Réunion de la CLI du 2 avril 2019 L’équilibre entre biocides et risque légionelles Réunion de la CLI du 2 avril 2019
Légionelles et légionellose Le genre Legionella est une grande famille de bactéries se développant dans les eaux douces comprenant plus de 50 espèces dont une vingtaine pathogènes chez l’homme. L’espèce L. pneumophila (Lp) est la principale cause de légionellose en Europe et aux USA. La légionellose (1630 cas en 2017) est une pneumonie (fièvre, toux, dyspnée, fatigue et d’autres signes digestifs ou neurologiques) qui se développe après une incubation de 2 à 10 jours environ. Elle se soigne par un traitement antibiotique spécifique. La légionellose est une maladie à déclaration obligatoire depuis 1987. Elle est souvent liée à une contamination par les douches ou les tours aéroréfrigérantes.
Conditions de prolifération et mode de transmission Les conditions favorisant la prolifération de L. pneumophila dans l’eau sont la température comprise entre 20 et 50°C, la stagnation et la présence de dépôts ou de tartre. La majorité des légionelles se trouve dans le biofilm. La transmission se fait par l’air via l’inhalation d’aérosols fins (inférieurs à 5 µm). Les installations à risque sont celles qui associent les conditions favorisant la prolifération et une aérosolisation. Il est possible de déterminer l’installation responsable de la contamination en comparant la souche clinique (issue du malade) et les souches environnementales issues des installations suspectées. Une enquête environnementale est réalisée par les ARS lors d’apparition de cas groupés, définis comme « au moins deux cas, survenus dans un intervalle de temps et d’espace géographique susceptibles d’impliquer une source commune de contamination » ou à l’initiative des ARS.
Historique légionelles et TAR des CNPE (1) La prise en compte de la problématique légionelles en France débute dans les années 2000 notamment suite à une épidémie de légionelloses à Harnes fin 2003 - début 2004 (TAR de faible hauteur de la société NOROXO) : 86 cas. Avril 2004 : Création d’une Directive interne à EDF de prévention de la légionellose. Les grandes TAR des CNPE présentent des caractéristiques particulières : une grande dispersion du panache qui induit une moindre survie des légionelles dans l’air et une meilleur performance des séparateurs de goutte. Janvier 2005 : Courrier référence de l’ASN fixant des valeurs guides pour les grandes tours de refroidissement du circuit secondaire : 5 000 000 UFC/l* et une fréquence de suivi en fonction du niveau de colonisation. Décembre 2016 : La décision n°2016-DC-0578 de l’ASN renforce la prévention des risques liés aux légionelles et fixe notamment le seuil de maintien [Lp] < 10 000 UFC/L et le seuil d’arrêt des installations si [Lp] > 100 000 UFC/l avec inefficacité du traitement. * Méthode d’analyse de référence : culture avec résultats exprimés en Unité Formant Colonie par litre (UFC/l)
Historique légionelles et TAR des CNPE (2) Une étude épidémiologique a été réalisée par l’ANSES, le Centre national de référence des légionelles et l’Institut de veille sanitaire sur une période de 3 ans : « Etude sur l’impact des panaches émis par les tours aéroréfrigérantes des CNPE d’EDF sur la survenue de cas de légionellose en France de 2010 à 2012 » Aucun cas de légionellose n’a été attribué aux grandes tours aéroréfrigérantes des CNPE. Aucun appariement entre souches cliniques et souches environnementales n’a été identifié.
Prévention du risque légionelles et rejets associés (1) La prévention du risque légionelles dans les installations de refroidissement du CNPE est assurée par différents moyens : La conception de l’installation et une analyse méthodique des risques propre à l’installation ; L’entretien préventif (nettoyage, maintenance de l’installation) ; La surveillance via des indicateurs physicochimiques (entartrage) et microbiologiques ; Le traitement préventif ou curatif. Sur le CNPE de Cattenom le traitement utilisé est la monochloramine, fabriquée in situ à partir d’eau de javel, d’ammoniaque et d’eau déminéralisée. Ce procédé est avantageux notamment du fait de son spectre large de désinfection, d’un pouvoir pénétrant dans les biofilms, et d’une cinétique lente de réaction. Les rejets associés au traitement à la monochloramine sont encadrés par les flux et concentrations limites de la décision n° 2014-DC-0416 de l’ASN fixant les limites de rejets dans l’environnement du CNPE de Cattenom, sur les bases d’une étude d’impact.
Prévention du risque légionelles et rejets associés (2) Le retour d’expérience montre que le respect des prescriptions de la décision n°2016-DC-0578 de l’ASN implique d’étendre la possibilité de mise en œuvre du traitement à la monochloramine, déjà autorisé pour une partie de l’année (6 mois). Le seuil de 10 000 UFC/l est en effet régulièrement atteint en dehors de la période de traitement estivale. Un dossier de demande d’évolution des prescriptions relatives aux prélèvement et rejets du CNPE de Cattenom a été déposé auprès de l’ASN en septembre 2018. Cette nouvelle contrainte a en effet pour conséquence de faire évoluer les limites de flux annuels pour les rejets liquides de chlorures, sodium et nitrates associés à ce traitement. L’analyse d’impact de cette demande d’évolution des limites ne met pas en évidence d’incidences négatives notables des rejets de chlorures, sodium et nitrates sur l’environnement aquatique, sur les espaces naturels remarquables, la faune, la flore et les fonctionnalités écologiques.
Procédure : du dépôt du dossier aux décisions renouvelées 8. Homologation par les ministres et publication au JO 4. Echanges avec l’ASN sur les futures limites et modalités de rejet 1. Dépôt du dossier de demande septembre 2018 6. Consultation du public, de la CLI et du CODERST sur les projets de décisions 3. Consultation du public sur le dossier 7. Nouveau passage devant le Collège des commissaires de l’ASN EN COURS 2. Instruction ASN - IRSN Questions/réponses Réunions techniques 5. Validation des projets de décision Collège des commissaires de l’ASN
Conclusion Aucun cas de légionellose n’a été attribué aux grandes tours aéroréfrigérantes des CNPE. La décision ASN n°2016-DC-0578 a introduit des cibles plus strictes en termes de colonisations en légionelles. Le traitement à la monochloramine est une solution éprouvée pour la maîtrise du risque de développement des microorganismes pathogènes sur le CNPE de Cattenom et est la meilleure alternative en terme de rejet dans l’environnement. L’autorisation de rejets issus de ce traitement fait l’objet d’une demande de modification afin de l’adapter à la réglementation et de permettre le respect des nouvelles exigences.