Logiciels libres : quelles contraintes juridiques pour les entreprises et les administrations publiques ? Paul Van den Bulck Avocat au barreau de Bruxelles paul.vandenbulck@ulys.net www.ulys.net Pascal Reynaud Avocat au barreau de Paris pascal.reynaud@ulys.net
Qu’est ce qu’un logiciel libre ? Logiciel dont le code source est : Librement disponible Duplicable Modifiable Redistribuable Le logiciel libre est soumis à une licence Application du droit d’auteur Pluralité et singularité des licences libres
Free Software Foundation (FSF) Quatre libertés pour l’utilisateur : Liberté d’exécution, pour tous les usages Liberté d’étude et d’adaptation La liberté de redistribuer des copies La liberté d'améliorer le programme et de publier ses améliorations Accès au code source Concept de « gauche d’auteur » (copyleft). une licence qui reprend les quatre libertés décrites ci-dessus dont les termes doivent être repris à l’identique en cas de nouvelle distribution. Pas de restriction des droits initiaux
Open Source Initiative (OSI) Dix principes : www.opensource.org 1. Redistribution libre 2. Code source 3. Travaux dérivés 4. Intégrité du code source de l'auteur 5. Absence de discrimination envers des personnes ou des groupes 6. Absence de discrimination envers des domaines d'activité 7. Distribution de licence 8. La licence ne doit pas être spécifique à un produit 9. La licence ne doit pas imposer de restrictions sur d'autres logiciels 10. La licence doit être neutre technologiquement
D’autres licences : CeCILL : www.cecill.info Une licence française Pour une meilleure sécurité juridique, Projet du CEA, le CNRS et l'INRIA Un projet de licence européenne Licence Publique de l’Union européenne Prise en compte du cadre législatif européen Et des objectifs de la Commission
« Copyleftées » ? Les licences « copyleftées » : GNU GPL et Linux Tout le monde peut utiliser le logiciel, le copier, le modifier et distribuer des versions modifiées. Les œuvres dérivées du logiciel initial sont également diffusées sous la même licence. Les licences non « copyleftées » : BSD Liberté de copier le logiciel, de le diffuser et de le modifier, et de publier ces modifications, mais autorise l’ajout de restrictions au logiciel. Liberté de rendre la version modifiée propriétaire
Le fonctionnement des logiciels libres Volonté de mutualiser les logiciels : Publication du logiciel accompagnée d’une licence Proposition d’amélioration Structuration d’une communauté Les revenus : Mise à disposition gratuite / payante Mise en place de contrats annexes de prestations de services (maintenances etc …) Intérêt : secteur public / secteur privé
Avantages des logiciels libres Coût Disponibilité du code source Correction et amélioration : qualité du logiciel Indépendance / éditeurs / prestataires Ouverture et interopérabilité Mais il faut se poser certaines questions : Responsabilité accrue de l’utilisateur du logiciel Absence de garantie Compétences internes ? Dépendance envers la société de service ? Fiabilité et pérennité des solutions ? Compatibilité des applications ?
Les difficultés sur le terrain du droit commun Loi applicable à la licence Détermination dans le contrat A défaut loi de la résidence du prestataire de la prestation caractéristique: en principe le licencié Attention : la loi applicable au contrat n’est pas forcément celle qui détermine la qualité d’auteur à titre initial ni celle applicable à la contrefaçon elle-même. Obligation d’utiliser la langue française Loi n°94-665 du 4 août 1994 Obligations particulières pour les contrats du secteur public Respect des règles gouvernant la conclusion de contrats à distances : art. 1369-4 et suiv. C. civ. : Contraignant pour les contrats BtoC
Garanties et responsabilités Transfert de la responsabilité sur l’utilisateur Validité des clauses de non-garantie ? Validité Sauf faute lourde ou dolosive Sauf clause permettant de se dégager d’une obligation essentielle au contrat Cession et licence : Droit de la vente ou contrat d’entreprise ? Discussion doctrinale : chose ou service ? Arrêt de la C. de cassation en faveur de la prestations de services Cass. 2 nov. 2005 Conséquence pratique : Vices cachés : Pas applicable Contrat d’entreprise et non contrat de vente
Organisation générale du droit d’auteur et logiciel libre Plusieurs questions : Logiciel libre et œuvre dérivée Les contrats de cession du droit d’auteur du CPI & les licences libres Le droit moral Contrat de travail & fonctionnaires La compatibilité entre différentes licences ou brevet de logiciel
Logiciel libre et œuvre dérivée L’auteur des modifications sur un logiciel renonce à ses propres droits patrimoniaux : Le statut des œuvres dérivées Compatibilité avec les licences libres ? art.113-1 & art.113-4 CPI L’auteur initial peut-il engager les auteurs intermédiaires ? Les auteurs intermédiaires peuvent -ils renoncer à un droit futur (doctrine) ? Le système repose sur la bonne volonté de la communauté et de la menace de contrefaçon en cas de non respect des licences … : Jurisprudence à l’étranger : (Creative Commons)
Exigences du CPI & licences libres Si le formalisme du Code n’est pas respecté, la licence est nulle : Art. L.131-1 CPI et suivants et spécialement L. 131-3 Mention de chacun des droits cédés Précision quant à l’étendue, la durée, la destination, le lieux Voir aussi L 122-7 CPI Lorsqu'un contrat comporte cession totale du droit de reproduction, la portée en est limitée aux modes d'exploitation prévus au contrat. Champ d’application : entre l’auteur personne physique et son cessionnaire Vérifier les licences soumises au droit français …
Contrat de travail, fonctionnaire et logiciel libre Art. 113-9 CPI : le principe : sauf clause contraire, attribution à l’employeur des droits sur le logiciel créé par l’employé Prévoir un mécanisme contractuel pour assurer la non-appropriation par l’employeur des logiciels créés. A défaut, non-respect de certaines licences libres Fonctionnaire créateur d’un logiciel libre L’œuvre d’un fonctionnaire appartient à l’administration Même principe dans le projet de loi DADVSI mais multiples exceptions
Le droit moral ? Caractère rarissime du contentieux pour le logiciel : problème théorique Souvent obligation d’information sur les auteurs des modifications pour les logiciels libres
La compatibilité entre les différentes licences Possibilité par une société de s’approprier un logiciel libre pour le diffuser sous forme propriétaire ? Trois groupes : Le groupe « propriétarisation interdite » Ex. GLP Le groupe « propriétarisation partielle autorisée » Ex;Mozilla Public licence Le groupe « propriétarisation complète toléré » Ex. BSD Capacité à intégrer des composants Voir en fonction des différentes licences
Analyse de GNU GPL Droit d’extraire des composants du logiciel ? Oui si contamination de l’ensemble, à défaut non Droit de procéder à des modifications avec intégration dans un autre logiciel ? Droit de soumettre le logiciel à une nouvelle licence : non sauf exceptions Possibilité de garder secret des développements? Oui : droit de choisir la diffusion ou non d’un logiciel Mais si choix de la diffusion : application des règles ci-dessus
Projet de loi DADVSI Logiciel libre Légalisation des mesures techniques de protection Respect de l’interopérabilité de ces « verrous » avec les baladeurs numériques, lecteurs et autres supports d’écoutes Respect de la loi informatique et liberté Collège d’expert pour arbitrer les questions relatives à la copie privée. Pour les partisans du libre, Renforcement de la logique propriétaire Obligation légale au service des grands éditeurs ? Vers une interdiction des logiciels de P2P en France Art. 12 bis (nouveau)
Conclusion Questions Paul Van den Bulck Avocat au barreau de Bruxelles paul.vandenbulck@ulys.net www.ulys.net Pascal Reynaud Avocat au barreau de Paris pascal.reynaud@ulys.net