UIA Novembre 2016 La recherche des formats : la question de la médiagénie

Comment définir un « format » médiatique ? Un format : désigne le contenant de l’information, le terme est utilisé par les professionnels des médias pour se mettre d’accord sur une « taille » et une « manière » de concevoir un genre, un programme, mais aussi un type d’encodage quand il s’agit d’un élément à faire circuler sur internet : le .vid le .gif etc Le format ne va jamais de « soi », il est discuté, il évolue, il est le fruit de négociations entre des techniques, des acteurs, des enjeux économiques et sociaux : une dimension d’innovation sociale Le format « adhère » à un contenu et à une énonciation, exemple Paris Match, la photo en double page sans cadre, avec une légende qui « court », ce format contribue à construire l’identité du média : un nom, un groupe, une forme de l’information, un rythme

Les « formats » : des exemples dans tous les médias possibles Un terme qui désigne, au fil du temps et du développement des médias, des formes diverses, avec des rencontres entre des moyens d’expression : cf. De la presse illustrée aux médias modernes, in Histoire de la photographie, pp. 304 et 305 Les formats sont des « longueurs », des « tailles », des temps, mais aussi des moyens de mesurer la valeur du travail produit pour élaborer le contenu : le cas de la production audiovisuelle, exemple : le documentaire de 52 minutes, le webdocumentaire, la « série », le « court » etc… Et sur le web : la “vidéo verticale”, le GIF, le “mème” Un message taillé pour un contrat de lecture entre un producteur, des annonceurs, des consommateurs

Comment le format adhère-t-il à un média ? La notion de médiagénie peut aider à comprendre comment s’établit la compatibilité entre le média et les formats, c’est un travail long, enchâssant plusieurs types d’acteurs, de métiers, cela peut prendre du temps, des décennies, voire des siècles : le cas du « journal imprimé » C’est une discussion permanente dans tous les médias, les consommateurs sont pris à témoins, les journalistes et les annonceurs, les éditeurs et les producteurs élaborent des discours d’escorte pour accompagner la naissance des formats

LA MÉDIAGÉNIE : DÉFINITION Avant le terme décrit un processus d’avènement d’un média, qui ne trouve que sa forme lorsqu’un certain nombre d’étapes sont passées, selon P. Marion (ORM, Louvain La Neuve), in « Intermédialités », 2000, p. 24 Apparition d’un procédé Émergence d’un dispositif par l’établissement de procédures Avènement d’une institution médiatique : « le cinéma », la « photographie », « la télévision » C’est l’adhérence parfaite entre un support et ses formats d’expression : l’expressivité permet à un public de se reconnaître, de se former et d’y trouver des « fonctions »

De quelques « médiagénies » contemporaines La bigarrure La forme brève La nouvelle en trois lignes La brève Le tweet : une forme brève, dont les usagers se servent pour de multiples usages, avec des efforts pour contourner la contrainte imposée par le format, avec des effets incontrôlés, non prévus, exemple de : #dearliberals Le tweet est alors une « forme vide », un format ouvert pour la réaction directe, sans filtre… Le génie, un terme double, le bon comme le mauvais, le bon grain de l’ivraie...

Médiagénie et intermédialité Le mot commun : le média ensemble constitué par une technologie plus les pratiques sociales de production et d’appropriation de cette technologie, lorsqu’il y a accès public (quelles que soient les conditions de cet accès, qui est généralement payant, aux messages (E. Veron, 1994). Un média n’apparaît jamais directement, avec les bons formats, un média naît toujours plusieurs fois, c’est un processus dynamique : période d’incubation, d’essais, d’erreurs, la naissance est soit intégrative, puis ensuite différentielle (P. Marion, 2000, pp. 35 et 36).