynx ou du tractus respiratoire, la source est alors proche du patient (< 3m) Emises par la parole, la toux, l’éternuement, elles contiennent les particules infectieuses issues des voies respiratoires hautes de l’individu colonisé ou infecté, peuvent contaminer un autre individu par inhalation, et se déposent ensuite sur les surfaces environnantes Ex: Grippe IFSI 1ère année sept 2017
Transmission mode 3 : Par air par droplet nuclei (particules <5 μ) Il s’agit de microorganismes issues des voies respiratoires inférieures véhiculés dans l’air sur support de poussière ou de cellules squameuses; très légers, ces supports peuvent rester en suspension dans l’air plusieurs heures La source peut être distante du patient (plus de 3m) qui s’infecte par inhalation de cet air contaminé Ex: Tuberculose, varicelle IFSI 1ère année sept 2017
Transmission par voie aérienne IFSI 1ère année sept 2017
Transmission mode 4 : Réservoirs environnementaux Eau : Légionelle: contamination par inhalation d’aérosols chargés en légionelles Autres microorganismes: contamination par ingestion d’eau (bactéries, parasites, virus…) ou par contact, voire par effraction (peau lésée) Air : Aspergillus (contamination par inhalation des spores véhiculés par l’air) Aliments : infections alimentaires (contamination par ingestion d’aliments contaminés: TIAC, listériose, brucellose, fièvre typhoïde…) IFSI 1ère année sept 2017
Un mode de transmission particulier: Transmission par vecteur vivant Vecteurs susceptibles de transmettre des maladies: Rats Moustiques Puces, poux… Petits rongeurs domestiques Animaux domestiques (oiseaux en cage, chat, chien…) IFSI 1ère année sept 2017
Exemples: modes de transmission (1) Mode de transmission Infections Prévention de la transmission: mise en œuvre des PC contact CONTACT • Diarrhée à Clostridium difficile • Gale • Gastro-entérites bactériennes ou virales • Herpès • Infection ou colonisation à bactéries multi-résistante (BMR) • Infections de la peau (impétigo, abcès) • Infections à virus respiratoire syncytial (gouttelettes également) • Poux et puces • Varicelle (air également) IFSI 1ère année sept 2017
Exemples: modes de transmission (2) Mode de transmission Infections Prévention de la transmission: mise en œuvre des PC gouttelettes GOUTTELETTES • Coqueluche • Diphtérie • Epiglottite à Haemophilus • Grippe • Méningites (Haemophilus, Nesseria meningitidis) • Pneumonie à Haemophilus influenzae chez l’enfant et à Mycoplasma pneumoniae • Oreillons • Rubéole • Infections à virus respiratoire syncytial (contact également) IFSI 1ère année sept 2017
Exemples: modes de transmission (3) Mode de transmission Infections Prévention de la transmission: mise en œuvre des PC air AIR • Rougeole • Tuberculose pulmonaire • Varicelle (PC contact également) • Zona (forme généralisée) PC= précautions complémentaires IFSI 1ère année sept 2017
IV- Les portes d’entrée IFSI 1ère année sept 2017
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V- L’hôte: les défenses de l’organisme 1- Empêcher la pénétration de l’agent infectieux = effet « barrière » de la peau et des muqueuses peau : plus d’infection si plaie (escarre, ulcère veineux) ou peau lésée (dermatoses, brûlures étendues) muqueuse respiratoire : cils bronchiques, mucus, anticorps diminution de l ’efficacité chez les fumeurs muqueuse digestive : flore naturelle, anticorps muqueuse génitale : acidité IFSI 1ère année sept 2017
Les défenses de l’organisme 2. Détruire le microorganisme : défenses non spécifiques valables quelque soit le microorganisme = inflammation GB GB vaisseau sanguin GB GB GB bactérie IFSI 1ère année sept 2017
Les défenses de l’organisme (3) 3. Détruire le microorganisme : défenses spécifiques = IMMUNITE Faculté permettant de reconnaître et de détruire un agent infectieux avant d’avoir des symptômes Nécessite un premier contact microorganisme 1er contact lymphocyte SYNTHESE ANTICORPS microorganisme 2ème contact anticorps anticorps lymphocyte IFSI 1ère année sept 2017 Les anticorps bloquent le microorganisme et permettent sa destruction
Hôte: facteurs favorisant l’infection en milieu de soins Sont de 2 types Facteurs liés au patient Facteurs liés aux soins IFSI 1ère année sept 2017
Facteurs liés au patient = à son état (1) Pathologies chroniques ● diabète ● insuffisance rénale ● insuffisance hépatique ● incontinence urinaire ● immunodépression (aplasie, leucopénie, leucémie, cancer, SIDA) Certaines pathologies aigues motivant l'hospitalisation: ● polytraumatismes ● brûlures ● défaillance viscérale aiguë IFSI 1ère année sept 2017
Facteurs liés au patient = à son état (2) Etat nutritionnel perturbé La dénutrition est un facteur favorisant important pour tous les sites d'infection. L’obésité favorise les abcès de paroi post-opératoires. L’âge (avant 1 an et après 65 ans) peut être un facteur de risque majoré (notamment immunité ) IFSI 1ère année sept 2017
Facteurs liés aux soins (1) Les interventions chirurgicales : le risque est fonction du type = classification d’Altemeier ( chirurgie propre ou contaminée) Les actes invasifs : sondage urinaire, le cathétérisme veineux, la ponction, l’intubation-ventilation Certains traitements diminuent la résistance à l'infection: corticothérapie prolongée radiothérapie, chimiothérapie anti-cancéreuse. IFSI 1ère année sept 2017
Facteurs liés aux soins (2) Les insuffisances dans l'organisation des soins: hygiène des mains défectueuse désinfection insuffisante (environnement, DM) asepsie insuffisante stérilisation inefficace mauvais usage des antibiotiques ( sélection de bactéries multirésistantes ou BMR) IFSI 1ère année sept 2017
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La chaîne de la transmission A l’hôpital, en milieu de soins, toutes les conditions sont réunies pour faire fonctionner la chaîne! Et générer ce qu’on appelle les infections nosocomiales ou infections associées aux soins Prévention Prévenir l’infection, c’est agir sur chacun des maillons de la chaîne Agent infectieux Réservoir Porte de sortie Voies de transmission Porte d’entrée Hôte IFSI 1ère année sept 2017
Comment lutter contre les IN? Points d’impact des mesures ? au niveau du patient renfort des défenses limiter les procédures invasives isolement protecteur asepsie au niveau des MO lutte contre l’apparition des BMR : gestion de l’antibiothérapie au niveau des réservoirs maîtriser la contamination de l’environnement: procédures de désinfection, stérilisation, bionettoyage, élimination des déchets au niveau de la transmission croisée empêcher la transmission directe et indirecte hygiène des mains précautions standards et complémentaires IFSI 1ère année sept 2017
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La lutte contre les IN passe par… Des méthodes protocoles et procédures écrites dispositif de surveillance évaluations Des outils Recommandations Guides de bonnes pratiques Textes législatifs… Programmes de prévention IFSI 1ère année sept 2017