Les Intelligences multiples Pour enrichir nos interventions auprès des élèves (Historique des IM) Ginette Grenier, CS Affluents (2001)

L ’intelligence: une affaire d ’intuition! Avant 1900 Brillant Sage Vif d ’esprit Bien éduqué Obéissant Pouvoirs magiques Avant 1900, on intuitionnait qu’une personne était intelligente, à partir d’un certain nombre de qualités que l’on observait chez elle: brillante, vive d’esprit etc…

L ’intelligence se mesure! Alfred Binet: 1900 Tests: écoles primaires 1re guerre mondiale: USA (armée) Au début du siècle, Paris offrait aux enfants une éducation primaire aux frais de l’État. Or comme certains élèves éprouvaient de grandes difficultés à accomplir le travail scolaire, ils se trouvaient à perdre leur temps et l’État, à perdre son argent. Comme les autorités éprouvaient le besoin de pouvoir identifier précocement ces enfants à problèmes pour décider quoi faire avec eux, ils ont soumis à Alfred Binet, un psychologue, une requête insolite: Établir une méthode capable d’évaluer les chances de réussite des enfants dans les classes du primaire. Binet a procédé de façon empirique; il a conçu des questions visant à mesurer les performances verbales et logico-mathématiques des enfants. Il devait faire en sorte qu’une minorité d’élèves réponde correctement à la majorité des questions et qu’une autre minorité ait des résultats très bas. La majorité des élèves devaient obtenir un score moyen. Son instrument a été appelé test d’intelligence, et pour rendre compte des résultats aux tests on a utilisé l’expression QI. Le QI est un excellent prédicteur de la performance scolaire, mais pas de la vie professionnelle. Les travaux de Binet ont émigré aux USA et sont devenus vraiment populaires quand le pays devait sélectionner des recrues pour la guerre. Le test d’intelligence a été décrété outil scientifique vraiment utile. Dès les années 1920-1930, les tests d’intelligence étaient bien enracinés aux USA. Ce peuple pragmatique a conçu une panoplie de tests efficaces, courts, facilement administrables en groupe. Quelle merveille! Pouvoir mesurer scientifiquement l’intelligence! Le QI devenait une marque distinctive quasi inaltérable de chaque individu, au même titre que sa taille ou la couleur de ses yeux! Les psychologues savaient mesurer le facteur G (general intelligence), ce don que les êtres recevaient à la naissance. Et le développement de tests d’intelligence se poursuit encore aujourd’hui.

Parcours d ’un original! (Howard Gardner) Antécédents Psychologie du développement Recherches: lésions cérébrales Gardner est un psychologue qui a fait ses études de doctorat à la célèbre université de Harvard. Il s’est spécialisé en psychologie du développement. Il poursuivait des recherches sur les enfants et les adultes présentant des lésions cérébrales, observant comment ces lésions affectaient leur développement.

Un point tournant 1979: Groupe de recherche  1983: Frames Of Mind ………………………….. « La nature et la réalisation du potentiel humain » Psychologues disent non ! Grand public et éducateurs disent oui! En 1979, une fondation américaine demanda à une petite équipe de chercheurs d’entreprendre une enquête sur un sujet d’ampleur: la nature et la réalisation du potentiel humain. Gardner était assistant dans ce groupe de recherche. Il y voyait une occasion de faire la synthèse de ses propres travaux de recherche sur les enfants et les adultes présentant des lésions cérébrales ainsi que sur d’autres pistes d’investigation qui le fascinaient. Quand Gardner a entrepris ses recherches, on savait au moins une chose: les tests de QI prédisent l’avenir scolaire avec une précision remarquable, mais ils n’ont guère de valeur pronostique en ce qui concerne la vie professionnelle. D’autre part, en étudiant les profils cognitifs d’enfants doués, de savants idiots, d’individus souffrant de lésions cérébrales et de gens provenant de différentes cultures, il a pris conscience que l’intelligence pouvait s’exprimer sous des formes variées relativement indépendantes les unes des autres. C’est ainsi qu’est né le concept d’intelligences multiples. On lui a demandé:  Pourquoi avoir appelé ça des formes d’intelligence? Gardner a répondu:Si je m’étais contenté de faire remarquer que les hommes possèdent des talents divers, je n’aurais soulevé aucune controverse. J’ai utilisé le mot « intelligence » pour souligner que ces facultés sont aussi fondamentales que celles détectées historiquement par les tests de QI. Les psychologues ont très mal accueilli ses travaux. Gardner répond: «Vouloir modifier la définition psychologique de l’intelligence, c’est comme vouloir faire bouger les pierres tombales d’un cimetière ». Par ailleurs les travaux de Gardner ont reçu un accueil inespéré de la part du grand public et de l’éducation. Depuis 1983 Gardner consacre l’essentiel de ses énergies à l’exploration des implications pédagogiques de la théorie des IM: Mise en valeur des différentes intelligences Création de nouveaux instruments d’évaluation Collaboration avec des écoles intégrant les IM Dernièrement, Gardner étudie également le profil de grands leaders de ce monde. Alors depuis 1983 Gardner s ’est consacré à des recherches sur les implications pédagogiques de la théorie des Intelligences Multiples puis, dernièrement, à étudier le profil de grands leaders.

L ’intelligence: une réalité plurielle Faculté de résoudre des problèmes ou de produire des biens qui ont de la valeur dans une ou plusieurs collectivités ou cultures. C’est la définition que Gardner donne de l’intelligence.

Les types d ’intelligence Linguistique Logico-mathématique Spatiale Musicale Kinesthésique Interpersonnelle Intrapersonnelle Naturaliste Gardner explore la possibilité d’introduire une nouvelle forme d’intelligence, l’intelligence existentialiste qui se retrouve chez les personnes qui s’intéressent aux grandes questions que se pose l’humanité depuis son origine: Qui sommes-nous? Où allons-nous? Que faisons-nous?…

Critères pour dire « C’est une intelligence! » Localisation dans le cerveau Existence d ’idiots savants, de prodiges Homme VS autres espèces Identification d ’opérations de traitement spécifiques Performances valorisées dans différentes cultures Étude de la préservation ou de la destruction du système lors de dommage cérébral. … Histoire de l’évolution de l’homme et comparaisons avec d ’autres espèces. Identification d ’un ensemble d’opérations de traitement propres au module. http://www.mpsycho.uqam.ca/percept/bloc1/bloc1-4/gardnertableau.html Données provenant de la psychométrie Système symbolique permettant la communication: performances valorisées dans différentes cultures.

Forces d’élèves en difficulté d’apprentissage Dominance de la modalité visuo-spatiale Fleming 1984; Dixon 1983; Bannatyne 1971; Recherche de liens concrets ( Stevens 1985) Forte orientation au présent ( Stevens 1985) Les évoqués visuels, le voir dans sa tête caractérisent un grand nombre de ces élèves. Par exemple, toucher, sentir, répondre avec leurs sens lors d ’une expérience d’apprentissage Forte orientation au présent, à ce qui se passe maintenant Pensée divergente ( Tarver 1980), Aptitude musicale ( Stone 1993), Humour ( Stone 1990) Informatique ( Hearne 1988)

L ’intelligence: une histoire en évolution Notion intuitive (avant 1900) Notion quantitative (Binet) Vision ouverte (Gardner) Plurielle Contextualisée Distribuée Individualisée À éduquer Gardner présente 5 caractéristiques de l’intelligence: Plurielle: « l’intellect se compose de plusieurs facettes, de plusieurs facteurs, ou mêmes d’intelligences qualitativement distinctes. » Contextualisée: « l’intelligence, ou les intelligences, sont toujours en interaction entre des tendances biologiques et les possibilités d’apprentissage existant dans une culture donnée. Il est insensé de concevoir l’intelligence comme une entité ou un ensemble d’entités qui pourraient être évalués sous une forme pure. L’intelligence ne peut pas être conceptualisée en dehors du contexte dans lequel les individus vivent. » Distribuée:  « l’intelligence existe dans une proportion significative hors des limites corporelles de l’individu. (Il est rare, voire impossible de trouver des individus productifs qui travaillent seuls, en n’utilisant que leur tête. En règle générale, les individus se servent de toutes sortes d’objets inanimés et de prothèses humaines. » Individualisée:  « L’esprit de chaque personne est différent de celui de n’importe quel autre.Il peut exister de 8 à plusieurs centaines de dimensions de l’esprit. » À éduquer: « la nécessité d’un régime pédagogique aidant chacun à atteindre son potentiel maximal dans l’éventail des disciplines et des métiers va de pair avec une description toujours plus précise de l’intelligence. » Source: Gardner H, Les intelligences multiples RETZ, 1996, pp.178-192