« Mots fleuris et habiles paroles » — Les chengyu du chinois : grandeur et décadence des expressions idiomatiques dans la Chine du XXe et du XXIe siècle 花言妙语 Dr. Kevin HENRY Université des études internationales de Shanghai Groupe de recherche EASt « East Asian Studies » (ULB)
花言妙语 杯弓蛇影 bēi-gōng-shé-yǐng {coupe-arc-serpent-reflet} « S’alarmer vainement, se laisser abuser par son imagination » 破釜沉舟 pò-fǔ-chén-zhōu {briser-chaudron-couler-navire} « Être décidé à vaincre ou à mourir, brûler ses vaisseaux, franchir le Rubicon » 言而无信 yán-ér-wú-xìn {parler-mais-non-sincère} « Manquer à sa parole, se dédire » 多如牛毛 duō-rú-niú-máo {nombreux-comme-vache-poil} « Innombrable, considérable » 花言妙语
花言妙语 CADRE THÉORIQUE
Cadre théorique 花言妙语 PIERRE BOURDIEU (1930-2002) — La Distinction, 1979 Habitus = principe de l’action des agents dans le monde social L’ensemble des dispositions, schèmes d’action ou de perception que l’individu acquiert à travers son expérience sociale Caractère générateur de l’habitus = propriété d’être à l’origine d’une infinité de pratiques possibles « Sens pratique » de l’habitus, reflet d’un monde social = possibilité donnée aux agents, sans que ceux-ci aient besoin d’entreprendre une réflexion « tactique » consciente, de répondre immédiatement et sans même y réfléchir aux évènements auxquels ils font face Champs = lieux de compétition composant le monde social : économique, politique, culturel, artistique, sportif, religieux… Chaque champ est organisé selon une logique propre déterminée par la spécificité des enjeux et des atouts que l’on peut y faire valoir
Cadre théorique 花言妙语 Théorie de l’espace social opposé à la vision marxiste, selon laquelle les sociétés se structureraient à partir des processus de production économique Capital culturel = mesure l'ensemble des ressources culturelles dont dispose un individu. Elles peuvent être de trois formes : incorporées (savoir et savoir-faire, compétences, forme d'élocution, etc.), objectivées (possession d'objets culturels) et institutionnalisée (titres et diplômes scolaires) Distinction = « style de vie » qui relie l’ensemble des comportements des agents d’une catégorie sociale, par transposition des dispositions acquises dans une certaine activité sociale (par ex. au sein de la famille) dans une autre activité (le monde professionnel)
Cadre théorique 花言妙语 Langage considéré non seulement comme un moyen de communication, mais aussi comme un instrument de pouvoir : cette faculté lui est conférée par son caractère symbolique. Le langage utilisé par chacun est déterminé selon ses relations avec les autres acteurs dans le champ ou dans l’espace social ; de même, les interactions langagières sont des manifestations des positions sociales respectives des intervenants et reproduisent les structures de l’espace social.
Définition des chengyu 花言妙语 Définition des chengyu
Définitions des chengyu 花言妙语 Les chengyu, « voix de la tradition », sont des phrasèmes fortement conventionnalisés et répondent à un mode d’interprétation citatif. Très fréquemment (mais non obligatoirement), ils condensent un évènement historique ou une légende populaire ou résument/citent directement des textes anciens ; ils introduisent de la sorte des connotations spécifiques et constituent un éminent ressort d’intertextualité. Les chengyu, rétifs à toute classification dans une nature, ont la capacité d’occuper une multiplicité de positions fonctionnelles, que ce soit au sein de la phrase ou comme déterminant de l’énonciation ; les emplois proverbiaux comme phrases autonomes, bien que rares, sont attestés. Prenant leur source dans la langue classique, les chengyu s’inscrivent dans un registre élevé et formel et s’emploient préférentiellement dans un discours écrit, littéraire sinon savant.
Définitions des chengyu 花言妙语 L’immense majorité des chengyu (plus de 95 %) présentent une scansion quadrisyllabique et répondent souvent à un schéma de bipartition phonologique et syntaxique [2-2]. Plus largement, ils possèdent une structure rythmique distinctive qui s’ancre dans la poétique chinoise. Ce trait prosodique se manifeste particulièrement dans les suites de chengyu. Ces unités sont caractérisées par un certain degré de figement, qui se manifeste sur les plans syntaxique (blocage des propriétés transformationnelles et ordre des constituants généralement inaltérable), sémantique (non-compositionnalité au moins pour une partie d’entre eux) et lexical (restriction paradigmatique). Nonobstant les variations idiosyncrasiques, ils se situent au sommet du continuum des contraintes qui pèsent sur les phrasèmes du chinois. La nature intrinsèquement figée (dans tous les sens du terme) des chengyu implique immanquablement la possibilité du défigement et, ce faisant, celle de faire l’objet de jeux de mots, manipulations dialogiques et autres transmutations ponctuelles.
花言妙语 ORIGINE DES CHENGYU
Origine des chengyu 花言妙语 Les structures idiomatiques quaternaires est attesté plus largement dans toute l’Asie orientale et sud-orientale, indépendamment du groupe linguistique : tibétain, thaï, birman, vietnamien, hmong, japonais… Pour plusieurs de ces langues (japonais et vietnamien notamment), il est possible d’attribuer la diffusion de cette caractéristique à une influence directe du chinois ; pour d’autres, cette affirmation est plus hasardeuse. Dans ces langues, la maitrise des unités phraséologiques quadrisyllabiques est aussi généralement considérée comme un facteur essentiel d’une communication efficace et comme une marque patente d’éloquence.
Origine des chengyu 花言妙语 Nuosu (ethnie Yi, lolo-birman ; Gerner 2013 : 51-54) ABCB : ke nrat hxa nrat « bouche-doué-langue-doué » = éloquent ABCB + matrice lexicale : hmop yot ddie yot « souffler-mal-préparer-mal » = mal à-propos ABCD : rre quo zzax bi « argent-déchirer-nourriture-éparpiller » = gaspiller ses ressources Japonais (isolat) = 四字熟語 yojijukugo 一字千金 ichijisenkin « 1-mot-1000-or » = chaque mot est une merveille 羊頭狗肉 yōtōkuniku « agneau-tête-chien-viande » = faire prendre des vessies pour des lanternes (=> 挂羊头卖狗肉) 雨傘番組 amagasabangumi « pluie-ombrelle-fois-section » = programme de remplacement à la transmission en direct d’un événement sportif annulé pour cause de pluie (Source : http://home.earthlink.net/~4jword/index3.htm)
Origine des chengyu 花言妙语 關雎 guān-jū Les mouettes 關關雎鳩、在河之洲。 guānguān jūjiū, zài hé zhī zhōu À l’unisson crient les mouettes dans la rivière et sur les rocs ! 窈宨淑女、君子好逑。 yǎotiǎo shūnǚ, jūnzǐ hǎoqiú La fille pure fait retraite, compagne assortie du Seigneur ! 參差荇菜、左右流之。 cēncī xìngcài, zuǒyòu liú zhī Haute ou basse, la canillée : à gauche, à droite, cherchons-la ! 窈宨淑女、寤寐求之。 yǎotiǎo shūnǚ, wùmèi qiú zhī La fille pure fait retraite : de jour, de nuit, demandons-la ! 求之不得、寤寐思服。 qiú zhī bù dé, wùmèi sī fú Demandons-la !... Requête vaine !... de jour, de nuit nous y pensons ! 悠哉悠哉、輾轉反側。 yōuzāi yōuzāi, zhǎnzhuǎn fǎncè Ah ! quelle peine !... Ah ! quelle peine !... De-ci, de-là, nous nous tournons !... 參差荇菜、左右采之。 cēncī xìngcài, zuǒyòu cǎi zhī Haute ou basse, la canillée : à gauche, à droite, prenons-la ! 窈宨淑女、琴瑟友之。 yǎotiǎo shūnǚ, qín-sè yǒu zhī La fille pure fait retraite : guitares, luths, accueillez-la ! 參差荇菜、左右芼之。 cēncī xìngcài, zuǒyòu mào zhī Haute ou basse, la canillée : à gauche, à droite, cueillons-la ! 窈宨淑女、 鍾鼓樂之。 yǎotiǎo shūnǚ, zhōng-gǔ lè zhī La fille pure fait retraite : cloches et tambours, fêtez-la ! 《诗经·国风·周南·关雎》 Classique des vers, Partie I « Guofeng », Livre I “Zhounan”, Chant I ; traduction de Marcel Granet [1919/1982 : 111-112]
Origine des chengyu 花言妙语 Historique de la poésie IVe-Ve siècle av. J.-C. :《詩經》 Shījīng « Classique des Vers » => chants religieux et profanes, chansons folkloriques, mais aussi chroniques historiques et odes aristocratiques ; majoritairement en vers quadrisyllabiques. IVe-IIIe siècle av. J.-C. : 《楚辭》 Chǔcí « Chants de Chu » => poèmes plus mystiques, imprégnés de mythologie, de chamanisme et parfois de taoïsme ; métrique variée, allant de quatre à sept syllabes par vers IIe s. av. J.-C. – IIe s. apr. J.-C. : 樂府 yuèfǔ => renouement avec les modèles des chansons populaires, mais repris par les lettrés ; métrique évoluant du quadrisyllabisme au penta- et à l’heptasyllabisme
Origine des chengyu 花言妙语 VIIe s. – Xe s. : 唐诗 Tángshī « poèmes réguliers des Tang » => fixation stricte de la métrique et des jeux tonaux ; vers exclusivement penta- et heptasyllabiques Xe – XIIIe s. : 宋詞 Sòngcí « poèmes chantés des Song » => compositions sur des mélodies préexistantes, sous l’influence des musiques de l’Asie centrale et du Sud de la Chine ; courant né dans le milieu des courtisanes ; prosodie irrégulière mais très codifiée À partir du XIIe s. (essentiellement jusqu’au XIVe s.) : 曲 qǔ « poèmes chantés (des Yuan) » => compositions sur des airs d’opéra ; genre poétique le plus proche de la langue parlée
Origine des chengyu 花言妙语 Dès la traduction des premiers écrits bouddhiques (Ve s.), on observe une tension entre la littérature « officielle » en chinois classicisant (文言文) et une littérature « populaire » en chinois vernaculaire (白話). Sous la dynastie Ming, les 話本 huàběn, contes en langue vulgaire inspirés des 傳奇 chuánqí des Song Plus grands auteurs : 馮夢龍 Feng Menglong (1574-1646) et 凌濛初 Ling Mengchu (1580-1644). Les quatre grands romans classiques sont écrits dans une mélange de chinois classique et de langue vulgaire, alternant prose et poésie. XIVe siècle : 《水滸傳》 Au bord de l’eau et《三國演繹》 Les Trois Royaumes XVIe siècle : 《西遊記》 Le Pèlerinage vers l’Ouest XVIIIe siècle : 《紅樓夢》 Le Rêve dans le pavillon rouge => Très grande influence sur la future langue parlée
Origine des chengyu 花言妙语 Résumé de l’évolution des chengyu à l’époque impériale : Expressions probablement d’origine populaire, reprises et élaborées par les poètes Raréfaction progressive dans les œuvres poétiques mais fleurissement dans les œuvres théâtrales et romanesques Parallèlement, formation d’un corpus canonique par extraction de textes canoniques, dont la maîtrise devient de plus en plus synonyme d’érudition Surtout à partir de la dynastie Ming, les examens mandarinaux, avec leur épreuve de dissertation consistant à commenter des citations extraites des Classiques, participent de la fixation du caractère stéréotypique et cliché des chengyu. Ceci s’ajoute à une tradition poétique bien plus ancienne de récupération constante d’images et de métaphores éculées dont la confrontation est créatrice de sens original.
花言妙语 LES CHENGYU DE 1911 À 1976
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Fin du XXe s. – années 1930 : école des « Canards mandarins et papillons » (鸳鸯蝴蝶派 yuānyāng húdié pài) => Histoires d’amour stéréotypées entre jeunes hommes méconnus et jeunes filles au charme éthéré ; écrites à la chaîne par des intellectuels désœuvrés, en particulier après la suppression des examens mandarinaux en 1905, pour un public bourgeois ; même si écrites en chinois classique, ont joué un rôle dans le renouvellement de la littérature. Mouvement du 4 mai 1911 : mouvement au départ patriotique auquel se greffera un important volet social et culturel, en particulier une volonté de rompre avec l’ordre ancien symbolisé par l’emploi du chinois classique.
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Deux optiques majeures envers les chengyu parmi les intellectuels à la suite du mouvement du 4-Mai : Rejet catégorique des expressions quadrisyllabiques, considérées comme un reliquat de l’Ancien Régime et de sa langue morte qui freinerait, par sa prétendue obscurité et abstrusion, l’avancement et la modernisation de la pensée chinoise (notamment 佛朗 Fo Lang, 《成语跟俗语》, 1934) Embrassement enthousiaste des chengyu, vus, au même titre que les autres expression figées, comme faisant partie d’une culture ancienne vivante qu’il importe de retrouver et de proclamer. (notamment 余冠英 Yu Guanying, 《谈“成语错误”》 , 1940) Ces deux points de vue, à travers bien des avatars, subsistent jusqu’à nos jours.
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Dans la littérature chinoise moderne, on observe cependant très peu de chengyu : 鲁迅 Lu Xun, 《呐喊》 Cris = 1 sur 309 caractères 老舍 Lao She, 《骆驼祥子》 Le pousse-pousse = 1 sur 406 caractères 茅盾 Mao Dun, 《子夜》 Minuit = 1 sur 406 caractères 沈从文 Shen Congwen, 《边城》 Le passeur de Chadong = 1 sur 501 caractères En comparaison : 高行健 Gao Xingjian, 《灵山》 La Montagne de l’Âme = 1 sur 382 caractères 莫言 Mao Yan, 《酒国》 Le pays de l’alcool = 1 sur 162 caractères 余华 Yu Hua, 《兄弟》 Brothers = 1 sur 147 caractères 苏童 Su Tong, 《河岸》 La berge = 1 sur 228 caractères
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Raisons pour expliquer le faible nombre de chengyu dans la littérature moderne : Influence de la littérature moderne occidentale (romantisme, réalisme, symbolisme) et japonaise (néo-sensationnisme) ; Volonté de re-création de la langue chinoise et d’exploiter toutes les ressources de la langue parlée, loin des clichés et des images usées ; Dans le contexte d’engagement social de l’écrivain, rechercher d’une écriture réaliste, parfaitement limpide, à des fins didactiques et moralisatrices ; Abandon d’expressions perçues comme peu conformes avec les aspirations de modernisation et d’acquisition des idées nouvelles
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Dès le début du siècle, les chengyu ou, plus largement, le schéma quadrisyllabique revivent toutefois dans la littérature politique. Sun Yat-sen : 驱除鞑虏、恢复中华、创立民国、平均地权 qúchǔ Dálú, huīfù Zhōnghuá, chuànglì Mínguó, pīngjūn dìquán « renverser les barbares mandchous, restaurer la Grande Chine, établir une république et redistribuer les terres avec égalité » Mais le grand renouveau des chengyu s’amorcera avec la montée en puissance de Mao Zedong et du Parti communiste à partir des années 1920, mais surtout pendant la 2e guerre sino-japonaise (1937-1945), la guerre civile contre le Guomindang (1945-1949) et après la fondation de la République populaire de Chine en 1949
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Raisons expliquant l’efflorescence des chengyu dans la littérature communiste : Place essentielle dans la formation de la novlangue communiste, caractérisée notamment par une simplification lexicale et syntaxique du chinois et par l’usage abondant de structures répétitives ; Cadre rythmique accrocheur parfaitement adapté à la harangue, à l’exhortation, au slogan et plus largement au discours de propagande ; Volonté de renouer avec la langue du peuple et la prétendue « sagesse populaire » véhiculée par les chengyu, mais aussi par les proverbes et autres expressions idiomatiques ; cette entreprise passe par la simplification des chengyu et la création de nouveaux
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Chengyu célèbres de Mao Zedong 自力更生、艰苦奋斗 / 奋发图强 / 独立自主 zì-lì-gēng-shēng jiān-kǔ-fèn-dòu / fèn-fā-tú-qiáng = compter sur ses propres forces et travailler dur (pour la réalisation d’un noble idéal / pour assurer l’auto-suffisance) 愚公移山 Yúgōng-yí-shān = avec le temps et la patience, on vient à bout de tout => lutte contre l’impérialisme et le féodalisme (1945, VIIe Assemblée populaire nationale du PCC) 重于泰山 zhòng-yú-Tàishān >< 轻于鸿毛 qīng-yú-hóng-máo = plus lourd que le mont Taishan >< plus léger qu’une plume d’oie => valoriser les martyres morts pour la révolution et dénigrer ceux qui vouent leur vie aux classes exploitantes (1944, Servir le peuple) 趁热打铁 chèn-rè-dǎ-tiě = battre le fer pendant qu’il est chaud 牛鬼蛇神 niú-guī-shé-shén = mauvais éléments => campagne anti-droitière (1955) 一穷二白 yī-qióng-èr-bái = pauvre et dénué de tout => Révolution culturelle (1976, Les dix grandes relations) 自力更生 => issu du poète moderniste 闻一多 Wen Yiduo (1899-1946) ; déjà utilisé par Sun Yat-sen 愚公移山 => légende racontée dans le classique taoïste 《列子》 Liezi (Ve-IVe s. av. J.-C.) : deux montagnes bloquent l’entrée de la maison de Yugong ; malgré les difficultés, celui-ci persiste à vouloir creuser pour les déloger, car il est convaincu que ses descendants poursuivront son entreprises 重于泰山 et 轻于鸿毛 => lettre adressée par le grand historien de l’Antiquité 司马迁 Sima Qian (145-?) à son ami 任安 Ren An pour extérioriser la souffrance physique et surtout morale qui le frappa après avoir subi une castration en guise de châtiment impérial : “人固有一死,或重於泰山,或 輕於鴻毛,用之所趨異也” « Bien que la mort tombe pareillement sur tous les hommes, elle peut être plus lourde que le mont Tai ou plus légère qu'une plume. » (《报任安书》 Réponse à la lettre de Ren An)
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 Slogans de forme quadrisyllabique en Chine communiste Mao Zedong 百花齐放、百家争鸣 bǎi-huā-qí-fàng, bǎi-jiā-zhèng-míng = Campagne des Cent Fleurs (1956) 敢想敢干 gǎn-xiǎng-gǎn-gàn = Grand Bond en avant (1958) Deng Xiaoping 改革开放 gǎi-gé-kāi-fàng & 实事求是 shí-shì-qiú-shì = Campagne de réformes et d’ouverture (1978) Jiang Zemin 三个代表 sān gè dàibiǎo = Trois Représentations (2000) Hu Jintao 和谐社会 héxié shèhuì = Société harmonieuse (2005) 三个居上 sān gè jūshàng = Trois Suprêmes (2009) 百花齐放、百家争鸣 = fait originellement référence à l’efflorescence de nombreuses écoles de pensée (confucianisme, légalisme, taoïsme, mohisme, logiciens…) à l’époque des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants (Vie s. – 221 av. J.-C.)
2e Guerre sino-japonaise (1937-1945) 花言妙语 万众一心 wàn-zhòng-yī-xīn = « d’un seul et même cœur » => remonte au 《后汉书》 Hou Han Shu (Ve s.) 誓灭倭寇 shì-miè-Wōkòu = « jurer d’exterminer les pirates japonais »
Guerre de Corée (1950-1953) 花言妙语 抗美援朝 kàng-Měi-yuán-Cháo = « Combattre l’Amérique et aider la Corée du Nord »
Lutte contre l’impérialisme américain (1952-1972) 花言妙语
Grand Bond en avant (1958-1962) 乘风破浪 chéng-fēng-pò-làng = « fendre les flots à la faveur d’un vent favorable ; poursuivre de vastes desseins grâce à une volonté de fer » => 《宋书》 Song Shu (492-493)
Campagne des quatre nuisibles (1958-1962) 除四害 chú sì hài = Campagne d’hygiène lancée à la suite du Grand Bond en avant contre quatre animaux jugés nuisibles : les rats, les mouches, les moustiques et les moineaux. Le désordre écologique qui en résulta expliquerait en partie l’ampleur de la grande famine.
Envoi des jeunes instruits à la campagne (1968-1976) 上山下乡 shàng-shān-xià-xiāng = « grimper dans les montagnes et descendre dans les campagnes »
Révolution culturelle (1966-1976) 万寿无疆 wàn-shòu-wú-jiāng = « Qu’il connaissance une longévité sans limite » => 《诗经》 Shijing
Campagne contre Lin Biao et Confucius (1973-1976) pī-Lín-pī-Kǒng = « Critiquer Lin Biao et Confucius » => Lin Biao est mort en 1971 dans un accident d’avion suspect ; Confucius était accusé de s’opposer aux changements de son temps en voulant restaurer l’ordre « féodal » des Zhou et l’« esclavage ».
大风大浪 dà-fēng-dà-làng = « grands changements, bouleversements » => 李绿园 Li Lüyuan (Qing)
Les chengyu de 1911 à 1976 花言妙语 En 1938 à Yan’an, Mao Zedong met en cause l’occidentalisation de la littérature et prône le retour aux « formes nationales ». En 1942, les Entretiens sur la littérature et l’art instituent le principe suprême d’une littérature au service du peuple et devant obéir aux goûts des masses. Le modèle devient une écriture simple, accessible au public rural. Le « réalisme révolutionnaire combiné au romantisme révolutionnaire » s’accompagne d’un usage exacerbé des chengyu, utilisés abondamment pour leur emploi doxal.
LES CHENGYU À L’ÈRE POST-MAOÏSTE ET AU XXIE SIÈCLE 花言妙语 LES CHENGYU À L’ÈRE POST-MAOÏSTE ET AU XXIE SIÈCLE
Les chengyu à l’ère post-maoïste et au XXIe siècle 花言妙语 À la fin des années 1970, la littérature des « cicatrices » et de la « réflexion », dans un élan cathartique, rejette en bloc les chengyu pour une écriture plus personnelle. Dans les années 1980, en poésie d’abord (courant dit « obscur »), puis petit à petit dans le roman et le théâtre, avec l’abandon du stéréotype au nom de l’introspection et du symbolique, on assiste à de multiples expérimentations sous l’influence des littératures occidentales : ironie, métaphore, synesthésie, absurde, courant de conscience… Sceptique face au modernisme occidentalisant, le courant du « retour aux racines » entend explorer et revaloriser le patrimoine national. Écrins d’une certaine culture populaire, les chengyu refont surface.
Les chengyu à l’ère post-maoïste et au XXIe siècle 花言妙语 À la fin des années 1980, une jeune avant-garde s’aventure dans des récits extrêmement violents, basculant dans l’absurde le plus terrifiant, en multipliant mises en abyme, brouillage des niveaux et narration auto-réflexive. Ces auteurs réexploitent petit le petit le potentiel intertextuel des chengyu. À l’inverse, le « néo-réalisme » de la même période, entendant décrire de manière froide, impassible et sans aucun sentimentalisme l’existence des petites gens laissées pour compte, n’est pas propice à l’exploitation du contenu lyrique des chengyu.
Les chengyu à l’ère post-maoïste et au XXIe siècle 花言妙语 À partir des années 1990 et jusqu’à aujourd’hui, on retrouve une narration plus traditionnelle et une écriture apaisée ; parallèlement la frontière entre littérature « sérieuse » et littérature « populaire » se réduit. De nature foncièrement ambivalente, le chengyu est utilisé par tous les écrivains, des meilleurs aux plus médiocres. Chez les premiers, leur charge stylistique est pleinement mise à profit, en particulier par nombre de défigements, jeux de mots et créations nouvelles ; chez les seconds, les chengyu apparaissent des outils opportun pour une littérature commerciale ne s’embarrassant guère du cliché.
Quelques exemples 花言妙语 她那再婚丈夫也是红光满面,他在屋里走进走出时脚步敲鼓似的咚咚响,他贴着外 面的墙壁撒尿时急风暴雨似的哗哗直响。 (余华,《兄弟》,第 56 页) Son époux en secondes noces, lui aussi, avait une mine resplendissante. Quand il entrait ou qu’il sortait de la maison, son pas résonnait comme le son du tambour, et lorsqu’il pissait au coin du mur dehors, le jet était dru et sonore comme une pluie d’orage. (Yu Hua, Brothers, pp. 89-90) 然后他迎面抱住一根木头电线杆,听着里面嗡嗡的电流声,身体一上一下地擦了起 来,每次都把自己擦了个红光满面,擦了个呼哧呼哧直喘气。 (余华,《兄弟》,第 61 页) Alors, il enlaçait un poteau électrique en bois et se collait contre lui, et il commençait à se frotter dessus en écoutant le bourdonnement du courant, jusqu’à ce que sa mine resplendisse et que sa respiration devienne plus forte. (Yu Hua, Brothers, pp. 96-97) 他在接受采访时,他在洽谈生意时,也常常忍不住了,像是毒瘾发作了,他必须要 溜出来让刘新闻读上一段,才能红光满面地重新坐到记者们和生意伙伴们的面前。 (余华,《兄弟》,第 475-476 页) Au milieu d’une interview ou d’une négociation, il lui arrivait de ne plus pouvoir tenir et, tel un toxicomane en manque, il était obligé de s’éclipser pour se faire lire un passage [d’un livre inspiré de sa vie]. Après quoi, la mine resplendissante, il revenait prendre place en face des journalistes qui l’interrogeaient ou des partenaires avec lesquels il était en affaires. (Yu Hua, Brothers, pp. 735- 736) 红光满面 hóng-guāng-mǎn-miàn = Expression toute faite que la presse chinoise utilisait invariablement à propos de Mao dans les dernières années de sa vie, et notamment quand il rencontrait une personnalité étrangère, comme ce fut le cas par exemple en février 1972 lors de la visite en Chine du président américain Nixon. Il était toujours, contre toute évidence car il était visiblement très malade, « plein de vitalité et resplendissant de santé ».
Quelques exemples 花言妙语 接下去宋钢捧着成语词典翻来覆去地读着,他在里面找到了另外五个成语后,得意地伸出了五根手指,告诉李光头:“要用五招战术,方可破解林红的欲擒故纵。” “哪五招?”李光头欣喜地问。 宋钢把五根手指一根一根弯下来说:“旁敲侧击,单刀直入,兵临城下,深入敌后,死缠烂打。” 宋钢向李光头解释,前两招战术已经用过了。昨天让几个孩子先去喊叫,这是旁敲侧击;今天李光头亲自出马,这是单刀直入。第三招为什么叫兵临城下?就是不能再一个人去了,李光头应该把福利厂的全体员工都带去,让林红领略一下李厂长的风采。第四招深入敌后,宋钢说这是关键一役,成败与否都在这里了。 李光头眼睛闪闪发亮地问:“怎么深入敌后?” “去她家。”宋钢说,“深入敌后,就是深入到她家里去,去把她父母征服了,这叫擒贼先擒王。” 李光头连连点头,他问:“死缠烂打呢?” “天天去追求她,锲而不舍,直到她以身相许。”宋钢说。 (余华,《兄弟》,第258页) Puis Song Gang compulsa à nouveau son dictionnaire. Il dénicha cinq autres expressions et annonça fièrement à Li Guangtou, en écartant les cinq doigts de sa main : « Pour déjouer la stratégie de Lin Hong, il faut utiliser cinq stratagèmes. — Lesquels ? » demanda Li Guangtou, heureux d’avance. Song Gang replia les doigts l’un après l’autre : « Attaquer de côté ; foncer tout droit armé de son seul sabre ; se poster sous les murs de la ville ; pénétrer à l’arrière des lignes ennemies ; harceler sans relâche. » Song Gang expliqua à Li Guangtou qu’il avait déjà utilisé les deux premiers stratagèmes : la veille, quand il avait envoyé les gamins crier, c’était comme s’il avait attaqué de côté ; et aujourd’hui, en entrant personnellement en action, c’était comme s’il avait foncé tout droit armé de son seul sabre. « Se poster sous les murs de la ville », qu’est-ce que cela voulait dire ? Cela voulait dire qu’il ne fallait plus monter à l’assaut tout seul et que Li Guangtou devait emmener avec lui tous les employés de l’usine d’assistés sociaux afin que Lin Hong le voie paré de tout son prestige de directeur. Quant au quatrième, « pénétrer à l’arrière des lignes ennemies », c’était, à ce qu’affirma Song Gang, l’opération-clé, celle dont l’issue de la guerre dépendait. Li Guangtou avait les yeux qui brillaient : — Comment fait-on pour « pénétrer à l’arrière des lignes ennemies » ? — Il faut aller chez Lin Hong, répondit Song Gang. Pénétrer à l’arrière des lignes ennemies, cela veut dire s’infiltrer chez elle, pour conquérir ses parents. C’est ce qu’on appelle « capturer d’abord le chef pour s’emparer ensuite de sa bande ». Li Guangtou hocha la tête à plusieurs reprises : — Et « harceler sans relâche » ? — Il faut la courtiser jour après jour, sans se décourager, jusqu’à ce qu’elle capitule. (Yu Hua, Brothers, p. 393-394) 花言妙语
Quelques exemples 花言妙语 我身在酒国,心在文学,整个人在文学之海里扎猛子打扑腾。为此,我的导师,也是我老婆的爹爹我岳母的丈夫我的岳父岳父者泰山也俗称老丈人也的袁双鱼教授经常批评我不务正业,甚至挑唆他的女儿跟我闹离婚。我不怕,我为了文学真格是刀山敢上,火海也敢闯,“为伊消得人憔悴,衣带渐宽终不悔”。我反驳他说:什么叫不务正业呢?托尔斯泰是军人,高尔基是面包匠是洗碗小工,郭沫若是医学院学生,王蒙是新民主主义青年团北京支部副书记,他们不都改行搞了文学了吗? (莫言,《酒国》,第23-24页) Mes pieds sont enracinés dans la ville de Jiuguo, mais mon cœur plonge et nage dans l’océan de la littérature. C’est pourquoi mon maître, Yuan Shuangyu, le professeur Yuan, qui est aussi le père de ma femme, le mari de ma belle-mère, communément désigné par l’appellation lao shangren, « vénérable monsieur », m’a souvent reproché de ne pas exercer une activité orthodoxe , allant jusqu’à inciter sa fille au divorce. Cela ne me fait pas peur. Pour la littérature, je suis vraiment prêt à escalader des montagnes de sabres et à me précipiter dans une mer de feu. « Pour elle me dépenser jusqu’à dépérir, et même si mes habits deviennent trop larges, jamais de regret. » Je lui ai rétorqué : « Qu’entendez-vous par ne pas exercer une activité orthodoxe ? Tolstoï était militaire, Gorki apprenti boulanger avant de faire la plonge, Guo Moruo étudiant dans un institut de médecine, Wang Meng vice-secrétaire de la branche pékinoise de la Ligue de la jeunesse pour la nouvelle démocratie, et n’ont-ils pas tous changé d’activité pour se consacrer à la littérature ? » (Mo Yan, Le pays de l’alcool, pp. 35-36) 尊敬的莫言老师,我拜读了您的所有大作,对您佩服得五体投地,一魂出世,二魂涅槃。《凤凰涅槃》郭沫若,《我的大学》高尔基。我尤其佩服您那种千杯不醉的“酒神”精神,我看过您一篇文章,说“酒就是文学”,“不懂酒的人不能谈文学”,您这些话犹如醍醐灌顶,使我顿开茅塞。正是:打开两扇顶门骨,一桶茅台浇下来。 (莫言,《酒国》,第23-24页) Respecté maître Mo Yan, j’ai eu le grand plaisir de lire toutes vos œuvres, j’ai pour vous une admiration sans bornes. Je me mets à plat ventre devant vous et mon âme connaît le nirvana. Le Nirvana du phénix, Guo Moruo, Mes universités, Gorki. Et ce que j’admire surtout en vous, c’est votre mentalité de « dieu du Vin » capable de boire mille coupes sans être ivre. J’ai lu un de vos articles où vous écrivez : « L’alcool, c’est la littérature », « Celui qui ne comprend rien à l’alcool ne peut parler de littérature ». Ces paroles ont été pour moi une révélation qui m’a permis d’un coup d’y voir clair. C’est vraiment comme si s’étaient ouverts les deux lobes de mon crâne et qu’un seau de Maotai s’y était déversé. (Mo Yan, Le pays de l’alcool, pp. 35-36) 花言妙语 不务正业 bú-wù-zhèng-yè => le mot 正业 renvoie à l’un des huit membres du Noble Sentier octuple (八正道, la voie qui mène à la cessation des souffrances et au nirvana, la délivrance totale), l’« action juste », laquelle implique de respecter les Cinq Préceptes (五戒) : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d’inconduite sexuelle, ne pas mentir et ne pas prendre de substances altérant l’esprit. L’on remarquera qu’ironiquement Li Yidou (en fait, pratiquement tous les habitants de Jiuguo) enfreint justement cet enseignement, le moindre écart n’étant pas celui de s’adonner à la dive bouteille. 刀山火海 dāo-shān-huǒ-hǎi => association assez récente de deux images communes 刀山 « montagnes de sabres » et 火海 « mer de feu », dénotant des difficultés ou des obstacles incommensurables. En particulier, la première métaphore tire son origine de la tradition bouddhique, où elle constituerait l’un des nombreux châtiments que comporteraient les enfers. 五体投地 wǔ-tǐ-tōu-dì « les cinq parties du corps [la tête, les deux genoux et les mains] se jettent à terre » exprime avec précision la manière dont les fidèles doivent se prosterner pour honorer les lamas, les statues ou les sépultures sacrées. 一魂出世,二魂涅盘 yí-hún-chū-shì èr-hún-niè-pán => variante de 一佛出世,二佛涅盘 « Bouddha nait puis atteint le nirvana » reflète au départ un état intermédiaire entre la vie (la naissance) et la mort (le nirvana). Aujourd’hui, elle évoque une affliction ou des blessures extrêmement profondes et s’emploie généralement avec des verbes comme 哭 pleurer ou 打 frapper pour signifier « pleurer toutes les larmes de son corps » ou « laisser quelqu’un pour mort [après l’avoir frappé] ». 醍醐灌顶 tí-hú-guàn-dǐng => « verser du beurre clarifié sur le sommet de la tête » est à nouveau empreinte de bouddhisme. Produit à partir de crème battue dont les impuretés ont été éliminées par décantation et filtration après fonte, le beurre clarifié symbolise la quintessence de la vérité, la perfection de la bonté morale. « Verser du beurre clarifié sur la tête » d’un disciple revient dès lors à lui inculquer le savoir, d’où la signification actuelle « avoir un éclair de lucidité, recevoir l’illumination, y voir soudain clair ». Dùn-kāi-máo-sè 茅塞顿开 « écarter d’un coup les mauvaises herbes qui obstruent [le cœur] » => provient d’une parabole de Mencius (372-289 av. J.-C.) : “山徑之蹊間,介然用之成路;為閑不用,則茅塞之矣。今茅塞子之 心矣!” « Meng-tzeu dit à Kao-tzeu : “Sur les montagnes, dès que le milieu des sentiers a été un peu battu, c’est un vrai chemin. S’il reste quelque temps sans être fréquenté, il est obstrué par les herbes. À présent, les mauvaises herbes [les passions] obstruent votre cœur.” » (《孟子·尽心下》 Mengzi, Jinxinxia VII.II.21, traduction de Couvreur [Si Shu 1895 : 639])
Quelques exemples 花言妙语 她控制不住自己,就把家里的卧室当成了公审大会的现场,有一次我清楚地听见母亲高亢愤怒的声音传到了窗外,余音袅袅,飘荡在夜空中,库文轩,坦白从宽,抗拒从严! (苏童,《河岸》,第38页) « Elle [ma mère] n’avait pu s’empêcher de transformer leur chambre en un lieu de procès public, et une fois je l’ai entendue clairement par la fenêtre crier au plus haut de sa voix, dans la nuit : “Ku Wenxuan, faute avouée à moitié pardonnée ! Faute niée doublement punie !” » (Su Tong, La berge, traduit par François Sastourné, pp. 65/66). 每个地方都有自己的传奇,邓少香的传奇扑朔迷离。关于她的身世,一个最流行的说法是其父在凤凰镇开棺材铺,她是家中唯一的女孩子,所以人称棺材小姐。棺材小姐邓少香是如何走上革命道路的?说法版本不一。她娘家凤凰镇的人说她从小嫉恶如仇,追求进步。镇上别的女孩嫌贫爱富,她却是嫌富爱贫,自己相貌出众,家境也殷实,偏偏爱上一个在学堂门口卖杨梅的泥腿子果农。概括起来,这说法与宣传资料基本保持一致,她出走凤凰镇,是为了爱情,为了理想。 (苏童,《河岸》,第38页) Chaque lieu a ses légendes, mais celle de Deng Shaoxiang est complexe à souhait. Selon la version la plus répandue, son père vendait des cercueils dans le bourg de Fenghuang et, comme elle était fille unique, on l’appelait Mademoiselle Cercueil. Comment Mademoiselle Cercueil avait-elle emprunté les sentiers de la révolution ? Il y a plusieurs variantes. D’après les gens de Fenghuang, elle avait toujours, depuis l’enfance, abhorré le mal et prisé le bien ; au contraire des autres filles du bourg, elle préférait la pauvreté à la richesse. Bien que d’une beauté peu commune et de famille aisée, elle était tombée amoureuse, envers et contre tout, d’un cul-terreux qui vendait des fruits à la sortie de l’école. Cette leçon correspond à peu près à celle de la propagande, selon laquelle elle aurait quitté Fenghuang par amour, par idéal. (Su Tong, La berge, p. 12) 花言妙语 坦白从宽,抗拒从严 tǎn-bái-cóng-kuān kàng-jù-cóng-yán 扑朔迷离 pū-shuò-mí-lí « compliqué́ et embrouillé » tire son origine de l’ultime strophe de 《木兰诗》 La Ballade de Mulan, chanson populaire des IVe-Ve siècles : “雄兔腳撲朔,雌兔眼迷離,雙兔傍地走,安能辨我是雄雌?” « Sire Lapin bondissant nez au vent, Dame Lapine au regard éperdu, Deux lapins côte à côte ventre à terre : Va savoir, mon ami, quel est mâle, quelle femelle ? » 嫉恶如仇 jí-wù-rú-chóu => remonte au 《后汉书》 Hou Han Shu (Ve s.) 嫌贫爱富 xián-pín-ài-fù => remonte aux Yuan (1279-1368)
花言妙语 CONCLUSION
Conclusion 花言妙语 État actuel : plurivocité du chengyu Pour Contre « Joyaux » de la langue chinoise réceptacles d’une culture plurimillénaire, dont la maîtrise est un signe d’érudition, en particulier pour les étrangers ; Structures que les auteurs peuvent se réapproprier pour en extraire toute la saveur et recréer de nouveaux sens. Contre Expressions « toutes faites » banales, clichées et stéréotypées dont l’abus est synonyme de pédanterie, en particulier pour les étudiants ; également partie intégrante de la « langue des bois » des politiciens ; Idiomes non remarquables totalement triviaux passant complètement inaperçus dans le discours.
Merci de votre attention ! 花言妙语 Merci de votre attention ! 谢谢诸位的聆听!