Anxiété, Dépression et Mémoire de Travail.

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Transcription de la présentation:

Anxiété, Dépression et Mémoire de Travail. Naoualle TOUIL

Plan du chapitre I- L’Anxiété II- La Dépression III- L’Anxiété et la Mémoire de Travail IV- La Dépression et la Mémoire de Travail V- Conclusion

I- L’Anxiété Définition Deux niveaux d’Anxiété Les expressions pathologiques de l’Anxiété

A) Définition 1) Point de vue descriptif : L’anxiété est définie comme un état affectif caractérisé par un sentiment d’imminence d’une menace, associé a un état psychophysiologique et motivationnel de préparation à un évitement. 2) Point de vue fonctionnel : L’anxiété est considérée comme une réponse adaptative activée lorsqu’il y a violation de l’exécution d’un plan d’action. 3) Point de vue étiologique : L’anxiété est manifestement un phénomène complexe, déterminé par de multiples facteurs génétiques, psychologiques et socioculturels. (Pederson, Plomin, McClearn et Friedberg, 1988 ; Twenge 2000).

B) Niveau d’anxiété Le niveau d’anxiété des individus est caractérisé à la fois en tant que « trait » de personnalité et qu’ « état » affectif. L’Anxiété « trait » : caractéristique individuelle relativement stable, qui se manifeste par une propension à montrer de l’inquiétude, de la peur, des craintes, etc. L’Anxiété « état » : réponse d’anxiété transitoire liée à une situation de danger ou de menace.

C) Les expressions pathologiques de l’anxiété Phobie simple Phobie sociale Trouble panique Trouble post-traumatique Trouble de l’adaptation Trouble de stress aigu Trouble d’anxiété généralisée Etc.

II- La Dépression A) Définition B) La Dépression Unipolaire C) La Dépression Majeur D) La catégorisation VS le dimensionnel

A) Définition La dépression est un trouble de l’humeur dont la manifestation centrale est un état mental caractérisé par une lassitude importante, une dépréciation de soi, un pessimisme qui entraînent des perturbations importantes dans les rapports psychoaffectifs. On distingue les troubles unipolaires et les troubles bipolaires : - La forme bipolaire est constituée d’accès dépressifs et d’épisodes d’excitation euphorique, séparés par un intervalle libre. - La forme unipolaire est quant à elle définie par la survenue répétitive d’un seul type d’accès, en règle générale dépressif.

B) Dépression unipolaire La dépression majeur (développée après) Dysthymie : une forme de dépression atténuée et chronique produisant une souffrance significative. Trouble dépressif non spécifié : une forme de dépression sans explication de cause.

C) Trouble dépressif majeur Le dépressif majeur se caractérise par une évolution clinique consistant en un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs. Un épisode est défini par l’existence d’au moins 5 symptômes présents pendant 2 semaines au minimum, et qui constitue un changement par rapport au fonctionnement antérieur de la personne. Liste de symptômes : Humeur dépressive, anhédonie, perte ou gain de poids, trouble du sommeil, agitation ou ralentissement psychomoteur, dévalorisation de soi, culpabilité inappropriée, trouble de la pensée, concentration altérée, idées suicidaires…

Pour aller plus loin… D’un point de vue épidémiologique, la dépression unipolaire figure certainement parmi les états psychopathologiques les plus fréquents. Exemple : étude américaine La dépression est fréquemment associée à d’autres états psychopathologiques (tels que l’anxiété) Watson.

Etude américaine N=9090 16,2% au cours de la vie 6,6% les 12 mois précédent l’étude. La récurrence : fondamentale dans la dépression. 15 ans après le premier épisode dépressif rechute chez 85% des personnes ayant récupérées. 1/3 des patients récupèrent d’une dépression en conservant une symptomatologie résiduelle. Ces patients feront par la suite plus rapidement l’expérience d’une rechute.

III- L’Anxiété et la Mémoire de Travail Eysenck et Calvo (1992). Ils s’intéressent aux effets de l’anxiété « trait » et l’anxiété « état » sur la performance cognitive. Ils distinguent deux niveaux d’analyses : « effectiveness » « efficacy » ou « efficiency »

Eysenck et Calvo Dimension « effectiveness » => qualité de la performance. Dimension « efficiency » => relation entre la qualité de la performance et les ressources de traitement investies dans cette performance.

Eysenck, Payne et Derakshan (2005) Ils ont évalué les effets de l’anxiété « trait » et de l’anxiété « état » sur les composantes de la Mémoire de Travail selon le modèle de Baddeley. Expé : Test de corsi Il apparaît que la performance au test de corsi dépend de l’administrateur centrale et du registre visuo-spatiale principalement. Les taches de comptage à rebours et de tapping spatiale réduisent la performance des étudiants anxieux. Aucune différence entre les étudiants anxieux ou non anxieux « trait » en tapping simple donc la qualité de la performance n’est pas affectée.

Conclusion de l’expé : L’influence négative de l’anxiété « trait » sur la performance n’est pas sous-tendue par le niveau d’anxiété « état ». Les personnes avec un haut niveau d’anxiété « trait » sont plus sensibles à des stimuli menaçants et focalisent plus leur attention sur ces stimuli. En conséquence, avec un anxiété « trait » élevé tout niveau d’anxiété « état » attirerait leur attention (réduisant les ressources de l’administrateur).

Relation entre anxiété et M de T par Shackman et al. (2006) Hypothèse : l’anxiété devrait sélectivement affecter la M de T spatiale et pas la M de T verbale. Le cortex préfrontal droit étant impliqué dans l’anxiété, les auteurs postulent que l’induction d’un état anxieux (sans lien avec la tâche en cours) entrerait en compétition avec les opérations cognitives dépendant des mêmes territoires cérébraux. Expé : menace d’un choc électrique Tâche de n-back de M de T spatiale (lien ac régions préfrontales droites) => perturbations de la performance. Tâche de n-back de M de T verbale (lien ac régions préfrontales gauches)=> pas de perturbations. Il se pourrait que cette perturbation soit liée au fait que les participants laissent une partie de leur attention spatiale pour détecter la survenue du choc électrique, réduisant ainsi les capacités attentionnelles requises pour la réalisation de la tâche en mémoire spatiale.

Seconde expérience Les auteurs ont montré que le lien entre anxiété et performance de M de T spatiale n’était pas seulement dépendant de la manipulation inductrice de menace. Ils ont observé que les personnes caractérisées pas un haut niveau d’inhibition comportementale ou d’évitement (mesuré par le « Behavorial Inhibition System scale » de Carver et White 1994) manifestaient + d’anxiété et performance + mauvaise par rapport à leur performance en M de T verbale en l’absence de menace. Par contre aucune relation entre M de T spatiale et anxiété n’était constaté chez les participants présentant un haut niveau d’activation (mesuré par le « B. Activation S. s) Ces résultats contredisent la prédiction de Eysenck et Calvo selon laquelle l’Anxiété sur la M de T serait liée au fait que les pensées intrusives (inquiétudes) associées à l’anxiété réduiraient les ressources de l’Administrateur centrale de la M de T, ce qui devrait affecter tant la tâche « n-back » verbale que la tâche «n-back » spatiale.

Shackman et al. : distinction entre deux facettes de l’anxiété : l’inquiétude et l’éveil anxieux. Afin de se rendre compte de ces discordances, Shakman et al. (2006) s’appuie sur la distinction entre deux facettes de l‘anxiété : - l’inquiétude qui est mentale et à base de rumination et d’évaluation cognitive. - l’éveil anxieux qui implique une attention aux symptômes physiologiques de l’anxiété. Dans ce contexte la prédiction de Eysenck et Calvo concernerait + spécifiquement l’effet de l’appréhension anxieuse sur la performance cognitive.

De façon plus générale, il apparaît qu’un modèle de l’impact de l’anxiété sur la cognition se doit de distinguer les exigences cognitives spécifiques des tâches de M de T.

Modèle de l’impact de l’anxiété sur la cognition : Dutke et Stöber (2001) Ils ont montré que les performances d’étudiants ac un haut niveau d’anxiété (liée à la situation de test) ds une tâche de M de T impliquant stockage et traitement s’améliorait quand la tâche avait des exigences séquentielles élevées, à savoir qu’elle suscitait explicitement une fréquente mise à jour du contenu de la M de T (associée aux pensées intrusives) bénéficieraient des indices externes les incitants à mettre à jour le contenu de la M de T, alors que les participants non anxieux seraient capables de s’engager spontanément dans des traitements de mise à jour, quelle que soit la condition (avec ou sans exigence séquentielle, avec ou sans indices externes), et donc ne montrerait pas d’amélioration de la performance en condition d’exigence séquentielle élevée.

Klein et Boals : la question des effets de l’anxiété sur la M de T en examinant les relations entre stress et M de T Ils ont montré que les étudiants + stressés par les évènements de la vie, obtenaient des performances + faibles dans une tâche de M de T (impliquant d’effectuer des séquences de + en + longues d’arithmétiques tout en maintenant en mémoire des mots ; « arithmetic operation-word memory task »), et ce d’autant + que les séquences d’opérations à réaliser étaient plus longues. La présence d’intrusion de pensées en lien avec ces évènements ainsi que de tentatives pour les éviter prédit la performance de M de T. Il en est de même pour la récence des évènements négatifs. Ces données ont été interprétées en suggérant que les intrusions de pensées et les tentatives de les éviter recrutent des ressources de traitement, qui ne peuvent dès lors plus être utilisées pour la réalisation de la tâche de M de T.

Stawski, Sliwinski et Smyth (2006) Ils ont réalisé un travail auprès de 111 personnes âgées et ont montré que les intrusions de pensées en lien avec le stress et les tentatives de les supprimer ou de les éviter (interférence cognitive) étaient fortement associés à une performance faible en M de T et en M épisodique ainsi qu’à un ralentissement de la vitesse de traitement. Ces données indiquent que les processus cognitifs liés au stress (les intrusions de pensées et les tentatives d’évitement) constituent un important prédicteur du fonctionnement cognitif des personnes âgées.

IV- La dépression et la Mémoire de Travail Les difficultés de mémorisation est un important symptôme de la Dépression. (Jermann, Van der linden, Adam, Ceshi et Perroud 2002) Plusieurs études se sont spécifiquement penchés sur le fonctionnement de la M de T dans la dépression.

Channon, Baker et Robertson (1993) Dans le cadre théorique de Baddeley (1986), ils n’ont pas mis en évidence de différences significatives entre des patients présentant une dépression majeure et des personnes de contrôle dans les tâches et effets évaluant la boucle phonologique et le registre visuo-spatial (empan de chiffre à l’endroit, effet de similitude phonologique, effet de longueur, test de corsi). Par contre, les personnes déprimées obtenaient des performances significativement inférieur à celle des participants de contrôle dans une tâche d’empan de chiffres à l’envers (ainsi qu’à des tâches évaluant les fonctions exécutives, notamment la flexibilité via le « Trail-making test », suggérant ainsi d’un trouble de l’administrateur central de la M de T.

Dans la même perspective, Christopher et Macdonald (2005) Comparaison entre 35 patients avec dépression majeure, 24 avec troubles d’anxiété généralisé et 29 participants de contrôle à diverses tâches conçues pour évaluer les composantes de la M de T selon le modèle de Baddeley. Les auteurs concluent à l’existence de troubles touchant tant les systèmes esclaves (boucles phonologiques et registre visuo-spatiale) que l’administrateur central de la M de T. Boucle phonologique => performances des patients dépressifs (et anxieux) équivalentes à celles observés chez les personnes de contrôle. Registre visuo-spatial => les patients déprimés obtiennent des performances un peu inférieures à celles des personnes de contrôle et des patients anxieux une tâche de reconnaissance de matrices combinant des cases noires et blanches mais cette différence pourrait tout simplement être le reflet d’une atteinte de l’administrateur central (lequel semble contribuer davantage à la performance aux tâches de maintien temporaire d’un matériel spatial que d’un matériel verbal.) (Miyake et Al.) Administrateur central => tant les patients déprimés que anxieux montrent des déficits nets et équivalents à une tâche d’empan de lettres en ordre inverse et à une tâche de mise à jour, attestant ainsi d’une atteinte de l’administrateur central de la M de T. Dans l’ensemble, ces résultats confirment ceux obtenus par Channon et Al (1993).

Harvey et Al (2004) Ils ont montré que des patients déprimés obtenaient des performances significativement + faibles que des personnes de contrôle dans une tâche verbal de « n-back », évaluant les fonctions de mise à jour de la M de T mais aussi dans des tâches telles que le « Trail-making Test », le « Wisconsin Card Sorting Test » ou encore la tâche de stroop, évaluant entre autres, les capacités d’inhibition et de flexibilité. Par ailleurs, une corrélation significative a été observée entre la performance à la tâche « n-back » et le nombre d’hospitalisation ainsi que le décours longitudinale de la dépression. Enfin, les patients déprimés ne différaient pas des participants de contrôle dans les tâches d’empan verbal et visuo-spatial en ordre direct. Par contre, un déficit était observé dans la tâche d’empan de chiffre en ordre inverse. Une performance déficitaire des patients avec dépression majeure dans la tâche de « n-back » a également été constaté par Rose et Ebmeyer (2006). Dans les deux travaux, les déficits des patients déprimés dans la tâche de « n-back » n’augmentait pas en fonction de la charge mnésique imposée (c’est-à-dire de la difficulté de la tâche). Enfin ces difficultés affectant l’administrateur central de la M de T ou les fonctions exécutives semblent persister chez les patients déprimés en rémission, les déficits étant en outre plus importants chez les personnes qui ont précédemment présenté le + d’épisodes dépressifs. (Paelecke-Habermann, Pohl et Leplow, 2005).

Nebes et Al (2000) : Dépression majeur de la personne âgée. Ils ont montré que les personnes âgées déprimées présentaient également un déficit de la M de T (évalué par une tâche de « n-back ») et un ralentissement de la vitesse de traitement (évalué par le sous-test du code de l’Echelle d’Intelligence de Wechsler pour adultes - forme révisé par Wechsler lui-même en 1981). Après avoir pris en compte la vitesse de traitement, il subsistait une différence entre les patients déprimés et les participants de contrôle en M de T. Après rémission de la dépression, il y a une amélioration de la performance en M de T et en vitesse de traitement. Mais pas plus important que celle observée chez les personnes de contrôle après répétition de l’évaluation. En outre, si la variance associé à la M de T et à la vitesse de traitement était prise en compte, la dépression n’expliquait + significativement la variance dans différentes mesures neuropsychologiques, telles que des mesures de MLT ou de capacités visuo-constructives, suggérant ainsi que la M de T et la vitesse de traitement constituent des médiateurs du fonctionnement cognitif des personnes âgées déprimées. Ces déficits (M de T et vitesse de traitement) chez personnes âgées déprimées même quand la dépression a régressé suite à un traitement pharmacologique. (Nebes et al. 2003)

V- Conclusion La dépression et l’anxiété ont des effets négatifs importants sur le fonctionnement de la M de T. Or ce sont des manifestations affectives très fréquemment observées à la suite d’une lésion cérébrale focalisée ou diffuse. Il est indispensable de prendre en compte la contribution possible de l’anxiété et de la dépression dans l’interprétation des déficits de la M de T observés chez des patients cérébraux-lésés. En ce qui concerne l’anxiété induite par la situation d’examen, à l’anxiété consécutive à l’atteinte cérébrale et/ou à d’autres évènements stressants de la vie de la personne, au tempérament anxieux (pré-morbide) du patient et aux interactions entre ces différents aspects. Pour ce qui est de la dépression, il faut rappeler que des difficultés de M de T sont également observées chez des personnes en rémission de dépression et que ces difficultés sont d’autant plus importantes que la personne a vécu précédemment plus d’épisodes dépressifs. Enfin, il s’agirait de considérer l’importance des caractéristiques et des exigences spécifiques sur des différentes tâches de M de T utilisées.