GUERNICA Pablo Picasso
Pablo Picasso (1881-1973) Pablo Ruiz Picasso nait en Espagne en 1881. Il peint ses premiers tableaux à l’âge de huit ans.
En 1900 il s’installe en France En 1900 il s’installe en France. Initiateur du mouvement cubiste au début du XXème, il s’impose comme un artiste incontournable. Dans les années 1930, très marqué par la guerre civile espagnole, il peint l’une de ses œuvres majeures: Guernica.
Contexte historique de l’oeuvre En juillet 1936, une guerre civile éclate en Espagne. Elle oppose le régime républicain démocratique, qui est légal, et les nationalistes (extrême-droite) avec, à leur tête, le général Franco.
En 1939, les nationalistes remportent la victoire et Franco prend la tête du pays, où il établit une dictature. La guerre d’Espagne (1936-1939) est considérée comme une « répétition générale » de la Seconde Guerre mondiale.
La ville de Guernica La ville de Guernica est située au nord de l’Espagne, dans le pays basque.
Guernica, ville martyr Le 26 avril 1937, Guernica est bombardée par les nazis. Près de 2000 personnes ont été tuées. Tous les morts étaient des civils. Le bombardement de Guernica est un événement symbolique: il représente toute l’horreur de la guerre et du massacre des innocents.
La ville après le bombardement
L’oeuvre
Description Au premier plan De gauche à droite : une femme avec un enfant dans ses bras, un taureau, un homme allongé avec une épée dans la main droite, un cheval, une lampe au plafond, une femme apparaissant à une fenêtre et brandissant une lampe à pétrole, une femme s’enfuyant, un personnage en proie aux flammes d’une habitation. Les expressions sont fortes (femme criant de douleur, cheval terrorisé, soldat mort…), et accentuées par la déformation de l’ensemble des personnages
Au deuxième plan Des architectures intérieures alternent avec des vues extérieures, des portes, des fenêtres, des flammes, des toits, un dallage, une colombe).
La lumière Il y a plusieurs sources lumineuses : la lampe du plafond, la lampe à pétrole, les ouvertures vers l’extérieur (portes et fenêtres). La lumière divise la scène en deux parties (gauche et droite). Le rôle de la lumière : le plafonnier symbolise les bombes donc la destruction, la lampe à pétrole symbolise la résistance, l’espoir.
La composition Un axe vertical divise le tableau en 2 grandes parties, ainsi que la lumière (partie gauche beaucoup plus sombre que la partie droite).
Les groupes de personnages On peut distinguer quatre groupes de personnages A droite: une femme tient dans ses bras un enfant mort et crie son désespoir. Le taureau symbolise la brutalité et la cruauté. Le cheval représente le peuple espagnol sacrifié tandis que la lampe symbolise l’espoir qui demeure malgré tout
Deux femmes Un personnage bras en croix dans les flammes, qui s’inspire du « Tres de mayo » de Goya
Jeux de regards Les regards convergent vers les sources de lumière et vers le taureau. Sources de lumière: Le plafonnier les bombes, les flammes, la destruction la lampe centrale l’espoir * Le taureau la brutalité, la violence. Représente les nationalistes. Seul le taureau regarde le spectateur: est-ce une manière de l’interpeller, le faire « entrer » dans l’œuvre ? Ou bien cela évoque-t-il une menace, le danger que représente la guerre pour chacun d’entre nous ?
Symboles de désespoir La colombe, qui est dans l’ombre et semble crucifiée L’épée cassée de l’homme à terre qui représente la résistance brisée du peuple espagnol
Quelques symboles d’espoir malgré tout … La lampe, centrale et en hauteur, qui semble s’opposer à la puissance destructrice des bombes La fleur, au sol, qui malgré sa pâleur est bien présente et contrebalance la portée négative de l’épée brisée. Ces deux éléments présentent une certaine symétrie au sein du tableau.
Interprétation Cette oeuvre dénonce le massacre d’innocents par les nationalistes aidés des nazis, l’oeuvre dégage une sensation d’horreur. Le noir et blanc ajoute à la dramatisation de la scène. Il utilise une caractéristique propre au style cubiste : la représentation simultanée face/profil, espace fragmenté au maximum. Cela amplifie l’idée de désordre, qui évoque le chaos de la guerre.
Citations et épisodes célèbres « La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements, c’est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l’ennemi » Pablo Picasso
Pendant l’Occupation, Picasso reçoit la visite de l’ambassadeur allemand à Paris. Celui-ci lui demande, en désignant une photo du tableau: « C’est vous qui avez fait ça ? ». Picasso lui répond alors: « Non, c’est vous. »
Pistes de réflexion Réflexion avec les élèves sur ce qu’est un artiste engagé (lien avec Le Dictateur, de Chaplin, dont nous avons étudié un extrait plus tôt dans l’année).