L’élaboration d’une trousse de suppléance Marie-Josée Dumoulin, chargée de cours Marie-Ève Plante, enseignante débutante Cédric Devouassoux, enseignant débutant Université de Sherbrooke © 2009

Plan de présentation Contexte de la démarche Cours optionnel de 2 crédits, élaboré en 2006 Titre: Insertion professionnelle en éducation Expérience relatée: session hiver 2009 132 étudiant(e)s répartis en trois groupes Conception du développement professionnel en contexte de suppléance Deux activités pédagogiques proposées dans le cours Pour la Trousse: visées de formation, critères de réalisation, critères de présentation, objectivation Témoignages de Marie-Ève et de Cédric

Conception du développement professionnel en contexte de suppléance (Dumoulin, 2009; Mukamurera, 2005; Vonk, 1993) Soi Capacité accrue d’adaptation Besoins financiers Conflit de valeurs Crédibilité à établir Sentiment de compétence éprouvé Savoirs «Traduction» d’un contenu non choisi Méconnaissance des élèves et du milieu Manque de temps Peu de formation continue disponible Discontinuité du contexte Gestion à court terme Environnement Précarité Compétition Isolement relatif Mobilité accrue Compétence sollicitée «étendue» : -niveaux -disciplines -élèves -milieux Mettre en évidence le «gap» entre la formation initiale et le contexte de suppléance

En contexte de suppléance… Soi Sentiment de certitude Savoirs Consolidation et réinvestissement difficile des acquis de formation initiale Environnement Degré d’imprévisibilité

Dans le cours Insertion professionnelle… Soi Sentiment de certitude Savoirs Deux activités pédagogiques pour «rétablir» l’équilibre: Dossier Insertion Trousse de suppléance Environnement Degré d’imprévisibilité

Le Dossier Insertion (inspiré de Limoges et Lahaie, 1998) Ma motivation face à l’environnement Les retombées recherchées face à l’enseignement Mon projet de vie L’emploi idéal et le compromis noble Le plan B en carrière Le point de ressourcement Les clés de l’entrée (CV et entretien d’embauche) Un récit exemplaire de pratique… Le Dossier «joue» sur le sentiment de certitude et le degré d’imprévisibilité face à la carrière La Trousse «joue» sur la professionnalité, i.e sur les compétences qu’on veut faire «traverser» la période de survie

La Trousse de suppléance L’élaboration d’une Trousse de suppléance veut contribuer au développement de la professionnalité (savoirs et compétences) de deux façons: en brisant certaines représentations persistantes à l’égard de la suppléance en élargissant les perspectives autour de la gestion de classe en contexte de suppléance

Représentations persistantes La suppléance est un acte «occupationnel» «Chaque élève reçoit, en moyenne, l’équivalent cumulatif d’une année d’école de la part de suppléants au cours de leur formation au primaire et au secondaire » (Archambault et Chouinard, 2003) Les enseignants et les directions d’établissement s’attendent à ce que la personne suppléante soit capable de tenir la classe, mais aussi de favoriser des apprentissages chez les élèves qui leur sont confiés (Lessard, Longpré et Yargeau, 2009) Il faut «calquer» l’enseignant(e) que l’on remplace Un récit de suppléance nous apprend à faire la différence entre les routines établies qui sécurisent les jeunes élèves et une saine latitude qui permet de mieux se connaître et de laisser sa marque dans le milieu

Gestion de classe en contexte de suppléance Passer d’une perspective curative à préventive: (Archambault et Chouinard, 2003) Ce qui distingue les enseignants dont la gestion de classe est efficace concerne ce qu’ils font AVANT que les problèmes ne surviennent» Faciliter les préoccupations tournées vers le contexte: (Fuller, 1969) Les trucs et les recettes ont un effet rassurant en suppléance, mais ils ne suffisent pas. L’enseignant(e) qui débute fait face à des situations indéterminées et inattendues qui l’obligent à exercer son jugement en contexte. Préventive: Contenu adapté à tous les niveaux, à plusieurs disciplines (ou aux savoirs essentiels) et qui prend en compte la dimension motivationnelle et éducative de la gestion. Un contenu éprouvé, maîtrisé. Réinvestissement et consolidation. Se tourner vers le contexte: en étant «dégagé» des préoccupations liées à soi et au contenu à enseigner. Pour être plus «présent» au contexte, être «disponible» à l’action en cours. Par exemple, prévoir les disciplines que l’on risque de devoir assumer sans formation de base (éducation physique, musique, anglais, par exemple).

Réalisation et présentation de la Trousse Réalisation en équipe de 4: mise en commun, concertation et synthèse Création d’une «table des matières» qui catégorise le contenu Présentation orale de la Trousse «concrètement» constituée: Collectivement: expliciter sa conception commune de la gestion de classe en contexte de suppléance, en cohérence avec la Trousse; Individuellement: expliciter ses valeurs et ses principes tels que reflétés par la Trousse en quoi la trousse On ne peut pas tout mettre: les éléments ciblés répondent à quels critères? Ont-ils un caractère transversal (aux niveaux, aux disciplines)? Exemple de l’étudiante dont l’activité pédagogique pouvait convenir à tous les niveaux et à plusieurs disciplines à partir du journal La Presse.

Objectivation de la démarche Les étudiants apprécient la démarche d’élaboration de la Trousse qu’ils estiment être l’une des rares activités «pragmatiques» et directement «utiles» de leur formation Ils apprécient les récits (celui de suppléance, notamment) qu’ils trouvent hautement significatif Leurs expériences (stage, suppléance) facilitent l’explicitation de leurs valeurs personnelles Plusieurs équipes éprouvent des difficultés à rendre explicite leur conception de la gestion de classe; le propos reste davantage centré sur le contenu de la Trousse (propos illustratif plutôt qu’analytique) Cohérence contenu trousse vs conception prônée de la gestion de classe: mettre en comparaison les tables des matières où l’on observe clairement les divergences conceptuelles entre les équipes…

À une époque bénie, le médecin soignait son patient à la maison, amenant avec lui sa trousse et ses outils pour bien exercer son «métier». Peut-on, dans le même esprit, envisager la trousse de suppléance comme l’outil de base de l’enseignant débutant «contemporain», un outil grâce auquel il peut plus aisément exercer sa professionnalité dans les contextes changeants où il est appelé à intervenir? À vous Marie-Ève et Cédric…