La flexicurité : un oxymore comme politique Séminaire général du LEST

La notion de flexicurité La flexicurité comme politique publique au niveau européen En France : En faire sans en parler et en parler sans en faire… 

La flexicurité est complexe par les dimensions analytique qu’elle engage. Un système intégré touchant à la relation salariale, à la politique d’emploi, à la protection sociale, à la politique éducative et à l’insertion sociale et professionnelle. Un écheveau de relations multiniveaux qui peut se lire à plusieurs échelles de l’individu, de la firme, des secteurs, des territoires Une notion qui articule politiques publiques, stratégies des firmes et comportements individuels. Un travail politique engageant des mécanismes de domination, de contraintes, de droits, de représentations et d’institutions. Une politique publique qui repose sur la mise en relation d’une incitation supranationale et de trajectoires nationales singulières.

Une notion utilement floue « La “flexicurité” réussit très largement en tant que projet politique parce que le projet n’est pas encore assorti d’un mode d’emploi détaillé, d’une recette précise. Dans le même temps, elle échouerait en tant qu’objet d’étude pour les sciences sociales par son manque de dureté. À cela s’ajoute le fait qu’il est toujours difficile pour le sociologue, pour l’économiste mais aussi pour le juriste de construire un discours sur des projets plutôt que sur des réalités » (L'Horty, 2007). Un contexte propice à la flexibilisation du travail « Fondamentalement, les gouvernements comptent sur le renforcement du rôle des marchés pour que les individus exercent des choix les plus favorables à l’emploi, dans un contexte où les indemnités de chômage sont réduites et limitées dans le temps. En ce sens, il s’agit d’une re-marchandisation de la relation salariale, dès lors que l’individu ne peut plus compter sur le soutien d’un revenu assuré indépendamment de l’exercice d’une activité » (Boyer, 2007).

Les formes de flexibilité Quantitative Qualitative Externe La flexibilité quantitative externe se caractérise par le recours au marché du travail La flexibilité qualitative externe consiste notamment à  remplacer le contrat de travail par un contrat commercial plus facile à  rompre. (recours aux travailleurs intérimaires ou à l’externalisation des activités annexes à  la production Interne La flexibilité quantitative interne s'obtient par la variation de la durée de l'activité en fonction de la production (variation des horaires de travail, utilisation de temps partiels, annualisation de la durée du travail) La flexibilité qualitative interne, encore appelée flexibilité fonctionnelle repose sur le développement de la polycompétence et la rotation des postes de travail

Les formes de sécurité La stabilité de l’employabilité (avec réallocation du travail) permettant une plus grande sécurité lors des transitions professionnelles notamment en termes de retour rapide à l’emploi stable La sécurité d’emploi (sans réallocation de travail) dont l’objectif est le maintien des salariés en emploi La sécurité du revenu consistant à maintenir le niveau de vie des salariés en transition professionnelle dans une optique de retour rapide à l’emploi. La sécurité d’option ou de conciliation couvre une gamme d’action d’actions possibles à l’initiative des individus impliquant une réallocation du travail.

Marchés transitionnels   Marchés transitionnels Flexicurité Capabilités Points communs Approche normative du social Troisième voie alternative aux pôles marchands et régulés Conception inclusive de l'emploi Prise en compte de la relation travail/vie personnelle-sociale Approche multiscalaire et importance du local Origines Marché du travail allemand marqué par un haut niveau de chômage durable Politiques sociales danoises et débat sur la segmentation du marché du travail Economie du développement Niveau opératoire Institutions du marché du travail Politiques macro-économiques Rapport individuel/collectif Accent mis sur Régulation des transitions individuelles Trade offs autour des besoins de l'entreprise Liberté d'agir individuelle Objectif normatif making transition pay job security → employment security Providing capabilities individuals have reason to value Principe d'action Gestion des transitions professionnelles Equilibre flexibilité/sécurité Développement des capacités individuelles Champ d'action Orientée sur la régulation du marché du travail et des transitions Ecole/travail/vie personnelle Conception élargie du marché du travail incluant la protection sociale, la FTLV, les ALMP et les formes contractuelles. Approche sociétale Rôle des PE Outil de réforme du marché du travail « moteur de la réforme sociale plus générale » Un des champs d'application de l'approche Exemples concrets Allemagne Danemark, Pays Bas Bhoutan ?

En France : En faire sans en parler et en parler sans en faire… Des forums techniques aux arènes politiques Une répartition des rôles entre partenaires sociaux à la fois classique et étonnante Se faire bien voir de la Commission ? Une mise en perspective des programmes nationaux de réforme 2005-2017

Pour finir L’essai d’un débordement des cadres européens par une approche plus régulatrice qui a montré ses limites  ; Une notion qui s’impose facilement parce que souple, consensuelle et fondée sur un discours de la preuve  une preuve fragile  ; Une concurrence entre approches scientifiques qui soutient l’accès à l’oreille des politiques et des positions à conquérir ; La résistance des cadres nationaux du débat : les discussions ont durablement porté en France sur la sécurisation des parcours professionnels ; Un décalage temporel entre le moment où le débat public français s’empare d’une notion qui n’est plus que marginalement portée par l’UE