De l’oral à l’écrit à l’école maternelle Bruno Hubert, Formateur IUFM Université de Nantes, centre du Mans Avec la participation de Delphine LE SOURD
Pourquoi poser fortement la problématique de l’écriture à l’école maternelle ?
L’écriture propose un espace de tâtonnement propre à l’appropriation des connaissances encore incomplètes du système de la langue. Plus que la lecture, l’écriture laisse place au bricolage, à l’expérimentation par lesquels passent nécessairement les acquisitions autour du lire-écrire phonographiques morphologiques (inventer les finales des verbes qu’il ignore), lexicaux (employer un mot rare au risque de tomber à côté), syntaxiques ou textuels (commencer une histoire « trop grande pour lui » )
Parce qu’elle semble plus venir du sujet, l’écriture construit davantage l’idée chez l’enfant que le langage installe un rapport de soi au monde et aux autres, qu’il permet de penser, de dire, d’imaginer, d’émouvoir, d’évoquer… Ce que Jean-Charles Chabanne appelle « la quête d’une position subjective » ou pour l’enfant se rendre compte qu’il a quelque chose à dire.
Le travail sur le rapport à l’écrit est déstabilisant et l’écriture, tout en étant mise en danger de l’image de soi, mise en cause de l’identité, permet d’apprivoiser ce sentiment de prise de risque inhérent à tout apprentissage et particulièrement à celui de la lecture-écriture. Pour Bautier et Bucheton, la lecture et l’écriture ne peuvent pas être définies simplement comme des compétences-outils détachées de soi : elles sont le sujet. Il faut donc confronter les enfants aux deux pour qu’ils ressentent leur caractère ontologique.
Le passage par l’écriture favorise davantage la rencontre avec la norme. Les résultats aux évaluations sur les compétences de lecture-écriture nous incitent à nous intéresser aux recherches menées dans de nombreux pays sur l’écriture des jeunes enfants. (Canada, Belgique, Brésil,…)
Des écritures inventées aux écritures approchées Approchées, essayées, tâtonnées (David, 2006) Le tâtonnement est accepté partout sauf pour l’écrit : l’oral, le dessin,… Or la verbalisation autour de ce tâtonnement est fondamental pour l’apprentissage. (Jaffré, 2003) Des activités d’écriture autographiques (David et Fraquet, 2011) parce qu’elles sont centrées sur la verbalisation autour des réussites graphiques de la personne.
Le protocole d’écriture (selon Jacques David, 2012) 1. formulation d’un texte oral 2. Phase d’écriture 3. Lecture et échange – valorisation des réussites 4. L’enseignant écrit la façon normée d’écrire 5. Eventuellement l’élève recopie la forme normée
Les effets observés Etudes sur l’effet dans le domaine de la lecture (Sénéchal & Ouellette et al, 2012) Nette diminution des productions non phonologiques Productions phonographiques partielles et complètes en augmentation. Ils écrivent de – en – aléatoirement. Utilisation des termes lettre, mot, phrase et texte.
Activités d’épellation extrêmement prédictifs de la réussite de la lecture. Problèmes de segmentation en mots Encodage > la polyvalence phonogrammique et les segments différents La présence de lettres muettes essentiellement finales > flexion du pluriel Qd on valorise les écrits, les écrits se démultiplient. Des effets durables sur la construction de l’orthographe.
Des exemples de productions proposées tout au long de l’année