Délocalisations : déclin ou nouveau modèle de spécialisation ? Fabrice Hatem Réunion OFCE Paris, 14 mars 2005
Déclin ou nouveau modèle de spécialisaton I. Délocalisation, un état des lieux II. Une vision optimiste : vers un nouveau type de spécialisation industrielle ? III. difficultés et illusion de la reconversion IV. Retrouver une ambition de politique industrielle
Délocalisation, un état des lieux 11. Les faits : un mouvement de déversement industriel 12. Les conséquences sur les économies industrielles 13. Les causes du mouvement
Un mouvement de déversement industriel Déclin de la part dans la production industrielle et les exportations mondiales Les nouveaux investissements créateurs d’emploi se font dans les pays à bas coûts et à croissance rapide Ce mouvement a une dimension beaucoup plus large que les délocalisations stricto sensu
La part de l’Europe de l’ouest dans les exportations mondiales de produits textile et d’habillement
Les conséquences sur les économies développées Croissance ralentie de la production industrielle Baisse de l’emploi ouvrier et dans le secteur manufacturier, aggravé par les progrès de la productivité L’affaiblissement industriel affecte particulièrement certaines régions (Nord de la France, Alsace…)
Emplois salariés dans l’industrie dans les principaux pays de l’OCDE (En milliers de personnes en fin d’année)
Les causes du mouvement Différentiels de coûts de production (salaires) Différentiels de croissance Amélioration rapide de l’environnement des affaires dans les pays émergents
Coûts comparés de production d’une chemise)
Perspectives de croissance économique par zone
Nombre de jours nécessaires pour créer une entreprise
Une vision optimiste : vers un nouveau type de spécialisation industrielle ? La théorie : l’intégration économique, porteuse de bienfaits naturellement partagés ? Les confirmations empiriques de l’optimisme libéral
La théorie : l’intégration économique, porteuse de bienfaits naturellement partagés ? Affaiblissement des cloisonnements à la la libre circulation du capital Meilleur allocation du capital productif dans un monde décloisonné Accélération de la croissance globale et convergence des niveaux des revenus par tête
Les confirmations empiriques de l’optimisme libéral Les pays développés restent de loin des premiers récepteurs d’investissements internationaux L’investissement à l’étranger des firmes n’aurait pas d’impact très négatif sur l’emploi dans ces pays La croissance de la production industrielle se poursuit dans les pys développés Un mouvement de respécialisation industriel (tertiaire et high tech) semble s’esquisser Un mouvement de reconversion et de modernisation du tissu productif peut être observé au niveau local
Répartition des stocks d’investissements directs par zones de destination
Répartition des emplois créés eu Europe par activités et région d’accueil (%, moyenne )
L’évolution du solde extérieur européen dans l’industrie de la confection (rapporté au total du commerce extérieur)
Deux exemples de reconversion en cours Marseille/Euromed. Pour rémédier au déclin du port autonome. Ambition : accélérer la mutation de la ville en grande métropole de services à rayonnement international. 4 grands chantiers Chambéry/Technolac. Région touchée par le déclin des industries métallurgiques et chimiques traditionnelles. Tchnopole dédié aux activité de recherche, d’enseignement, et d’innovation industrielle. Spécialités: éco-industries, énergies renouvelables et matériaux nouveaux personnes
III. Difficultés et illusion de la reconversion Les activités nouvelles : une alternative crédible à la désindustrialisation ? Disposons-nous réellement du potentiel pour attirer ces activités ? L’absence de base industrielle solide est-elle socialement, techniquement et stratégiquement tenable ? La dimension nouvelle du défi (Chine, Inde..) L’enjeu de la cohésion sociale
Les activités nouvelles : une alternative crédible à la désindustrialisation ? Un pari général sur les activités à hautes technologies Les incertitudes sur le développement de ces activités Un potentiel limité de création d’emploi
Disposons-nous réellement du potentiel pour attirer ces activités ? Une spécialisation moyenne de la France sur les activités de hautes technologies Un potentiel de recherche limité et peut-être déclinant Une forte capacité de rattrapage des pays émergents
La nécessité d’un base industrielle solide pour soutenir l’innovation et le tertiaire supérieur Peut-on durablement se spécialiser sur l’innovation en l’absence d’usines ? (centres de RD) Le tertiaire supérieur et d’appui suivra la base productive (Logistique..) Une partie des activités tertiaires est susceptible de se delocaliser de manière autonome (call-centers, CSP…)
La dimension nouvelle du défi Jusqu’ici, les phénomènes de déversement liés à l’extension progressive de l’espace de développement industriel avait bénéficié à des régions de taille relativement faibles (Irlande, Penisinsule ibérique, 4 tigres asiatiques, même PECOs Avec l’arrivée de l’Inde et de la Chine, le phénomène change de dimension
L’enjeu de la cohésion sociale La mondialisation peut bénéficier à des catégories sociales bien armées pour y faire face (détenteurs de capitaux et de compétences) Les salariés peu qualifiés des pays développés risquent par contre d’être aspirés dans une « trappe d’inemployabilité » On ne transformera pas toute la population active en chercheurs de haut niveau Risque flagrant d’accroissement des inégalités et des tensions sociales dans les pays développés D’autant que l’idéologie libérale dominante conduit à affaiblir les mécanismes de solidarités et de redistribution liés à l’Etat-Providence
IV. Retrouver une ambition de politique industrielle Rien n’est encore perdu, à condition de rompre avec le fatalisme et la naïveté Le volet international : négociations commericiales, coopération régionale, attractivité Le volet national : réformes fiscales et sociales, aides à la recherche et à l’innovation, nouvelles formes de politique indutrielle Le volet régional : pôles de compétitivité…
Rien n’est encore perdu Des contre-exemple frappants : le Sentier, le textile Des atouts puissants Rompre avec le fatalisme et la naïveté
Le sentier Un pôle d’innovation dans le moyen de gamme au cœur de Paris Flexibilité, réactivité, proximité au marché, cycles courts de production/distribution Application peu zélée de la réglementation du travail
La mise en valeur des complémentarités régionales : l’exemple de la filière textile-confection (données 2002) Près du quart des exportations textiles de l’union européenne sont à destination des pays MEDA L’union européenne représente près de 90 % des exportations de confection des pays MEDA Trois pays (Maroc, Tunisie, Turquie) réprésentent plus de 20 % des importations de produits de confection de l’union européenne
Des atouts puissants Qualité de la main d’œuvre et de l’environnement des affaires Capacité d’innovation : textiles techniques, dermocosmétiques, alicaments… Proximité au marché Succès dans la compétition internationale pour l’attraction des investissements mobiles
Rompre avec la naïveté et le fatalisme : quelques évidences Naïveté : Le modèle libéral gagnant/gagnant ne fonctionne que si tout le monde joue le jeu (exemple du démantèlement des accords AMF sans toutes les contreparties) Naïveté : La Chine et l’Inde n’ont pas pour ambition de se cantonner dans le rôle que nous aimerions leur voir jouer de sous-traitants à bas coûts et disposent du potentiel humain pour concrétiser un projet historique de rattrapage Fatalisme : Certaines de nos faiblesses ont été créés par nous-mêmes (exemple du prélèvement social et fiscal sur les salaires). Fatalisme : La bataillle du manufacturier de main d’œuvre n’est pas nécessairement perdue.Mais il faut retrouver pour cela une ambition industrielle
Le volet international Monde : défendre nos interêt commerciaux face aux Etats-Unis et à la Chine UE :Relance du processus de Lisbonne Renforcement de l’espace pan-euro-méditerranéen France : attraction des compétences et des capitaux
Le volet national Renforcement du potentiel de recherche Innover dans les activités traditionnelles Réformes fiscales et sociales (TVA sociale) Grands programmes structurants
Dynamisation des pôles locaux de compétitivité Identification des atouts différenciants des territoires Coordination nécessaire avec le niveau national Le volet local