Nations, empires, nationalités (de 1789 aux lendemains de la Première Guerre mondiale) Réflexions et pistes de problématisation sur le programme d’histoire de première (Tronc commun)
A. Un programme qui s’inscrit dans un profond renouvellement du long 19e siècle Le 19e siècle est le siècle des ambiguïtés, de la complexité et des contradictions : c’est « le siècle des possibles ». Les travaux récents insistent sur la nécessité de : Remettre en question une présentation traditionnelle du 19e siècle marquée par la linéarité associée à l’idée de progrès et de modernité Défataliser l’histoire du 19e siècle sans négliger les tensions qui travaillent une société dont la modernisation reste inachevée et contestée. Décloisonner l’histoire du 19e siècle en l’inscrivant dans une évolution rythmée par les dynamiques politiques et des mutations sociales Trois ouvrages de synthèse qui permettent d’appréhender les renouvellements sur le 19e siècle.
B. Jouer sur les temporalités pour mettre en évidence les enjeux du programme
Approche sur le temps long : le long 19e siècle = Penser le 19e siècle comme fondateur du monde contemporain actuel On peut observer 4 tendances fondamentales de 1789 aux années 1920 1. Un processus séculaire de progrès et de révolutions multiformes (urbaine, industrielle, scientifique) à l’origine des bouleversements des sociétés européennes = une modernisation inachevée 2. Un processus séculaire de politisation, de démocratisation et de libéralisation en Europe et en France dans un contexte d’affirmation des nations et d’industrialisation qui passe par la violence et par l’apprentissage du politique 3. Le rôle de la guerre dans les transformations politiques, idéologiques et territoriales en France et en Europe au cours du long XIXe siècle 4. Le passage d’un ordre international légitimiste et contre-révolutionnaire (système Metternich) reposant sur l’équilibre des puissances (principalement impériales) à un ordre international démocratique reposant sur des Etats-nations, contesté dès sa naissance
Approche sur le temps long : le long 19e siècle = Penser le 19e siècle comme fondateur du monde contemporain actuel A articuler avec deux événements majeurs de temps court = Penser les ruptures et les moments fondateurs Le 19e siècle comme matrice de la PGM ? Marquer la rupture avec les formes héritées du passé En quoi le long 19e siècle est-il une période marquées par des transformations des sociétés et des Etats en Europe ? Qu’est-ce qui est « nouveau » dans ce long 19e siècle ? 2. Première guerre mondiale 1. Révolution française Les héritages de la Révolution française sur le temps long au cours du long 19e siècle Penser la PGM comme une matrice du monde contemporain actuelle ?
Penser les débuts et la fin du programme pour lui donner du sens
Révolutions industrielles Les événements ou processus clés qui ouvrent la période à étudier Les événements ou processus clés en fin de période Les effets sur le temps long Les facteurs de déstabilisation Révolutions industrielles Processus d’industrialisation et d’urbanisation qui transforme les systèmes productifs et les structures sociales Modernisation des sociétés européennes mais accentuant les disparités Question sociale au cœur des tensions et des conflits sociaux Développement progressif de l’Europe Un processus séculaire de progrès et de révolutions multiformes (urbaine, industrielle, scientifique) à l’origine des bouleversements des sociétés européennes = une modernisation inachevée Révolution française Concurrence des principes et des cultures politiques entre souveraineté nationale (démocratie), libéralisme)et réaction (légitimisme et contre-révolution) enjeux idéologiques, transformations des régimes politiques Diffusion des principes des nationalités et des idées libérales + enracinement de la République en France mais discontinus Démocratisation progressive de l’Europe Un processus séculaire de politisation, de démocratisation et de libéralisation en Europe et en France dans un contexte d’affirmation des nations et d’industrialisation qui passe par la violence et par l’apprentissage du politique Guerres révolutionnaires (Valmy) et impériales Conflits comme modalités de transformations de l’Europe Affirmation des nations comme acteurs politiques Enjeux territorial et géopolitiques Nationalités comme facteurs déstabilisateurs de l’ordre international PGM comme guerre des nations 14 points de Wilson Le rôle de la guerre dans les transformations politiques, idéologiques et territoriales en France et en Europe au cours du long XIXe siècle Congrès de Vienne Ordre international : mode de régulation des conflits, équilibre des puissances (Etats comme acteurs) Enjeux des structures politiques Affirmation des Etats-Nations aux dépens des empires Rivalités nationales Traité de Versailles D’un ordre international légitimiste et contre-révolutionnaire (système Metternich) reposant sur l’équilibre des puissances (principalement impériales) à un ordre international démocratique reposant sur des Etats-nations, contestée dès sa naissance
Mais il y a deux risques de sur-interprétation téléologique du programme Une vision « optimiste » qui se rapproche d’un roman national républicain = voir dans les révolutions du 19e siècle les progrès du 20e Risque d’analyses téléologiques Révolution industrielle comme facteur de développement Révolution française comme facteur de diffusion de la démocratie libérale Nations victorieuses sur les Empires Nationalités comme principe de construction des Etats-nations
Mais il y a deux risques de sur-interprétation du programme Ruptures totales avec l’Ancien Régime, phénomènes brutaux Entrée dans l’ère des guerres de masse, nations comme facteurs de guerres, de la violence de masse… Une ère westphalienne plutôt pacifiée face à l’instabilité de l’ère des nationalités… Risque d’analyses rétrospectifs Une vision que se veut plus critique mais qui renvoie à une conception plus conservatrice de l’histoire du long 19e siècle = relire le 19e siècle à l’aune de la Première guerre mondiale
D’où l’importance de penser le long 19e siècle comme un monde en transition (en l’analysant du point de vue des contemporains et non du nôtre) en ayant toujours en tête les discontinuités, les rapports de forces, les paradoxes…
Approche sur le temps long : le long 19e siècle = Penser le 19e siècle comme fondateur du monde contemporain actuel Deux événements de temps court = Penser les ruptures et les moments fondateurs Le 19e siècle comme matrice de la PGM ? Marquer la rupture avec les formes héritées du passé En quoi le long 19e siècle est-il une période marquées par des transformations des sociétés et des Etats en Europe ? Qu’est-ce qui est « nouveau » dans ce long 19e siècle ? 2. Première guerre mondiale 1. Révolution française Les héritages de la Révolution française sur le temps long au cours du long 19e siècle Penser la PGM comme une matrice du monde contemporain actuelle ? Trois sous-périodes pour caractériser des moments = 1789-1848 ; 1848-1871 ; 1871-1919 = interroger les dynamiques, les mutations et les discontinuités = étudier le 19e siècle comme une période en transition
Contexte et cadre géopolitique en transformation Echelle européenne Dans un contexte d’industrialisation et de transformations économiques et sociales Contexte et cadre géopolitique en transformation Echelle européenne Ordre international, équilibre/déséquilibres des puissances MODE DE REGULATION (des puissances et des nationalités) Unification, fragmentation, intégration DYNAMIQUES Guerres, revendications nationales, rivalités nationales, rivalités coloniales, nationalisme CONFLICTUALITES Un système en transition transforme la France et l’Europe en mettant fin à l’Ancien Régime Manifestations des transformations Modalités des transformations Aspirations démocratiques et des cultures politiques antagonistes IDEOLOGIE ET SYSTÈME POLITIQUE Facteurs de transformation Echelles nationale et européenne
C. Comment problématiser les différents thèmes d’histoire ?
UN EXEMPLE Problématique : Pourquoi et comment la France du Second Empire a-t-elle favorisé la création de nouveaux Etats reposant sur les principes des nationalités ? Un processus d’unification nationale et territoriale… (Etats-nations, nationalisme d’existence) … encadré et confisqué par un Etat monarchique aux dépens des aspirations populaires et démocratiques (conséquences des échecs de 1830 et 1848)… (lente démocratisation et libéralisation des régimes monarchiques) …réalisé par des guerres au nom du principe des nationalités contre l’Autriche et avec ou contre la France…. (guerres d’unification) …de Napoléon III qui promeut le principe des nationalités et développe une diplomatie qui vise à -déstabiliser l’ordre international du Congrès de Vienne (remise en cause du système hérité de Metternich)
D. Un exemple d’analyse scientifique et didactique d’un thème du programme : « Métropoles et colonies ».
Relectures historiographiques : Le fait impérial = relations entre les métropoles et leurs colonies (mais vue de la métropole et de l’empire colonial) Le fait colonial = relations au sein des sociétés coloniales avec la métropole, vues des colonies et de leurs populations. Le rôle de la IIIe République dans le développement de la politique coloniale La production et la co-production des identités (en métropole et dans les colonies)
Se centrer sur les relations entre métropoles et colonies durant la IIIe République (intégrer les héritages de la politique coloniale depuis la Restauration)
La dimension politique impériale = la construction de l’empire colonial français (impérialisme) et des discours justifiant la colonisation (colonialisme) ou la dénonçant (anticolonialisme) et gestion institutionnelle de l’empire (politique coloniale) = échelle de la France et de l’empire / regard depuis la métropole (EMPIRES) La dimension géopolitique = les rivalités coloniales comme prolongement des rivalités nationales et des nationalismes de puissances européennes = échelle de l’Europe comme mise en perspective (NATIONALITES) La dimension sociale = les interactions au sein des sociétés coloniales entre sociétés indigènes, colons, colonisateurs et administrateurs = échelle des colonies / regard depuis les colonies (NATIONS, SOCIETES)
La politique coloniale française ne peut se penser sans le contexte de rivalité à l’échelle européenne ni sans interactions entre sociétés coloniales et société impériale = SYSTEMIQUE ET MULTISCALAIRE Une approche qui permet d’articuler la question coloniale avec le développement de la République et l’échec de la démocratisation et de l’émancipation des populations colonisées Une approche qui permet d’articuler la question coloniale avec celle de la question nationale et la mise en place d’un ordre européen international Une approche qui permet de montrer la diversité des relations et des formes de pouvoir dans les sociétés colonisées (domination, intégration, marges de manœuvres, processus de négociation), décentrement du regard = l’approche la plus originale
Points de passage et d’ouverture : Pourquoi. Pour quoi Points de passage et d’ouverture : Pourquoi ? Pour quoi ? Pour faire quoi avec les élèves ?
E. Des usages didactiques différenciés des points de passage et d’ouverture Les points de passage et d’ouverture peuvent être étudiés de manière plus ou moins approfondie, sur un temps plus ou moins long en classe et en faisant travailler par les élèves des capacités différentes. Nous proposons un exemple d’approches didactiques différenciées (une illustrative, une explicative et une critique) à travers l’exemple des points de passage et d’ouverture du thème « Métropoles et colonies » suggérant ce qu’il serait possible d’étudier avec les élèves en fonction de la démarche de cours mise en œuvre.