Vers une réponse éducative aux médias qui « malmènent » ENFANTS ET VIOLENCE : UN DEFI POUR LES ADULTES ? Colloque du 22 novembre 2005 à Aix-en-Provence Vers une réponse éducative aux médias qui « malmènent » les enfants Communication de Odile Chenevez Déléguée académique du Clemi (Centre de liaison de l’enseignement et des moyens d’information) Académie d ’Aix-Marseille

les médias sont souvent désignés En matière de violence, les médias sont souvent désignés L’opinion publique attribue aux médias, notamment à la télévision et aux jeux vidéo, un rôle dans le développement de comportements passifs puis violents chez les enfants et les adolescents. Médias, donc violence ? Quels médias ? Quelle violence ?

Quels médias ? Médias : supports de notre rapport au monde pour tout ce qui ne relève pas de notre expérience directe. • Différencier les formats : information culture ou divertissement • Différencier les supports • Formats : information - JT, magazine d’information, flash radio, Culture et divertissement : films, séries, téléréalité, jeux vidéos • supports (cinéma, livre, télévision, presse, console de jeux, ordinateur connecté à internet) • genres  (reportage, débat, fiction, publicité, jeu, site web) etc. • Différencier les genres Remarque : la très grande majorité des enfants fait ces distinctions

Quelle violence ? • Celle qui est complaisamment représentée • Celle qui est censée représenter le réel • Celle que ressent le récepteur - violence d’émissions comme « On a échangé nos mamans »… - violence de certaines publicités. « je ne veux pas aller à l’école dans une voiture moche » Remarque : L’image violente n’est pas forcément une représentation de scène de violence .

Quels effets sur la personnalité et les comportements des enfants et des adolescents ? Quelques réflexions de Serge Tisseron Psychiatre et psychanalyste

« (…) il existe un paradoxe des images violentes : elles provoquent chez leurs spectateurs des sensations, des émotions et des états du corps désagréables, et pourtant elles sont recherchées. Celui qui cherche des images violentes tente de renouer avec des expériences personnelles pénibles et de donner ainsi du sens à des états émotifs qui en sont dépourvus ; mais en même temps il est fragilisé par ces images et risque d’adopter des comportements de groupe pour tenter de réduire son malaise. »

L’image agit en réveillant les traumatismes passés : « Le plus difficile n’est pas de distinguer la réalité de son image, c’est de distinguer celle-ci des images intérieures qui nous habitent. Le danger d’une image vient toujours du risque de croire que les émotions que nous éprouvons ou les comportements auxquels nous nous sentons poussés à son contact relèvent de son influence, alors qu’elle ne fait que réveiller le souvenir enfoui d’événements de notre passé. »

Le rapport aux images : une prise en compte éducative ou thérapeutique ? • Une véritable éducation aux images et aux médias qui tienne compte de l’existence de rapports complexes des enfants avec les images commence à exister dans certains dispositifs scolaires. • Cet apport scolaire ne peut suffire à tous les volets de l’éducation aux images. pour aider les enfants qui en ont besoin à comprendre, exprimer par la parole, et jouer par le corps, la recherche de sens personnel qui existe dans leur rapport aux images de violence. Approche plus thérapeutique rarement prise en compte. • D’autres structures d’accompagnement devraient également être en mesure d’intervenir.

Quelles objectifs pour l’école ? 1 – Armer les enseignants à prendre en compte la force du rapport aux images • Abandonner l’attitude interdictrice des images mais permettre que s’expriment les « vécus d’images ». • Reconnaître l’attirance pour des images violentes. • Distinguer l’imitation ludique (« pour de faux », qui crée du lien social, de la connivence, qui organise le sens), de l’imitation traumatique (dont le sens profond échappe au sujet) Reconnaître l’attirance pour des images violentes, le malaise ressenti (angoisse, colère, peur, honte), la relation particulière avec le groupe qui rend l’image socialement acceptable mais qui fait abandonner ses propres repères.

Quelles objectifs pour l’école ? 2 – Apprendre aux élèves à envisager toutes les images comme des constructions • Une image d’actualité n’est pas plus « vraie » qu’une fiction. • La capacité à produire un discours critique sur les contenus est indispensable mais insuffisante pour « dédramatiser » l’image. • Une image d’actualité n’est pas plus « vraie » qu’une fiction : elles sont censées représenter une réalité dont il faut démêler le type de rapport à cette réalité, et comprendre l’organisation du discours construit pour faire sens. Pour cela, faire participer à la construction et à la manipulation d’images. • La capacité à produire un discours critique sur les contenus est indispensable mais insuffisante pour « dédramatiser » l’image. Permettre que les émotions se disent, comme expression personnelle du sens, pour parvenir ensuite à une lecture distanciée de l’organisation des discours médiatiques.

Quelles objectifs pour l’école ? 3 - Accompagner la construction de l’altérité chez l’enfant et l’adolescent • Favoriser les occasions de verbaliser, de confronter dans le débat, et d’évoluer sur le sens que chacun donne aux images et aux signes. • Permettre aux élèves d’expérimenter la position de citoyens actifs dans le dialogue social, en produisant eux aussi des médias, journaux scolaires papier ou en ligne.

Pour conclure Deux ouvrages Ordina 13 : vers un rite de passage ? • Enfants sous influence : les écrans rendent-ils les jeunes violents ? Etude sous la conduite de Serge Tisseron, psychanalyste, Armand Colin, 2000 (en poche 10/18, 2002). • Jeunes, médias, violences Le rapport du CIEM (collectif interassociatif enfants médias) un ouvrage de Divina Frau-Meigs et Sophie Jehel, préfacé par Jacqueline Costa-Lascoux, illustré par Cabu, paru aux éditions Economica en novembre 2002, 15 €