Les Assises Européennes du Paysage ÉTAPE FRANCE Paris, Marne-la-Vallée Lagriculture et le projet urbain, une question difficile pour les urbanistes et les paysagistes André Fleury, Agronome, Professeur à lENSP, Versailles
Lexploitation agricole dans le projet urbain : quelques rappels aux acteurs citadins Au mot agriculture correspondent une grande diversité de forme sociales (agriculture solidaire,agriculture de loisir, etc.). Ici, il sagira de lagriculture professionnelle, faite dentreprises dont la finalité est le revenu de agriculteurs et dont la stratégie est orientée i/ par les marchés ii/ par les objectifs de la famille. Son espace peut devenir un territoire commun aux deux sociétés habitantes, agricoles et citadine, aux usages et pratiques distinctes, si les premiers sont clairement impliqués dans sa co-construction et sa gouvernance. La multifonctionnalité de lagriculture est un concept urbain résumé par la campagne des citadins. Il concerne usuellement le paysage rural, le patrimoine agraire dans sa diversité, les composantes sociales de la qualité des produits, les savoir faire, etc. Elle est intégrée aux système des agriculteurs sils y trouvent de nouveaux pôles de profit (qualifiés selon leir importance dediversification ou depluriactivité. Les acteurs urbains ont longtemps négligé limplication des agriculteurs dans la gouvernance territoriale ; corollairement les agriculteurs ont développé leurs stratégies propres, souvent deffacement (éloignement ou dissolution).
Un débat ouvert : lagriculture dans lOpération dIntérêt National ( Massy, Palaiseau, Saclay, Versailles, St Quentin en Y.) lenjeu : créer un pôle scientifique et technologique de rayonnement mondial. Cahier des charges : une ville de de 500 à hab., largement dédiée à la recherche, mais maintien dau moins 2000 ha agricole sur le plateau de Saclay. Les concurrents : 26 équipes ont répondu au Concours dIdées. comment parlent-elles de lagriculture?
Saclay, un vieux plateau agricole …. Il présente les traits communs à lIle-de-France; la grande exploitation y domine depuis le 17 ème siècle, visuellement révélée par les grandes fermes à cour carrée, et les vastes parcellaires. Caractéristique dominante, son agriculture, comme celle de lIle-de-France, est traditionnellement moderne. Cest aussi une campagne citadine depuis le 18 ème siècle que révèle les châteaux de plaisance construits. Ce plateau du Hurepoix est situé à 20 km au sud-ouest de Paris (20 minutes par le RER), entre les vallées de la Bièvre et de lYvette. Ses terres limoneuses sont très bien adaptées aux céréales, et sont réputées comme un véritable terroir céréalier, toujours apprécié.
… investi par la science depuis 150 ans, et objet dune Opération dIntérêt National. Le plateau agricole accueille des activités scientifiques liées … À lagriculture (Vilmorin au 19 ème siècle, INRA, Arvalis et IBP); À laviation naissante : les premiers aérodromes au début du 20 ème siècle Aux institutions scientifiques à risque (recherche nucléaire, propulseurs) ijstaléles dans un semi désert humain, près de Paris, Aux délocalisation de proximité à partir du centre de Paris depuis les années 60 (université, écoles et instituts). Le plateau agricole acquiert une identité de Pôle scientifique … sans perdre jusqualors son identité agricole. Le projet de paysage adopté par les élus en 1997 est marqué dune double modernité, celle de la Science et celle de lagriculture. Il pose que Sauvegarder le paysage rural cest préserver une image moderne et dynamique de lagriculture : conserver la sensation des grands espaces ouverts, sans morcellement, sans obstacles visuel, faciliter la circulation des engins agricoles
Que disent donc les équipes du Concours dIdées ? Si certaines renvoient lagriculture céréalière aux plateaux sud ou en nient le besoin au bénéfice de la nature, beaucoup attendent quelle contribue à de nouveaux modèles de ville généralement qualifiée de ville durable et autonome. Les registres invoqués concernant lagriculture sont : lapprovisionnement alimentaire de frais, la gestion de leau pluviale, la contribution énergétique (y compris les éoliennes dans les champs),et à la gestion des déchets. Deux familles didées, de réflexions pour une agriculture intégrée le parti dune continuité évolutive ; le mots clés sont le paysage et le patrimoine céréalier, louverture visuelle ou physique aux citadins, la liberté pérenne pour les agriculteurs. Peu dévocation du système de contraintes, telles que PAC ou circulation agricole (il ne sagit que didées, pas de projets concrets). De fait cest aussi le parti de la co-construction. Le parti dune transformation radicale, entre naïveté (créer cent petites fermes maraîchères, penser lagriculteur chercheur et naturaliste, poser linadaptation des céréales aux terres du plateau etc.) et utopie (idée dune ville éphémère, en succession trentenaire avec lagriculture. De fait cest le parti de la reconstruction, qui refuse, de fait, la participation des agriculteurs actuels.
Une interrogation essentielle: les faibles références de lagriculture chez les aménageurs Quelque soit le parti, on note la faible connaissance du contexte agricole réel, et notamment des contextes économiques et du marché. Elle est suppléée par limaginaire. Les références explicite à la gouvernance partagée sont rares cf. Terres en Villes ou les Programmes agri-urbains franciliens. Paradoxe apparent, les références à la nature sont plus convaincues. Cest sans doute le résultat dune évolution engagée depuis les années 70 : lespace ouvert est une composante de la ville nouvelle. Lidée de la nature protégée est apparue la première; la reconnaissance de lagriculture professionnelle est en cours démergence non seulement en France, mais aussi en Europe (réseau PURPLE des grandes métropoles ou conurbations européennes. Corollairement, les cursus de formation aux métiers de laménagement doivent intégrer résolument lagriculture dans sa réalité économique et politique de co-actrice des politiques territoriales.