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Le projet fédérateur de la thématique de recherche «Histoire de la langue» Équipe «Moyen français et français préclassique» (dirigée par Hiltrud Gerner) Équipe «Étymologie et histoire du lexique» (dirigée par Jean-Paul Chauveau) Équipe «Métalexicographie historique» (dirigée par Isabelle Turcan)

La position charnière des notices étymologiques du TLF(i) Dictionnaires (FEW, DEAF, etc.) Monographies Articles de revues scientifiques Communications de colloques Recherche TLF(i), rubrique «Étymol. et hist.» : Résumé FEW et al. Apports propres Dictionnaires grand public (Robert Historique, rubrique étymologique du Petit Robert, etc.) : Résumé de la rubrique «Étymol. et hist.» du TLF(i) Vulgarisation

«Le principe de l'éolienne» Méthode Report des résultats de nos recherches (étymologies et datations) dans les notices étymologiques du TLFi, afin de consolider la position de référence de ce produit phare de l'ATILF : Lexiques de moyen français et de français préclassique Articles du FEW (Französisches Etymologisches Wörterbuch) Articles PatRom (Dictionnaire histor. de l'anthroponymie romane) Études métalexicographiques Recherches personnelles

Un écho très favorable 1er janvier 2004 (prise de fonctions) : 12 mars 2004 («Séminaire de l'ATILF») : 174 propositions de mises à jour décembre 2005 : 3.451 propositions de mises à jour Nomenclature TLF(i) : 54.280 entrées principales

Quelques exemples de corrections Lemme TLF(i) TLF-Étym accidentel3 adj. "qui arrive par hasard" dp. début 16e s. dp. 1392 (DMF [Hiltrud Gerner]) balancelle n.f. "siège de jardin mobile" < dialectes italiens dérivé de fr. balance (FEW [Jean-Paul Chauveau]) cavité n.f. "creux dans le corps humain" dp. 1680 dp. 1550 (Français préclassique [Edmonde Papin]) chaman n.m. "prêtre-sorcier" < russe < toungouse < allemand < russe < toungouse (Russismes [Éva Buchi])

TLF-Étym : un projet sur dix ans Séminaire de l'ATILF mars 2004

Séminaire de l'ATILF (12 mars 2004) Lexiques de moyen français et de français préclassique (Hiltrud Gerner ; Edmonde Papin) Articles du FEW (Jean-Paul Chauveau) Articles PatRom (Carole Champy) Éditions de texte et travaux philologiques (Gilles Roques) Bibliographie Godefroy et fichier de premières datations (Jean-Loup Ringenbach) Datations et documents lexicographiques (base BHVF) (Jean-Yves Kerveillant) Comptes rendus TLF (Pascale Baudinot) Esprit de veille historique (Françoise Henry) Corrections et harmonisation de dates (Nadine Steinfeld) Russismes (Éva Buchi) Encadrement informatique (Gilles Souvay)

TLF-Étym : un projet sur dix ans Journée d'études novembre 2005 Lancement du projet janvier 2005 Re-cherches prélimi-naires Séminaire de l'ATILF mars 2004 Notices-échantillons DTD (structure lexicographico-informatique) Bibliographie

Journée d'étude (4 novembre 2005) Le projet TLF-Étym : bilan et perspectives (Éva Buchi) La présentation des informations étymologiques en lexicographie historique (Thomas Städtler) La révision du vocabulaire médical du TLFi (Gilles Roques) L'intérêt de l'édition d'un roman inédit du Moyen Âge pour l'histoire du lexique français (Armelle Evrard) L'apport du roman de Perceforest pour la mise à jour des notices étymologiques du TLFi (Nadine Steinfeld) 'Belgicismes', 'wallon' et 'Wallons' dans le TLFi (Marie-Guy Boutier/Esther Baiwir/Nicolas Mazziotta) Les emprunts au francoprovençal du TLFi (Xavier Gouvert) Le vocabulaire d'origine occitane du TLFi (Hélène Carles) Les anglicismes du TLFi (Gilles Petrequin) Le traitement des arabismes dans le TLF(i) (Françoise Quinsat/Youssef Ayache) Les limites du projet TLF-Étym : l'avocat du diable a la parole (Frankwalt Möhren)

TLF-Étym : un projet sur dix ans Dictionnaire étymologique décembre 2014 Colloque inter-national novembre 2007 Journée d'études novembre 2005 Lancement du projet janvier 2005 Re-cherches prélimi-naires Intégration des notices étymologiques mises à jour dans les versions successives du TLFi sur cédérom Intégration progressive des notices étymologiques mises à jour dans le TLFi sur Internet Séminaire de l'ATILF mars 2004 Notices-échantillons DTD (structure lexicographico-informatique) Bibliographie

Étymologies originales Formations françaises  emprunts Emprunts  formations françaises Formation française  calque Emprunt  représentant héréditaire Aphérèse  dérivation suffixale

De prétendues formations françaises se révèlent être des emprunts 1. aderne 2. agoraphobie

TLF(i) : aderne ÉTYMOL. ET HIST. XXe s., sup. ADERNE, subst. fém. SAL. Compartiment rectangulaire qui, dans un marais salant, et plus précisément dans la cuvette de la saline, termine la série des chauffoirs où l'eau est soumise à l'évaporation : 1. [Citation 1] J. STOCKER, Le Sel, 1949, p. 31. 2. [Citation 2] J. STOCKER, Le Sel, 1949, p. 31. [...] ÉTYMOL. ET HIST. XXe s., sup. Peut-être dér. du bret. darn « division » préf. a-* ; serait dans cette hyp. de même orig. que darne*, m. fr. derne.

TLF-Étym : aderne Étymologie-histoire : Attesté depuis 1467 [7 avril] (Aveu Hemery Requin: la moitié de […] eilletz de maroys o leurs appartennances tant adrennes, farts, vasières, cobiers, bouciltz & tremays & autres appartennnances siis en la salline Graffian en Batz). Première attestation présentant le phonétisme moderne : 1878 (Larousse1, Supplément1: Aderne s. f. Compartiment qui termine la série des chauffoirs dans un marais salant). -  Étymologie-origine : Transfert linguistique : emprunt au breton adern subst. masc. « oeillet à saturer l'eau des marais salants » (attesté depuis 1744, Deshayes, Étymologique ; Guyonvarc'h, Étymologique), lui‑même emprunté à un stade ancien de son développement, au dérivé *baterna (cf. FEW 1, 283a, BATARE), qui est à l'origine de l'ancien français baherne subst. fém. « atelier pour la fabrication du sel par cuisson de la saumure » (1250, Gdf). Cf. Chauveau in FEW, refonte BATARE (à paraître) et Buron, Marais Salants 32-33. Cf. von Wartburg in FEW 1, 283a, BATARE I.

De prétendues formations françaises se révèlent être des emprunts 1. aderne 2. agoraphobie

TLF(i) : agoraphobie AGORAPHOBIE, subst. fém. «Espèce de névrose qui provoque une crainte de se trouver dans des lieux publics et particulièrement de traverser de grands espaces où l'on peut être regardé» [...] ÉTYMOL. ET HIST. 1865 méd. (LITTRÉ-ROBIN : Agoraphobie [...] Forme d'aliénation consistant en accès d'angoisses, avec palpitations et craintes de toutes sortes, sans aucun motif). Dér. de agora*; élément suff. -phobie*. (QUEM. t. 1 1959 et DAUZAT 1968 attribuent à tort semble-t-il la création du terme en 1871 à l'all. C.F.O. Westphal dans un art. résumé en fr. en 1873 ds Annales médico-psychol. 5e s., t. 9, p. 345).

TLF-Étym : agoraphobie (1) Étymologie-histoire : Attesté depuis 1873 [in titre, dans le résumé en français d'un article du médecin autrichien Benedikt, qui a publié dans un journal viennois (Allgemeines Wienerisches medizinisches Jahrbuch), en 1870, une étude expliquant les symptômes de cette affection par une altération de la faculté d'accommodation de l'œil] (Annales médico‑psychologiques, 5e série, tome 9, page 345, où l'auteur du résumé commente : L'agoraphobie offre certainement la plus grande analogie avec le vertige des hauteurs, lequel, on le sait, se produit chez un grand nombre de personnes, dès que, situées en un lieu élevé, elles regardent dans le vide, et cesse, dès qu'elles fixent un objet rapproché et distinct. Dr C.). Première attestation lexicographique : 1878 (Littré‑Robin14, in : Otto Jänicke, compte rendu du TLF 1-3, VRom 39, 1980, page 276). Remarque : Littré‑Robin15, donné comme première attestation par TLF, est à dater de 1884 et non de 1865, cf. Jänicke op. cit. supra. -

TLF-Étym : agoraphobie (2) Étymologie-origine : Transfert linguistique : emprunt à l'allemand Agoraphobie subst. fém. « id. », confixé formé du confixe agora‑ (qui remonte au grec a>gora' « assemblée, place, marché ») et du confixe -phobie (‑phobe, ‑phobie*), cf. Pfeifer, s.v. phobie ; Cottez2. Le terme semble avoir été créé par le médecin allemand K. F. Westphal, qui décrivit ce type de manifestation pathologique en 1872 (mais cf. déjà le texte de 1870 cité ci‑dessus), dans un article intitulé « Die Agoraphobie, eine neuropathische Erscheinung » paru dans Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten, cf. Otto Jänicke, compte rendu du TLF 4-5, VRom 40, 1981, pages 252-253 ; Sillamy, Psychologie. Cf. von Wartburg in FEW 8, 393b, PHOBOS 2 et Lacher in FEW 24, 268b, AGORA 3.

De prétendus emprunts se révèlent être des formations françaises 1. item 2. jasserie

TLF(i) : item1 ITEM1, adv. [Dans les comptes, les états, les énumérations, pour passer d'un point à un autre] De même [...] Emploi subst., vx. Article de compte. [...] Étymol. et Hist. I. Adv. 1279 (Actes des comtes de Ponthieu, éd. C. Brunel, 649 d'apr. K. BALDINGER ds R. Ling. rom. t. 20, p. 82). II. Subst. av. 1520 items « individus » (Recueil Trepperel, éd. E. Droz, XII, 208) ; 1543 pour un item « pour un point » (CALVIN, Traicté des reliques, VI, 422 ds HUG.) ; 1562 « article de compte » (ID., Serm. sur le Deuter., 139 [XXVIII, 184], ibid.). I adv. lat. item « de même, pareillement ». II substantivation de I avec, pour les emplois contemp., infl. de l'angl.-américain.

TLF(i) : item2 ITEM2, subst. masc. Unité distincte d'un ensemble. INFORM. «Retour du message dans le principe d'une communication en boucle, aspect pour lequel un message survient» LINGUISTIQUE Élément d'un glossaire, consistant en un mot ou syntagme, juxtaposé à sa traduction (mot ou périphrase). Élément d'un système de signes (grammatical, lexical p. ex.) considéré en tant que terme particulier. [Dans l'enseignement programmé] «Ensemble de quelques phrases apportant à l'étudiant une information devant être comprise avant la présentation de l'item suivant» PSYCHOMÉTRIE. Élément d'appréciation dans un test, un questionnaire ÉTYMOL. ET HIST. V. item1.

TLF-Étym : item1 (1) Étymologie-histoire : I. 1. Adv. « (particule du discours employée pour passer d'une unité à une autre) ». Attesté depuis ca 1212 (JBelethOff1M0 [texte traduit du latin ; édition à paraître], Möhren in DEAF I 481). -  I. 2. Adv. « de même ». Attesté depuis 1348 (Mir ev. N.D., page 59 […]). -  I. 3. Adv. « (particule du discours employée pour insister sur ce qui vient d'être dit et prendre l'interlocuteur à témoin) ». Attesté depuis 1842 (cf. supra). -  II. Subst. masc. « article, objet ». Attesté depuis 1562 (Calvin, Deutéronome, 139 [XXVIII, 184], in Huguet […]) . -  III. voilà l'item expr. fig. « voilà de quoi il s'agit ». Attesté de 1867 (Littré : Voilà l'item, c'est‑à‑dire voilà de quoi il s'agit, voilà la difficulté) à 1931 (Larousse3 : Fam. Difficulté : Ah ! voilà l'item ). - 

TLF-Étym : item1 (2) Étymologie-origine : I. Transfert linguistique : emprunt au latin item adv. « de même, pareillement » (attesté depuis Plaute, TLL 7/2, 532), avec glissement plus ou moins prononcé de la sphère référentielle vers la sphère discursive (surtout I. 1. et I. 3.). Le sens I. 1. est aussi attesté en latin médiéval (« id autem vocabuli datum articulis, quod revera ab hac voce, item, initium iis esset, quasi rursum, denuo », s.d., Du Cange ; Ø Niermeyer), et il est difficile de décider s'il est apparu d'abord en français ou en latin. Cf. von Wartburg in FEW 4, 823ab, ITEM et Van Deyck, Verbum 9, 303-316. II. Formation française : délocutif formé sur l'emploi discursif de I. Il s'agit d'un délocutif du message (énoncé formulaire marquant chaque article de compte > « article [de compte] »), cf. Büchi, Mél. Badia 160. III Formation française : locution délocutive formée sur l'emploi discursif de I.

TLF-Étym : item2 (1) Étymologie-histoire : C. « élément d'un test ». Attesté depuis 1948 [...]. -  B. II. « unité linguistique ». Attesté depuis 1967 (Ruwet, Grammaire générative, page 170 [...]). -  A. « unité informatique ». Attesté depuis 1969 (Guilhaumou, Lexique : item (anglais) : Article. Le mot item est quelquefois employé en français). -  B. I. « élément d'un glossaire ». Attesté depuis 1972 (Quemada, Cah. Lexicol. 20, 103 [...]). -  B. III. « unité de l'enseignement programmé ». Attesté depuis 1975 (cf. supra). - 

TLF-Étym : item2 (2) Étymologie-origine : A./B. II./C. Transfert linguistique : calque de l'anglais item subst. « unité informatique » (attesté depuis 1954, OED2), « unité linguistique » (attesté depuis 1954 [« items... are either morphemes or sequences of morphemes »], OED2), « élément d'un test » (attesté depuis 1961 [item analysis] seulement, OED2). À ajouter FEW 4, 823b, ITEM. B. I. Transfert linguistique : calque du latin médiéval item subst. masc. « paragraphe, article » (« caput, articulus vulgo nostris : æra », s.d., Du Cange ; Ø Niermeyer), cf. la note de Quemada ci‑dessus. B. III. Formation française : issu par évolution sémantique du substantif item1*. 

De prétendus emprunts se révèlent être des formations françaises 1. item 2. jasserie

TLF(i) : jasserie JASSERIE, subst. fém. Région. (Centre). Construction de montagne où les bergers d'Auvergne fabriquent la fourme. [...] Étymol. et Hist. 1868-69 (HEUZÉ, La France agric., carte no 44 ds LITTRÉ : Le fromage de roche ou fourme de roche est fabriqué dans les jasseries de Pierre-sur-Haute, qui sont situées dans le Puy-de-Dôme). Terme de la région du Puy-de-Dôme, dér. en -aria (-erie*) du prov. jas masc. (jas2*), fém. jasso ; cf. le prov. jassarié désignant proprement une réunion de bergeries (MISTRAL).

TLF-Étym : jasserie (1) Étymologie-histoire : A. « hameau constitué de fermes d'estive (dans les Monts du Forez) ». Attesté depuis 1742 [à Marat, Puy‑de‑Dôme] (Drouot, Livradois 3, page 10 = DRF : une jasserie composée de neuf cabanes). - B. « ferme d'estive (dans les Monts du Forez) ». Attesté depuis 1874 (Primes d'honneur [...] en 1874, in DRF : [une vacherie] comprend un ou plusieurs burons ou jasseries). - Quid de l'attestation de 1868/1869 citée par TLF (qui ne connaît que le sens B.) ?

TLF(i) : jasserie JASSERIE, subst. fém. Région. (Centre). Construction de montagne où les bergers d'Auvergne fabriquent la fourme. [...] ÉTYMOL. ET HIST. 1868-69 (HEUZÉ, La France agric., carte no 44 ds LITTRÉ : Le fromage de roche ou fourme de roche est fabriqué dans les jasseries de Pierre-sur-Haute, qui sont situées dans le Puy-de-Dôme). Terme de la région du Puy-de-Dôme, dér. en -aria (-erie*) du prov. jas masc. (jas2*), fém. jasso ; cf. le prov. jassarié désignant proprement une réunion de bergeries (MISTRAL). "hameaux constitués de fermes d'estive

TLF-Étym : jasserie (1) Étymologie-histoire : A. « hameau constitué de fermes d'estive (dans les Monts du Forez) ». Attesté depuis 1742 [à Marat, Puy‑de‑Dôme] (Drouot, Livradois 3, page 10 = DRF : une jasserie composée de neuf cabanes). - B. « ferme d'estive (dans les Monts du Forez) ». Attesté depuis 1874 (Primes d'honneur [...] en 1874, in DRF : [une vacherie] comprend un ou plusieurs burons ou jasseries). - N.B. L'attestation de 1868/1869, donnée par le TLF comme première datation du sens B. (seul répertorié), relève du sens A. !

TLF-Étym : jasserie (2) Formation française : dérivé du substantif jas2* à l'aide du suffixe ‑erie* (ici de sens collectif, cf. ‑erie III). Bien qu'attesté d'abord dans le Puy‑de‑Dôme, le dérivé s'est probablement formé dans le français de la Loire. Le changement sémantique de A. (aujourd'hui entièrement obsolète) à B. s'est produit en français régional dans la seconde moitié du 20e siècle et reflète l'éclatement des groupements en jasseries au profit de burons individuels. Cf. Wartburg in FEW 5, 7a, *JACIUM 2 a ; Chambon, Z. rom. Philol. 104, 174-177 ; Chambon, Lalies 17, 47-48 ; Chambon in DRF 585-587.

Une prétendue formation française se révèle être un calque bienfaisance

TLF(i) : bienfaisance BIENFAISANCE, subst. fém. A. Domaine éthique 1. «Qualité de celui, celle qui prodigue ses bienfaits à autrui, tendance à faire du bien» 2. «Pratique du bien». (Quasi-)synon. charité [...] B. Domaine de l'activité gén. «Qualité de ce qui fait du bien, de ce qui produit un effet salutaire» [...] ÉTYMOL. ET HIST. Fin XIVe s. (Bibl. nat. ms. lat. 13032 dans M. ROQUES, Rec. gén. des lex. fr., du Moy. Âge, t. 2, 1938, p. 33, 908), seulement dans les gloses (GDF.); 1725 (Mém. de Trév. Mai dans Trév. Suppl. 1752 : Ce mot est nouveau et a été hazardé par M. L'Abbé de Saint Pierre dans cette phrase : l'esprit de la vraie Religion et le principal but de l'Evangile, c'est la bienfaisance, c'est à dire, la pratique de la charité envers le prochain). Dér. du rad. de bienfaisant*; suff. -ance*.

TLF-Étym : bienfaisance (1) Étymologie-histoire : A. 1. « bonté, charité, générosité (vertu) ». Attesté depuis 1684 (Nouveau dictionnaire du voyageur, François‑Alleman‑Latin, DDL 12 : Bien‑faisance, f. Guttätigkeit - mildigkeit - gütigkeit = Beneficentia, Liberalitas). Remarques : 1) L'interrogation de la base Frantext inciterait à dater le lexème de 1671 (Bouhours). Mais c'est par erreur que Bouhours, Entretiens, éd. Brunot, page 29 donne le texte suivant : Elle [la langue française] a dequoy soûtenir les matieres les plus fortes, & dequoy élever les plus foibles ; le bon sens & la bienfaisance l'accompagnent par‑tout : Bouhours, Entretiens, éd. originale, page 42 porte bienséance à la place de bienfaisance.

TLF-Étym : bienfaisance (2) 2) Selon le témoignage d'Anatole France, le terme remonterait au 17e siècle, mais peut‑être qu'il a commis la même mélecture : Le nom seul de bienfaisance éveillait les plus douces idées dans les âmes sensibles, au siècle des philosophes. On croyait que ce nom avait été créé par le bon abbé de Saint‑Pierre. Mais il est plus ancien et se trouve déjà dans le vieux Balzac [= Guez de Balzac, 1595–1654] (1901, France, Bergeret, page 241, cité par A. Jourjon, RPhF 27, 1913, 109). 3) En tout état de cause, il n'y a aucune continuité possible entre le lexème du français moderne et une première attestation isolée de ca 1380 (AalmaR in : Roques, Recueil, volume 2, page 33, ligne 908 = GdfC : beneficiencia. cie bienfaisance)

TLF-Étym : bienfaisance (3) A. 2. « pratique de la bonté, de la charité, de la générosité ». Attesté depuis 1725 (Trévoux4 : Ce mot est nouveau, & a été hazardé par M. l'Abbé de Saint Pierre dans cette phrase ; L'esprit de la vraie Religion & le principal but de l'Evangile, c'est la bienfaisance, c'est‑à‑dire, la pratique de la charité envers le prochain. Mém. de Trév. Mai 1725). Si la création du terme est plus ancienne (cf. ci‑dessus A. 1.), c'est en effet l'Abbé de Saint‑Pierre qui l'a diffusé, cf. Brunot, Histoire VI/1-1, 113. -  B. « qualité de ce qui produit un effet salutaire (choses) ». Attesté depuis 1755 (Mirabeau, L'Ami, page 466, in Frantext : Les excès dans le climat nuisent aux productions de la nature ; mais la providence les a variés selon les lieux, et la bienfaisance de la nature échappe ainsi aux excès de la température de l'air). - 

TLF-Étym : bienfaisance (4) Étymologie-origine : Transfert linguistique : calque du latin beneficentia subst. fém. « bonté, générosité » (attesté depuis Cicéron, TLL 2, 1878), peut‑être par parallélisme avec bienveillance*, attesté depuis le Moyen Âge, en vertu du processus d'analogie suffixale. Cf. von Wartburg in FEW 3, 352b, FACERE I, qui cite le terme à la suite de bienfaisant, sans en préciser la formation. Ce calque a été précédé par l'emprunt bénéficence subst. fém. « id. » (1536—1776 ; Frantext ; FEW 1, 325a, BENEFICIUM).

Un prétendu emprunt se révèle être un représentant héréditaire bigler

TLF(i) : bigler BIGLER, verbe. A. Emploi intrans. Loucher [...] B. Emploi trans. Pop., arg. Regarder quelqu'un ou quelque chose avec curiosité, avec insistance, ou avec envie. [...] ÉTYMOL. ET HIST. XVIe s. biscler intrans. « loucher » (P. Belon d'apr. DG) ; 1611 bisclant part. prés. (COTGR.) ; 1642 (A. OUDIN, Seconde part. des recherches ital. et fr., Paris) ; 1848 trans. (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4) ; d'où 1800 arg. bicler « regarder, voir » (Les Brigands Chauffeurs dans SAIN. Sources Arg. t. 2, p. 90). Empr. à un lat. pop. *BISOCULARE « loucher » (bis « deux fois, de travers » et *oculare « regarder » < oculus, œil*) ; forme bigler d'apr. bigle*. Dans l'hyp., moins vraisemblable, où bigle1* serait préexistant à bigler (EWFS2, v. bigle1), celui-ci en serait dérivé.

TLF-Étym : bigler (1) Étymologie-histoire : A. Intransitif : « loucher ». Attesté depuis 1555 [éd.] (Belon, Poissons, page 133, in Gallica : ils (la plie, la limande, la sole…) ont esté nommez plats, pource qu'ils ne nagent en l'eau, a la maniere des autres : car ils vont d'un costé bisclant des yeulx, lesquels, combien qu'ils en ayent deux, toutesfois ils sont tout d'un costé par le dessus). Première attestation présentant le phonétisme moderne, lequel s'explique par l'influence de aveugler* ou par assimilation de sonorité au contact : 1642 (Oudin, Recherches : bigler « guardar bieco »). -  B. Transitif : « regarder avec insistance ». Attesté depuis 1848 (Chateaubriand, Mémoires, tome 4, page 293, in Frantext : La chambrière écorche un peu le français, vous bigle ferme, et a l'air de vous dire : « j'ai vu d'autres godelureaux que vous dans les armées de Napoléon »). Ce sémantisme est attesté antérieurement dans l'argot des malfaiteurs : 1800 (Esnault : Var. de bicler, cligner la paupière, dont bicler, « voir » (Org. [= Leclair, Histoire des bandits d'Orgères], 1800), est peu distinct). L'évolution du sens A. vers B. est comparable à celle qu'on constate dans lorgner* et loucher*. - 

TLF-Étym : bigler (2) Étymologie-origine : Représentant héréditaire du latin *BISOCULARE verbe « loucher » (von Wartburg in FEW 1, 380), qu'on suppose à partir de lat. *BISOCULUS adj. « qui louche », représenté régulièrement par le poitevin et le francomtois biseuil « id. » (von Wartburg in FEW 7, 314a, OCULUS) et espagnol bisojo « id. » (attesté depuis 1400, DCECH 1, 593). Le traitement phonétique n'est cependant pas régulier, la conservation du -C- oblige à supposer un emprunt à un dialecte où celui‑ci est normal, cf. *MUSCULA > moucle « moule, coquillage » (attesté depuis 1500, dans le Sud et l'Ouest du domaine d'oïl, cf. von Wartburg in FEW 6/3, 261b‑262a, MUSCULUS).

TLF-Étym : bigler (3) Bigler et bigle appartiennent à une famille de mots d'origine populaire, bien représentée dans les parlers du sud du domaine d'oïl, d'où elle a débordé sur le domaine francoprovencal, à l'est, et le nord‑ouest du domaine occitan, et dont l'origine est disputée. L'antériorité dans les textes de la forme nominale, employée comme surnom, n'est pas surprenante ; elle n'implique pas que ce soit le point de départ de la famille. L'une des hypothèses qui propose le rattachement à bique subst. fém. " chèvre " (Spitzer, ZrP 44 (1924), 189 ; Sainéan, Étymologie 1, 68-69 ; Jänicke, Mél. Deutschmann 141-159) se heurte à plusieurs difficultés : la forme *bisque " chèvre " n'est pas attestée et n'apparaît que dans des dérivés tardifs ; la conversion de *bisque subst. fém. en biscle adj. est peu vraisemblable ; l'intermédiaire le plus vraisemblable devrait être un dérivé verbal en -eler : *bisqueler, qui ne peut pas rendre compte des formes dialectales de type [bi'kle].

Une prétendue aphérèse se révèle être une dérivation suffixale touffeur

TLF(i) : touffeur TOUFFEUR, subst. fém. Atmosphère étouffante et lourde qui saisit dans un lieu où la chaleur est extrême [...] ÉTYMOL. ET HIST. 1544-1626 « atmosphère épaisse d'un lieu trop chaud » (J. PUSSOT, Journalier, éd. E. Henry et C. Loriquet, p. 131). Aphérèse de étouffeur, dial. « chaleur étouffante », de étouffer* (v. FEW t. 12, p. 319).

TLF-Étym : touffeur (1) Étymologie-histoire : Attesté depuis ca 1620 [sans interruption notable] (Pussot, Journalier, page 131 : En ce temps faisoit des grandes chaleurs et touffeures, causant plusieurs nuées et dommages en plusieurs endroits). Remarque : le terme est attesté plus anciennement de façon isolée dès 1185 [...].

TLF-Étym : touffeur (2) Étymologie-origine : Formation française : dérivé de l'adjectif *touffe « accablant de chaleur » (que l'on suppose à partir des correspondants dialectaux [Normandie, Flandres, Lorraine, Bourgogne, Franche‑Comté ; francoprovencal ; occitan de l'est] enregistrés par FEW 12, 319a) à l'aide du suffixe ‑eur1* (qui sert ici à former un terme désignant une sensation du toucher, sur le modèle de froid*/froideur*; tiède*/tiédeur*). Cf. von Wartburg in FEW 12, 319a, STUPPA 2, qui analyse à tort — étant donné la discordance chronologique — touffeur comme une aphérèse du substantif féminin étouffeur*, relevé seulement en 1722 (DDL 15 et TLF 8, 268, qui en font malencontreusement un adjectif).

Récapitulatif : les piliers de la recherche étymologique Analyse des premières attestations (agoraphobie) Datations relatives (touffeur) Milieu créateur (aderne, agoraphobie) Sémantique (item) Témoignage des dialectes (touffeur) Statut de l'étymon (bigler, jasserie) Étude des concurrents lexicaux (bienfaisance) Principe de simplicité (aderne ; jasserie)

À vous de jouer ! La chasse aux corrections à apporter aux notices étymologiques du TLF(i) est ouverte !