Groupe Hospitalier PITIE - SALPETRIERE, PARIS

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Transcription de la présentation:

Groupe Hospitalier PITIE - SALPETRIERE, PARIS PSYCHOPATHOLOGIE DU PATIENT DIABETIQUE : LE POINT DE VUE D’UN DIABETOLOGUE Pr. A. GRIMALDI Groupe Hospitalier PITIE - SALPETRIERE, PARIS

Les patients diabétiques sont les moins observants des patients atteints de maladies chroniques d’accord  pas d’accord 

Les patients diabétiques ont un profil psychologique particulier vrai  faux 

L’EDUCATION THERAPEUTIQUE A POUR BUT L’AMELIORATION DE L’OBSERVANCE En transmettant des savoirs et des savoir-faire et en favorisant des changements de comportements Elle doit prendre en compte les particularités sociales, le style cognitif et le profil psychologique du patient

COMMENT SE COMPORTENT ET QUELS SONT LES RESULTATS DES MEDECINS DIABETIQUES ? Quelques exemples : ▪ le M.G. qui enseignait le diabète … ▪ le psychiatre, fils de diabétologue … ▪ le chirurgien, droit dans ses bottes … ▪ le prof de radio osseuse, qui avait oublié le diabète … ▪ l’ophtalmo-diabéto, phobique de l’hypo … ▪ l’interniste hyper-optimiste …

QUEL EST LE PROBLEME POSE PAR LE DIABETE ? Le risque des complications ! 1) c’est un problème angoissant 2) c’est un problème abstrait 3) c’est un problème lointain

1 - UN PROBLEME ANGOISSANT ▪ Nécessitant un travail d’acceptation ou travail de deuil ▪ Une solution : la suppression du problème par le déni ou la dénégation ▪ Les lois du deuil – la notion d’aptitude au deuil

LA DERISION DES DISCOURS LENIFIANTS « La vie fait ce qu’elle peut : santé et maladie ne sont que deux formes de cet effort de vivre … qu’est la vie elle-même » A. COMTE SPONVILLE

2 - UN PROBLEME ABSTRAIT Comment le concrétiser ? les autres … la photo du FO l’image de la plaque - le recours à la métaphore

3 - UN PROBLEME LOINTAIN ▪ C’est tout naturel pour un adulte « économe » « précautionneux » qui veille sur son « capital santé » ▪ Mais pour un adolescent ? pour un épicurien ? pour un « antillais butineur » ? pour un aventurier ? pour un « ça passe ou ça casse «  ? pour un précaire  ? pour un déprimé ? pour un addict ? pour un phobique ? ▪ D’autant qu’aucun symptôme « n’actualise » la maladie : pas de douleur, pas de prurit … rien de visible

Pour aider le malade à mentaliser sa maladie, il faut créer du symptôme !

LA SOLUTION : L’AUTO-MESURE (GLYCEMIQUE) ! … mais quel est le symptôme créé ?

Maître symptôme des maladies chroniques L’ANGOISSE ! Maître symptôme des maladies chroniques … qu’en faire ?

COMMENT TRAITER L’ANGOISSE ? ▪ L’angoisse trop importante  panique évitement voire ▪ L’angoisse sans solution  dépression contre-attitudes ▪ L’angoisse moteur de l’action  agir sans délai pour corriger l’hyperglycémie  soulagement voire plaisir avant de devenir une routine ▪ Encore faut-il que l’action soit efficace en pratique (quelles actions ? quels algorithmes ? quelle évaluation ? …)

Calmer l’angoisse par l’action POUR AGIR, IL FAUT ETRE MOTIVE Qu’est-ce qui motive ? La raison, mais à condition que le rapport : bénéfice émotionnel soit positif coût émotionnel

LE RAPPORT BENEFICE / COUT EMOTIONNNEL Bénéfice : Le plaisir d’agir de façon rationnelle – le plaisir d’avoir de bons résultats – le plaisir de faire plaisir à sa femme, à ses enfants, à son médecin - de susciter l’admiration – la fierté d’être responsable de sa santé – se sentir fort (plus fort) … la fierté d’être un bon citoyen (américain) Coût : Se sentir vulnérable – perdre son insouciance – supporter les contraintes du traitement – renoncer aux plaisirs de la table, de la convivialité – prendre du poids sous insuline … se sentir différent « pas comme les autres », inférieur, avoir peur de perdre son identité

Je ne suis ni ce que j’ai, ni ce que je parais ETRE OU AVOIR ? Je ne suis ni ce que j’ai, ni ce que je parais et pourtant … l’image que les autres ont de moi, qui dépend de ce que j’ai (moi objet), peut menacer l’image que j’ai de moi, qui dépend de ce que je suis (moi sujet) Cette distorsion entre le moi sujet et le moi objet suscite la honte et explique la tentation de dissimulation (déguisement ou clandestinité)

On ne peut pas proposer à quelqu’un, pour son bien futur, des contraintes thérapeutiques qui menacent son présent de dépression

LE DIABETIQUE EST UNE TRINITE Les trois instances du moi sont soumises à une régulation homéostasique spécifique, reliée, hiérarchisée - moi animal = l’homéostasie biologique (par ex. glucidique) - moi rationnel (universel) = régi par des normes (EBM) - moi identitaire (singulier) = homéostasie thymique

L’AMBIGUITE DU RAPPORT A LA NORME - Sortir de la norme suscite la peur de l’exclusion, d’où le plaisir d’avoir des résultats biologiques normaux, et d’où la tentation de ne pas prendre son traitement pour être comme les autres - En même temps, l’individu dans sa singularité, n’accepte pas d’être réduit à une norme quelle qu’elle soit

LE CONFLIT La perturbation par la maladie de l’homéostasie biologique conduit à agir rationnellement pour tenter de reconstruire une  «  homéostasie normative » (< 6 < 6,5 < 7 ?) mais ce faisant elle menace l’homéostasie thymique avec un risque de dépression A l’inverse, des patients peuvent faire de leur maladie une identité plus ou moins revendiquée (cf les sourds – muets) au point de refuser les traitements normatifs

CONCLUSION (1) Le patient diabétique n’a pas de profil psychologique particulier, mais il est menacé par le déni ou la dénégation pour éviter la dépression ou surmonter l’angoisse

CONCLUSION (2) - Par peur du regard des autres, le patient diabétique peut être tenté par la dissimulation, au risque de sa santé et de son auto-dévalorisation - Il doit gérer les aléas quotidiens du traitement, et vivre les incertitudes de l’avenir

CONCLUSION (3) Il vaut mieux : - qu’il ait une solide aptitude au deuil - qu’il ait des projets de vie auxquels il puisse raccrocher ses projets de soins - qu’il ait confiance en lui et en les autres - qu’il soit plutôt contrôlant, sans être obsessionnel - qu’il bénéficie d’un entourage affectif de qualité . . . - et si possible qu’il ait un diabétologue qui lui ressemble !