L’Autre intégrable, assimilable Et L’Autre à rejeter, à éliminer

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Transcription de la présentation:

L’Autre intégrable, assimilable Et L’Autre à rejeter, à éliminer OC Nous Autres L’Autre intégrable, assimilable Et L’Autre à rejeter, à éliminer

Remarques préliminaires Attention à la fonctionnalité des discours. Grandes différences entre la rhétorique officielle, royale, magique et la réalité de « terrain ». Tout est affaire, encore, mais cette fois pour nous observateurs, de traduction.

L’Autre intégrable, assimilable « L’humanité (…) ne se développe pas sous le régime d’une uniforme monotonie, mais à travers des modes extraordinairement diversifiés de sociétés. » « Les sociétés humaines ne sont jamais seules; (…) la diversité des cultures humaines ne doit pas nous inviter à une observation morcelante ou morcelée. Elle est moins fonction de l’isolement des groupes que des relations qui les unissent. » « (…) tout progrès culturel est fonction d’une coalition entre cultures. » Cf. Levi-Strauss, Race et histoire

Exemples d’inclusion dans l’histoire? Commerce Esclave, serviteur Armée Ambassadeur, diplomatie Coalitions maritales Déportation Exilés, transfuges

L’Egypte Terre d’asile, creuset des cultures, carrefour des migrations, « oasis » fertile perdue dans un univers hostile, donc une terre destinée à recueillir la diversité, melting pot, refuge. Types des contacts: Débouchés naturels, commerce, expéditions militaires impérialistes.

Contacts renouvelés, étroits avec l’étranger. Pénétration étrangère dès le II e millénaire. Au Sud: migrations importantes et vite intégrées par acculturation (noms égyptiens pour la deuxième génération, pratiques funéraires, mariages mixtes). Au Nord: la situation reste floue.

L’Egypte et l’altérité? Dès la XIIe dynastie, on constate une recrudescence de traces étrangères - assimilées ou pas, du moins tolérées - dans la vallée du Nil: - Servantes, soldats, nourrices, mineurs, domestiques, tisseurs, danseurs, portiers, employés, main d’œuvre, ainsi que des traces d’architectures « orientales ». L’altérité y est donc reconnue, identifiée et au mieux utilisée ou asservie. Du moins la présence est réelle.

Un exemple Voici d’ailleurs, à titre d’exemple, le registre d’écrous de la Grande Prison de Thèbes – actuelle Louxor – qui dénombre à la XIIe dynastie sur une liste nominatrice de 95 personnes, 48 Asiatiques dont sept hommes, trente femmes et neuf enfants qui sont privés de libertés. Ce qui tend à prouver que rien ne change vraiment, on enferme la différence de tout temps.

Bilan « De tout temps en Egypte, des étrangers, individuellement ou par groupe, asservis ou indépendants, se sont installés aux franges du pays, mais également dans les grands centres militaires ou artisanaux, et cela sans rejet de principe ni difficultés systèmatiques, autant qu’on puisse en juger. » Didier Devauchelle D. Devauchelle, dans son article sur les dieux étrangers en Egypte, p. 186 

La Perse Nous disposons de moins de traces, donc le tableau est moins clair. Nous pouvons partir du principe que pratiquement, cela fonctionne à peu près comme pour l’Egypte en terme de contact, à cela près que les Perses sont une « ethnie » de plus en plus minoritaires dans leur propre empire.

Altérité reconnue, incluse, assimilée pour la Perse La « multitude » apparaît toujours et sous forme neutre dans les sources perses. Elle existe officiellement. Non seulement elle existe mais elle est utile voire incontournable à la survie de la minorité achéménide au pouvoir. La Perse compose donc avec l’étrangeté soumise, intègre automatiquement.

Bilan L’identité perse, pour exister, doit se surimposer aux cultures et identités constituant son empire. Non-acculturation totale et intégration requises, mais pas d’assimilation complète.

Paradoxe entre discours officiels et contextes pratiques Dans les rhétoriques et discours royaux de ces deux empires, l’autre est y souvent, voire toujours désigné comme la menace à contrôler, à éliminer, à soumettre, à exclure. L’Autre apparaît comme l’archétype de l’aliénité altérante.

Petits exemples iconographiques et sources écrites Tombe de Menna, Abd el Gurna, VIIIe

Annexe Eico, n° T, Medinet Habu, RIII, XIXe

Annexe Eico, n° U, Medinet Habu, RIII, XIXe

Annexe Eico, n° J, Coffre de Twt, XVIIIe

Annexe Eico n° C2, Medinet Habu, RIII, XIXe

Annexe Eico n° D, Abu Simbel, RII, XIXe

Annexe Eico, n° F, Abu Simbel, RII, XIXe

Annexe Eico n° I2, Beit el Wali, RII, XIXe

Annexe Eico n° K2, RII, Tell er-Retabeh, XIXe

Couteau du Gebel el-Arak

Sceau sigilaires cylindres Cyrus

Sceau trilingue Darius Ie

Bilans: Altérité intégrée ou rejetée? L’altérité intègre la liturgie des Empires, elle y est souvent figée, stéréotypée, consacrée dangereuse; une menace pesant sur la création et impossible à assimiler; une étrangeté à contrôler magiquement, à proscrire de la réalité ou à soumettre. Néanmoins, dans la pratique, la réalité est toute autre, l’intégration suit son cours de manière historiquement prouvée.

Fonctionnalités de ce dialogue paradoxal entre altérité et aliénité? Identité indigène à cimenter, à faire, à trouver! Donc, cette identité fragile doit s’opposer pour s’affirmer. Aux sources de l’identité, la Création. Nous au centre, les Autres, aux marges de ce monde créé, à repousser et à détruire magiquement. L’Altérité est donc enferrée dans un débat nature-culture producteur de sens pour celui qui se construit.

La Grèce antique, entre aliénité totale et intégration au corps civique de la cité L’organisation sociale grecque, octroyant ou pas la citoyenneté, vit son identité comme en danger, et s’arrêtant au murailles de sa cité. De multiples exclusions frappent donc les étrangers, dont le dénominateur commun est d’être extérieur et/ou en absence d’helléphonie et/ou nomade.

Organisation de la politeia Demos; ensemble des politai Oikos; la phratrie Genos; tribu

Aristote, Politique, 3, 1, 1274 b « celui qui est susceptible de participer aux instances délibératrices et judiciaires de la cité. »

La place des étrangers en la cité? Xenoi Metoikos, ils ne sont pas astoi (habitants du territoire), mais enoikoi (ceux qui habitent dans) et on les affilie à un prostatès (curateur) Paroikoi, étranger résidant en marge de la cité Orientaux Nothoi, les bâtards

Démosthène, Contre Néaira, ch. 13 « les juges ne doivent pas tolérer que des courtisanes étrangères, belles et riches, se fassent épouser par des Athéniens, et condamnent ainsi certaines Athéniennes au célibat ou à la prostitution. »

Hérodote, II. 46 « Dans ce nome (district de l’ancienne Egypte) un prodige eut lieu de mon temps : un bouc s’accouplait publiquement à une femme, le fait fut notoire. »

Hérodote, IV. 84 « Un Perse, Oiobaze, vint à ce moment trouver Darius ; il avait trois fils qui partaient tous les trois avec l’armée, et il pria le roi de lui en laisser un. A l’ami qui lui présentait cette modeste requête, répliqua Darius, il laisserait ses trois enfants ; et Oiobaze au comble de la joie voyait déjà ses fils dispensés de la campagne, mais Darius les fit tuer tous les trois par ses exécuteurs. (…) Voilà comment les jeunes gens, égorgés, furent laissés à leur père. »

Hérodote, VII. 33 « (…) Un peu plus tard, en cet endroit, des Athéniens sous les ordres de Xanthippe fils d’Ariphron s’emparèrent d’Artayctès, le gouverneur perse de Sestos, et le clouèrent vivant à un poteau. »

Hérodote, IX. 120 « On emmena le Perse au bord de la mer, (…) et là il fut cloué sur des ais que l’on planta en terre ; et son fils fut lapidé devant ses yeux. »

Hérodote, VII. 144 « Il existe de nombreuses raisons graves pour nous empêcher, (…) et la première et la plus grave, ce sont les images et les demeures de nos dieux, incendiées, gisant à terre, qui exigent de nous une vengeance éclatante plutôt qu’un accord avec l’auteur de ce crime; ensuite, il y a le monde grec, uni par la langue et par le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs, nos mœurs qui sont les mêmes, et cela, des Athéniens ne sauraient le trahir. »

Hédorote, VIII. 144 « Voilà ce qu’ils répondirent à Alexandre ; puis ils dirent aux envoyés de Sparte : « Les Lacédémoniens ont eu peur que nous ne traitions avec les Barbares, et leur crainte est fort naturelle, mais c’est, semble-t-il, bassement mettre en doute la noblesse d’Athènes, quand vous la connaissez bien, quand vous savez qu’il n’y a pas au monde assez d’or, une terre assez extraordinaire par sa richesse et sa beauté, pour que nous consentions à ce prix à nous ranger du côté du Mède et à réduire la Grèce en esclavage. Il existe de nombreuses raisons graves pour nous en empêcher, quand nous voudrions le faire, et la première et la plus grave, ce sont les images et les demeures de nos dieux, incendiées, gisant à terre, qui exigent de nous une vengeance éclatante plutôt qu’un accord avec l’auteur de ce crime ; ensuite, il y a le monde grec, uni par la langue et par le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs, nos mœurs qui sont les mêmes, et cela, des Athéniens ne sauraient le trahir. »

Identité grecque et les barbares? Cette vision d’une identité « commune et homogène » de l’identité hellène peut être mise en doute, la citoyenneté donc l’humanité s’arrêtant aux murailles de chaque ville. Les barbares commencent donc au-delà des murs, tout le monde porte le sceaux de la barbarie.

La Grèce: une vision complexe de l’appartenance Sont barbares et donc inassimilables: Les apatrides, étranger, bâtard, métèque, exilés; ceux qui sont frappés d’une tare originale, celle d’être des hommes « sans cité », « sans patrie », donc des « non-hommes » car non-citoyen. Les Grecs nous montrent donc une « xénophobie ordinaire » entre cités, à l’encontre des étrangers.

Hérodote, VIII. 61 « À ces mots, le Corinthien Adimante intervint encore, avec rage, sommant Thémistocle de se taire puisqu’il n’avait plus de patrie, interdisant à Eurybiade de mettre aux voix l’avis d’un homme sans feu ni lieu : « Si Thémistocle veut exprimer son opinion, qu’il nous dise d’abord la ville qu’il représente ! »

OC Nous Autres L’Empire romain et la barbarie

Sénèque, Lettres à Lucilius, XIV. 90 « Cependant, si ces hommes avaient tous le caractère mieux trempé, mieux disposé au labeur, l’esprit, chez eux, n’était pas encore dans toute sa maturité. La nature en effet, ne donne pas la vertu : c’est un art que de se rendre homme de bien. » « Il leur manquait la justice, (…) la prudence, (…) la modération, la force d’âme. La vertu n’est conférée qu’à l’âme éduquée et instruite, que de perpétuels exercices ont conduite au sommet de la perfection. Nous naissons pour cette perfection, mais sans elle, et dans le meilleur naturel du monde, avant qu’on ne l’applique à l’étude, il y a étoffe de la vertu, il n’y a pas la vertu. »

Ibid., V. 38 « Le devoir qui s’impose, c’est de fuir aussi loin que l’on le peut devant les excitants du vice. Endurcissons notre âme, entraînons-la bien à l’écart de l’amorce des plaisirs. (.…) (Hannibal) Vainqueur dans les batailles, ses vices l’ont vaincu (…). Nous aussi, nous avons une guerre à soutenir, guerre qui ne tolère ni trêve ne relâche. Nos premiers ennemis à vaincre, ce sont les plaisirs (…) et la conviction s’établira qu’il ne faut rien accorder à la sensualité, à la noblesse (…). Que le labeur seul fasse couler nos sueurs. »

Cicéron, De Republica, I. 58 … Scipion est amené à préciser la position romaine vis-à-vis des prétentions grecques : « Scipion : Mais dis-moi, est-ce sur des barbares que régna Romulus ? Laelius : Si l’on admet avec les Grecs qu’on ne peut être que Grec ou barbare, j’ai bien peur que ce soit sur des barbares : mais si cette appellation doit se fonder sur les mœurs, et non sur la langue, je ne pense pas que les Grecs soient moins barbares que les Romains. Scipion : Eh bien, pour le sujet qui nous occupe, ce n’est pas la nationalité (gens) qui nous intéresse, ce sont les qualités naturelle (ingenia) »

Sénèque, Lettres à Lucilius, VIII. 71 « Quand pourrons-nous faire mépris de l’une et l’autre fortune ; quand pourrons-nous, tenant toutes nos passions sous le genou, les ayant pliées à notre volonté propre, pousser ce cri : j’ai vaincu ! « vaincu qui ? », diras-tu. Ni le Perse, ni les tribus du fond de la Médie, ni les contrées belliqueuses qui s’étendent peut-être au delà des Dahes ; mais la cupidité, mais l’ambition, mais la crainte de la mort, victorieuses de ceux qui ont vaincu le monde. »

Ibid., XI. 83 « Cet Antoine, qui était un grand homme, une belle intelligence, qu’est-ce qui l’a perdu en le faisant passer sous l’empire des mœurs étrangères, de vices qu’ignoraient Rome ? »

Vitruve, De Architectura, VI. 1 « Si les peuples du Midi ont l’esprit très pénétrant et une imagination aux ressources infinies, ils demeurent sans vigueur dès qu’on leur demande d’être braves, car toute la force de leur courage a été comme épuisée par l’ardeur du soleil. Quant à ceux qui naissent dans les pays froids, ils ont bien plus de dispositions pour la violence et le combat, car la profusion de leur énergie abolit en eux toute crainte : mais la lourdeur de leur esprit les pousse à attaquer sans réflexion, et, s’ils ont quelque idée, elle échoue par manque d’intelligence tactique. En conséquence, la répartition des climats étant ainsi faite par la Nature, toutes les nations (du Nord et du Sud) forment deux groupes opposés par le déséquilibre de leurs tempéraments ; seul, le peuple romain possède un territoire situé exactement au centre du monde, à égale distance des étendues continentales et des zones climatiques extrêmes. Aussi les habitants de l’Italie jouissent-ils d’un véritable équilibre dû à la synthèse de toutes les qualités, et doivent-ils la plénitude de leur énergie à leur complexion remarquable comme à leur vigueur morale et intellectuelle. De même que la planète Jupiter – dont l’orbite passe entre Mars, qui est brûlant, et Saturne, qui est très froid – se trouve tempérée par sa position, d’une manière analogue, située entre les zones septentrionale et méridionale, l’Italie tire sa valeur d’une combinaison d’influences complémentaires qui la rend insurpassable. Cette nation, en effet, par son intelligence, vient à bout du courage des barbares du Nord, et, par sa force, des inventions des méridionaux. Ainsi la divine providence a-t-elle placé l’Etat du peuple romain dans une région unique par son équilibre, de façon qu’il pût conquérir la domination universelle. »

Yves Albert Dauge, p. 144 « A mesure que vont passer les années, et les siècles, à force de voir descendre du Nord et accourir de l’Est des hordes sans nombre, toutes semblables dans leur agressivité sauvage, Rome en viendra à définir surtout la barbarie comme le renouvellement indéfini d’une puissance aveugle et destructrice, et son propre rôle lui apparaîtra de plus en plus comme un combat perpétuel aux frontières du monde civilisé pour en défendre, contre cette barbarie, la fragile unité. »

Six catégories de la barbarie Le nomadisme L’irrationnel Absence d’énergie positive créatrice Régression, déchéance du statut d’homme Devenir régressif Inhumanité

F. Altheim, Religion romaine antique, p. 145 « à présent, le cours des événements ne permettait plus de rejeter sur les ennemis de Rome ce qui était étrange et étranger : Rome voyait les tendances étrangères se manifester dans ses propres rangs. »

Cicéron, Tusculanes, V. 77 (…) la nature est toujours invincible ; ce qui est vrai, c’est que chez nous la délicatesse, les raffinements, l’oisiveté, la fainéantise ont contaminé les âmes, les préjugés et la perversion de l’ambiance les ont séduites et amollies. (…) Je ne parle pas des épreuves et des sacrifices que s’imposent les ambitieux dans la recherche des dignités, ceux qui aiment la gloire pour satisfaire leur orgueil, ceux que l’amour enflamme pour satisfaire leur passion : les exemples abondent dans la société. »