Le développement du langage. Dr Vulliez-Degraix. CCA, U 502.
Quelques repères : Langage = Fonction qui permet d’exprimer et de percevoir des états affectifs, des concepts, des idées au moyen de signes, avec un « cadre », et un « contenu ». Les différentes compétences langagières : Phonologie (les sons) Syntaxe (la grammaire) Lexique (le vocabulaire) Sémantique (le sens) et Pragmatique (l’informativité). Exploration lexicale : l’enfant acquiert 4 à 10 nouveaux mots par jour. Culture : les bébés français nomment en premier la nourriture et les vêtements, les japonais, des éléments de la nature. La pragmatique comprend une notion de réciprocité (si je produis telle phrase, l’autre va-t-il pouvoir la comprendre).
Quelques repères (suite) Phase pré linguistique (0 à 1 ans) : maturation du conduit vocal, rôle des mimiques et gestes, apparition des syllabes. Phase linguistique (>1ans) : mots « valises » (ex : bobo : la sensation, la cause, l’endroit), mots juxtaposés, phrases. (phase d’exploration lexicale dès le milieu de la 2ème année). Un développement en lien avec la culture. Langage écrit (>6ans). Attention aux contextes de bilinguisme ou de précarité linguistique !
Evaluation clinique : Versant expressif et de compréhension. La bonne fonction du langage nécessite une intégrité sensorielle, phonatoire (sphère oro- laryngée), des différentes fonctions cérébrales sous jacentes, mais aussi, d’un environnement suffisamment stimulant (rem : différence dyslexie/illettrisme).
Quand prescrire un bilan orthophonique ?
3 à 4 ans 4 à 5 ans À 5 ans À 6 ans À 7 ans -absence de langage compréhensible par les personnes non familières. -Absence de structure grammaticale. -troubles de la compréhension. -bégaiement. 4 à 5 ans -évaluation quantifiée initiale de tout trouble d’expression ET compréhension. -Evaluation à 6m de la constatation d’un trouble de l’expression isolé. À 5 ans Devant tout trouble du langage oral. À 6 ans Examen d’aptitude à l’acquisition du langage écrit en cas de non acquisition des pré-requis pour le langage écrit. À 7 ans >2ans apprentissage lecture : devant tout trouble d’acquisition de la lecture, de l’écriture, ou du langage oral.
Les différents troubles du langage oral : Mutisme, bégaiement. Trouble de l’articulation : altération systématique d’un ou plusieurs phonèmes, bénin si isolé, rééducation orthophonique. Retard de parole : (modification de la structure phonétique des mots avec des erreurs dans la combinaison de phonèmes juxtaposés, les mêmes phonèmes sont correctement prononcés lorsqu'ils sont isolés) persistance du « parler bébé » à 4 ans, également contexte de trouble interactif mineur ou d’immaturité affective. Le retard de langage oral : n’associe pas 2 mots à 2 ans. 2 contextes : primaire ou secondaire. Le retard de parole : C'est une modification de la structure phonétique des mots avec des erreurs dans la combinaison de phonèmes juxtaposés par influence réciproque des différents phonèmes voisins, alors que les mêmes phonèmes sont correctement prononcés lorsqu'ils sont isolés. Ce sont d'abord la persistance à 3-4 ans, d'un parler " bébé ", ceci sur des mois ou quelques années. C'est plus tard la non-acquisition de certaines consonnes alors que le langage lui-même (choix et ordre des mots) est normal.
Le retard de langage oral : - Primaire : Retard « simple » de langage. Dysphasie. Secondaire : Environnement linguistique : langue maternelle étrangère Environnement psycho affectif inadapté : dépression, carence… Compétence sensorielle : Surdité Compétence relationnelle : Autisme Compétence cognitive : Déficience Intellectuelle.
Retard simple de langage oral : Trouble « fonctionnel », atteinte du « contenu » du langage (difficultés à structurer le langage : essentiellement expressives : simplification phonologiques, limitation quantitative du stock lexical, difficultés à acquérir de nouveaux mots, syntaxe approximative, simplifiée, non-utilisation de certains temps, confusions touchant certains mots de liaison ; compréhension parfois touchée : celle des phrases plus difficile que sur celle des mots isolés). En dehors d’un trouble sensoriel, cognitif (retard mental), ou d’une pathologie mentale. Retard de l’ensemble des étapes de développement du langage. Presque toujours associé à un retard de parole. Compréhension > expression. Rééducation orthophonique -> valeur diagnostique de l’efficacité de la rééducation. Le retard de langage : Schématiquement, 2 éventualités peuvent se rencontrer : - Chez certains enfants, le décalage est purement chronologique ; les acquisitions se font dans un ordre normal mais, de manière étalée, avec un décalage inhabituel qui peut aller de quelques mois à une voire deux années. - Chez d'autres, et le plus souvent, le trouble est à la fois chronologique, qualitatif et quantitatif. On peut observer, outre les éléments témoignant d'un retard de parole des difficultés à structurer le langage. Les difficultés sont essentiellement expressives : limitation quantitative du stock lexical, difficultés à acquérir de nouveaux mots, syntaxe approximative, simplifiée, non-utilisation de certains temps, confusions touchant certains mots de liaison ; lorsque la compréhension est touchée les difficultés portent sur la compréhension des phrases plus que sur celle des mots isolés.
La dysphasie. Environ 1% de la population scolaire. Trouble « structurel », atteinte du « cadre » du langage. Appartient au champ des enfants « dys ». Trouble spécifique et durable de l’élaboration du langage oral (« le prince de motordu »). Nécessite une rééducation orthophonique spécifique et intensive. Diagnostic différentiel à faire avec un trouble envahissant du développement (fréquence de la mauvaise intégration des règles sociales, faute de compréhension) : cherchent à communiquer par tous les moyens disponibles. Enfants dys : enfant présentant de bonnes capacités cognitives globales, mais chez qui on retrouve une altération d’une fonction cognitive spécifique, sans trouble psychologique sous jacent
La dysphasie : des signes spécifiques. Les marqueurs de déviance. Syntaxe (phrases dyssyntaxiques ou aggrammatiques). Lexique (persévérations verbales, paraphasies phonémique ou sémantique : complexification, périphrases). Troubles de la compréhension verbale. Hypospontanéité verbale (manque du mot). Troubles de l’informativité. Dissociation automatico-volontaire (dirigé < spontané). Les dissociations intra-linguistiques.
La dysphasie (suite) Les différents types de dysphasie : Le plus fréquent : syndrome phonologique-syntaxique (décodage des énoncés oraux, déformation phonologique, aggrammatisme).. Le plus sévère : Dysphasie réceptive (trouble de la compréhension, y compris des bruits familiers, avec persistance d’une inintelligibilité à 3 ans). Syndrome de production phonologique (compréhension respectée). Dyspraxie verbale (atteinte de l’organisation motrice de la parole). Syndrome lexical-syntaxique (évocation des mots, dissociation). Dysphasie sémantique-pragmatique (l’informativité du langage, y compris des gestes, est touchée).
Et Le langage écrit ? La dyslexie : - Altération spécifique, durable et significative de l ’acquisition de la lecture - Non imputable à une cause repérable (intelligence normale, absence de troubles de la personnalité, absence de trouble sensoriel).
Troubles du comportement Trouble des apprentissages dyslexie, dysphasie, dyspraxie, déficit d’attention, précocité... démotivation Échec scolaire Troubles du comportement - instabilité - dépression
La dyslexie : épidémiologie. 8 à 10 % des enfants d’âge scolaire. 7 garçons pour 1 fille. Risque multiplié par 8 si un des parents est dyslexique. Retard > 18 mois pour l’acquisition de la lecture (épreuves standardisées : « l’alouette »).
La dyslexie : le développement et les 2 voies de la lecture. Les 3 stades de Frith : - logo-graphique (indices visuo-perceptifs). Alphabétique (correspondance graphème-phonème : voie d’assemblage). Orthographique (lecture des mots irréguliers par accès direct au lexique : voie d’adressage). 3 types de dyslexie : Dyslexie profonde (voie d’assemblage) : 65 % des dyslexiques. Dyslexie de surface (voie d’adressage) : 10 % des dyslexiques. Dyslexie mixte.
La prise en charge des troubles « dys ». Conjonction du soin (rééducation orthophonique, psychothérapie…) Et du scolaire (aménagements pédagoqiques, aides personnalisées par des professionnels, du matériel, voire scolarisation en milieu spécialisé).