3. L’intégration monétaire

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Transcription de la présentation:

3. L’intégration monétaire Lecture conseillée : Barthe, ch. 3, ch.4,

Rappel : Pour constituer une union monétaire plusieurs pays décident : soit d’instaurer des taux de change irrévocablement fixes entre leurs monnaies, soit d’opter pour une monnaie unique remplaçant leurs monnaies nationales.

3.1. Les raisons de l’union monétaire et les conditions de sa viabilité 3.1.1. Pourquoi une union monétaire avec une monnaie unique ? Pourquoi instaurer la fixité des taux de change ? Faciliter les transactions économiques et financières Réduire l’incertitude - Éliminer le risque de change et ses coûts

- Éviter des dévaluations inefficaces en situation d’interdépendance - Renforcer la crédibilité de la lutte contre l’inflation et éliminer la prime de risque des taux d’intérêts

Pourquoi une monnaie unique ? - Éliminer les coûts de transaction liés aux opérations de change - Assurer la transparence et convergence des prix - Renforcer le rôle international de la monnaie unique et la souveraineté monétaire commune  Au total, un ensemble d’avantages qui sont, une fois encore, exprimés en terme d’efficacité économique (source de stimulation de l’activité et de l’emploi).

3.1.2. Les théories de la zone monétaire optimale et les notions de convergence Remarques - Une zone monétaire apporte des gains (vus ci-dessus) ; ces gains sont supposés croissants avec l’intégration entre les pays. - Mais elle a aussi des coûts qui résultent de la perte définitive d’un instrument important d’ajustement aux chocs économiques : la variation des taux de change intra zone.

Quels chocs ? choc : perturbation (crise sociale, financière, catastrophe naturelle,..) déstabilisant une économie. - de demande (agit sur les composantes de la demande globale) ou d ’offre (affecte les coûts de production des entreprises) - symétrique (affecte de la même façon deux économies) ou asymétrique (touche deux pays de manière différente).

elle n’est justifiée qu’en cas de choc asymétrique. Une modification du taux de change affectant immédiatement l’ensemble des coûts et des prix d’un pays par rapport aux autres pays, elle n’est justifiée qu’en cas de choc asymétrique.

a. Les théories de la zone monétaire optimale Définition : Une zone monétaire comprenant n pays est dite optimale si, lors de chocs asymétriques affectant la demande de produits ou l’offre de facteurs d’un au moins des pays, des procédures d’ajustement automatique sont mises en œuvre, évitant des modifications des taux de change nominaux entre pays.  Analyse des conditions pour que la zone monétaire soit viable.

Ces conditions sont de deux sortes : structurelles : qui ont trait principalement à la mobilité des facteurs de production entre les pays - de convergence des évolutions économiques des pays

(1) Conditions structurelles : relatives à la mobilité des facteurs Deux analyses : Une forte mobilité du travail (ou une forte flexibilité des salaires), Mundell (1961) L’intégration financière (mobilité du capital + libéralisation financière), Ingram (1969)

(2) Conditions relatives à la convergence économique des pays. 4 points de vue : Une forte ouverture des économies, Mac Kinnon (1963) Le degré de diversification de la production (industrielle), Kenen (1969)

L’intégration fiscale, Johnson (1970) L’homogénéité (convergence) des préférences, Cooper (1977), Kindleberger (1986)

b. Les différentes approches de la convergence économique Convergence : quelle signification ? Caractérisation de l’évolution temporelle d’une variable économique  terme plutôt neutre évoquant le rapprochement des « performances » économiques (de différents pays) grâce à un resserrement autour des performance moyennes

Ce concept peut être appliqué à différents indicateurs : - convergence nominale (taux d'inflation, taux de change, taux d’intérêt) - convergence réelle (taux de croissance du PIB, de la productivité, taux de chômage) - convergence structurelle (qualité de la spécialisation, structure par produit des échanges, mais aussi structure des marchés et leur organisation, les réglementations)

Une interprétation : les critères de convergence pour l’accession à l’UME Pour adhérer à la zone euro, les pays doivent satisfaire à des  critères de convergence, les «critères de Maastricht ». Ils sont au nombre de 5 : Un critère institutionnel : l'indépendance de la banque centrale de chaque Etat membre 

Quatre critères de convergence économique : stabilité des prix soutenabilité des finances publiques caractère durable de la convergence - respect des marges normales de fluctuation

3.2. L’union monétaire européenne : une politique monétaire unique pour la zone euro 3.2.1. Monnaie unique, politique monétaire unique et banque centrale unique Marché unique  monnaie unique Stabilité compléments et - homogénéité stimulants du marché unique + crédibilité (?) sous réserve des conditions émises par les contributions à la théorie de la «zone monétaire optimale »

b. Monnaie unique  politique monétaire unique Le «  triangle d’incompatibilité  » de Mundell Selon Mundell, on ne peut avoir simultanément : fixité des taux de change (ou monnaie unique), mobilité des capitaux et autonomie de la politique monétaire nationale ;  un des éléments doit être « sacrifié ».

Perte de l’autonomie monétaire nationale En taux de changes fixes (ou monnaie unique) et mobilité des capitaux, le taux d’intérêt de chaque pays doit être égal au taux d’intérêt des autres pays de la zone  chaque pays abandonne la politique monétaire comme instrument de politique économique pour sa propre économie.

 Constituer une union monétaire implique que chaque pays renonce : - à sa politique de change - à sa politique monétaire

b. Politique monétaire unique  banque centrale unique Une banque centrale unique La création d’une monnaie unique pour plusieurs pays réunis au sein d’une union monétaire ne peut être laissée à la responsabilité de plusieurs banques centrales.

 Nécessité d’une seule banque centrale à qui reviennent les grandes prérogatives de la politique monétaire : monopole d’émission, choix des objectifs, choix des instruments de la politique monétaire. Dans l’Union européenne : Depuis le 1er janvier 1999, la Banque centrale européenne (BCE) est responsable de la mise en œuvre de la politique monétaire dans la zone euro. La BCE est placée au cœur de l’Eurosystème et du SEBC

- L’Eurosystème Il comprend la BCE et les BCN des pays ayant adopté l’euro. Le Système européen de banques centrales Il est composé de la BCE et des banques centrales nationales (BCN) de tous les États membres de l’UE qu’ils aient ou non adopté l’euro. L’Eurosystème coexistera avec le SEBC tant qu’il y aura des États membres de l’UE ne faisant pas partie de la zone euro.

- l’indépendance de la BCE est la garantie d’une faible inflation Et indépendante La BCE est indépendante dans la définition et la mise en œuvre de la politique monétaire (= choix des objectifs et des instruments de la politique monétaire). Car : - l’indépendance de la BCE est la garantie d’une faible inflation - elle est aussi la garantie de la crédibilité de la BCE dans cette lutte contre l’inflation.

Deux types d’arguments théoriques : (1) Les travaux de Barro et Gordon (1983) sur l’incohérence temporelle dont peut faire preuve un gouvernement qui décide la politique monétaire (2) Les travaux d’Alesina et Summers (1993) sur la relation inverse entre indépendance de la BC et inflation.

Problème principal de la BCE indépendante : la BCE n’a pas face à elle un exécutif à qui rendre des comptes  elle n’est responsable devant personne  problème de légitimité (Rôle de l’Eurogroupe ?)  Faute d’un contre-pouvoir, la BCE doit inspirer confiance et rendre sa stratégie très lisible en pratiquant un haut degré de transparence. Est-ce le cas ?

3.2.2. La politique monétaire et la politique de change de la BCE a. La politique monétaire : un objectif, deux piliers, trois instruments Rappel : La politique monétaire est constituée de l’ensemble des actions par lesquelles l’autorité monétaire, en général la banque centrale, agit sur l’offre de monnaie pour remplir certains objectifs.

Un objectif pour la BCE : la stabilité des prix à moyen terme La progression annuelle des prix dans la zone euro (IPCH calculé par Eurostat) doit être inférieure, mais proche de 2% à moyen terme.

Deux «  piliers »  L’analyse qui fonde le système de prise de décision de la BCE repose sur une approche dite à 2 « piliers » :  examen complémentaire des facteurs de risque sur la stabilité des prix, regroupés en deux catégories ou « piliers ».

1er pilier : analyses fondées sur une large gamme d’indicateurs économiques et financiers, qui influencent l’évolution des prix. 2ème pilier : analyses assignant un rôle de premier plan à la monnaie  valeur de référence de l’agrégat monétaire large M3, comme repère de l’évaluation des risques pesant sur la stabilité des prix à moyen terme.

Objectif : stabilité des prix Décision de politique monétaire Recoupement 1er pilier Ensemble de variables économiques et financières 2ème pilier Agrégat M3

Trois instruments Pour atteindre l’objectif qui lui a été assigné, la BCE doit pouvoir augmenter ou diminuer la liquidité bancaire dans la zone euro, et en déterminer le prix. Elle dispose pour cela de trois instruments :

Les opérations d’open market (appels d’offre): la BC agit sur la liquidité quand elle achète ou vend des titres, ou les prend en pension avec promesse de rachat le taux de refinancement (Refi) hebdomadaire

(2) Les facilités permanentes (prêts et dépôts): la BC fournit ou retire de la liquidité en fonction des déséquilibres de trésorerie des banques commerciales en fin de journée à des taux fixés à l’avance : - le taux (de facilité) de prêt (en cas de déficit de liquidité)  « taux plafond » - le taux (de facilité) de dépôt (en cas d’excédent de liquidités)  « taux plancher »

 taux de refinancement, taux de facilité (de prêt et/ou de dépôt), sont les trois taux directeurs de la BCE. Le principal taux directeur de la BCE est le taux de refinancement : il est l’outil central dont dispose la BCE pour influer sur l’octroi des crédits et contrôler l’évolution des prix dans la zone euro.

(3) Les réserves obligatoires : avoirs obligatoirement constitués par les établissements de crédit auprès des BCN en proportion de leurs dépôts (2%) ; en faisant varier leur rémunération, la BC affecte la liquidité bancaire.

 Question : Comment la modification des taux directeurs de la BC agit-elle sur le niveau des prix ? Cela renvoie aux mécanismes de transmission de la politique monétaire Idée générale : les décisions de politique monétaire se transmettent a l’ensemble de l’économie par différentes voies qui finissent toutes par affecter l’évolution des prix.

En résumé : Le niveau des taux directeurs a un impact sur : les taux d'intérêt des banques et du marché, donc sur la facilité d'obtention de crédits, sur le prix des actifs financiers, sur les taux de change, Donc : sur les conditions d'offre et de demande sur les marchés des biens, le marché du travail, les marchés financiers et le marché des changes. Et enfin, sur le niveau des prix des biens domestiques et des biens importés et, ainsi, du rythme de l'inflation.

b. La politique de change : la gestion du taux de change de l’euro Qui en est responsable ? La formulation du Traité de Maastricht est un compromis entre deux conceptions   - le première affirme la primauté des gouvernements, mais alors qui dans la zone euro ? - la seconde conception insiste sur la responsabilité du pouvoir monétaire .

Dans les faits ? Depuis le lancement de l’euro en 1999, la BCE s’est emparée du pouvoir sur le taux de change de l’euro vis à vis des autres monnaies du monde, arguant du fait qu’en l’absence d’un Ministre des Finances européen, c’est au Président de la BCE d’assurer la responsabilité du taux de change.

Les relations avec les pays de l’UE non membres de la zone euro : - Les pays “ pré-ins ” : le SME-bis - Les pays “ out ” Les relations avec le dollar : quelle autonomie ?