Chapitre 1 : le théâtre antique – des origines religieuses et civiques Histoire du THEÂTRE
Sommaire Les origines antiques Le théâtre en France au Moyen Âge. XVIIe siècle : le Siècle d’or XVIIIe siècle :la Comédie et le drame bourgeois XIXe siècle : du théâtre romantique au théâtre de Boulevard. La remise en cause du théâtre naturaliste XXe siècle : le théâtre de l’absurde Le théâtre engagé
Chapitre 1 : Le Théâtre antique Des origines religieuses et civiques
I- Définition Le théâtre: Un texte Un lieu Un spectacle Un genre La fable la scène la mise en scène Tragédie Les répliques le parterre les comédiens Comédie Les didascalies le balcon les costumes Farce la loge les accessoires Comédie-ballet les coulisses le décor Tragi-comédie les gradins les lumières Drame
Le conflit : essence du théâtre Etymologie Théâtre : grec theatron (lieu de représentation) grec theaomai (regarder, contempler) Drame : grec drama (action) Protagoniste : grec agôn = conflit (action, puis personnage principal d’une pièce) Le théâtre est une action conflictuelle interprétée par des comédiens sous le regard du public. Lieu de dialogues mais aussi de débats.
II- Naissance du théâtre en Grèce : cinquième siècle avant J.C Le théâtre naît en Grèce à l’occasion de fêtes religieuses en l’honneur de Dionysos. ( Théâtre d’Epidaure)
Origines sacrées et rituelles Art communautaire, développé à partir des rites et des célébrations officielles de la cité. Tous les citoyens y participent. Les sujets sont tirés des mythes et légendes communs aux principales cités grecques : fonction civique et religieuse Clytemnestre hésitant à frapper Agamemnon- Guérin
Epoque archaïque: les prémices VIe siècle avant JC : danses , chants, processions en l’honneur des héros grecs lors de cérémonies religieuses. On imagine alors d’intégrer des personnages déguisés en satyres et barbouillés de suie. ( origine des masques) Le poète Thespis invente le genre dramatique en promenant sur des charriots des acteurs masqués qui jouent, chantent et dansent. On joue ensuite sur des estrades en bois. Puis un acteur (le protagoniste) soliloque et alterne avec le chœur qui chante Pisistrate organise le premier concours de tragédie Eschyle introduit un deuxième acteur puis Sophocle un troisième Les représentations se déroulent durant les Dyonisies : fonction religieuse mais aussi politique. Permet d’assurer la cohésion sociale ( tous les citoyens participent à l’événement) sous la tyrannie de Pisistras.
Dédicace à Bacchus- Sir lawrence Alma -Tadema
Epoque Classique: essor du genre dramatique Festivals de théâtre : concours de tétralogies : 3 tragédies et un drame satyrique Sacrifice d’un bouc en l’honneur du Dieu (Tragos, en grec- origine du mot « tragédie ») L’archonte ( l’un des premiers magistrats de la ville) nomme les poètes, les chorèges et les protagonistes. Les chorèges : riches citoyens qui ont à charge de recruter les chœurs ( de 15 à 24 choreutes) et de financer le spectacle. Le public :Tous les citoyens y seraient conviés : femmes , métèques, esclaves. Les prisonniers seraient libérés le temps de la fête. Les citoyens les plus riches paient les places des plus pauvres. Les protagonistes : les comédiens sont tous des hommes
Disposition du théâtre grec
Vue d’ensemble
Le décor: selon la pièce Tragédie Comédie Drame satyrique -Palais rehaussé de portiques - Temple -Rues et places publiques -Maison Décor champêtre : Rochers et bosquets
Le public et les acteurs dans le théâtre grec On accède au théâtre par les paradoï. Les sièges des personnalités sont séparés par un petit mur en marbre ( balteus) L’orchestra est large et circulaire , en terre battue : c’est là qu’évoluent le chœur, les danseurs et musiciens. Le proskenion est haut et étroit ( 3 à 4 m) : scène où jouent les acteurs La skênê : abrite les coulisses et la machinerie
Les choreutes sont choisis parmi l’élite de la cité : ce sont 15 jeunes garçons qui composent un personnage collectif. Ils forment le lien entre les spectateurs et les 3 acteurs par le biais du coryphée qui interroge les comédiens
Les acteurs dans la Grèce antique Au début, pas d’acteurs de profession : tout citoyen qui participe aux rites. Puis, dans les fêtes officielles : fonctionnaires publics. Trois acteurs pour la partie dramatique : le protagoniste, le deutéragoniste et le tritagoniste. Chaque acteur peut jouer plusieurs rôles à l’aide de masques. Les poètes (auteurs) étaient souvent acteurs et se chargeaient de jouer le premier rôle de leurs pièces. Le salaire des plus grands acteurs était considérable. La profession d’acteur était très honorable et certains d’entre eux occupèrent de hautes fonctions dans l’Etat.
Répétition d’un drame satyrique
Eschyle : le fondateur de la Tragédie 525—456 av. J.-C. Ses tragédies s’inspirent de sujets mythologiques, comme dans sa tragédie Prométhée en chaîné ou de l’histoire plus récente des achéens, comme dans Les Perses qui se réfère aux guerres qui opposèrent les cités grecques à l’empire perse.
Sophocle : maturité littéraire de la tragédie 495-406 av. J.-C. Œuvre considérable : 7 de ses tragédies ont été conservées, dont Antigone, Electre et Œdipe roi. Toutes ses œuvres s’inspirent de sujets mythologiques qui seront repris par des dramaturges français du XXe siècle, comme Anouilh et Giraudoux.
Euripide : premier auteur tragique « moderne » de l’Antiquité 480-406 av. J.-C. Ses sujets sont toujours tirés de la mythologie, mais il met en doute la véracité de ces récits. Dans ses pièces, il ana lyse avec finesse la psychologie très humaine qu’il attribue aux personnages divins et héroïques.
Quelques Œuvres d’Euripide
Aristophane : la satire politique Vers 445 av. J.-C. Dramaturge comique grec Débute très jeune au théâtre, alors qu’il n’est pas encore un éphèbe ( moins de 18 ans ). Ses deux premières pièces rencontre un grand succès. Dans ses comédies, il effectue une satire très virulente des politiciens démagogues, de l’incivilité , des citoyens maniaques de procès… Plusieurs fois inquiété juridiquement par ses « victimes » Remporte 2 années consécutives le 1er prix aux Lénéennes.
Après Euripide, le déclin des cités grecques entraîne le déclin de la tragédie elle-même, trop liée à la vie collective de la cité-Etat
III- Le théâtre à Rome
Ses caractéristiques Transmis à Rome, le théâtre s’est rapidement répandu dans l’empire romain. Est introduit à Rome vers 364 av. J.-C. Les pièces sont d’abord jouées sur des estrades démontables puis des théâtres en pierres sont construits, comme celui de Pompée ou de Marcellus Il y revêt un aspect plus ludique, bien qu’il soit moins prisé que les jeux du cirque.
Différences entre le théâtre grec et le théâtre romain
Théâtre grec Théâtre romain Lieu clos par le mur et le front de scène orné de statues et de colonnades, et par le velum tendu au- dessus des gradins Décor également fixé sur le mur du front de scène mais utilisation importante de la machinerie ( trappes, grues…pour faire descendre des dieux sur scène…le fameux deus ex machina) Les places sont payantes A l’air libre, gradins adossées à une colline Le décor : d’abord le mur de la skênê percé de trois portes ( porte centrale par laquelle entre le personnage du tyran, et portes latérales pour les personnages secondaires) , sur lequel on va tendre par la suite un décor peint sur toile. Tous les citoyens sont conviés
Le public dans le théâtre romain L’orchestra ne forme plus qu’un demi- cercle et reçoit les sièges des sénateurs Par conséquent, le proskenion ( pulpitum chez les romains) est plus large pour accueillir tous les acteurs, et moins haut afin que les spectateurs assis à l’orchestre puissent voir la scène Le théâtre est ouvert à tous mais les places sont payantes. Il est financé par un magistrat, le dator ludi, qui tente ainsi d’accroître sa popularité et ses chances d’être élu par un investissement très important. Les classes sociales sont séparées
Les deux publics La cavea est divisée en trois secteurs : -la première couronne est réservée aux sénateurs et aux chevaliers la deuxième couronne est destinée au peuple Les esclaves et les étrangers sont debout, au dernier rang. Rôle social : on se cultive et on se divertit au théâtre Le public des lettrés affectionne un théâtre littéraire Le grand public préfère le grand spectacle avec des effets impressionnants. La scène est dissimulée par un rideau, comme de nos jours, mais il tombe et se dissimule dans une niche sous le pulpitum quand la pièce commence Le telum abrite les spectateurs
Les vomitoires permettent aux spectateurs d’accéder à leurs places sans se mélanger
Les acteurs à Rome A Rome, la profession de comédien n’est nullement honorée comme en Grèce, elle est même longtemps interdite aux citoyens romains : les acteurs sont des étrangers ou des esclaves affranchis. Les femmes pouvaient monter sur scène mais elles en étaient déshonorées. Un acteur célèbre peut gagner beaucoup d’argent Scène de comédie d’après une peinture antique.
Le mur de scène, à Rome , est somptueux et gigantesque (celui d’Orange mesure 36 m de hauteur et 103 m de largeur): il est orné de colonnades et de statues, percé de portes et de niches où l’on place des objets précieux, témoins de la richesse de la ville) Théâtre d’Orange Maquette du théâtre d’Arles
Théâtre de Pompée à Rome
Les différents genres Que joue-t-on sur les scènes romaines? Tout d’abord, des pièces traduites ou imitées du théâtre grec, la fabula palliata ( on y porte le pallium, le manteau grec) puis des pièces inspirées de sujets romains , la fabula togata ( car les comédiens sont vêtus de toges). Il existe aussi la fabula praetexta, une pièce très sérieuse sur un sujet historique romain. Les héros sont des magistrats romains, habillés de leur toga praetexta, toge bordée d’une bande de pourpre. Quelques tragédies inspirées de thèmes grecs : peu appréciées du grand public; davantage destinées à être lues.
1. Pallium 2. Toga 3. Toga praetexta
La moyenne comédie : Fable de Jupiter et Alcmène : elle fait penser à l’Amphitryon de Plaute, auquel pourtant la scène ne se rapporte pas directement. Le roi des dieux, coiffé du modius, porte une échelle qu’il se dispose à poser devant la fenêtre d’Alcmène. Mercure, tenant en main son caducée, se dispose à l’assister dans cette délicate opération. Les deux divinités, malgré leurs costumes de bouffons, tels que le pantalon collant et le ventre rebondi sont très reconnaissables à leurs attributs. Se développe d’abord dans le Péloponnèse et en Sicile Se détourne de la comédie politique et virulente du grec Aristophane (L’ancienne comédie) Légendes mythologiques traitées sur un mode burlesque Les dieux sont le plus souvent mis à mal ou pris à parti.
La nouvelle comédie : les mœurs de la vie intime Ménandre fut le maître du genre, imité par les romains Plaute et Térence Sujet principal : la société grecque Commence par une sorte de prologue où l’acteur explique au public le sujet de la pièce. A la fin de la pièce, le protagoniste vient réclamer l’indulgence et les applaudissements du public. Sujets : l’amour, l’argent, les quiproquos… Scène de L’Andrienne de Térence Dans cette scène de Térence, jouée par des acteurs romains, il faut remarquer la petite musicienne qui, placée entre les personnages, joue de la double flûte. D’après un usage constant dans le théâtre antique, la musique devait accompagner la déclamation des acteurs.
Le Théâtre romain : à l’origine de la comédie classique Les romains ont inventé les intrigues et les personnages caractéristiques de la comédie et de la farce, dont s’inspireront plus tard La Commedia dell’arte puis Molière: Le vieux père grincheux : senex L’adolescent séducteur et dépensier : adulescens L’esclave rusé : servus callidus….
Une scène de comédie : personnages de Plaute Un esclave ou valet fait un geste ironique en montrant deux femmes debout devant lui. Son vêtement, qui indique une condition servile, se compose d’un habit jaune avec des raies blanches en travers et du petit corset blanc que portaient les histrions. L’une des deux femmes se cache en partie le visage avec sa main et paraît un peu honteuse des propos qu’elle entend ; elle porte une tunique bleue et un manteau blanc. L’autre femme, placée derrière la plus jeune, porte un vêtement rouge, couleur habituelle aux courtisanes ; elle semble présenter sa compagne au valet placé devant elles.
Le petit peuple romain est particulièrement friand de Le mime Le pantomime L’attelane Spectacle de Mime et danse ancêtre de Danse où jouent sujet mythologique la commedia Des actrices 1 seul acteur joue dell’arte (Prostituées) tous les rôles courte farce Théâtre assez Personnages Obscène stéréotypés improvisation
Plaute : un modèle pour Shakespeare et Molière Vers 254- 184 av. J.-C. Auteur comique latin Héritier de la comédie Nouvelle de Ménandre Grands succès de son vivant A influencé des dramaturges de renom : L’Avare, de Molière est inspiré de L’aulularia de Plaute
Térence : 2ème grand maître de la Comédie à Rome Environ 190-159 av. J.-C. Auteur comique latin né à Carthage Auteur de 6 pièces qui nous sont toutes parvenues Influence profonde sur le théâtre européen Faire sourire plus que rire : diminue les traits accentués de la farce Théâtre plus sentimental, philosophique et moral que celui de Plaute
IV- Masques et costumes dans le théâtre antique
Le costume : différencier le genre Tragédie : coiffure haute, brodequin élevé sur énorme semelle ( cothurni), longue tunique, masque de souffrance… Comédie : chaussures plates ( socci), toges, masques ou maquillage ( blanc pour les femmes, rouges pour les esclaves, brun pour les hommes libres) Le texte à apprendre est inscrit sur les rouleaux dans la boîte entre les acteurs : d’où le terme « rôle » pour désigner le personnage à interpréter. La mosaïque dite « du poète », d’Hadrumetum
Tragédie Antique : être vu de loin Les acteurs portent des masques au front très haut et des cothurnes, afin d’être mieux vu du public depuis les gradins Cothurnes
Les costumes permettent également d’identifier le personnage Roi : manteau rouge brodé d’or jeté sur une très longue robe, cothurne, sceptre d’or ou d’argent. Reine : vêtue de pourpre, bras couverts d’étoffe blanche Noir, brun couleurs sombres : deuil ou exil Devin : vêtu de l’agrenon, espèce de maillot de laine qui enveloppait tout le corps. Prêtresses : habillées de blanc Chasseurs et soldats : écharpe rouge. Bergers, campagnards : peau de bête, besace, bâton. Vieillards ou « Géronte » de comédie : manteau rouge ou noir et bâton recourbé Esclave : petit manteau sur les épaules. (= celui des Crispins du théâtre français) Jeunes gens : vêtus de rouge + rôle des accessoires : lance, bijoux, casque, massue…
Scène de comédie Scène de tragédie
Le masque en Grèce et à Rome Détermine le rôle à jouer ( tragique, comique, enfant , vieillard, esclave…) Agrémenté de perruque qui s’ajuste au masque Véritable tête creuse dont la forme concave modifie et amplifie la voix Il y avait au moins 25 espèces de masques tragiques et plus de 40 types de masques comiques
masques tragiques, 6 pour les vieillards, 7 pour les jeunes gens, 9 pour les femmes et 3 pour les esclaves. L’arrangement des cheveux et de la barbe était différent pour chacun de ces masques, auxquels étaient affectées en outre une teinte et une physionomie particulières. On connaît également plus de quarante types de masques comiques : 9 pour les vieillards, 10 pour les jeunes gens, 3 pour les vieilles femmes, 14 pour les jeunes filles et 7 pour les esclaves. En dehors de cela, les dieux, les héros et les grands personnages historiques avaient des masques consacrés par l’usage et qui les faisaient de suite reconnaître .
Sources : Littérature comparée- Presses Universitaires de France :Formes comiques, par Didier Soulier http://voxlitterae.unblog.fr/category/latin- http://jfbradu.free.fr/GRECEANTIQUE/GRECE%20CONTINEN TALE/PAGES%20THEMATIQUES/theatregrec.php3 http://devoirsentousgenres.blogspot.fr/2014/03/le-theatre- romain.html http://www.mediterranee- antique.fr/Auteurs/Fichiers/MNO/Menart_R/Vie_Privee_Ancie ns/T4/VPA_410.htm Le théâtre : problématiques essentielles- Michel Viegnes- Edition Hatier Auteur : V.PALMA